ELFAC Salvador

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JOURNÉE DES DROITS DES FEMMES
EN AMÉRIQUE LATINE, ELLES DÉNONCENT LE PATRIARCAT

Des milliers de kilomètres les séparent, un même combat les unit

Pour la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars 2024, nous vous emmenons — du Chili à la Colombie, en passant par la République dominicaine et le Guatemala — à la rencontre de personnalités féministes, engagées auprès de nos partenaires locaux.

Lutte contre les violences faites aux femmes, mariage infantile, enjeux économiques et climatiques, antiracisme… Elles ont entre 31 et 60 ans et sont déterminées à défendre leurs droits dans leurs pays.

L’Amérique latine est l’une des régions du monde où les femmes subissent le plus de violences en raison de leur sexe.

© Jean-Claude Gérez.

© Jean-Claude Gerez

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féminicides ont eu lieu en Amérique latine en 2022, un chiffre en augmentation constante depuis 2018.

400 000

personnes ont manifesté le 3 juin 2015, dans le cadre du mouvement argentin “Ni Una Menos”.

© Jeoffrey Guillemard

Amérique latine : épicentre des violences et du féminisme

D’après l’ONU, 14 des 25 pays dénombrant le plus de féminicides se situent en Amérique latine. Ce crime fait près de 12 victimes par jour. Le taux d’impunité est lui aussi tout autant affolant : 98% des auteurs de meurtres liés au genre ne sont pas jugés. 

Face à ce fléau, en 2015 est lancé en Argentine le chant contestataire “Ni Una Menos“ (pas une de moins), à écouter dans la playlist en bas de cette page. Ce chant dénonce les féminicides, et plus largement tout un système qui normalise et protège la violence envers les femmes. Précurseur de la vague #MeToo, le mouvement se répand rapidement dans toute l’Amérique latine, et même jusqu’en Europe.

Depuis, l’Amérique latine et les Caraïbes continuent de porter et d’influencer, à travers le monde, la lutte pour les droits des femmes.

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À l’unisson lors de la 15e Rencontre Féministe d’Amérique Latine

En novembre dernier, plus de 1.600 personnes se sont rassemblées au Salvador, à l’occasion de la 15e édition de la Rencontre féministe d’Amérique Latine et des Caraïbes (Eflac). À la suite de ces rencontres, une cinquantaine de femmes issues d’une quarantaine d’organisations partenaires du CCFD-Terre Solidaire se sont retrouvées pour 2 jours de séminaire et d’ateliers.

Les participantes, au-delà de percevoir les dynamiques à l’échelle du continent, ont obtenu des réponses aux questions concrètes qu’elles se posent : comment les féministes luttent-t-elles ailleurs ? Quels défis et quelles difficultés affrontent-t-elles ?

Ce n’est qu’avec un réseau fort, articulé et structuré que nous pourrons affronter réellement les situations de violence et réaliser un travail préventif.

Thais Pereira Siqueira, psychologue coordinatrice de l’incitative Loupe féministe contre le féminicide.

SUR LE TERRAIN

Nos partenaires témoignent

Colombie

” Les femmes sont les premières à souffrir du réchauffement climatique ” 


Cristina Ríos Rodas (39 ans) – Vamos mujer

 

“Mon premier boulot était travailleuse sociale. Quelque chose sautait aux yeux : la féminisation de la pauvreté. À poste égal, les femmes gagnent moins que les hommes. Elles sont vulnérables économiquement, socialement, ce qui rend d’autant plus difficile le fait de sortir de violences. 

 

Les femmes sont les premières à souffrir du réchauffement climatique. Comment trouver le temps d’aller chercher l’eau toujours plus loin ? Comment alimenter une famille quand les terres sont essorées ? Dans la région montagneuse de Santo Domingo, par exemple, de fortes pluies ont provoqué un glissement massif de terrain. Des femmes y faisaient pousser du maïs, des haricots, des légumes… Nous travaillons avec elles à réimplanter une forêt qui permettra de mieux cultiver la terre en respectant les écosystèmes.

