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A Haïti : 6 stratégies pour s’adapter au changement climatique

Publié le 03.05.2018| Mis à jour le 08.12.2021

Avec le réchauffement de la planète, les phénomènes climatiques observés à Haïti sont de plus en plus extrêmes et destructeurs. Les populations doivent s’adapter afin d’assurer leur sécurité alimentaire. L’association Concert’Action, soutenue par le CCFD-Terre Solidaire, travaille avec les communautés locales à la mise en œuvre d’alternatives au système agricole actuel.

Un contexte climatique extrême

A Haïti, les périodes de sècheresses sont de plus en plus intenses et longues, tandis que les cyclones sont plus fréquents et puissants. En 2016, l’ouragan Matthew dévastait ainsi le pays, en particulier la péninsule sud. Jean-Marie Joinville et Jean-Zenny Bazile Coffy, de l’association haïtienne Concert’Action, partenaire du CCFD – Terre Solidaire, témoignent de la situation et de leur travail.


« On ne peut pas résister à un cyclone de catégorie 4 »

La population doit s’adapter à un environnement instable qui menace sa sécurité alimentaire. Plusieurs fois par an, les cultures sont détruites et les troupeaux décimés. Ce sont toutes les habitudes agricoles qui doivent être repensées, tâche à laquelle s’emploie l’association Concert’Action dans différentes communes du pays.

« L’objectif est de renforcer la résilience des écosystèmes pour permettre aux familles de s’adapter »

Tour d’horizon des solutions explorées :

oui_b.png Favoriser les cultures et les élevages à cycle court

Les cultures à cycle court ont un rythme de croissance qui favorise des récoltes régulières. Elles permettent ainsi de constituer des réserves plus conséquentes pour faire face à la destruction des cultures en cas de cyclone.

« L’idée est de constituer des réserves suffisantes pour nourrir les familles après le passage d’un cyclone »

Pour les activités d’élevage, l’association a opté pour la promotion de l’élevage de lapins. Avec un cycle de vie et de reproduction court, le lapin coûte peu aux familles tout en générant assez de revenus pour assurer leur subsistance.

« On peut les nourrir avec l’herbe à éléphant, utiliser leurs déjections, et ceux qui ne sont pas consommés par les familles peuvent facilement être revendus »

Les déchets de l’agriculture servent ainsi l’élevage, tandis que ceux de l’élevage servent l’agriculture sous forme de fumier. La boucle est bouclée ! La logique de complémentarité et d’adaptation, avec des activités agricoles à cycle court permettant d’être résilient en cas de perte des animaux lors d’un cyclone, a fait la preuve de son efficacité.

« Ça bouleverse pas mal les pratiques de montrer l’agriculture sous cet angle. Il faut montrer que les cultivateurs et les éleveurs ne sont pas en compétition et qu’ils peuvent s’entraider. Ils peuvent aussi se diversifier et faire à la fois des cultures et de l’élevage. Mais pour ça il faut changer d’approche »

oui_b.png Identifier des semences adaptées

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La question de l’accès aux semences est un véritable défi. Des laboratoires locaux travaillent à la sélection de semences locales résistantes aux sècheresses et aux inondations.

Cependant, certaines semences très intéressantes d’un point de vue nutritif, a fortiori dans un contexte d’insécurité alimentaire, ne peuvent être produites à Haïti, en raison du climat tropical du pays. C’est le cas des semences de choux et de carottes. Concert’Action s’emploie donc à faciliter l’accès des communautés locales à ces semences par l’importation.

« L’idée n’est pas de favoriser les semences étrangères, on préfère toujours une semence locale quand c’est possible, mais pour la sécurité alimentaire, les semences étrangères sont importantes »

oui_b.png Couvrir les sols avec des engrais verts

Concert’Action propose une transition de l’agriculture conventionnelle à l’agroécologie.

Cela passe par l’adoption d’une vision écosystémique de l’agriculture. Il s’agit de favoriser un système agricole en boucle fermée où chaque élément de la biodiversité concourt à la prospérité des autres.

