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  • Élections : Appel à un sursaut citoyen au service du bien commun

    Tribune co-signée par le CCFD-Terre Solidaire parue dans Ouest-France le 16 avril 2022.

    A l’occasion de l’élection présidentielle, nous, responsables d’organisations chrétiennes, protestantes et catholiques, et le représentant de la Métropole grec-orthodoxe de France, Patriarcat Œcuménique, appelions à un large débat démocratique. Nous insistions sur trois défis majeurs : le scandale des inégalités qui frappent en premier lieu les plus vulnérables, l’urgence écologique, et la paix et le vivre ensemble dans une société fracturée. 

    A l’issue du 1er tour de l’élection présidentielle, la France est profondément divisée.  Pour le 2ème tour, deux visions de notre pays s’affrontent. 

    Une vision qui, sous un discours social, est fondée sur la préférence nationale, le rejet de l’étranger, menace les droits fondamentaux et contribuerait à aggraver les fractures. Cette vision dangereuse cache sous une pseudo défense de l’égalité son refus des libertés et de la fraternité et son attrait pour les régimes autoritaires. Elle nous enfermerait dans une France forteresse, aveugle aux enjeux écologiques. Or la liberté, l’égalité et la fraternité sont nos repères communs. La solidarité, l’hospitalité, le respect de l’autre et de la planète guident nos choix de citoyens.  

    Une autre vision promeut la démocratie et les valeurs républicaines, porte une ambition pour l’Europe et les enjeux internationaux, mais relativise l’urgence d’une véritable transition écologique et solidaire et traite avec brutalité les questions sociales. 

    Pourtant, toute la Bible nous rappelle que l’attention aux plus fragiles et l’accueil de l’étranger sont au cœur de notre foi. 

    Si la colère peut se comprendre au regard de certaines décisions politiques de ces dernières années, le vote à l’élection présidentielle doit être guidé par notre vision. Nous voulons une société ouverte, fraternelle, qui cherche à renforcer la justice, à combattre la pauvreté et les inégalités, à accélérer une transition écologique juste et solidaire. Nous aspirons à construire une Europe citoyenne, et à vivre une solidarité internationale renforcée, dans une société qui respecte les droits fondamentaux de tous, y compris ceux des étrangers.  

    Le pire doit être évité. Il ne peut pas l’être par l’abstention et le vote blanc.  

    Il n’est pas envisageable de choisir pour notre avenir un projet de société xénophobe, fondé sur le repli sur soi, la division de la société et l’atteinte aux droits humains. En conscience, nous ne pouvons qu’appeler à voter contre cette option mortifère. 

    Engagés aux côtés des personnes vulnérables, fragiles, nous connaissons leurs inquiétudes, leurs vies difficiles, mais aussi leur sens de la solidarité. Ce sont elles que nous accompagnons dans nos différents engagements pour leur permettre de devenir actrices de leur vie, de vivre dignement et d’exercer leur citoyenneté.  

    Pour l’avenir, notre pays a besoin de la participation de toutes les personnes qui y vivent, à commencer par celles qu’on ne voit pas, qu’on n’entend pas.  

    L’élection présidentielle n’est qu’une étape. Au-delà de ce second tour, il faudra rassembler tous les citoyens et les associer réellement à la construction d’une société accueillante, solidaire et respectueuse de l’environnement, combattre résolument les inégalités et la pauvreté, et favoriser le dialogue avec toutes les forces de la société civile.  

    Chrétiens engagés dans la vie économique et sociale, dans la solidarité en France et à l’international, nous continuerons notre action avec exigence et vigilance, confiance et espérance. 

    Signataires :

    • Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-France) – Bernadette Forhan, présidente
    • Action catholique des enfants (ACE) – Patrick Raymond, président
    • Action catholique des milieux indépendants (ACI) – Marc Deluzet, président, et Françoise Michaud, vice-présidente
    • Action catholique ouvrière (ACO) – Danielle Beauchet et Lionel Lecerf, coprésidents
    • Apprentis d’Auteuil – Jean-Marc Sauvé, président
    • A Rocha France – Rachel Calvert, présidente
    • Centre de recherche et d’action sociales (CERAS) – Marcel Rémon, directeur
    • Chrétiens dans l’enseignement public (CdEP) – Chantal de la Ronde, présidente
    • Chrétiens dans le monde rural (CMR) – Margot Chevalier, coprésidente ; Jean-Luc Bausson, coprésident
    • Comité catholique contre la faim et pour le développement-Terre Solidaire (CCFD-Terre Solidaire) – Sylvie Bukhari-de Pontual, présidente
    • Communauté de vie chrétienne France (CVX) – Brigitte Jeanjean, responsable nationale
    • Délégation catholique pour la coopération (La DCC) – Arnoult Boissau, président
    • Fédération d’entraide protestante (FEP) – Isabelle Richard, présidente
    • Instituts religieux et solidarité internationale (IRSI) – Sœur Bernadette Janura, présidente
    • Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) – Louise Lécureur, présidente
    • Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) – Chloé Corvée, présidente nationale
    • JRS France (Jesuit Refugee Service) – Véronique Albanel, présidente
    • Justice et Paix-France – Michel Roy, secrétaire général
    • Les Semaines sociales de France (SSF) – Dominique Quinio, présidente
    • Métropole grecque-orthodoxe de France, Patriarcat œcuménique – Mgr Dimitrios Ploumis, métropolite de France
    • Mouvement chrétien des cadres et dirigeants (MCC) – Cécile et Martin Lesage, responsables nationaux
    • Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC) – Nelly Vallance, présidente
    • Pax Christi France – Mgr Hubert Herbreteau, évêque d’Agen, président
    • Secours catholique-Caritas France (SCCF) – Véronique Devise, présidente
    • Scouts et guides de France (SGDF) – Marie Mullet, présidente
    • Vivre ensemble l’évangile aujourd’hui (VEA) – Annick Faye, présidente‌ 
  • Anniversaire des Panama papers et guerre en Ukraine

    Six ans jour pour jour après la révélation du scandale des Panama Papers, les sanctions contre les oligarques russes ont mis de nouveau en lumière les pratiques qui permettent aux super-riches et aux criminels de s’affranchir des lois des pays où ils résident et de vivre dans le luxe sans payer d’impôts

    Le 3 avril 2016, des journalistes et lanceurs d’alerte ont révélé aux citoyen-ne-s du monde entier les « Panama Papers », sur les circuits financiers opaques utilisés par des chefs d’Etat, milliardaires, criminels pour cacher des avoirs dans les paradis fiscaux avec la complaisance d’une kyrielle d’intermédiaires (banquiers, avocats, cabinets d’audit, notaires, agents immobiliers,…).

    Six ans jour pour jour après cette révélation, à l’heure où la guerre sévit en Ukraine suite à l’agression de la Russie, les sanctions contre les oligarques russes ont mis de nouveau en lumière les pratiques de ces kleptocrates qui investissent à l’étranger, souvent via des sociétés offshore et des hommes de paille, rendant leur identification difficile, voire impossible. Toujours les mêmes schémas, qui bien au-delà des oligarques russes, permettent aux super-riches et aux criminels de s’affranchir des lois des pays où ils résident et de vivre dans le luxe sans payer d’impôts. Les détenteurs de cette richesse offshore peuvent ainsi se soustraire à l’impôt, procéder à des investissements ou des achats de manière anonyme, ou encore blanchir de l’argent issu de la corruption ou d’autres activités criminelles. 

