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Retour sur le Forum Social Mondial de Mexico
Marcela Villalobos Cid, coordinatrice à la Pastorale des Migrants de la Conférence des Évêques de France, partenaire du CCFD-Terre Solidaire, revient sur le Forum Social Mondial, un événement majeur pour la société civile, qui s’est tenu la semaine dernière à Mexico.
Un espace d’échange et de rencontre de la société civile
Le Forum Social Mondial est un événement international qui rassemble différents mouvements sociaux qui sont engagés auprès des femmes, des migrants, des indigènes, entre autres.
Cette édition a eu lieu dans la ville de México. Après deux ans de pandémie et de confinement, il était important que l’on puisse se rassembler en présentiel pour se voir et discuter de vive voix.
Cette année, une délégation du CCFD-Terre Solidaire a participé au Forum avec d’autres partenaires : par exemple le Réseau Sans Frontières (avec des personnes venant du Brésil et de l’Uruguay), le réseau Maghreb-Sahel et l’Association Nationale Partenaires Migrants (avec des personnes venant du Sénégal) et la Conférence des Évêques de France.
Ce Forum permet que les organisations et mouvements sociaux du monde entier puissent se rencontrer, se découvrir, créer des alliances. C’est un véritable espace de dialogue et d’échanges.
Les migrations, sujet essentiel du Forum
Pendant le Forum nous avons animé divers ateliers et tables rondes sur les migrations et nous avons fait un un bilan des différents forums régionaux des dernières années.
Ensuite la société civile a pu rencontrer des représentants de la ville de México pour parler de possibles partenariats sur les migrations.
Nous avons aussi pu faire une visite sur le terrain à la Casa Mambré, une maison d’accueil et accompagnement des migrants en transit au Mexique, qui est soutenue par le CCFD-Terre Solidaire. Elle leur offre un accompagnement psychologique, social et juridique.
La suite, un forum africain sur les migrations?
Ce forum a rappelé que nous défendons la liberté de circulation des personnes, le droit humain de migrer et de migrer avec des droits. Il montre qu’un autre monde est possible et nécessaire. Nous souhaitons bâtir une société plus juste, plus solidaire, plus fraternelle, plus sororale.
Après la tenue des forums américains et européens sur les migrations et compte tenu de la spécificité de la question migratoire en Afrique, entre autres à cause de la politique répressive de l’Union Européenne, nous proposons, pour l’ année à venir, d’organiser un forum africain sur les migrations. Tenir un tel forum régional permettrait de revoir les politiques appliquées sur le continent et de porter d’une voix forte les mouvements sociaux africains sur les migrations.
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Retour de mission – Saison 2
Les podcasts Retour de mission reviennent pour une deuxième saison ! Le temps d’un café, nos chargés de mission racontent leurs voyages sur le terrain à la rencontre de nos partenaires. Anecdotes, rencontres marquantes… écoutez leur récit !
Maroc : formation coiffure à Tanger
Solène Bedaux, chargée de mission partenariat migrations, s’est rendue au Maroc pour rencontrer des femmes migrantes. Ces femmes sont formées en coiffure par notre partenaire pour sortir de leur quotidien et leur donner des perspectives d’avenir. Elle a été marquée par la force de ces femmes dont la situation est extrêmement difficile.
Côte d’Ivoire : la détermination de Sekou
Émilie Leroux, chargée de mission Golfe de Guinée, est partie en Côte d’Ivoire pour rendre visite à nos partenaires qui travaillent sur les enjeux fonciers et d’accaparement de terres. Lors d’un atelier elle a rencontré Sekou qui est engagé auprès des populations déplacées de force par la construction d’un pont et du métro d’Abidjan. Elle a pu échanger avec ces personnes déplacées.
Tchad : un puits particulier
Bruno Angsthelm, chargé de mission Golfe de Guinée, Centre et Corne de l’Afrique, s’est rendu au Tchad où un puits pastoral est utilisé pour abreuver les troupeaux de communautés nomades. Cela aide à réduire la mobilité de ces communautés qui doivent se déplacer davantage à cause des changements climatiques.
Briançon : protéger les personnes migrantes
Marianne Ibos-Augé, chargée de mission mobilisation citoyenne et migrations, est allée à la frontière franco-italienne pour rencontrer notre partenaire Tous Migrants. A l’occasion de la Grande Maraude, un événement de sensibilisation sur les exactions de la police aux frontières, l’ensemble des participants s’est mobilisé pour protéger des personnes migrantes qui allaient être arrêtées.
Réalisation : Sidonie Hadoux
Illustration : Fabienne Couderc Crédit photo : William Dupuy -
Ukraine : 5 questions autour de la directive de protection temporaire
Qu’est ce que la directive de protection temporaire? Pourquoi a-t-elle été activée pour les personnes venant d’Ukraine? Quels défis représentent la mise en place de cette protection pour les Etats Européens?
