Reportage d'Emily Garthwaite, le long du fleuve Tigre en Irak.

Reportage d'Emily Garthwaite, le long du fleuve Tigre en Irak.

Les larmes du fleuve Tigre en Irak #Grand Format

Publié le 11.09.2023| Mis à jour le 27.09.2023

Source de vie de toute une région, le Tigre est en train de disparaître. Lauréate du Prix Photo Terre Solidaire, la photojournaliste Emily Garthwaite documente l’avenir incertain du fleuve en Irak et avec lui, celui des populations qui en dépendent.  Elle témoigne de la mobilisation courageuse des activistes de la campagne “Save the Tigris“, soutenu par le CCFD-Terre Solidaire et porté par son partenaire, Humat Dijlah

/

Retrouvez le reportage d’Emily Garthwaite et le CCFD-Terre Solidaire jusqu’au 9 octobre à la Biennale sociale et environnementale Photoclimat, Place du Palais Royal à Paris. Plus d’infos, ici.

LE TIGRE, SOURCE DE VIE DE TOUTE UNE RÉGION

Pour Emily, l’histoire de l’Irak s’écrit avec celle du Tigre. Situé au cœur du Moyen-Orient, le fleuve “Dijlah” de son nom arabe, a été le berceau de certaines des premières civilisations de notre monde. Sur plus de 1,500 km, le fleuve prend sa source en Turquie, traverse la Syrie, puis l’Irak, avant de se jeter dans le Golfe Persique. Des affluents du Tigre prennent également leur source en Iran.

Reportage d'Emily Garthwaite, le long du fleuve Tigre en Irak.

Mais aujourd’hui, le Tigre — source de vie de toute une région— agonise. Entre les barrages construits en amont, la pollution en aval et le dérèglement climatique, le fleuve s’assèche et se dégrade à vue d’œil.

L’AGONIE D’UN FLEUVE MILLÉNAIRE

En amont, la folie des barrages

Traversant une région aride, les ressources en eaux du Tigre sont convoitées et disputées par les pays qui le bordent. Depuis les années 1970, la Turquie et l’Iran en amont construisent des barrages à la pelle, affectant considérablement le débit du fleuve en aval.

Reportage d'Emily Garthwaite, le long du fleuve Tigre en Irak.

L’Irak, un pays parmi les plus exposés au dérèglement climatique 

L’Irak — qui fait partie des 5 pays au monde les plus exposés au dérèglement climatique, d’après l’ONU — est frappé par des vagues de chaleur extrême allant jusqu’à 50 °C, alors que la pluie se fait de plus en plus rare. Ces chocs climatiques ne cessent de s’intensifier et contribuent à l’assèchement du fleuve.

L’évaporation du Tigre laisse derrière elle des vaste étendues de terre craquelées et assoiffées qui gardent en mémoire les traces de son passage passé.

Reportage d'Emily Garthwaite, le long du fleuve Tigre en Irak.
© Emily Garthwaite

Sur les rives du Tigres à Mossoul, on comptait de nombreux baigneurs dans cette source d’eau sulfurée, réputée pour ses vertus thérapeutiques. Et cela, même pendant la guerre. Désormais, il ne reste plus rien à part un maigre filet d’eau qui paraît gelé.

En aval, le rejet des déchets contamine le restant du fleuve 

Assoiffé, le Tigre souffre également de l’aggravation de la pollution en aval. En Irak, la gestion des déchets toxiques et des eaux usées est peu réglementée. Ces derniers se déversent régulièrement sur les rives et contaminent les eaux du Tigre, causant d’importants désastres environnementaux et sanitaires.

Reportage d'Emily Garthwaite, le long du fleuve Tigre en Irak.

UN JOYAU DE BIODIVERSITÉ MENACÉ 

Un écosystème bouleversée par la remontée de la mer 

La baisse du débit du fleuve affecte tout un écosystème fragile et bouleverse la vie des populations qui en dépendent. À l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate, la mer s’infiltre dans le delta du Chatt Al-Arab (“la Rivière des Arabes“) et salinise l’eau.

Reportage d'Emily Garthwaite, le long du fleuve Tigre en Irak.

