Activités de soutien aux communautés locales Guarani dans le cadre du programme tapsa
Vivre ensemble
le carême 2023
Et si on profitait du carême pour faire un pas de coté?
Du 22 mars au 6 avril, nous vous proposons de partir à la rencontre de nos partenaires qui se mobilisent contre la guerre et la faim.
Depuis un an, nous vivons les conséquences du conflit en Ukraine. La guerre attise la spéculation agricole, provoque l’inflation et réduit l’accès à l’alimentation pour des centaines de millions de personnes dans le monde.
Ces crises alimentaires viennent à leur tour exacerber les tensions, comme on le voit au Pérou, au Sahel, et au Moyen-Orient.
Ce carême 2023 est l’occasion de partir à la découverte des partenaires locaux que nous soutenons et qui agissent en faveur de la paix et de la souveraineté alimentaire des populations.
Leur courage, leur foi, et leur ténacité à œuvrer dans des contextes de plus en plus difficile forcent notre admiration.
Plus que jamais leur action mérite d’être découverte et soutenue!
L’histoire de… 4 vies marquées par la guerre
Je découvre
Cameroun – Comité Diocésain de Développement
UNE FEMME QU’ON ECOUTE
Prisca est de celles qui n’ont pas peur de changer les mentalités. La voix calme mais assurée, la jeune femme est avenante, déterminée, fière de son indépendance. Dans la région rurale et aride de l’Extrême Nord Cameroun où elle grandit, le patriarcat assigne pourtant les femmes aux tâches domestiques et ménagères. “Chez nous, on dit encore que les femmes doivent rester à la cuisine”, donne-t-elle en exemple. Prisca, elle, a la chance d’aller à l’école puis d’ étudier la socio-anthropologie. Ses parents la soutiennent.
C’est là qu’elle forge son caractère. Elle comprend que les femmes doivent s’imposer pour avoir d’autres rôles dans la société que ceux assignés par les hommes.
En juillet 2020, le Comité Diocésain de Développement (CDD) cherche à recruter. Cette association, soutenue depuis 20 ans par le CCFD-Terre Solidaire, agit pour le développement et les populations de Maroua Mokolo où se trouve la commune de Mora, sa ville d’origine. Prisca dépose sa candidature et est embauchée.
SAVOIR FAIRE SA PLACE
Prisca devient animatrice de terrain chargée de la mobilisation communautaire. Elle anime et forme des jeunes, des femmes, des leaders communautaires et même des religieux. Elles les accompagne pour créer ou structurer leurs associations et favoriser la cohésion sociale entre les différentes communautés.
Il faut dire que dans sa région de l’Extrême Nord Cameroun, les conflits leur rendent la vie particulièrement difficile. La zone est régulièrement attaquée par des groupes armés, comme Boko Haram. Ils terrorisent les populations, n’hésitent pas à tuer des civils, à piller les récoltes et maisons. Dans plusieurs zones, les paysans ne peuvent plus cultiver leurs champs, parfois ils ont même dû abandonner leur village. Les déplacements de populations accroissent la pression sur des ressources naturelles limitées et fragilisées par les changements climatiques. Ainsi, en plus des menaces externes, les tensions entre communautés sont récurrentes, notamment celles entre agriculteurs et éleveurs. Par exemple, quand les éleveurs déplacent leurs troupeaux pour trouver de la nourriture et de l’eau, les champs des agriculteurs se retrouvent parfois piétinés, saccagés.
Ces conflits peuvent aller jusqu’à provoquer des altercations meurtrières entre les communautés.
DIALOGUER POUR APAISER
En 2021, Prisca est appelée à résoudre l’un de ces conflits qui dure depuis plus de dix ans. Avec André Yonga, responsable de la Cohésion sociale au CDD, elle s’occupe d’organiser les dialogues intercommunautaires à Warba.
Tous les jours, elle part à la rencontre des leaders communautaires, du maire, des chefs de canton, des agriculteurs et des éleveurs. Après un an et demi de négociations difficiles, Prisca réussit à les convaincre de la nécessité de tracer une piste à bétail afin que les animaux puissent passer sans piétiner les cultures. Les paysans finissent par accepter de céder des terres pour permettre les passages.
