© Patrick Piro

Accès à l’eau dans le monde : 5 minutes pour tout comprendre

Accès à l’eau dans le monde : 5 minutes pour tout comprendre

L’accès à l’eau salubre est une condition obligatoire pour vivre et pour produire en milieu rural (irrigation, ressources halieutiques, abreuvement du bétail). L’agriculture nécessite ainsi approximativement 70% de la consommation annuelle d’eau douce, là où les ménages en utilisent environ 10% et l’industrie près de 20%. 

70 %

de la consommation d'eau douce est destinée à l'agriculture

30 %

pour l'industrie et les ménages

Il est donc important de souligner que les pratiques industrielles agro-exportatrices ont des conséquences néfastes sur les ressources en eau. En revanche, les paysanneries possèdent des savoir-faire traditionnels collectifs et individuels plus respectueux en matière de gestion durable de l’eau. C’est donc un enjeu écologique autant que de souveraineté alimentaire.

Par ailleurs, l’agriculture irriguée et intensive a conduit à la multiplication des grands barrages et au pompage des nappes souterraines. La construction de nombreux grands barrages s’est faite sans consulter les populations concernées. Certaines ont dû quitter leur habitat, telles les 1.9 million de personnes déplacées pour la mise en eau du barrage des Trois-Gorges en Chine. D’autres, en aval, se voient privées d’eau, comme les Irakiens, qui subissent les conséquences des barrages construits par la Turquie sur l’Euphrate.

Comment définir l’accès à l’eau ? 

L’eau est l’une des ressources les plus importantes et les plus rares de la planète. Sur la totalité de l’eau présente sur Terre, seuls 2,5% sont potables. Les enjeux concernant sa disponibilité et la manière dont elle est utilisée sont donc au cœur des réflexions actuelles. 

L’accès à l’eau est défini par le fait d’avoir un accès raisonnable à une quantité suffisante d’eau potable. Selon l’OMS, une quantité suffisante représente 20 litres d’eau potable par personne et par jour. Un accès raisonnable signifie que vous avez accès à de l’eau potable à moins de 15 minutes à pied du lieu de votre habitation. 

En 2010, les Nations Unies ont reconnu ce droit comme un droit fondamental. Pourtant, tout le monde n’y a pas encore accès et les changements climatiques vont accentuer les inégalités d’accès.

 

Qui n’a pas accès à l’eau ? 

En 2019, l’Unicef et l’OMS ont évalué qu’1 personne sur 3 n’a pas accès à l’eau potable, soit près de 2,2 milliards de personnes. Cela signifie soit qu’elles ne peuvent avoir accès à un puits près de chez elles, ou qu’elles consomment de l’eau sans avoir la certitude qu’elle est salubre. 

Par ailleurs, en prenant en compte les accès limités  selon certaines périodes de l’année, ce chiffre passe à 3,3 milliards de personnes. 

Ces chiffres sont d’autant plus préoccupants qu’ils sont marqués par des inégalités importantes entre les zones urbaines et rurales. Toujours selon l’OMS et l’Unicef, 150 millions de personnes utilisant de l’eau de surface non traitée sont en zone rurale… sur 161 millions ! Par ailleurs, elles ont aussi moins accès aux toilettes, ce qui augmente les risques d’insalubrité de l’eau. 

Pourquoi l’accès à l’eau est-il inégal ? 

Le stress hydrique est défini par le fait que les demandes en eau dépassent les ressources disponibles. Aujourd’hui, le World Resource Institute a identifié 17 pays concernés par cette situation (le Qatar, Israël, le Liban, l’Iran, la Jordanie, la Libye, le Koweit, l’Arabie Saoudite, l’Erythrée, les Emirats Arabes Unis, Saint Marin, le Bahreïn, l’Inde, le Pakistan, le Turkménistan, Oman et le Botswana). Et l’on estime qu’en 2025, la moitié de la population sera concernée. Cela est dû à différents facteurs, parmi lesquels on peut citer les conflits, l’évolution démographique, l’urbanisation ou encore le changement climatique.

A noter que ces problématiques ne concernent pas que des pays en voie de développement : à titre d’exemple, la France est en bonne position pour les pays avec un risque de stress hydrique (nous sommes 59 sur 164 selon l’Institut des Ressources Mondiales). 

Quel est le rapport entre l’eau et la sous nutrition ? 

L’eau non traitée est porteuse de virus et de maladies (comme le choléra) qui causent des diarrhées et peuvent mener à la mort, surtout des jeunes enfants. L’eau est ainsi un élément clé de notre santé et tout particulièrement des enfants. Le lien avec la sous-nutrition est par ailleurs très fort car, même s’il a accès à de la nourriture en quantité suffisante, les diarrhées causées par de l’eau insalubre peuvent le faire rapidement basculer vers la sous-nutrition. 

C’est par ailleurs un cercle vicieux, car une personne sous-nourrie est déjà affaiblie, ce qui est encore accentué par les diarrhées en l’empêchant d’assimiler les nutriments nécessaires à son bon rétablissement. Les traitements ne font alors pas effet et son état de santé s’aggrave.