Les producteurs locaux sont encouragés à couvrir les sols avec des engrais verts. Ces plantes, que l’on ne sème pas dans le but de les récolter mais d’améliorer les sols, sont d’excellents fertiliseurs. Ils stimulent l’activité biologique des sols et ont également des propriétés de captation d’éléments nutritifs. En travaillant sur les associations entre engrais verts et cultures principales, il est possible d’améliorer les qualités nutritives de celles-ci.

En outre, leur présence est efficace dans la lutte contre certains nuisibles. L’herbe à éléphant [[Pennisetum purpureum, famille des Poaceae (graminés)]] est ainsi utilisée à Haïti pour lutter contre les pucerons jaunes qui sévissent dans les cultures de sorgho (une céréale de base de l’alimentation).

« Les pucerons jaunes causent des maladies qui déciment les champs de sorgho, alors les familles ne peuvent plus ni s’en nourrir ni les vendre. L’herbe à éléphant a donné de bons résultats pour protéger les cultures »

oui_b.png Reboiser, notamment grâce à l’agroforesterie

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Dans cette même démarche écosystémique, Concert’Action encourage l’agroforesterie.

« L’agroforesterie présente le double avantage de protéger les sols et de limiter la force des vents »

En associant cultures maraîchères ou céréalières et foresterie, les producteurs qui s’y engagent créent un écosystème vertueux. Les arbres puisent par leurs racines les nutriments les plus profondément enfouis dans la terre, avant de les restituer aux plantes basses lorsque leurs feuilles tombent sur celles-ci.

De plus, les arbres ont prouvé leur utilité pour diminuer la force des vents. Les régions les plus boisées sont celles où les dégâts sont les moins importants en cas de grands vents. Par ailleurs, en creusant le sol de leurs racines, ils diminuent le ruissellement de l’eau et ainsi le risque d’inondations.

« C’est très important de reboiser, surtout la péninsule sud qui est la plus exposée aux vents »

Concert’Action mène ainsi différents projets de reboisement :

  • Mise en place de pépinières , pour reconstituer les vergers dévastés à la suite de l’ouragan Matthew et fournir une couverture arboricole suffisante pour limiter la force des vents
  • Programme de reboisement dans la commune de Léogâne (département de l’Ouest)

oui_b.png Reconstituer et protéger les mangroves

Détruit par les hommes ou détérioré par le réchauffement climatique, l’écosystème humide et boisé des mangroves est pourtant un vivier de biodiversité extrêmement riche, qui a une fonction régulatrice pour le climat.

Il forme une barrière protectrice contre les vents et l’érosion côtière. Les populations peuvent également y faire de la production d’alevins (jeunes poissons qui peuvent être cuisinés ou utilisés pour repeupler les écosystèmes aquatiques).

Concert’Action mène des projet de reconstitution et de protection des mangroves à Léogâne ainsi qu’à Borgne (département du Nord-Est).

oui_b.png Recréer du collectif

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« L’agroécologie n’est pas qu’une façon de cultiver la terre, c’est un véritable mode de vie. Aussi, nous encourageons les familles à se regrouper en associations »

La dimension sociale de l’agroécologie n’est pas oubliée par Concert’Action. Les associations locales créées se donnent ainsi plusieurs missions :

  • Inciter les producteurs conventionnels à opérer une transition vers l’agroécologie
  • Mener des actions de plaidoyer afin que l’agroécologie soit intégrée dans les priorités du Ministère de l’agriculture
  • Mener des actions de plaidoyer pour demander à l’Etat de fournir aux communautés les services qui leur manquent (services d’ordre social ou agricole, infrastructures telles que des voies de circulation) et d’assurer leur sécurité foncière. En effet, l’accès à la terre est un enjeu majeur à Haïti, où les paysans travaillent sur des parcelles détenues par de grands propriétaires terriens
  • S’organiser en réseau pour assurer les travaux nécessaires, notamment la construction d’ouvrages sécurisés et robustes, pour récupérer les eaux de pluie lors des périodes humides afin d’assurer l’irrigation lors des sécheresses, ou pour capter les sources d’eau potable.

Solène Attab

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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