La victoire est grande car le conflit s’enlisait depuis 2008. Mais la victoire des victoires pour Prisca, c’est d’avoir été écoutée et prise au sérieux bien qu’étant une femme, de plus jeune. La paix ne germera pas sans les femmes, Prisca le sait.
Timor Leste – Permatil
L’histoire vraie d’Ego Lemos, une revanche sur la faim
Ego Lemos est un miraculé de la guerre. Aujourd’hui, c’est un chanteur mondialement connu, mais aussi une des figures emblématiques de l’association Permatil qui développe, entre autres, l’enseignement de la permaculture à l’école. Il n’est jamais trop tôt pour apprendre à lutter contre la faim.
Retour en arrière
Nous sommes en 1975. Ego a 3 ans lorsque son pays, le Timor Leste est attaqué par l’Indonésie. Déjà fragilisé après quatre siècles d’occupation portugaise, ce petit pays doit de nouveau se battre contre un occupant. Son père prend les armes et entre en résistance. Le petit garçon ne le reverra plus jamais. Devant l’avancée de l’armée occupante, le reste de la famille prend la fuite. La forêt, les grottes, les montagnes deviennent leurs refuges. Durant près de 4 ans et demi, Ego et sa famille errent, se cachent et survivent avec d’autres réfugiés. Ils dorment à même le sol, mangent et boivent ce qu’ils trouvent. “C’est là que je me suis connectée avec la nature” confie Ego à un journaliste venu l’interroger des années plus tard.
L’armée finit par les encercler. Après une période de détention, Ego et sa maman retrouvent une semi-liberté et le petit garçon découvre ce qu’est une école à l’âge de 10 ans.
Reconstruire un pays ravagé
Au fil des ans, sous l’occupation, il voit son île se métamorphoser. Des cultures de riz s’implantent partout, entraînant une déforestation massive et une perte de la biodiversité. Dans les foyers, la consommation de riz supplante les produits locaux. Le riz est bon marché car subventionné et il fait désormais partie intégrante de la culture.
Mais en 1999, après le départ des Indonésiens, il faut se rendre à l’évidence: ce système agro-industriel à base de semences hybrides, de pesticides et d’engrais a totalement ruiné les ressources locales ancestrales. Avec le réchauffement climatique, les cyclones, les inondations, les sécheresses deviennent de plus en plus fréquents et mettent les récoltes à rude épreuve. La population, dont 65% vit des activités agricoles, est très pauvre. En 2009, près de la moitié des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition.
Passionné de musique mais aussi de permaculture, Ego effectue deux séjours en Australie pour en apprendre davantage sur cette démarche agroécologique. Devenu adulte et voyant poindre la catastrophe, il décide d’agir. Car si rien n’est fait, les nouvelles générations vont devoir faire face à des crises alimentaires à répétition et vont être confrontées à la faim.
Pour résoudre le problème de sécurité et de souveraineté alimentaire, Ego et ses amis militent pour une forme d’agriculture naturelle “Cultiver pour se nourrir, avec les richesses et les ressources locales”. Ils fondent l’association Permatil et sillonnent le pays, à la rencontre d’agricultrices et d’agriculteurs, avec lesquels ils adaptent les principes de la permaculture aux savoirs paysans. Ils les aident à engager des démarches agroécologiques durables pour régénérer les sols et retrouver leur sécurité alimentaire.
Ils œuvrent également pour soutenir la réhabilitation des bassins versants afin de s’adapter aux fortes pluies et de stocker l’eau en cas de sécheresse.
Éduquer pour éradiquer la malnutrition
En 2015 ils font voter une loi inédite dans le monde permettant d’intégrer la permaculture et l’aménagement de jardins potagers dans les programmes scolaires. Avec l’aide du CCFD-Terre Solidaire, ce projet pédagogique de “Jardins permaculturels à l’école” est mis en œuvre à l’échelle nationale. Dans chaque école, ces jardins permettent aux élèves de consommer les légumes, et une partie est vendue, ce qui permet de financer la cantine. De plus, ils sont utilisés à des fins éducatives. Ils permettent d’enseigner la nutrition, l’art, la culture, les sciences naturelles, sociales.