    Malgré certaines avancées, l’opacité est encore la règle et permet à ces schémas frauduleux de prospérer. Les conséquences sont réelles, concrètes, sur la vie des citoyen-ne-s : lorsque les plus riches ne paient pas leur juste part d’impôt, ce sont des moyens en moins pour investir dans les services essentiels, sans évoquer l’érosion de la confiance dans nos démocraties qui en résulte. Ce système financier empêche la garantie et la réalisation concrète de droits humains, économiques, sociaux et environnementaux par les Etats, fragilise les démocraties et renforce les régimes autocratiques. La pratique fiscale de quelques-uns nuit à la protection de tou-te-s.

    10% du PIB mondial est localisé dans les paradis fiscaux

    Gabriel Zucman

    Les Etats, en particulier ceux des pays en développement, perdent des centaines de milliards d’euros chaque année qui devraient être consacrés au financement des services publics, à la lutte contre la pauvreté et à la transition climatique.

    Il est plus que temps de s’attaquer réellement au modèle des paradis fiscaux, de réguler les mouvements financiers, d’encadrer les acteurs économiques, d’adopter des mesures de transparence et de doter les services de police économique et financière et les juges de capacités de détection et de moyens financiers à la hauteur du défi que représente la lutte contre ces flux financiers illicites.

    Cela permettra une meilleure taxation des plus riches et des grandes entreprises, encore largement capables de pratiquer l’évasion fiscale en dépit des récentes négociations internationales sur l’imposition des multinationales.

    Les réglementations qui existent déjà, notamment au sein de l’Union Européenne, sont insuffisantes pour s’attaquer au cœur du problème car incomplètes et mal appliquées. En particulier, l’opacité qui entoure l’identité de ceux qui détiennent sociétés et autres trusts (les “propriétaires réels”) est encore un problème majeur, sur lequel les Etats membres de l’Union Européenne peuvent agir dès les prochains mois, dans le cadre de l’adoption d’un nouveau paquet législatif de lutte anti-blanchiment.

    La création d’un registre centralisé et public de tous les actifs, recommandé de longue date par les économistes de l’ICRICT, (Commission indépendante pour la réforme de la fiscalité internationale des entreprises), et le renforcement des sanctions pour non-déclaration ou fausse déclaration des bénéficiaires effectifs de tous types d’actifs détenus sur le territoire national pourraient permettre d’aller encore plus loin pour lutter contre les flux financiers illicites, mais aussi pour éclairer les débats publics sur la répartition des richesses.

    La France devra prendre ses responsabilités : longtemps pionnière de la transparence fiscale, elle s’est illustrée par des positions conservatrices, alignées sur les intérêts des lobbys privés, dans les négociations européennes dans la lutte contre l’évasion fiscale.

    Tribune publiée sur le Blog de Mediapart –

    Signataires :

    Nadège Buquet, directrice de Transparency International France

    Sandra Cossart, directrice de Sherpa 

    Chantal Cutajar, présidente de l’OCTFI

    Manuèle Derolez, déléguée générale du CCFD-Terre Solidaire 

    Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France 

    Anne Guyot-Welke, secrétaire générale de Solidaires Finances Publiques

    Raphaël Pradeau, porte parole d’Attac France 

    Najat Vallaud-Belkacem, directrice France de ONE

  • Guerre en Ukraine et agriculture : notre lettre ouverte

    Alerte sur l’instrumentalisation de la guerre en Ukraine par les représentants d’une agriculture productiviste. 26 organisations environnementales, citoyennes et paysannes ont adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron, Président de la République à la tête de la présidence française de l’Union européenne (PFUE), et à Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation.

    Monsieur le Président de la République, Monsieur le Ministre de l’Agriculture,

    Vous représentez la France à un moment particulièrement dramatique pour l’Europe. Face à des choix décisifs qui engagent son avenir, nous, organisations environnementales, citoyennes et paysannes voulons vous faire part de notre inquiétude quant aux orientations qui se dessinent en matière d’agriculture et d’alimentation, et vous soumettre notre vision des enjeux et les propositions qui en découlent.

    Avant toute chose, nous tenons à exprimer toute notre solidarité envers les Ukrainiens et les Ukrainiennes, plongés dans l’effroi de la guerre, ainsi que tous les Russes qui s’y opposent au péril de leur vie. Si les pays européens sont potentiellement affectés par la perturbation des échanges de matières premières, c’est sans commune mesure avec ceux qui en sont le plus dépendants, notamment au Moyen-Orient et en Afrique. C’est la sécurité alimentaire mondiale qui est ainsi mise en danger.

    Face à cette situation, il n’aura fallu que quelques jours pour que les porte-étendards de l’agriculture industrielle s’engouffrent dans la brèche créée par la guerre pour tenter de réduire la portée de la stratégie “De la ferme à la fourchette”, volet agricole du Green Deal, portée par la Commission européenne. Cette stratégie répond de manière responsable aux enjeux de l’agriculture et de l’alimentation face aux risques climatiques, environnementaux et sanitaires, en prévoyant notamment une réduction de 20% de l’usage des engrais et de 50% des pesticides d’ici 2030, ainsi que l’accroissement des surfaces nécessaires à la biodiversité. Dès le 28 février, la FNSEA a appelé à l’abandon de cette stratégie, la qualifiant de “décroissante”, et défendu une “libération de la production” pour pouvoir nourrir les peuples qui auront faim, en conséquence de la guerre en Ukraine. Or il faut casser un mythe : en dehors des contextes d’urgence humanitaire, la faim n’est pas une question de production mais de répartition. Un tiers des productions mondiales sont gaspillées. Si nous voulons réellement faire face à la question de l’insécurité alimentaire, ce n’est pas la course à la production qu’il faut amorcer.

    Pourtant, alignés avec la FNSEA, des représentant·es politiques comme Valérie Pécresse et vous, Monsieur le Ministre, demandent la mise en production des 4% de terres en jachères pour répondre à la demande alimentaire mondiale, ce qui va à l’encontre de la stratégie “De la ferme à la fourchette” soutenue par nos organisations. Qualifiées à tort de “non-productives”, les jachères et les infrastructures agroécologiques (haies, bosquets, mares, etc.) sont pourtant essentielles à la fertilité des sols et à la biodiversité des milieux agricoles, et constituent ainsi une des rares avancées de la nouvelle PAC. Ces revendications, portées par les tenants d’une agriculture industrielle, peuvent sembler pleines de bon sens à première vue, mais elles sont simplistes et répondent de manière inadaptée aux enjeux de la situation actuelle et à ceux de long terme. Elles jouent sur la peur de ruptures d’approvisionnement pour appuyer des demandes qui, si elles étaient mises en œuvre, conduiraient à l’opposé de ce qu’elles prétendent défendre.

    En Europe, c’est tout notre modèle productiviste qui est remis en cause par la situation internationale. Notre agriculture est en effet dépendante des engrais et pesticides fabriqués à partir de gaz. Elle dépend également du pétrole pour ses machines. Gaz et pétrole, deux énergies fossiles importées en partie de Russie et dont les cours ont fortement augmenté. Est-il responsable d’appeler à une croissance de la production quand celle-ci dépend fondamentalement d’intrants fossiles importés, néfastes pour la planète comme pour notre souveraineté alimentaire ? Le contexte n’appelle-t-il pas à réviser fondamentalement le (dys)fonctionnement de notre agriculture, plutôt que de chercher à réduire à néant les rares avancées environnementales inscrites dans les politiques publiques européennes ?

