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Sommet Afrique-France, les projets économiques ne suffiront pas à construire la paix dans les grands Lacs.

Publié le 28.05.2010| Mis à jour le 12.05.2023

Paris, le 28 mai 2010

Ce lundi 31 mai après-midi, Nicolas Sarkozy a prévu de tenir une réunion à huis clos avec ses homologues Chefs d’Etat africains sur le thème « Renforcer ensemble la paix et la sécurité ». En outre, en marge d’un 25e sommet Afrique- France d’un autre âge, la France a également prévu de réunir quelques uns de ses partenaires de la région des Grands Lacs autour de la coopération économique entre leurs pays. Pour les organisations, le CCFD-Terre Solidaire, le COSI, Oxfam France, le Secours Catholique, cette réunion doit offrir une chance pour la paix dans la région des Grands Lacs.

Ces organisations, qui mènent la campagne « 15 ans de guerre – tout un avenir à reconstruire [1]», reconnaissent que la coopération régionale constitue la clé d’une résolution durable des conflits des Grands Lacs car l’instabilité qui sévit encore dans l’Est de la RDC a des causes et des conséquences régionales. Elles appellent cependant Nicolas Sarkozy à aller plus loin que l’élaboration de « projets concrets de coopération transfrontalière pour apporter aux populations les dividendes de la paix » que le Président avait annoncés lors de ses vœux au corps diplomatique en janvier dernier.

Pour les ONG, des projets de développement macro-économique ne restaurent pas nécessairement la paix entre d’anciens ennemis, pas plus qu’ils ne sont automatiquement synonymes d’améliorations concrètes de la vie des populations. « Au-delà des intérêts des entrepreneurs français, ce sont ceux des populations africaines qui doivent être abordés lors de cette rencontre si on veut qu’une paix durable s’installe enfin dans la région des Grands Lacs » souligne Jean-François Ploquin du Cosi.

Face à la militarisation de l’exploitation et du commerce des minerais congolais qui nourrit le conflit dans les deux provinces du Kivu, « la France doit pousser les Etats de la région à sanctionner leurs ressortissants et opérateurs économiques dont la responsabilité est avérée et à affirmer un soutien politique au plus haut niveau en faveur d’un mécanisme de certification régionale des minerais [2] », recommande Zobel Behalal du CCFD-Terre Solidaire.

Dans cette région densément peuplée, où l’accès à la terre croise d’importants enjeux économiques, identitaires et politiques, les ONG insistent sur la nécessaire prise en compte de la question foncière : « Le retour amorcé et attendu des réfugiés et déplacés risque, si rien n’est fait, d’engendrer de nouveaux conflits. Le sommet de Nice doit favoriser la conclusion d’accords politiques transparents, équitables et opérationnels entre les pays, et soutenir la décentralisation de la gestion foncière et la sécurisation des petits producteurs agricoles» ajoute Nicolas Vercken d’Oxfam France.

La France doit en particulier proposer aux dirigeants de la région des Grands Lacs les moyens d’une mise en œuvre du Pacte sur la Sécurité, la stabilité et le développement adopté en 2006 dans le cadre de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs [3]. Selon les ONG, il ne s’agit pas de révolutionner la politique de la région, mais de tenir les Etats concernés et leurs dirigeants comptables des engagements qu’ils ont déjà pris entre eux, vis-à-vis de la communauté internationale et de leurs populations.

Ce pacte appelle à l’inviolabilité des frontières, exige des Etats le respect intégral du droit international humanitaire et érige en règle absolue la protection des femmes, des enfants et autres civils pendant les conflits. Malheureusement, deux ans après son entrée en vigueur, force est de constater que la situation sécuritaire à l’Est de la RDC est toujours plus qu’instable.

« Nice offre aujourd’hui l’opportunité de mettre le doigt sur ces dysfonctionnements pour les comprendre et créer les bases  de  l’adoption si nécessaire de nouveaux mécanismes pour un respect total du pacte. Il est temps d’aborder les éléments structurels qui empêchent l’avènement de la paix et d’œuvrer pour que la démocratie, la décentralisation et l’Etat de droit progressent dans chacun des pays de la région» conclut Yves Lefort du Secours Catholique – Caritas France.

Contacts presse
CCFD-Terre Solidaire – Véronique de La Martinière : 01 44 82 80 64 –  06 07 77 05 80
Cosi Promouvoir et Défendre les Droits/Réseau France Afrique Centrale – Alexandra Barjon – 09 6211 69 32 Oxfam France – Magali Rubino : 01 56 98 24 45 – 06 30 46 66 04
Secours catholique : Anne Bonnefont : 01 45 49 74 93 – 06 07 12 46 36

Notes aux rédactions
1. Campagne lancée le 31 mars 2010 par Oxfam France, le CCFD-Terre Solidaire, le Secours Catholique-Caritas France, le Cosi-promouvoir les droits, ainsi que les organisations congolaises CNONGD, RODHECIC, la Commission épiscopale Justice et Paix, et le réseau d’ong européenne Eurac, pour mobiliser le grand public et interpeller les autorités françaises  pour qu’elles s’attaquent aux causes structurelles du conflit et mettent fin à l’insécurité, à la pauvreté, au pillage des ressources et à la corruption généralisée.

2. Presque 2 millions de déplacés sont toujours dans l’incapacité de rentrer chez eux, du fait du conflit en cours et de la violence contre les civils. Le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) estime que plus de 162 000 personnes ont été déplacées à l’Est du pays de janvier à avril 2010, suite aux opérations militaires. Selon l’ONU, on estime à 160 le nombre de femmes qui sont violées chaque semaine dans les provinces des Kivu, principalement par des hommes armés.

3. Le 15 avril dernier, des experts des dix pays membres de la CIRGL réunis à Bujumbura ont proposé que « chaque colis de minerais en circulation dans les Grands Lacs devra s’accompagner d’un certificat établi par la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL). » Les chefs d’Etats des pays des Grands Lacs devront entériner cette proposition au cours d’un sommet prévu en novembre 2010 à Kinshasa.

4. Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs : il a été signé le 15 décembre 2006 par les chefs d’Etat et de gouvernement de 11 pays, à savoir l’Angola, le Burundi, la Centrafrique, le Congo, la RDC, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, le Soudan, la Tanzanie et la Zambie. Il est entré en vigueur en 2008. En s’appuyant sur les précédents échecs, le pacte appelle à l’inviolabilité des frontières, exige des Etats le respect intégral du droit international humanitaire, érige en règle absolue la protection des femmes, des enfants et autres civils pendant les conflits. http://www.cirgl.org/documents_fr/declarations%20-etpacts/pacte.pdf

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