C’est aussi une façon d’impulser l’envie de cultiver dans les foyers. “Quand les enfants rentrent chez eux, ils rapportent des connaissances provenant du jardin scolaire et le reproduisent dans leur jardin familial.” Apprendre et transmettre dès la petite enfance est une des solutions pour lutter contre la faim.
Ego est heureux. Cent cinquante écoles du pays ont déjà créé ces jardins potagers où cultivent enfants et parents. “C’est important d’apprendre à manger des produits frais” dit-il. “C’est également essentiel de montrer que vivre avec la nature est une fête.”
République Démocratique du Congo – UWAKI
L’histoire vraie de Salama-Maria : nourrir sa famille malgré la guerre
Une femme propriétaire dans un monde d’homme
Salama-Maria n’est pas une femme paysanne comme les autres. Dans la région des grands lacs, au Nord-Kivu en République démocratique du Congo, là où les terres sont quasi exclusivement détenues et gérées par les hommes, Salama-Maria détonne par son indépendance. Elle cultive son propre champ et fait figure d’exception.
Ici les femmes doivent lutter pour avoir accès à la terre. La société patriarcale les empêche de faire entendre leur voix et de prendre des décisions sur les activités agricoles. Même en cas de décès de leur conjoint ou de leur père, la coutume limite leur possibilité d’hériter. À tout moment, elles peuvent se faire expulser de leurs terres. Ce sont pourtant elles qui cultivent et sont les piliers économiques de la famille.
Tout perdre
Son petit village est situé dans un territoire en guerre à 200 km à l’ouest de Goma. La zone est envahie de groupes armés violents qui sèment régulièrement la terreur. Un jour son village est attaqué par un groupe armé. Elle fuit pour sauver sa famille.
La reconstruction tant bien que mal
Elle part se réfugier à Saké en quête de sécurité. Mais il est difficile pour une femme seule de repartir à zéro dans ce contexte troublé et sans aucune aide. Sa rencontre avec l’association Uwaki (l’Union des femmes paysannes du Nord-Kivu) lui permet de se relever.
Cette organisation de paysannes créée en 1997, soutenue financièrement depuis quinze ans par le CCFD-Terre Solidaire, lutte pour l’émancipation des femmes. Elle leur donne accès à des formations, des microcrédits, et les aide à défendre leurs droits.
Grâce à ses actions, l’association a permis à 3000 femmes d’accéder à plus de 2000 hectares de terre au Nord Kivu.
Salama-Maria en fait partie. Elle cultive à présent un petit champ qui lui permet de nourrir sa famille et de gagner sa vie. Avec les autres femmes d’Uwaki, elle transforme et vend ses récoltes. Ainsi elle ne dépend d’aucune aide financière ni alimentaire. Elle est autonome et compte bien le rester.
Liban – Buzuruna Juzuruna
L’histoire vraie de Walid, semeur d’espoir
Walid a de grands yeux bleus perçants et malicieux, une carrure de travailleur, les épaules larges et les mains souvent terreuses. Cet agriculteur syrien, réfugié au Liban, apprend aux agriculteurs et aux foyers les plus précaires à cultiver autrement pour accéder à plus d’autonomie alimentaire.
L’agriculture, c’est toute sa vie
Dans la campagne d’Alep, en Syrie, l’agriculture a bercé son enfance. Ses parents étaient maraîchers et, comme ses 12 frères et sœurs, il a vite appris à prendre soin des cultures. Walid raconte : “J’ai grandi avec la terre, dans un village où on s’arrangeait pour planter différentes cultures afin que personne ne manque de rien.”
A cette époque, les agriculteurs ne sont pas riches. En Syrie, l’agriculture est conventionnelle depuis les années 1950, et les semences imposées par l’État entraînent la disparition de variétés locales plus adaptées à la région.
Sa famille, elle, continue de préserver ses semences pour conserver la diversité des variétés et garantir la qualité des aliments. Elle veut continuer de manger des tomates goutues, des abricots sucrés, et des herbes parfumées…
Et puis la guerre civile éclate en 2011
Lorsque la guerre éclate en 2011, Walid doit se réfugier au Liban. Son expérience de la terre lui permet d’y trouver un travail dans une ferme de la vallée de la Bekaa.