    À l’international, cette guerre agit comme le révélateur d’une situation d’ores et déjà extrêmement tendue sur les marchés agricoles et alimentaires. En décembre 2020, la FAO alertait déjà sur une augmentation de 30% des prix en un an. L’insécurité alimentaire n’a cessé de croître partout dans le monde depuis six ans, amenant une personne sur trois dans le monde à ne pas avoir accès à une alimentation saine, durable et de qualité. Vous dites, Monsieur le Ministre, craindre une crise alimentaire mondiale, mais elle est déjà là et s’annonce encore plus terrible. Après deux crises des prix agricoles subies depuis le début du siècle (2008 et 2011), il est temps de s’attaquer aux causes structurelles de cette situation. Des mesures sont plus que jamais nécessaires pour assurer une régulation effective des marchés et une remise à plat des systèmes agricole et alimentaire mondialisés et industrialisés. Il faut mettre un terme aux spécialisations qui accentuent la dépendance de certains pays aux importations subventionnées, les plongeant dans une incapacité à agir en cas de crises, et soutenir le développement de filières locales durables.

    Quelques chiffres pour comprendre les enjeux. Les deux tiers des céréales produites en Europe sont destinés à l’élevage industriel. Pour nourrir ce type d’élevage, il faut importer l’équivalent d’un cinquième de la surface agricole utile européenne sous forme de soja et mobiliser 80% des engrais achetés par les agriculteurs. Ces importations de soja rendent donc l’Europe importatrice nette de calories, mal utilisées à nourrir des animaux qui concurrencent l’alimentation des hommes et des femmes dans le monde. Dans ce modèle, l’Ukraine fournit la moitié du maïs importé par l’Europe et jusqu’à 600 000 tonnes de tourteaux de tournesol ukrainiens pourraient manquer à terme à l’élevage français.

    Ainsi, les élevages industriels français et européens se retrouvent dans une double impasse : les engrais nécessaires à la production des céréales européennes tout comme les protéines importées pour l’alimentation animale (soja, tourteaux) vont devenir de plus en plus rares et chers. Il leur faudra des aides pour tenir l’inévitable choc économique qui vient. Revoir la place de l’élevage industriel dans l’agriculture et l’alimentation européenne est donc le premier levier pour dégager des marges de manœuvre sur les stocks de céréales, faire baisser la pression sur les prix et la dépendance aux énergies fossiles.

    Arguer qu’il faut augmenter quoiqu’il en coûte les volumes de production agricole pour nourrir le monde – en qualifiant d’irresponsables celles et ceux qui, comme nous, en questionnent la faisabilité et le bien-fondé – relève d’une vision biaisée car unilatérale de la souveraineté alimentaire. Si la FNSEA, qui porte ce discours au plus haut niveau, souhaitait réellement répondre à cet enjeu de souveraineté alimentaire, alors elle devrait être en mesure d’accepter la souveraineté alimentaire des autres pays, dont celle de la Russie – ce qui ne semble pas être le cas. Elle ne chercherait pas, entre autres, à soutenir l’exportation de blé, produits laitiers et de poulets français qui, étant largement subventionnés, perturbent les économies de pays tiers et freinent le développement de productions locales.

    Face à la crise sanitaire et à la guerre en Ukraine, des choix de société s’imposent pour nourrir l’ensemble des peuples de la planète, aujourd’hui comme demain. Notre proposition est à l’opposé d’une fuite en avant technologique et productiviste qui se heurte déjà aux limites énergétiques et écologiques qu’elle nie – limites rappelées avec force par le Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) récemment. En nous inspirant d’analyses rigoureuses, de scénarios prospectifs tels que TYFA et de retours d’expériences de terrain, nous défendons une agroécologie basée sur trois grands leviers. Le premier a déjà été évoqué : la réduction de la production animale industrielle, néfaste pour notre santé et notre environnement et consommatrice de céréales, d’engrais et de protéines importées (elles-mêmes source de déforestation). Le deuxième levier est le développement de systèmes de culture et d’élevage qui dépendent moins des énergies fossiles et des intrants de synthèse : développement des légumineuses et valorisation du fumier comme alternative aux engrais chimiques, recours au pâturage et aux prairies permanentes pour une plus grande autonomie fourragère. Le troisième est la transition vers une alimentation saine, sans risque, accessible à tous, plus équilibrée, mais aussi moins riche en produits animaux.

    Nous appelons également à un sursaut de la communauté internationale pour prendre des mesures immédiates et de moyen terme adaptées, sous l’égide du Comité de la sécurité alimentaire mondiale. Le G7 qui se réunit exceptionnellement sur le sujet ce vendredi, ou le G20 – ne représentant que les principaux pays producteurs de céréales et non ceux dépendants des importations – ne sauraient être des espaces légitimes et inclusifs face à cette crise mondiale. La souveraineté alimentaire française ne pourra se construire aux dépens de celles des autres pays et encore moins sans eux. La transition agroécologique doit être le socle de la transformation de l’ensemble des systèmes agricoles et alimentaires.

    La guerre appellera des mesures structurelles et des accompagnements financiers importants et il faudra aider les filières touchées. Mais c’est le moment ou jamais de faire le choix de la durabilité et de la transition, pour le bien de tous, à commencer par celui des agriculteurs et des agricultrices. Notre appel est simple : nous vous demandons de ne pas affaiblir les rares normes environnementales pour prétendument régler la crise actuelle dans l’urgence et dans un réflexe d’affolement court-termiste, sans la moindre vision de ce que pourrait être un modèle alimentaire européen, souverain et compatible avec les enjeux environnementaux et internationaux majeurs. Pour contribuer à la vraie souveraineté alimentaire, énergétique et écologique de la France, le plan de résilience prévu par le gouvernement doit être bâti sur une vision de long terme. Sans quoi, il sera condamné à être un énième plan sans la moindre vision d’avenir, bâti dans l’urgence pour éponger les pertes des agriculteurs étouffés par un modèle à bout de souffle qui ne tient que grâce aux perfusions d’argent public et qui nourrit mal tant les Français·es que les citoyen·nes partout dans le monde.

    Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, l’assurance de notre respectueuse considération.

    Signataires (par ordre alphabétique) :

    Agir pour l’Environnement, Alofa Tuvalu, Amis de la Terre, Attac France, Cantine sans plastique France, CCFD-Terre Solidaire, CIWF France, Commerce Equitable France, Eau et Rivières de Bretagne, Fédération Associative pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural, Fédération Nationale d’Agriculture Biologique, Foodwatch France, Fondation pour la Nature et l’Homme, France Nature Environnement, Générations futures, Greenpeace France, Ingénieurs sans Frontières – AgriSTA, Justice Pesticides, LPO France, MIRAMAP, Réseau Action Climat, Réseau Environnement Santé, Syndicat National d’Apiculture, SOL – Alternatives Agroécologiques et Solidaires, Terre d’Abeilles, UNAF

  • Elections : l’appel au débat démocratique de 36 organisations chrétiennes

    Tribune co-signée par le CCFD-Terre Solidaire parue dans La Croix le 10 mars 2022.

    A l’approche des prochaines élections présidentielle et législatives, notre pays entre dans une période d’intenses débats politiques au cours desquels les citoyennes et citoyens auront à discerner les grands enjeux de ces élections et à se prononcer sur la pertinence des options proposées.

