Publié le 27.01.2014 Mis à jour le 05.03.2014
« Nous voulions vous dire que le message d’INCUPO est arrivé jusqu’au village d’Andacollo, un coin du Nord de la Patagonie ». Ainsi commence le message d’un groupe de paysans d’Andacollo, à presque 2 000 km de Reconquista (province de Santa Fé) dans le Chaco. INCUPO, Instituto de Cultura Popular, fondé il y a plus de 40 ans par des chrétiens engagés est installé à Reconquista et travaille à partir de là dans les provinces alentours : promotion des semences paysannes, lutte contre les pesticides et produits phytosanitaires, défense du territoire et des ressources naturelles, et plus généralement, protection du mode de vie paysan et indigène.
INCUPO défend la vie ! À Juan José Castelli on expulse violemment des indigènes venus défendre leur territoire contre l’expansion de la culture du soja. Une monoculture aux conséquences désastreuses qui repose sur l’usage massif de pesticides et de produits phytosanitaires. Les sols sont pollués et les familles contaminées alors que le prix des denrées alimentaires ne cesse d’augmenter. Quotidiennement, des milliers de paysans ou d’indigènes, hommes, femmes et enfants sont expulsés des campagnes. Et ceux qui tentent de résister sont menacés de mort, deux militants paysans ont été assassinés en Argentine ces deux dernières années. Contre ce système de mort qui génère pauvreté et souffrance, INCUPO soutient des pratiques qui défendent la vie.
INCUPO est né suite au Concile Vatican II – à l’instar du CCFD-Terre Solidaire – de la déclaration de Medellin qui l’a suivi en 1968 et du « Document de San Miguel » qui a tenté en 1969 de « traduire cette foi en une pratique plus proche des besoins » des populations les plus marginalisées. Les évêques du Nord-Ouest argentin avaient alors identifié les principaux facteurs de pauvreté : faim, manque de logement et d’accès à la santé, analphabétisme chez les adultes, désertion scolaire et absence d’organisations sociales…
En 1970, INCUPO lance sur les ondes radio le message « Ensemble, nous pouvons ! ». Pendant de nombreuses années, il participe à l’alphabétisation de milliers de personnes dans le Chaco et se rapproche des communautés paysannes et indigènes, très précarisées et fragilisées.
Aujourd’hui, INCUPO aide les organisations locales à se développer et participe à la transmission de savoirs traditionnels via des radios communautaires. Il accompagne la mise en place de systèmes de vente directe de produits agricoles et valorise les pratiques traditionnelles indigènes ou paysannes (plantes médicinales, recettes, technique agricole, etc.).
Depuis trois ans, INCUPO est à l’initiative des Ferias de semillas nativas (foires aux semences natives), destinées à favoriser la reproduction paysanne des semences et leur échange. Ceci constitue non seulement un retour à des pratiques solidaires mais aussi une alternative crédible, plus accessible financièrement et reproductible à volonté, face aux semences brevetées proposées par les multinationales (et qu’elles cherchent à imposer).
INCUPO fait aussi la promotion d’un ensemble de pratiques agroécologiques : protection des sols, conservation biologique de la fertilité, gestion participative des ressources en eau, redécouverte de l’agroforesterie ou de la complémentarité agriculture/élevage. Pour INCUPO les pratiques agroécologiques sont un système de vie solidaire, fragile mais durable, capable de nourrir les villes alors qu’actuellement, l’essentiel des parcelles argentines est occupé par des céréales ou des grains destinés aux élevages occidentaux ou chinois ou à la simple spéculation sur les matières premières agricoles.
C’est pour cette raison que peu à peu INCUPO, en lien avec le CCFD-Terre Solidaire (Campagnes Le Soja contre la vie, campagne Agrocarburants, ça ne nourrit pas son monde, notamment) a développé une pratique de plaidoyer auprès des décideurs ou de mise en réseau afin d’influencer les politiques publiques relatives au secteur rural. Ainsi, Il ne s’agit pas seulement pour INCUPO de lutter contre un modèle de développement rural « extractiviste » qui génère exclusion économique, sociale, pauvreté rurale, pollution, déforestation, mais aussi de défendre une certaine conception du « bien commun », que ce soit en termes de ressources productives mais aussi de mode de vie.
Description
Objectifs