En Colombie, la gauche au pouvoir espère bouger les lignes
Depuis un an, Martha Lucia Marquez Restrepo est la directrice générale du CINEP, un centre social jésuite colombien, soutenu de longue date par le CCFD-Terre Solidaire. Elle explique comment l’arrivée d’un nouveau président colombien de gauche, Gustavo Petro, commence à faire bouger les lignes.
Qu’est-ce qui a changé depuis l’arrivée au pouvoir de Gustavo Petro ?
L’attente est forte dans le pays avec l’élection du premier président de gauche de l’histoire de la Colombie. Déjà, en trois mois, il y a un vrai changement dans les élites. Le nouveau ministre des relations extérieures est l’un des négociateurs des accords de paix avec les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie). Le ministre du commerce extérieur a travaillé dans notre organisation. Des hauts fonctionnaires ont été changés. Deux professeurs de l’Université jésuite ont des postes importants.
La force de ce nouveau pouvoir est d’avoir en son sein des membres de la société civile et du monde universitaire. Bref, nous avons les téléphones de beaucoup de gens au pouvoir. Cela n’était jamais arrivé !
Il y a un vrai changement des élites au pouvoir
En quoi cela peut-il aider à la paix ?
Le CINEP est l’une des deux organisations qui vérifie le respect des accords de paix signés il y a six ans avec les FARC. Nous avons déjà produit 11 rapports. Cette paix comprenait, par exemple, une réforme agraire intégrale.
Retrouver dans la vidéo ci-dessous une explication sur l’accord de paix signé avec les Farc et le rôle du Cinep dans le processus de paix en Colombie
Le nouveau gouvernement a déjà annoncé qu’il allait acheter des terres aux grands propriétaires pour les redistribuer aux communautés. C’est un premier espoir. La paix doit être une réalité sur le terrain. Et ce gouvernement veut se rapprocher du terrain.
Il faut aussi faire la paix avec la guérilla de l’ELN. Pour cela, le nouveau gouvernement a ouvert des réunions dans huit endroits du pays.
Il reste aussi à éclaircir quelques zones d’ombre. Le gouvernement enquête déjà sur les modalités de revente des terres des trafiquants de drogue, confisquées par l’Etat colombien. Cela semble opaque.
Sur le problème de la drogue, le président Petro a prononcé un discours très fort à l’ONU. Pour lui, la Colombie est victime de la consommation mondiale de drogue. C’est elle qui conduit à la guerre des narcos chez nous.
Que peut changer cette élection en matière environnementale ?
Nous devons sauver l’Amazonie en évitant la déforestation. La vice-présidente est très engagée dans ce combat. Francia Márquez, première vice-présidente afrodescendante, est aussi une féministe militante des droits humains et de l’environnement. Concernant la déforestation, il existe une série de normes à respecter au niveau national. Mais, elles ne sont pas appliquées sur le terrain, du fait de la corruption notamment. L’exploitation forestière est l’un des commerces les plus rentables du pays. Il faut mieux le contrôler.
Ce gouvernement a également une stratégie pour assurer dans chaque territoire la sécurité physique des leaders environnementaux. C’est essentiel.
Pour la défense de l’Amazonie, nous attendons beaucoup de l’élection de Lula chez nos voisins brésiliens.
Recueilli par Pierre Cochez
Pour aller plus loin
Sur les enjeux liés à la déforestation, et à la compensation carbone, « En Colombie, la compensation carbone ne sauve pas la forêt! »
(Ré)écouter le podcast consacré à l’élection du nouveau président, Gustavo Petro.
Photo Jean-Claude Gerez, lors d’un reportage auprès du CINEP en 2018.
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