
Tunisie : les femmes, premières victimes du manque d’accès à l’eau

Mauvaise gestion, réchauffement climatique et surexploitation sont en train de faire de l’eau l’un des enjeux les plus vitaux de la question sociale. Proclamé par la Constitution de 2014, le droit à l’eau est, dans la pratique, de plus en plus en difficile à garantir. Les femmes sont les premières touchées.
Les tendres paysages du nord du pays ont valu à la Tunisie d’être surnommée « la verte » (el Khadra). Pourtant l’eau est en train d’y devenir une ressource rare. Les progrès accomplis, qui ont permis de garantir aujourd’hui un taux d’accès à l’eau potable de 100 % en ville et de 93 % en zone rurale (contre 30 % en 1985), sont compromis. La quantité d’eau disponible est passée aux alentours de 430 m3 par habitant et par an, sous le seuil des 500 m3 considéré selon les normes internationales comme la limite du stress hydrique.Zones rurales
Dans les zones rurales la situation est encore plus alarmante. L’approvisionnement en eau de 1,5 million de Tunisiens, sur 11 millions, dépend d’associations d’usagers, les groupements de développement agricoles (GDA). Ils se financent par les cotisations de leurs membres et la vente de l’eau. Mais ils ne sont pas à la hauteur de la tâche. « Les assemblées générales n’ont pas lieu régulièrement, l’élection des conseil d’administration n’est pas transparente, déplore Minyara Mejbri, coordinatrice du projet justice environnementale pour la section du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES, partenaire du CCFD-Terre solidaire) à Kairouan. La direction des GDA est accaparée par des politiciens, des commerçants, des gens proches de l’administration. »Le fardeau des femmes
Mauvaise gestion et service défaillant, coût prohibitif, enclenchent un cercle vicieux : les abonnés ne paient pas leur consommation. Les taux de recouvrement ne dépassent pas 40 % du volume d’eau consommé, les GDA ne sont plus en mesure de régler leurs factures auprès de la Steg (la compagnie nationale d’électricité) qui coupe le courant et prive d’eau des territoires entiers, écoles et hôpitaux compris, pendant plusieurs jours, parfois plusieurs semaines. Conséquence logique, les familles vont se ravitailler à des sources ou des rivières parfois polluées, achètent à prix d’or des citernes d’eau sans contrôle sanitaire. Pour l’eau d’irrigation, les paysans multiplient les forages illégaux. Cette faillite générale du système pèse lourdement sur les femmes auxquelles échoient les servitudes domestiques dont l’eau est la matière essentielle. Ce sont elles qui doivent passer des heures chaque jour pour aller se ravitailler aux bornes-fontaines ou aux oueds (cours d’eau dans les régions sèches). Beaucoup dans ces conditions sont incapables d’assurer l’hygiène de leur foyer et de leurs enfants, un problème crucial en cette période de pandémie.avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE
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