Rapport SOFI – Conflits, climat et chocs économiques : l’insécurité alimentaire à un niveau d’alerte jamais atteint depuis 2005

Publié le 06.07.2022| Mis à jour le 31.05.2023

2021 marque une nouvelle année de hausse de la faim avec plus de 828 millions de personnes victimes de la faim dans le monde. 1 personne sur 3 est en situation d’insécurité alimentaire modérée ou sévère, soit près de 2,3 milliards de personnes. L’accès à une alimentation saine recule avec 3,1 milliards de personnes dans le monde qui n’ont pas eu les moyens de s’offrir des aliments sains. Le CCFD-Terre Solidaire appelle les États à s’engager et se coordonner pour mettre en place des solutions efficaces face à la crise alimentaire mondiale.

Le rapport SOFI met en avant 3 facteurs principaux

Le rapport onusien publié ce jour sur l’Etat de la sécurité alimentaire et la nutrition dans le monde (SOFI) en 2021 illustre l’intensification des 3 principaux facteurs de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition : conflits, climat et chocs économiques, dans un contexte d’inégalités croissantes. C’est ce cocktail mortel auquel sont confrontés des centaines de millions de personnes partout dans le monde.

Les données du rapport SOFI ne prennent pas en compte deux faits majeurs

Et ces données sur 2021 ne prennent pas en compte deux faits majeurs impactant la sécurité alimentaire : d’une part les impacts de la pandémie sur les revenus des ménages ; d’autre part les conséquences de la guerre en Ukraine enclenchée depuis fin février 2022. Il ne fait aucun doute que la situation actuelle est plus grave que le sombre tableau déjà dépeint, nous sommes confrontés à la pire crise alimentaire du XXIe siècle. Pour le CCFD-Terre Solidaire, cela démontre l’incapacité des Etats à répondre à la situation après plus de 6 années de hausse consécutive et alors que l’objectif Faim Zéro fixé dans le cadre de l’ODD 2 pour 2030 est d’ores-et-déjà inatteignable.

Le rapport SOFI met en avant l’inégalité de distribution des aides

Par ailleurs, le rapport souligne que les soutiens publics à l’agriculture et à l’alimentation dans le monde ont représenté près de 630 milliards USD par an en moyenne entre 2013-2018.  Il note également qu’une grande partie de ces soutiens (sous formes de politiques commerciales, de dispositions fiscales et de subventions) n’atteint pas de nombreux agriculteurs, nuit à l’environnement et n’encourage pas la production d’aliments nutritifs et sains.

Il est important que la publication de ce rapport sonne enfin l’alerte de la nécessité d’une réponse internationale et en profondeur à la crise alimentaire.

Comme le précisent les agences de l’ONU, il ne s’agit pas uniquement de répondre à la situation actuelle, mais bien de mettre en place des mesures structurelles pour construire les capacités de résilience vis-à-vis des chocs actuels et futurs

Jean-François Dubost – Directeur du plaidoyer du CCFD-Terre Solidaire

L’appel du CCFD-Terre Solidaire concernant le rapport SOFI

Pour cela, le CCFD-Terre Solidaire appelle les Etats dont la France en premier lieu à :

  • Assurer une coordination internationale de la crise alimentaire mondiale sous l’égide du Comité sur la sécurité alimentaire mondiale (CSA). Les initiatives qui se multiplient de la part d’Etats (comme l’initiative française FARM) ou de différents espaces (G7, SGNU), fragmentent la gouvernance mondiale, ce qui nuit au final aux populations touchées. Le CSA est l’espace le plus pertinent pour coordonner les réponses au niveau mondial car il est le plus inclusif. Il rassemble les Etats concernés, et en premier lieu les plus affectés, ainsi que les représentants des organisations de la société civile et organisations paysannes de ces pays.
  • Engager de toute urgence une réorientation des financements et des politiques publics existants vers la transition agroécologique et enclencher des réformes qui couvrent à la fois l’agriculture, la santé, l’environnement, le transport et l’énergie. Les initiatives d’investissement actuellement annoncées et la place donnée aux acteurs de l’agrobusiness risquent de maintenir un système agricole et alimentaire industrialisé renforçant les dépendances des Etats les plus touchés par la crise alimentaire aux marchés internationaux avec le risque de nourrir les maux responsables de la crise.
  • Prendre des mesures d’encadrement des marchés de matières premières agricoles et de lutte contre la spéculation. Loin d’être liée à un problème de production, la crise des prix alimentaires est alimentée par la spéculation sur les marchés agricoles mondiaux. Il est urgent de i) limiter les contrats sur les matières premières et abaisser les limites de position pour ces contrats à termes ii) exclure les spéculateurs (investisseurs institutionnels, fonds de placement, etc.) des marchés sur les denrées alimentaires iii) renforcer la transparence sur les marchés en obligeant investisseurs, coopératives et entreprises commercialisant des matières premières alimentaires à rendre public l’état de leurs stocks.

Contact presse :

Noémie Marshall – Responsable médias : 07 64 47 28 85

Jean-François Dubost – Directeur du plaidoyer : 06 99 47 28 25

Maureen Jorand – Responsable du plaidoyer souveraineté alimentaire et climat : 06 65 03 72 86

***

Note aux rédactions :

Aujourd’hui a été publié par 4 agences des Nations Unies (FAO, FIDA, UNICEF, PAM) le rapport annuel sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde (SOFI – State Of Food Insecurity). Parmi les données publiées :

En 2021, 828 millions de personnes ont été affectées par la faim. C’est 150 millions de plus depuis la pandémie COVID 19, soit 1/5ème de plus en seulement 2 ans. La faim retrouve ainsi son niveau de 2005.

Le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire sévère a également augmenté, signifiant une détérioration pour des personnes déjà dans des situations compliquées. Ce sont 2,3 milliards de personnes qui ont été en 2021 en situation d’insécurité alimentaire modérée ou sévère, soit 29,3 % de la population mondiale.

Enfin, ce sont près de 3,1 milliards de personnes qui n’ont pas eu les moyens de s’offrir une alimentation saine en 2020. Cela représente 112 millions de plus qu’en 2019, reflétant l’inflation des prix alimentaires à la consommation qui découle des impacts économiques de la pandémie de COVID-19. Cela représente 42% de la population mondiale, et 80% pour le continent africain.

Le CCFD-Terre Solidaire a initié avec Foodwatch une pétition à destination des États membres du G7 afin de les interpeller sur la nécessité que soient traités les enjeux de régulation des marchés agricoles et de lutte contre la spéculation.

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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