L’accès à l’eau, un problème accentué par la crise climatique

Le changement climatique a des effets dramatiques sur l’accès à l’eau. En raison du réchauffement climatique, l’eau potable devient une ressource de plus en plus rare, les réserves en eau diminuant au fil des années. 

Le réchauffement climatique entraîne la fonte des glaciers et la montée des eaux de la mer ; il déclenche des états de sécheresse plus nombreux et plus longs ; il empêche les sols de pouvoir absorber l’eau de pluie et renouveler les ressources souterraines ; il déclenche des catastrophes naturelles désastreuses (cyclones, inondations etc). 

Par ailleurs, le manque d’eau entraîne des effets néfastes sur la totalité de la chaîne de la biodiversité, à commencer par les espèces vivant dans les cours d’eau et les lacs. 

Accès à l’eau : quelles sont les actions du CCFD-Terre Solidaire sur le sujet ? 

L’accès à l’eau, un engagement historique du CCFD-Terre Solidaire

En 1980, suite à l’appel des Nations Unies pour une Décennie de l’eau potable, le CCFD-Terre Solidaire s’engage sur le thème de l’eau et crée la campagne “L’eau c’est la vie”. Il s’agissait alors de sensibiliser sur le thème du gaspillage de l’eau dans les pays développés. Par la suite, le souhait d’un engagement à long terme a conduit le CCFD-Terre Solidaire à soutenir des projets de développement dans les domaines de l’agriculture, l’élevage, la santé, l’assainissement,la sécurité alimentaire et l’environnement. 

En 2006, le CCFD-Terre Solidaire, avec d’autres ONG françaises, se mobilise à l’occasion du Forum Triennal de l’Eau où elle signe le Pacte d’Istanbul pour l’Eau. En 2007, plus de vingt ONG françaises se regroupent afin de développer une stratégie de plaidoyer en faveur de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement dans le monde (objectif du Millénaire n° 7c). 

Les positions clé du CCFD-Terre solidaire sur l’accès à l’eau

Aujourd’hui, l’agriculture est confrontée à de nombreuses difficultés et doit faire face à l’équation des politiques agricoles et environnementales. Il est en effet demandé à l’agriculture, premier consommateur d’eau au niveau mondial (70%), d’une part de réduire les volumes consommés pour que l’économie d’eau dégagée profite à des usages à plus forte valeur ajoutée et d’autre part de limiter la pollution des nappes phréatiques causée par les déjections animales non traitées, les engrais et les produits phytosanitaires. 

L’agriculture doit nourrir à bas prix une population mondiale toujours croissante, dont la consommation des produits carnés est en augmentation. Les quantités d’eau nécessaires à la production de viande est considérable alors que la ressource se raréfie. Il est aujourd’hui déterminant d’assurer l’accès à l’eau des petits agriculteurs vivriers, par le biais d’une gestion intégrée, équitable, rationnelle et raisonnée de la ressource entre les différents usagers. Cela implique :

  • Une gouvernance de l’eau au niveau local (accès collectif, droits, gestion et entretien d’infrastructures collectives : périmètre irrigué, hydraulique pastorale, partage de l’eau rural/urbain…) et soutenue par des politiques publiques agricoles et de gestion du territoire ;
  • L’accroissement des investissements publics (en ciblant l’accès à l’eau agricole dans les plans nationaux de réduction de la pauvreté), mais également à travers la solidarité internationale ciblant les paysans, éleveurs et pêcheurs vivriers.

L’accès à l’eau, indispensable au développement

Pour le CCFD-Terre Solidaire, améliorer l’accès à l’eau salubre pour les populations rurales pauvres est une condition indispensable au développement. Une gestion durable de cette ressource fait appel à des techniques de production respectueuses de l’environnement et aux principes de démocratie participative. 

Face au modèle d’agriculture intensive et exportatrice imposé aux pays du Sud, un système alternatif s’avère nécessaire pour préserver les ressources d’eau de la planète et garantir la souveraineté alimentaire. Préserver l’eau d’aujourd’hui et de demain implique des décisions politiques, des solutions techniques et une révolution culturelle. Des réglementations étatiques s’avèrent ainsi indispensables. 

Le CCFD-Terre Solidaire réitère l’importance :

  •  de défendre et de sécuriser les droits des paysans à l’eau, en reconnaissant les droits locaux et en les intégrant dans les législations nationales ; 
  • de promouvoir une agriculture paysanne diversifiée et soucieuse des ressources naturelles, permettant une gestion raisonnable des ressources d’eau ;
  • de mettre en place des investissements adaptés aux capacités de gestion locales ;
  • d’encourager une gestion participative et concertée des ressources d’eau avec les autres usagers ;
  • d’introduire des techniques d’irrigation innovantes de mise en valeur de l’eau pour l’agriculture et l’élevage et leurs impacts sur les politiques publiques : vulgarisation des techniques simples de collecte de l’eau de pluie, cultures moins consommatrices en eau ou capables de composer avec la salinisation des sols ;
  • de diminuer la pression de l’agrobusiness sur les politiques agricoles ;
  • d’encourager la mise en place d’une autorité mondiale de l’eau ;

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