Il découvre alors une autre facette de l’agriculture conventionnelle. Dans les exploitations de monocultures intensives, les agriculteurs libanais travaillent avec des semences imposées qui exigent beaucoup d’eau, de pesticides, de fertilisants… Ils sont devenus totalement dépendants de l’agro-industrie étrangère.
Personne ne préserve ni ne cultive les semences anciennes, adaptées aux exigences du sol et du climat libanais. Petit à petit, le taboulé perd son goût, les aubergines sont insipides, et le houmous fade.
Sa rencontre avec Zoé et Ferdinand, deux français en voyage, va tout changer
Un jour, Walid rencontre Ferdinand, un ingénieur agronome français de passage. Ensemble, ils partagent leurs pratiques, leurs savoirs. De cette rencontre naît la première maison de conservation des semences ainsi que l’association “Buzuruna Juruzuna” qui signifie “nos graines sont nos racines”.
Ils collectent des graines issues de la région, de réseaux semenciers et de banques de semences européennes. Très vite, ils disposent d’une des plus importantes collections de semences paysannes du Proche-Orient. Soutenus par le CCFD-Terre Solidaire, ils transforment alors la maison des semences en ferme-école agroécologique.
La ferme de Saadnayel devient un laboratoire qui expérimente et diffuse les délicieuses variétés locales. Elle propose aussi des formations à celles et ceux qui en ont le plus besoin : des agriculteurs, des réfugiés, des associations de quartier, des familles en précarité ….
Quand surgit la crise économique, la ferme-école devient un rempart
Peu de temps après, le pays entre dans une crise économique sans précédent : la livre libanaise perd 85% de sa valeur. Le prix des semences, engrais et pesticides, dont sont dépendants les agriculteurs, s’envolent. Le coût de la nourriture, majoritairement importée de l’étranger, devient inaccessible même pour la classe moyenne.
Relancer la production alimentaire locale devient une urgence vitale.
La ferme-école entre alors dans la bataille. Buzuruna Juzuruna renforce la diffusion de son savoir-faire et de ses semences auprès de la population. Walid forme, conseille, apprend à utiliser les toits, les ruelles, les terrains à l’abandon pour planter. Les ventes de semences paysannes explosent.
Petit à petit, les familles et les agriculteurs se réapproprient les semences et produisent par eux-mêmes afin de ne pas dépendre uniquement de l’aide alimentaire.
Le travail à accomplir est encore immense ; mais plus il y aura de gens formés et plus l’autonomie alimentaire gagnera du terrain sur la faim.
Quand la guerre sera terminée, Walid rêve d’exporter le projet dans son village, et d’accueillir ses amis chez lui pour un repas inoubliable.
Radio Terre Solidaire
Après son succès l’année dernière, nous vous donnons rendez-vous à partir du mercredi 15 mars autour de notre webradio spéciale carême 2023 qui sera diffusée en continu jusqu’au 9 avril. Au menu une large variété de programmes et de podcasts : des interviews, un grand direct, des témoignages…
Proposition de parcours spirituel
Chaque semaine de carême, nous vous donnons rendez-vous pour écouter un podcast, poser notre regard sur une photo ou une image, s’arrêter sur une parole d’évangile ou un témoignage.
Revisiter le chemin de croix
A l’occasion du carême, le CCFD-Terre Solidaire propose un chemin de croix revisité autour de l’écologie intégrale. Intitulé Un Monde Nouveau, il s’agit d’une compilation de regards croisés qui interpellent, interrogent et inspirent, quelle que soit notre spiritualité. Une opportunité de partager, de méditer et de s’engager à changer de mode de vie, pour permettre aux générations futures de vivre en paix sur une planète préservée.
Retrouver nos outils d’animation carême
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AMBASSADEURS
NOS PARTENAIRES
« Prêtons attention à la vérité de ces victimes de la violence,
regardons la réalité avec leurs yeux et écoutons leurs récits le
cœur ouvert. Nous pourrons ainsi reconnaître l’abîme de mal qui
se trouve au cœur de la guerre, et nous ne serons pas perturbés
d’être traités de naïfs pour avoir fait le choix de la paix. »
Pape Francois, Fratelli tutti
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