    Dans ce contexte, et au regard des valeurs qui nous rassemblent, nous, responsables d’organisations chrétiennes, protestantes et catholiques, et représentant du patriarcat orthodoxe de Constantinople, engagées dans la vie et l’action sociale, la préservation de l’environnement, le respect des droits humains, la paix, l’éducation, l’engagement citoyen et la solidarité internationale, nous souhaitons que le débat porte sur les grands défis que nous aurons à relever tous ensemble dans les années à venir.

    Les choix politiques que nous ferons auront un impact sur le reste de notre monde confronté à une grave crise écologique, sociale, économique, sanitaire et politique, et à des atteintes à la paix et au droit international, en particulier au cœur même de l’Europe. Notre approche ne peut donc se limiter aux seules questions françaises.

    Pour affronter ces défis, nous lançons un appel à un profond changement de nos pratiques du débat public. Saisissons l’opportunité de ce temps d’élections pour favoriser de véritables débats citoyens qui prennent en compte la complexité des sujets, acceptent la contradiction et sachent étudier la pertinence de toutes les propositions.

    L’enjeu est de construire collectivement des cadres de société qui permettent le débat et la confrontation des idées sans intransigeance et sans recours à l’invective et à la violence verbale. Pour y parvenir, nous devons mobiliser notre capacité à nous écouter, à nous respecter, à nous comprendre et rechercher des convergences qui nous permettent de construire des solutions qui respectent la dignité humaine de chacune et chacun.

    Dans cet esprit nous appelons à un large débat des candidats et des citoyens sur trois défis majeurs, chacun étant aussi important que les autres : l’attention aux plus vulnérables, l’urgence écologique et notre capacité à vivre ensemble.

    Pour que la démocratie puisse correctement s’exercer, l’attention aux plus vulnérables doit constituer un axe central de la vie politique. La justice exige que chacun – homme, femme, enfant, jeune, aîné – soit respecté dans sa dignité inaliénable d’être humain, puisse exercer ses droits les plus fondamentaux (travail, alimentation, habitat décent, éducation, santé, culture) et participer à la vie sociale. L’augmentation constante des inégalités, que ce soit en France, en Europe ou au niveau international, constitue pour nous une préoccupation majeure et requiert des choix courageux à partir des besoins des plus fragiles.

    Pour garantir l’avenir des générations futures, l’urgence écologique implique des changements immédiats. Les décisions prises aujourd’hui seront déterminantes pour maintenir la vie sur terre. Certains effets du changement climatique et de la destruction de la biodiversité sont d’ailleurs déjà sans retour et nous devons trouver des solutions pour nous y adapter. La raréfaction des terres cultivables, le déracinement auquel sont contraints les personnes déplacées pour des raisons environnementales, la gestion de l’eau, les risques de nouvelles pandémies, la nécessaire réduction des énergies fossiles sont autant d’éléments qui nécessitent de revoir nos modes de vies. Tout est lié : il nous faut favoriser une transition à la fois écologique, sociale et économique, c’est-à-dire mettre en œuvre une politique qui prenne en compte l’avenir de notre planète.

    Dans notre société marquée par la diversité des cultures, des traditions, des croyances et des religions, la peur de l’autre ne doit pas dicter nos choix aux dépens des droits humains.  Cette peur ne peut être surmontée ni par des recherches identitaires ni par le repli sur nos frontières mais par la rencontre fraternelle et le dialogue. Les personnes migrantes ne doivent plus être considérées comme un danger et un risque mais comme des individus dont la rencontre est source d’enrichissement et de progrès. L’altérité prime sur l’uniformité pour construire l’unité et la fraternité.

    Ces défis majeurs pour notre avenir, notre société et notre planète exigent une politique claire et résolue au service du bien commun, mais aussi la participation de toutes et tous, dans les débats comme dans les urnes.

    Signataires :

    • Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT-France) – Bernadette Forhan, présidente
    • Action Catholique des Enfants (ACE) – Patrick Raymond, président
    • Action Catholique des Femmes (ACF) – Chantal Nguyen, présidente
    • Action Catholique des Milieux Indépendants (ACI) – Marc Deluzet, président
    • Action Catholique Ouvrière (ACO) – Danielle Beauchet et Lionel Lecerf, coprésidents
    • Apprentis d’Auteuil – Nicolas Truelle, directeur général
    • A Rocha France – Rachel Calvert, présidente
    • Association au Service de l’Action Humanitaire (ASAH) – Jean-Marc Semoulin, président
    • Association chrétienne de solidarité – La Gerbe – Philippe Fournier, président
    • Centre de recherche et d’action sociales (CERAS) – Marcel Rémon, directeur
    • Chrétiens dans l’Enseignement Public (CdEP) – Chantal de la Ronde, présidente
    • Chrétiens dans le monde rural (CMR) – Margot Chevalier, coprésidente ; Jean-Luc Bausson – coprésident
    • Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement – Terre Solidaire (CCFD-Terre Solidaire) – Sylvie Bukhari – de Pontual, présidente
    • Communauté de Vie Chrétienne France (CVX) – Brigitte Jeanjean, responsable nationale
    • Délégation Catholique pour la Coopération (La DCC) – Arnoult Boissau, président
    • Fédération d’Entraide Protestante (FEP) – Isabelle Richard, présidente
    • Instituts Religieux et Solidarité Internationale (IRSI) – Sœur Bernadette Janura, présidente
    • Jeunesse Etudiante Chrétienne (JEC) – Louise Lécureur, présidente
    • Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) – Chloé Corvée, présidente nationale
    • Justice et Paix France – Mgr Jacques Blaquart, président
    • La Pierre d’Angle- Fraternité Quart Monde – Claude Cosnard, président
    • Les Semaines Sociales de France (SSF) – Dominique Quinio, présidente
    • Medair – Fabienne Ray, présidente
    • Métropole grec-orthodoxe de France, Patriarcat Œcuménique – Mgr Dimitrios Ploumis, métropolite de France
    • Mouvement Chrétien des Cadres et Dirigeants (MCC) – Cécile et Martin Lesage – responsables nationaux
    • Mouvement Eucharistique des Jeunes (MEJ) – Sophie Lassagne, directrice
    • Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne (MRJC) – Nelly Vallance, présidente
    • Office Chrétien des personnes Handicapées (OCH) – Emmanuel Belluteau, président
    • Pax Christi France – Mgr Hubert Herbreteau, évêque d’Agen, président
    • Secours Catholique – Caritas France (SCCF) – Véronique Devise, présidente
    • Scouts et Guides de France (SGDF) – Marie Mullet, présidente
    • Service d’Entraide et de Liaison (SEL) – Patrick Guiborat, directeur général
    • Service National Mission et Migrations (SNMM), Conférence des Evêques de France (CEF) – P. Carlos Caetano, cs, directeur
    • Service National pour l’Evangélisation des Jeunes et pour les Vocations (SNEJV), Conférence des Evêques de France (CEF) – P. Vincent Breynaert, directeur
    • Société de Saint-Vincent-de-Paul (SSVP) – Michel Lanternier, président national
    • Vivre Ensemble L’Evangile Aujourd’hui (VEA) – Annick Faye, présidente‌
  • Sommet Afrique-Europe : osons une approche solidaire des migrations

    Tribune co-signée par le CCFD-Terre Solidaire parue dans Médiapart et Politis le 16 février 2022.

    Quatorze ans après sa précédente présidence du Conseil de l’Union européenne, la France fait de nouveau du contrôle des migrations l’une des priorités de la coopération euro-africaine. À l’occasion du sommet Union européenne-Union africaine, institutions actuellement présidées par le Président sénégalais Macky Sall et par le Président français Emmanuel Macron, nous, associations de solidarité internationale, réitérons notre opposition à cette orientation, ancrée de longue date dans l’agenda politique et produisant des résultats toujours plus délétères.

