En Haïti, Colette Lespinasse apporte un regard incontournable sur son pays

Publié le 04.03.2024

Cette militante haïtienne des droits humains, correspondante de la Coordination Europe-Haïti, est une femme incontournable pour qui veut comprendre la situation en Haïti. Portant un regard sans concession sur son pays, elle estime également que les solutions viendront d’abord des Haïtiens eux-mêmes.

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Elle est l’une de ces nombreuses figures de la société civile haïtienne qui aide à ne pas désespérer du devenir de ce pays. Colette Lespinasse est correspondante de la coordination Europe-Haïti, une plate-forme d’ONG européennes regroupant notamment le Secours Catholique, Misereor et le CCFD-Terre Solidaire.

Elle a derrière elle quatre décennies d’engagement pour les droits humains. « Je n’ai jamais connu une situation sécuritaire aussi grave qu’aujourd’hui » résume-t-elle.

Journaliste puis porte parole

Sous la dictature de Jean-Claude Duvalier, Colette Lespinasse avait été embauchée par Radio Soleil, une antenne crée par la Conférence épiscopale d’Haïti, dans l’esprit des « petites églises », ces communautés ecclésiales de base fondées avec la Théologie de la Libération. « J’ai pris le relai des journalistes qui avaient été expulsé par la rafle de 1980.  Les gens venaient apportaient de tous les coins du pays des lettres expliquant leurs problèmes. Ils nous invitaient à venir chez eux. Cela m’a éveillé aux problèmes de mon pays » explique-t-elle.

En 1989, elle doit quitter la radio, « car les évêques ont changé toute l’équipe ». Pendant dix ans, elle travaille pour Protos, une ONG belge qui relie les communautés à l’eau potable. «  Je travaillais beaucoup à la frontière avec la république dominicaine

Défenseuse des droits des réfugiés haïtiens expulsés de Saint-Domingue

C’est comme cela qu’elle découvre la réalité des milliers de réfugiés haïtiens, partis couper les cannes à sucre de l’autre côté de la frontière et expulsés en 1991 par la République dominicaine. Elle devient la directrice du Groupement d’Appui aux rapatriés et aux réfugiés (GARR). « Nous avons défendu les droits d’environ 30 000 réfugiés » dit-elle. Son ONG a été à l’origine de deux procès contre Saint Domingue devant la Cour interaméricaine des droits de l’Homme. « Gagnés tous les deux ! ».

Aujourd’hui, Colette Lespinasse continue à défendre les droits des Haïtiens à la terre, à l’eau potable, à la santé, à l’éducation. Et à la sécurité face aux gangs qui paralysent et terrorisent le pays. « Il est très difficile de se déplacer. Les agriculteurs n’arrivent plus à apporter leurs marchandises aux marchés, par peur des gangs. Les prix flambent du fait de la rareté des produits. La moitié de la population haïtienne est en insécurité alimentaire. »

« Il faut donner la parole aux Haïtiens »

Pour Colette Lespinasse, la situation est pire que sous la férule des Duvalier. « A l’époque, on savait contre qui lutter. Aujourd’hui, des gangs se livrent au kidnapping, sans motif clair. L’Etat n’existe pratiquement plus. La police ne combat pas les gangs. Sa priorité est d’empêcher la population de manifester. »

Comment sortir indemne de ce naufrage ? Colette continue à croire que les Haïtiens détiennent la clé de leur sauvetage. «  Il faut donner la parole aux gens du pays, les écouter, les appuyer. C’est le sens de mon engagement. On ne peut pas prendre la place des Haïtiens, comme ont essayé de le faire dix missions successives des Nations Unies».

Pierre Cochez

Retrouvez aussi les témoignages de Colette Lespinasse sur Haïti

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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