© William Dupuy

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Mali : quand pesticide rime avec agroécologie #JeudiPhoto

Publié le 03.03.2022| Mis à jour le 26.07.2024

A l’occasion du salon international de l’agriculture à Paris, nous portons notre regard sur les producteurs maraichers au sud du Mali, qui grâce à l’agroécologie, s’émancipent des pesticides toxiques exportés d’Europe.

© William Dupuy

Janvier 2016, région de Kayes (Mali), les horticulteurs fabriquent un pesticide bio © William Dupuy

Nous sommes au sud-ouest du Mali, dans les terres agricoles de la région de Kayes. Sous les douces températures du mois de janvier, le photographe William Dupuy capture le savoir-faire de ces jeunes horticulteurs qui fabriquent, à trois mains et à partir de peu de choses, leur propre pesticide. Confiants, ils manipulent leur mixture sans porter de gants ni de masque de protection. Pas besoin ! La qualité naturelle de leur pesticide bio est non toxique. Celui-ci est réalisé à base de noix pillées de neem. Surnommé la “pharmacie du village”, cet arbre aux multiples vertus recèle de substances bio-pesticides efficaces.

L’Agroécologie au Service de la Santé et de l’Environnement

Cette technique agroécologique, ils la tiennent des mères paysannes de leur village qui leur ont transmis leurs savoirs. Ces jeunes l’ont bien compris : leurs terres sont leurs richesses et leur avenir, et il faut savoir les protéger. Les conséquences de l’utilisation des pesticides toxiques, notamment exportés d’Europe, sont nombreuses pour l’environnement et la santé. Les produits phytosanitaires comme les herbicides et les insecticides peuvent avoir des effets néfastes sur la biodiversité et la santé humaine.

Notre partenaire local, le Réseau des Horticulteurs de Kayes (RHK), en a été témoin. C’est pourquoi, grâce à l’agroécologie, il développe des alternatives durables pour favoriser l’émancipation des producteurs locaux et l’accès à une alimentation saine. Par exemple, les insecticides naturels et les préparations organiques permettent de lutter efficacement contre les ravageurs sans compromettre la santé des agriculteurs ni celle des consommateurs.

Une Politique Européenne Incohérente

Alors que le salon international de l’agriculture se tient à Paris, les préoccupations autour des intrants chimiques ne doivent pas être asymétriques et hypocrites. Si la plupart des pesticides industriels ont été interdits en Europe à cause de leur toxicité, ils continuent pourtant d’être produits et exportés vers les pays émergents, notamment en Afrique. Les politiques européennes doivent être cohérentes et interdire l’export de ces produits nocifs pour protéger l’environnement et l’ensemble des populations à travers le monde.

Les résidus de pesticides et les produits phytopharmaceutiques posent de sérieux problèmes de santé publique et environnementale. Les études montrent une corrélation entre l’exposition aux pesticides et diverses maladies, y compris la maladie de Parkinson et des troubles endocriniens. L’utilisation massive des pesticides chimiques dans l’agriculture conventionnelle contribue à la contamination des sols et des cours d’eau, affectant ainsi les écosystèmes aquatiques et terrestres.

Vers une Agriculture plus agroécologique

Il est crucial de promouvoir des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et des droits humains. La réduction des pesticides et l’adoption de l’agriculture biologique sont des étapes essentielles pour préserver la santé humaine et la biodiversité. Des techniques comme le paillage et l’utilisation de prédateurs naturels contre les insectes ravageurs permettent de maintenir des rendements élevés tout en réduisant l’impact environnemental.

Des initiatives telles que le Grenelle de l’environnement et les politiques de réduction de l’usage des pesticides doivent être encouragées et renforcées. Les agriculteurs et agricultrices  peuvent recourir à des solutions alternatives aux pesticides, comme le contrôle biologique et les préparations à base de plantes, pour protéger leurs cultures des parasites et des maladies.

En conclusion, l’exemple des horticulteurs de Kayes illustre parfaitement comment l’agroécologie peut offrir une alternative viable et durable aux pratiques agricoles conventionnelles basées sur l’utilisation intensive de pesticides chimiques. Cette transition agroécologique vers des méthodes plus respectueuses de l’environnement et de la santé humaine est essentielle pour assurer un avenir plus sain et plus équitable pour tous. Elle est aussi indispensable à la sécurité et à la souveraineté alimentaire.

Chaque jeudi, nous vous proposons un arrêt sur image pour prendre conscience, autrement, d’une fracture de notre monde sur laquelle nous agissons collectivement.

Ecoutez le podcast :

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