    Présidence française et migrations, un sentiment de déjà-vu

    En 2008, la France assumait une présidence du Conseil de l’Union européenne avec un agenda migratoire précis: faire adopter un nouveau pacte européen sur l’immigration et l’asile et organiser la deuxième conférence interministérielle euro-africaine en matière de migration et développement. 

    Avec les négociations sur le Pacte européen sur la migration et l’asile et l’organisation du Sommet Union européenne et Union africaine, Emmanuel Macron prévoit un programme sensiblement similaire pour cette nouvelle présidence : renforcer la coopération avec les pays africains pour favoriser une immigration choisie, prévenir les départs vers l’Europe, augmenter les expulsions et lutter contre les trafics.

    Un entêtement sécuritaire vain et dramatique

    Loin de les considérer comme un facteur inéluctable et structurant de nos sociétés globalisées qu’il convient d’accompagner, l’Union européenne s’enlise dans une gestion essentiellement sécuritaire des migrations. Elle s’entête, via le financement de la coopération des États africains, à vouloir les contrôler et les contraindre.

    Les pays européens dévoient ainsi des instruments de coopération censés bénéficier aux populations, sur la base de leurs besoins. L’aide publique au développement ou la délivrance des visas deviennent des leviers de la politique migratoire européenne, et sont utilisés comme une forme de marchandage. L’Union européenne a ainsi, sur des fonds d’aide au développement, soutenu les retours dit « volontaires » de personnes directement depuis le continent africain. L’Organisation internationale des migrations (OIM) a ainsi bénéficié de 638 millions d’euros de l’UE dans le cadre du Fonds Fiduciaire d’Urgence de l’UE pour l’Afrique (FFU). En 2019, les retours organisés par l’OIM en Afrique représentaient un quart des retours mondiaux réalisés par l’organisation.

    Via ces moyens de pression diplomatique, l’Union européenne et ses États membres consolident leur politique d’externalisation des frontières. Ils confient chaque jour davantage le contrôle des migrations vers l’Europe aux pays africains notamment, se défaussant ainsi de leurs responsabilités quant aux conséquences de cette sous-traitance. 

    Celles-ci sont pourtant sans appel : augmentation significative des décès ou disparitions sur les routes de l’exil, généralisation des violations des droits fondamentaux des personnes migrantes le long du parcours migratoire, systématisation des centres de détention, criminalisation des personnes exilées et des solidaires leur venant en aide.

    Pour une approche centrée sur les droits fondamentaux et la dignité des personnes migrantes

    De rencontre en rencontre, depuis le premier Sommet Afrique–UE au Caire en avril 2000, une poignée de dirigeant·e·s continue de perpétuer ces partenariats en trompe l’œil à travers des politiques, des programmes et des projets sans consultation préalable des populations, qui contribuent à creuser les inégalités et à mettre en danger des populations migrantes.

    Ce délitement des droits fondamentaux n’est pourtant pas inéluctable. Malgré l’approfondissement des discours politiques de fermeture et de sécurité, des organisations de la société civile, associations de migrant·e·s, syndicats, personnes migrantes et réfugiées, militant·e·s et citoyen·ne·s d’Afrique et d’Europe ne cessent de se mobiliser en faveur des droits des personnes migrantes.

    Des mobilisations à Calais pour dénoncer les morts dans la Manche, aux maraudes à la Vallée de la Roya ou à Briançon, en passant par les caravanes des migrant·e·s et des familles des disparu·e·s en France, en Italie ou encore les mobilisations euro-africaines, « commémor’actions » du 6 février en mémoire des personnes décédées et disparues, les grèves des sans-papiers dans plusieurs pays du continent, les multiples manifestations dans les rues des principales villes européennes ces dernières années ou encore les États Généraux des Migrations, initiative regroupant 500 organisations françaises sur tout le territoire, toutes ces mobilisations s’élèvent contre ces pactes et traités inter-étatiques qui déshumanisent et excluent systématiquement les personnes migrantes.

    Ces initiatives citoyennes en Europe et en Afrique disent haut et fort qu’une refonte de la coopération avec les pays africains doit se faire sur la base des droits fondamentaux des personnes migrantes, tout au long de leur parcours, qu’il est temps d’aborder les migrations avant tout sous l’angle de la protection des droits des personnes et, in fine, de rééquilibrer les partenariats avec l’Union européenne. 

    C’est cette voie que nous prônons. En 2008, nos organisations lançaient le Sommet citoyen sur les migrations en marge de la présidence française du Conseil de l’Union européenne et créaient le réseau Des Ponts pas des Murs, réunissant plus de 300 associations et syndicats.

    Depuis, Des Ponts pas des Murs n’a eu de cesse de dénoncer l’instauration d’une Europe forteresse et de défendre une approche des migrations, centrée sur la dignité humaine, la sécurité des personnes et l’universalité des droits. 

    Non aux fausses solutions : place à la Solidarité Internationale

    Alors que se tient un nouveau Sommet Union africaine-Union européenne à Bruxelles, nous nous mobilisons collectivement contre la fermeture continue des frontières européennes, l’externalisation des politiques migratoires, les restrictions à la liberté de circulation qui entraînent des violations systématiques des droits fondamentaux des personnes tout au long de leur parcours migratoire, la pénalisation des migrations et la criminalisation croissante des citoyens solidaires.

    Nous demandons également de réelles et ambitieuses politiques multilatérales de coopération, fondées sur le respect de la dignité de toutes et tous et sur le dialogue régulier avec les organisations des sociétés civiles, aussi bien européennes qu’africaines.

    Nous revendiquons une Europe engagée dans la promotion des droits fondamentaux de toutes et tous, insufflée par l’espoir d’autres politiques migratoires et de développement, réellement solidaires.

    Signataires :

    • Des Ponts Pas Des Murs – DPPDM
    • Bizi !
    • CCFD – Terre Solidaire
    • Cimade
    • CRID
    • Emmaüs Europe
    • Emmaüs International
    • Groupe d’information et de soutien des immigrés – Gisti
    • Immigration, Développement, Démocratie – IDD
    • Initiative Pour Un Autre Monde – IPAM
    • Ligue des Droits Humains – LdH
    • Ritimo
    • Survie

    En savoir plus sur notre combat pour des politiques migratoires respectueuses des droits des personnes migrantes et la liberté de circulation.

  • Manche : mettre fin à “la politique qui ne génère que maltraitance et violence”

    Tribune co-signée par le CCFD-Terre Solidaire parue dans Le Monde le 4 février 2022.

    Signés il y a dix-neuf ans par Paris et Londres, les accords du Touquet font de la France le « bras policier » de la politique migratoire du Royaume-Uni pour empêcher les personnes exilées de traverser la Manche, dénoncent une trentaine d’ONG dans une tribune au « Monde ».

    Depuis plusieurs décennies, des hommes, des femmes et des enfants originaires d’Europe de l’Est, d’Afrique de l’Est, du Moyen-Orient ou d’Asie du Sud-Est, toutes et tous en recherche de protection, survivent sur le littoral de la Manche et de la mer du Nord. La plupart de ces personnes exilées présentes sur nos côtes n’ont qu’un seul objectif : franchir – par tous les moyens – la frontière qui se dresse devant elles et qui les empêche de rejoindre le Royaume-Uni.