Prise au piège dans le filet d’un pêcheur, cette tortue à  “carapace molle” — une espèce considérée comme menacée —  gît morte sur les rives du Tigre. De plus en plus de tortues remontent le fleuve et se nourrissent des poissons d’eau douce. Devenues un véritable fléau pour les pêcheurs, certains les tuent volontairement avant de les rejeter en mer.

© Emily Garthwaite

La disparition des Marais de Mésopotamie, un trésor millénaire

L’assèchement du fleuve et l’augmentation de la salinité de l’estuaire entraînent également la disparition des mythiques Marais de Mésopotamie, qui ont survécu à la pression guerrière sous Saddam Hussein. Classées au patrimoine mondial de l’UNESCO, ces vastes étendues marécageuses sont souvent comparées au “Jardin d’Eden”. Véritable trésor historique et naturel, les marais ont déjà perdu environ la moitié de leur superficie.

Reportage d'Emily Garthwaite, le long du fleuve Tigre en Irak.

LES “ENFANTS” DU TIGRE SE MOBILISENT

L’avenir d’une région millénaire

La pollution et la disparition du Tigre menacent la vie des 30 millions de personnes qui vivent sur le bassin-versant du fleuve. Après avoir connu l’horreur des guerres, de nombreuses communautés sont désormais contraintes de quitter leurs terres ancestrales à cause de l’affaiblissement des ressources.

Reportage d'Emily Garthwaite, le long du fleuve Tigre en Irak.

« Save the Tigris » : le cri de la résistance

Hajer (à gauche) et Bassam Al-Sheik (à droite) militent pour les droits des femmes et l’environnement en Irak. Travailleuse sociale, Hajer vient notamment en aide aux enfants de personnes déplacées. “Mon père ne m’a jamais traité comme une fille, il me traitait comme une guerrière”, confie-t-elle à Emily. Travailleur social et fondateur de la Ninevah Women’s Organisation, Bassam est volontaire auprès de l’association Humat Dijlah, partenaire du CCFD-Terre Solidaire.

© Emily Garthwaite
© Emily Garthwaite

À travers ses actions de mobilisation et de plaidoyer, Humat Dijlah plaide pour des politiques qui garantissent un accès et une utilisation durable et équitable des eaux du Tigre pour toutes les populations de Mésopotamie et les générations à venir. En 2012, l’association porte la campagne Save the Tigris, (“Sauvons le Tigre”), lancée par une coalition d’activistes mésopotamiens et internationaux. Celle-ci vise à protéger le Tigre des barrages et des autres mégaprojets dévastateurs.

Au lieu d’être une source de rivalité, l’eau doit être un enjeu de paix et de coopération entre les pays du bassin du Tigre et de l’Euphrate.

Emily Garthwaite est une photojournaliste britannique primée à l’international. Installée en Irak depuis 2019, elle mène un travail au long-court pour documenter les cultures et les modes de vie en résistance dans un pays profondément fragilisé par les guerres et le changement climatique. En 2022, elle reçoit le Prix Photo Terre Solidaire pour sa série “Light Between Mountains“. Grâce à ce soutien, elle poursuit son travail engagé en Irak, le long du fleuve Tigre et illustre les combats portés par le CCFD-Terre Solidaire dans cette région.

Pour aller plus loin :

Ophélie Chauvin -

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

J'agis

J'ai 1 minute

Partagez et relayez nos informations et nos combats. S’informer, c’est déjà agir.

Je m'informe

J’ai 5 minutes

Contribuez directement à nos actions de solidarité internationale grâce à un don.

Je donne

J’ai plus de temps

S'engager au CCFD-Terre Solidaire, c'est agir pour un monde plus juste ! Devenez bénévole.

Je m'engage

Vous n'avez qu'une minute ?

Vous pouvez participer à la vie du CCFD-Terre Solidaire

Rejoignez-nous

Restez au plus près de l'action

Restez informés

Abonnez-vous à notre newsletter

Je m'abonne
Pour une terre sans faim, cultivez l'action du CCFD-Terre Solidaire
Je donne chaque mois