République dominicaine

“Dans l’imaginaire collectif, le racisme n’existe pas”


Johanna Agustín Federico (31 ans) – Mujeres socio políticas Mamá Tingó

 

“Quand je me présente comme Dominicaine noire antiraciste, j’observe une résistance. Tout le monde – y compris des politiques au Congrès –, considère que les Noirs et afro-descendants sont forcément haïtiens, le pays voisin, et non dominicains. Pourtant, la majorité de la population de notre pays est noire ou afro-descendante. Aujourd’hui, alors que la crise politique et sociale a jeté beaucoup d’Haïtiens sur les routes, la xénophobie ici est très présente. Comment lancer une discussion quand, dans l’imaginaire collectif, le racisme n’existe pas ?

 

Mujeres socio políticas Mamá Tingó est un collectif féministe antiraciste créé en 2019 par des femmes noires. Lors de rencontres, on échange sur les oppressions systémiques : le genre, la classe sociale, la race, l’orientation sexuelle. Des ateliers autour de la beauté noire permettent à des petites filles de s’affranchir des canons de beauté eurocentrés. Leur enfance est pourtant menacée. Malgré la loi interdisant le mariage infantile en 2021, on voit toujours des filles de 12 ou 13 ans être mariées sans que ça pose de problème.  

 

Cette année, on va élire députés, sénateurs, syndicats, et même le président en mai. Si Luis Abinader est réélu, on craint que nos droits reculent encore un peu plus.” 

© Yoselin Fernàndez Arce

Chili

“Il existe une violence institutionnelle et structurelle de l’État à l’encontre des femmes”


Katherine Reyes Hernández (31 ans) – Red Chilena contra la violencia hacía las mujeres

 

” Quand j’avais 16 ans, je suis tombée sur une affiche de la Red Chilena contra la violencia hacía las mujeres. Ça parlait de machisme. J’ai commencé à comprendre et nommer des choses que j’avais vues autour de moi. Adulte, je suis devenue psychologue spécialisée dans la prise en charge de victimes de violences, également auprès de la Red.

 

Depuis 1990, notre réseau effectue un travail de lobby juridique au niveau national de lutte contre les violences faites aux femmes. Nos études permettent de rendre compte de ces violences et de les quantifier. Rien qu’en 2022, au Chili, on a dénombré 56 féminicides, six suicides féminicides et une victime collatérale. La Red dénonce aussi la violence institutionnelle et structurelle de l’État à l’encontre des femmes, comme c’est le cas pour Katty Hurtado. Victime de violences, elle a tué son ex-conjoint. Condamnée à une peine lourde de vingt ans de prison, elle a à nouveau subi un viol en prison.

 

Au Chili, se dire féministe continue de déranger. ” 

Guatemala

“Plus les femmes sont éduquées, plus elles pourront se battre” 


Maya Alvarado Chávez (60 ans) – La Cuerda

 

” À cause de la guerre civile qui a ravagé le Guatemala pendant 36 ans, ma famille a dû s’exiler. Après les accords de paix, en 1996, nous sommes revenus. Deux ans plus tard naissait La Cuerda, un journal mensuel de partage de points de vue féministes et de luttes sociales. Notre objectif est de diffuser les propositions de femmes aux vécus variés : femmes autochtones, noires, jeunes, de milieux sociaux divers. Malheureusement, depuis deux ans, nos fonds ne suffisent plus pour imprimer une version papier. Pourtant, l’enjeu est immense. Un poste de secrétaire d’État de la femme a bien été créé en 2000, mais ces initiatives restent de l’ordre du maquillage, et les inégalités n’ont pas diminué. Le contexte ne nous a pas été favorable ces dernières années. Les militantes et les organisations féministes ont été criminalisées, menacées. 

 

Cette année nous a cependant réjouies. L’effervescence sociale était palpable à l’occasion de l’élection présidentielle. Notre défi est désormais que l’émulation perdure. On espère notamment que l’accès à l’éducation et la santé s’amélioreront. Plus les filles sont éduquées, plus elles pourront se battre pour leurs droits. ” 

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