    Il y a dix-neuf ans, le 4 février 2003, à la suite de la fermeture du centre de Sangatte et dans le prolongement du traité de Canterbury du 12 février 1986, la France et le Royaume-Uni signent le traité du Touquet. La frontière britannique est externalisée sur le sol français moyennant des financements de la Grande-Bretagne. La France devient le « bras policier » de la politique migratoire du Royaume-Uni pour empêcher les personnes exilées de traverser la Manche.

    Expulsions, confiscations

    Sur les côtes françaises, les autorités mettent en œuvre une politique de lutte contre la présence des personnes exilées et d’invisibilisation de celles-ci. Les maltraitances quotidiennes qu’elle implique sont nombreuses : expulsion de lieux de vie, confiscation d’affaires, maintien à la rue en l’absence de services permettant de couvrir leurs besoins fondamentaux, entrave à l’action des associations, etc.

    Cette politique n’est pas seulement indigne et inacceptable, elle est également mortelle : au moins 342 personnes ont perdu la vie à la frontière franco-britannique depuis 1999, dont 36 en 2021. La poursuite année après année de cette politique inhumaine, la répétition de ces maltraitances et de ces drames pourraient nous pousser au fatalisme. Au contraire, nous agissons pour l’amélioration de la situation, pour le respect des droits et de la vie des personnes en exil.

    C’est dans cet esprit que la Plate-forme des soutiens aux migrant·e·s (PSM), dont nous sommes membres ou que nous soutenons, a demandé à l’anthropologue Marta Lotto (« On The Border, la vie en transit à la frontière franco-britannique ») et au politologue Pierre Bonnevalle (« Enquête sur trente ans de fabrique politique de la dissuasion : l’Etat français et la gestion de la présence des personnes exilées dans la frontière franco-britannique. Harceler, expulser, disperser ») d’enquêter, pour l’une, sur les conditions de vie des personnes en transit et, pour l’autre, sur la gestion par les autorités françaises de la présence des personnes exilées à la frontière [présentation des deux rapports le 4 février, à l’université du Littoral-Côte d’Opale (ULCO), à Dunkerque].

    Leurs analyses fines nous permettent une compréhension globale de la situation et nous contraignent, nous citoyens, à mettre les autorités face à leurs responsabilités et à leur imposer la mise en œuvre d’une politique alternative.

    Aux portes de leur rêve

    En effet, Marta Lotto, dans son rapport, nous indique que les raisons pour lesquelles ces personnes sont à Calais (Pas-de-Calais), Grande-Synthe (Nord), Ouistreham (Calvados) ou, pour d’autres, moins nombreuses, à Norrent-Fontes (Pas-de-Calais), Steenvoorde (Nord) ou Cherbourg (Manche), sont diverses.

    Certaines ont commencé leur parcours migratoire avec l’objectif de vivre en Grande-Bretagne ; après un périple de quelques jours ou de plusieurs années, elles se retrouvent bloquées aux portes de leur rêve.

    D’autres, au contraire, n’ont jamais imaginé aller en Grande-Bretagne, mais les circonstances de leur parcours les ont conduites aux portes de ce pays, qui est alors devenu le dernier recours face aux rejets auxquels elles ont été confrontées ailleurs en Europe.

    Depuis trente ans, sans cesse, parce qu’elles veulent rejoindre leur famille, parce qu’elles sont anglophones ou parce qu’elles nourrissent de vains espoirs d’accéder à une vie meilleure, des personnes tentent de franchir les quelques dizaines de kilomètres qui les séparent de la Grande-Bretagne.

    Barbelés et lames de rasoir

    En dehors de la parenthèse 2015-2016, quand le tumulte du monde a poussé plus d’un million de personnes vers l’Europe, et une partie d’entre elles vers la Grande-Bretagne, il y a toujours eu entre 1 000 et 3 000 personnes en transit bloquées à la frontière.

    Et, pourtant, ce n’est pas faute, pour les autorités françaises et britanniques, d’avoir tenu un discours de fermeté et mis en œuvre une politique de dissuasion. De manière très détaillée, le politologue Pierre Bonnevalle nous révèle que, depuis trente ans, quels que soient les gouvernements, une seule et même politique est menée : rendre les territoires situés sur le littoral de la Manche et de la mer du Nord aussi inhospitaliers que possible.

    Nous avons donc vu pousser des barrières et des barbelés, nous avons appris ce qu’était une « concertina », ces barbelés couplés à des lames de rasoir. Nous avons vu des arbres abattus et des maisons murées. Nous avons aussi appris que mise à l’abri pouvait être synonyme d’expulsions violentes, et que la solidarité pouvait être un délit.

    Atteintes toujours plus fortes à la dignité, violation des droits des personnes exilées et destruction de l’attractivité de nos territoires sont les seuls résultats de cette politique. Vient s’ajouter le reniement constant et systématique de nos valeurs, celles qui fondent notre vivre-ensemble. N’est-elle alors que communication ? Une mise en scène pour montrer que l’Etat agit ? Mais qu’est-ce qu’une politique qui ne génère que maltraitance et violence ?

    Un dialogue citoyen

    Face à ce constat d’un échec flagrant de la politique mise en œuvre à la frontière franco-britannique, face à la violence qu’elle engendre pour les personnes exilées, mais aussi pour toutes celles qui vivent sur ces territoires, nous devons, aujourd’hui, regarder la réalité en face.

    Pour que ces personnes vivent dans des conditions dignes, pour que nos territoires ne soient plus constellés de campements et de bidonvilles, pour que nos valeurs soient respectées, le paradigme des politiques publiques mises en œuvre à la frontière doit changer. Ces deux rapports, mais surtout les maltraitances qui s’exercent chaque jour sur notre sol, nous incitent à l’exiger.

    Pour obtenir ce changement de modèle, nous devons, ensemble, engager un dialogue citoyen réunissant l’ensemble des forces vives des territoires du littoral de la Manche et de la mer du Nord et imaginer, collectivement, une politique respectueuse des droits de toutes et tous.

    Nous appelons toutes celles et tous ceux qui le souhaitent à nous rejoindre pour lancer cette dynamique de convention citoyenne à la frontière franco-britannique.

    Principaux signataires : Sylvie Bukhari-de Pontual, présidente du CCFD-Terre solidaire ; Chrystel Chatoux, coprésidente d’Utopia 56 ; François Guennoc, président de l’Auberge des migrants ; Henry Masson, président de la Cimade ; Martine Minne, présidente d’Attac Flandres ; docteure Carine Rolland, présidente de Médecins du monde ; Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l’homme (LDH) ; Antoine Sueur, président d’Emmaüs France ; Corinne Torre, chef de mission de la mission France de Médecins sans frontières ; Véronique Devise, présidente du Secours catholique-Caritas France.

    Liste complète des signataires : https://www.psmigrants.org/site/tribune-accords-du-touquet-fevrier-2003-a-fevrier-2022-mettons-fin-a-la-violence-et-a-linhumanite/

  • La directive sur la transparence fiscale vidée de sa substance [Tribune]

    Les député-es européen-nes vont adopter une directive sur la transparence fiscale des grandes entreprises multinationales, dont le contenu a été tellement affaibli qu’elle ne permettra pas de répondre à son objectif : faire apparaître les montages d’évasion fiscale.

    C’est une immense déception pour nos organisations engagées pour la justice fiscale. Plus encore, c’est une véritable occasion manquée pour lutter contre les pratiques d’évasion fiscale des grands groupes, qui privent les Etats de ressources cruciales pour lutter contre les inégalités et les dérèglements climatiques. La France a une forte responsabilité dans cet échec, en adoptant sans nuance les positions des lobbys du secteur privé.

    La transparence fiscale des multinationales, grâce au « reporting pays-par-pays public », est pourtant une mesure simple et indispensable pour lutter contre l’évasion fiscale. En obligeant les grands groupes à publier des informations de base sur leurs activités et les impôts qu’elles payent dans chacun des pays où elles opèrent, comme le font déjà les banques, cette mesure doit permettre de vérifier que les impôts payés correspondent à des activités réelles et d’identifier les montages d’évasion fiscale.

    « Plus des trois-quarts des pays du monde ne seront pas couverts »

    Malheureusement, la directive en cours d’adoption prévoit que les entreprises devront uniquement déclarer leurs activités au sein des pays de l’Union européenne et des pays listés comme paradis fiscaux. Cette restriction géographique anéantit complètement la mesure : plus des trois-quarts des pays du monde ne seront pas couverts. Ceci, alors qu’une seule filiale dans un paradis fiscal suffit pour faire de l’évasion fiscale, et que la liste européenne de paradis fiscaux est défaillante. Les multinationales pourront donc continuer et adapter leurs montages en toute opacité pour échapper à l’impôt. Les citoyens et citoyennes, en particulier des pays en développement qui sont davantage victimes de l’évasion fiscale des multinationales étrangères, n’auront toujours pas d’accès aux informations.

    En outre, poursuivant le détricotage de cette directive qui n’a de “reporting pays-par-pays public” que le nom, les négociateurs ont ajouté une faille qui permettra aux entreprises de ne pas divulguer des informations pendant cinq ans si elles les considèrent comme “commercialement sensibles”.

    Une fois de plus, la protection de la « compétitivité des multinationales » a pris le pas sur une mesure d’intérêt général

    Les informations publiées dans le cadre du reporting public ne sont pas des informations sensibles : les très grandes entreprises, celles concernées par la directive, disposent déjà de ces informations sur leurs concurrents. Un tel recul, au nom de la compétitivité – argument ressassé et éculé par certaines entreprises multinationales pourtant mises en cause dans les scandales d’évasion fiscale successifs, est inacceptable.

    Alors que les négociations entre les Etats Membres et le Parlement auraient pu permettre d’améliorer la directive, la France a empêché tout progrès en diffusant ses lignes rouges sur la base d’un document rédigé directement par le MEDEF, sans nuance et avec des arguments erronés. Une fois de plus, la protection de la « compétitivité des multinationales » a pris le pas sur une mesure d’intérêt général et la France a été hélas l’artisane d’un recul majeur.

    Le combat pour une véritable transparence fiscale va continuer puisque les Etats devront ensuite transposer cette directive dans leur législation nationale. Alors que la présidence française du conseil de l’Union européenne est sur le point de débuter, la France pourrait alors choisir de reprendre une position de championne de la transparence fiscale ! Nous sommes plus que jamais mobilisé-e-s pour que l’on puisse enfin savoir si les multinationales paient leur juste part d’impôt.

    Signatures :
    Nadège Buquet, déléguée générale, Transparency International France
    Chantal Cutajar, Présidente, OCTFI
    Manuèle Derolez, déléguée générale, CCFD-Terre Solidaire
    Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France
    Franceline Lepany, Présidente de Sherpa
    Raphaël Pradeau, porte-parole d’Attac France
    Elise Van Beneden, présidente d’Anticor

  • « Il est temps que la France cesse d’encourager les projets climaticides de TotalEnergies en Afrique »

    A l’occasion du sommet Afrique-France qui s’ouvre le 8 octobre à Montpellier, des philosophes, des économistes, des responsables d’institutions et d’ONG, dont la présidente du CCFD-Terre solidaire Sylvie Bukhari-de Pontual et le député européen Pierre Larrouturou dénoncent le soutien de la France aux projets du géant pétrolier en Ouganda et au Mozambique.

    Tribune publiée sur le Monde.

    Tribune. Alors que s’ouvre à Montpellier le sommet Afrique-France, et que l’urgence de réduire drastiquement l’extraction des énergies fossiles se fait chaque jour plus pressante, il est temps que la France cesse d’encourager les projets climaticides que TotalEnergies veut lancer en Afrique.

    Le président de la République Emmanuel Macron annonçait sur Twitter à propos de la dernière évaluation des Nations unies : « +2,7 °C à l’horizon de 2100. Ce scénario est dramatique. » Il n’y a pas de fatalité, ce scénario dépend avant tout des décisions qui seront prises dans les semaines et les mois à venir. Or, la France s’apprête à entériner de nouvelles extractions fossiles qui, elles, vont s’avérer réellement dramatiques.

    En effet, en Ouganda et au Mozambique, TotalEnergies est en passe de faire exploser deux « bombes climatiques » avec le soutien actif de nos institutions et de notre appareil diplomatique.

    Quatre cents puits de pétrole

    En Ouganda, ce sont quatre cents puits de pétrole et un oléoduc de 1 443 km de long que TotalEnergies souhaite construire jusqu’à la côte tanzanienne, afin d’exploiter des réserves pétrolières (générant 34 millions de tonnes de CO2) au sein d’un parc naturel protégé et sur les rives du lac Albert, à la source du Nil. Au Mozambique, la mise en exploitation des 9es plus grandes réserves gazières du monde émettra autant que sept années d’émissions de gaz à effet de serre de la France.

    Alors que l’Agence internationale de l’énergie nous enjoint désormais de cesser tout nouveau projet d’extraction d’énergie fossile pour espérer maintenir le réchauffement sous la barre des 1,5 °C décidée par l’accord de Paris, l’envergure de ces nouveaux projets dépasse l’entendement : plus de 11 milliards de dollars (environ 9,53 milliards d’euros) d’investissement en Ouganda et en Tanzanie, 24 milliards de dollars au Mozambique.

    Malgré ses déclarations vertueuses, l’Elysée a envoyé, en mai, une lettre au président ougandais pour lui affirmer son soutien au projet pétrolier de TotalEnergies, alors même qu’un recours en justice avait été déposé par six ONG françaises et ougandaises au titre de la loi sur le devoir de vigilance en raison des multiples violations des droits humains et des dommages environnementaux qu’implique ce projet.

    Selon un rapport de l’ONG les Amis de la Terre, le gouvernement français a également accentué ses efforts diplomatiques et économiques au Mozambique pour y défendre les intérêts de TotalEnergies (visites diplomatiques, financements publics, missions d’affaires, coopération militaire…), engageant de facto la France, et l’ensemble de nos concitoyens, dans cette aventure climaticide.

    A quelques semaines de la COP26 à Glasgow, le gouvernement français et notre diplomatie s’emploient donc à saboter notre avenir à tous.

    La France ne pourra pas lutter contre le dérèglement climatique si son président, tel Janus, offre deux visages opposés : héraut du climat sur la scène internationale et façonnier du « business as usual » sur le terrain.

    Dans son encyclique Laudato Si’, le Pape François a des mots très fermes contre l’attentisme des Etats qui ne font que retarder la catastrophe : « Il ne suffit pas de concilier, en un juste milieu, la protection de la nature et le profit financier […]. Sur ces questions, les justes milieux retardent seulement un peu l’effondrement ». (LS 194) Nous devons rechercher des alternatives aux énergies fossiles, aujourd’hui et non dans le futur. Et les mettre en œuvre maintenant. Sans attendre. En levant tout soutien public aux projets climaticides.


    Emmanuel Macron a affirmé que le Sommet Afrique-France permettra de « refonder les relations entre la France et l’Afrique ». Nous appelons la France à s’engager auprès des sociétés africaines pour les soutenir dans la voie de la transition écologique. Ne ratons pas ce rendez-vous !

    Signataires :
    Guy Aurenche, avocat honoraire, défenseur des droits humains
    Monique Baujard, présidente des Amis de La Vie
    Dominique Bourg, philosophe, professeur des universités honoraire, directeur de la revue La Pensée Ecologique
    Sylvie Bukhari-de Pontual, présidente, CCFD-Terre Solidaire
    William Clapier, auteur et théologien
    François Euvé, rédacteur en chef d’Etudes
    Elisabeth Flichy Saint-Bonnet, Chrétiens Unis pour la Terre
    Benoit Halgand, étudiant mobilisé contre le projet TotalEnergies à polytechnique, engagé chez Pour un réveil écologique
    Pierre Larrouturou, député européen
    Elena Lasida, économiste
    Laura Morosini, Mouvement Laudato Si’
    Marcel Rémond, jésuite, directeur du Ceras
    Michel Roy, secrétaire général de Justice et Paix…

    Lire aussi :

    Notre article Stoppons l’impunité de l’industrie du gaz : l’appel à l’aide des habitants de Cabo Delgado au Mozambique

    Les Amis de la Terre et Survie : Total en Ouganda et Tanzanie (dont un rapport de 33 pages)

    Les Amis de la Terre France, Mozambique et International
    Mozambique : de l’eldorado gazier au chaos (dont un rapport de 39 pages)

  • Signataires : « Avenir de la politique française au Sahel : il est temps d’ouvrir le débat »

    Alors que le président Emmanuel Macron vient d’annoncer la fin de l’opération Barkhane, des voix s’élèvent – en France comme au Sahel – pour appeler à ouvrir le débat sur l’après-Barkhane et saisir l’occasion pour refonder en profondeur la politique française dans la région. En étant cette fois à l’écoute des populations.

    (suite…)

  • Lettre ouverte au Président de la République pour l’appeler à condamner le coup de force militaire au Tchad

    Monsieur le Président de la République,

    Vous rendez demain au Tchad pour assister aux funérailles du Président Idriss Deby Itno. A cette occasion, nos organisations, engagées de longue date auprès des acteurs de la société civile tchadienne, souhaitent vous faire part de leurs inquiétudes concernant les positions de la France sur ce pays alors que s’ouvre pour le Tchad une période cruciale et périlleuse, avec des risques de troubles qui pourraient impacter lourdement les populations civiles.

    Lors de l’une des précédentes crises, en février 2008, nous avions pu exprimer au Président Nicolas Sarkozy, (en personne et régulièrement à travers ses conseillers), nos désaccords avec les analyses portées par les administrations diplomatiques et militaires françaises. Malheureusement, votre prédécesseur n’avait pas souhaité exercer son influence sur un président tchadien, alors fragilisé, pour engager un véritable processus de démocratisation et de réconciliation pourtant cruellement nécessaire. Les choses auraient pu être profondément différentes s’il l’avait fait.
    Monsieur le Président, la France semble aujourd’hui, au nom d’une prétendue stabilité et de l’intégrité du territoire tchadien, reconnaitre un Comité de transition militaire dirigé par le fils du défunt président Deby.

    Déjà en 2008, les administrations françaises soutenaient que les groupes armés étaient manipulés et téléguidés par une puissance étrangère, le Soudan. Elles arguaient également que seul le régime du Président Deby était capable d’assurer la stabilité du pays.

    Aujourd’hui comme hier, nous estimons que ces analyses sont profondément erronées et datées. Le Tchad ne vit pas une atteinte à son intégrité territoriale. Il n’y a pas dans cette crise, d’enjeux liés à des mouvements djihadistes, ni d’ingérence étrangère. Il s’agit bien au contraire, des conséquences militaires d’une crise politique non résolue, interne au pays. Non seulement, le régime tchadien actuel ne garantit aucunement la stabilité du pays mais il est en réalité la source même de l’instabilité systémique du Tchad. Les trente années de règne d’Idriss Deby Itno ont été régulièrement émaillées d’abus et de violations graves des droits humains, visant notamment à annihiler toutes oppositions crédibles.

    A travers ce Comité de transition, illégal et illégitime, vous actez d’un coup d’Etat mené par un groupe d’officiers au service d’un clan. En pensant répondre aux intérêts stratégiques et militaires français, vous légitimez une situation qui aura des conséquences graves au Tchad, comme ailleurs en Afrique. Les tchadiens attendent le changement et vont, après une période de sidération, ressentir une déception propice à toutes les violences. Le pays peut se déchirer.

    M. le Président, avec nos partenaires tchadiens, nous affirmons que l’avenir et la stabilité du Tchad résident dans un large consensus de l’ensemble des forces politiques, sociales et des institutions du pays.

    M. le Président, le Tchad a changé, la société tchadienne est capable d’assurer une transition démocratique de manière pacifique. Elle y est prête et la France ne peut aller contre le cours de l’Histoire. La démocratie, l’état de droit, la population tchadienne et la protection de ses droits et libertés doivent demeurer au centre des priorités françaises.

    Nos organisations vous demandent :

    • De condamner sans ambiguïté le processus de confiscation du pouvoir en cours et d’exiger le respect des droits humains et des libertés publiques ;
    • D’exiger la mise en place immédiate d’une transition civile, dans le respect de l’ordre constitutionnel tchadien ;
    • D’appeler toutes les parties prenantes au dialogue (partis politiques, société civile et institutions tchadiennes) ;

    Elles demandent en particulier, M. le Président, qu’à l’occasion de votre voyage, vous rencontriez une délégation de la société civile pour entendre leurs analyses et recommandations.

    Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’assurance de notre haute considération.

    Signataires :

    Bernadette Forhan, présidente d’ACAT-France
    Timothy Hughes, président d’Agir ensemble
    Sylvie Bukhari-de Pontual, présidente du CCFD-Terre Solidaire
    Patrice Garesio, co-président de Survie
    Marc Ona Essangui, président de Tournons La Page

     

  • Appel pour une refondation de la politique Sahélienne de la France

    Des organisations de la société civile françaises, dont le CCFD-Terre Solidaire, et des personnalités publiques expertes du Sahel interpellent les autorités françaises. Elles appellent à une refondation de la politique de la France au Sahel :

    (suite…)

  • Journée de la terre 2021 : un espoir pour la défense de l’environnement en Amérique latine

    En Amérique Latine, la lutte pour la protection de l’environnement oscille entre deuils, préoccupations et espérance. En cette Journée de la Terre, Walter Prysthon, responsable du service Amérique Latine et Caraïbes au CCFD-Terre Solidaire, nous explique pourquoi l’Accord d’Escazu est une bonne nouvelle pour les défenseurs et défenseuses de l’environnement.

    (suite…)

  • Pourquoi il faut refonder la politique de la France au Sahel

    La Coalition citoyenne pour le Sahel et la société civile française se mobilisent pour repenser les stratégies de réponse à la crise sahélienne. Jessica Pascal, chargée de mission au CCFD-Terre Solidaire, nous explique pourquoi il y a urgence à écouter davantage la voix des organisations de la société civile sahélienne.

    (suite…)

  • Le patriarcat est un obstacle à la lutte contre la faim dans le monde

    La pandémie de la Covid-19 montre, une fois encore et dans le monde entier, que les femmes sont particulièrement exposées à la pauvreté.

    (suite…)

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