Sophie Duval, chargée de plaidoyer migration, répond à nos questions.
Rassemblement en soutien au peuple ukrainien, Paris, 17 mars 2022. © Ophélie Chauvin Qu’est-ce que la directive de protection temporaire ?
Créée en 2001 par l’Union européenne, la directive de protection temporaire a été pensée dans le contexte de l’après-guerre au Kosovo et en ex-Yougoslavie. Elle permet aux Etats membres de l’Union européenne d’attribuer rapidement une protection à des personnes dans un contexte de déplacements forcés de grande ampleur vers l’UE.
La création de ce système « parallèle » de protection permet à ces personnes d’accéder aux droits fondamentaux liés au droit d’asile (hébergement, soins, éducation, formation professionnelle, travail) sans venir perturber le fonctionnement des dispositifs nationaux d’asile existants.
Pourquoi a-t-elle été activée pour la première fois le 4 mars 2022 ?
Suite à l’agression de l’Ukraine par la Russie le 24 février, plus d’un million de personnes a été contraint de quitter le pays en seulement sept jours. Face à cette situation critique, la présidence française du Conseil de l’UE a demandé à la Commission européenne de rédiger une proposition d’activation de la directive, finalement établie le 3 mars, puis adoptée par les ministres de l’Intérieur de l’UE le lendemain.
Depuis 2001, la directive n’avait jamais encore été activée, que ce soit dans le cas de conflits armés en Syrie, en Afghanistan, en Libye ou en Ethiopie, malgré les demandes répétées d’organisations de la société civile.
Qui sont les personnes pouvant en bénéficier ?
La directive de protection temporaire établit des règles minimales de protection et les bénéficiaires, que les Etats membres peuvent décider de compléter au niveau national. Le texte du Conseil de l’UE concerne les personnes :
- ayant quitté l’Ukraine à partir du 24 février 2022 et qui sont de nationalité ukrainienne ; étrangères résidant de manière permanente en Ukraine qui ne peuvent pas retourner de « manière sure et durable » dans leur pays d’origine ;
- les personnes bénéficiant du statut de réfugié en Ukraine et personnes apatrides ;
- les membres des familles de ces personnes.
Sont ainsi exclues de la protection temporaire :
- les personnes ayant quitté l’Ukraine avant le 24 février 2022 ;
- les personnes étrangères résidant de manière permanente en Ukraine qui peuvent retourner de « manière sure et durable » dans leur pays d’origine ;
- les personnes ne disposant pas de résidence permanente en Ukraine, incluant les personnes en situation administrative irrégulière.
Les Etats membres peuvent toutefois décider d’inclure ces personnes dans leur dispositif national de protection temporaire.
Quels défis s’ouvrent désormais aux Etats européens ?
Le premier défi est avant tout opérationnel : les Etats européens vont devoir garantir l’accès à un ensemble de droits pour les personnes protégées, à la fois dans l’urgence et dans la durée.
Pourtant, dans bon nombre de pays, peu d’investissements publics massifs ont été engagés dans ces systèmes de protection ces dernières années.
L’enjeu est donc de garantir un accès aux droits pour les personnes fuyant l’Ukraine, tout en continuant de faire fonctionner les systèmes nationaux d’asile pour les autres personnes nécessitant une protection internationale, sans que cela ne provoque des mesures discriminatoires.
L’activation de la protection temporaire dans l’UE représente un défi en termes de coordination entre Etats membres pour assurer l’accès effectif à ces droits dans l’ensemble des pays, et éventuellement la mise en place d’un mécanisme de répartition, pour relocaliser des personnes réfugiées depuis des pays hors UE (notamment la Moldavie) ou entre pays européens.
Comment l’Union européenne pourrait-elle s’en inspirer pour l’avenir ?
La décision unanime du Conseil de l’UE sur la protection temporaire démontre que des barrières, que l’on pensait infranchissables il y a encore quelques semaines, ont cédé face à une situation exceptionnelle. Cette volonté politique historique prouve que la solidarité européenne peut être le maitre-mot pour garantir un accès aux droits fondamentaux aux personnes cherchant une protection dans l’UE.
A l’heure des négociations sur un nouveau Pacte européen sur la migration et l’asile, les Etats membres gagneraient à capitaliser sur cet élan de solidarité notamment sur les points suivants : un accueil coordonné, digne et respectueux des droits fondamentaux est possible, tout en accordant le droit aux personnes de choisir leur pays d’accueil et en levant les barrières de « filtrage » aux frontières extérieures et intérieures de l’UE.
Pour en savoir plus autour de notre action sur les migrations
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Quiz : 4 faits méconnus sur les femmes
A l’occasion de la Journée des droits des femmes, testez vos connaissances sur la situation des femmes dans le monde!
Aller plus loin :
Les femmes qui nous inspirent -
Entrée en Carême 2022 pour le CCFD-Terre Solidaire
Ce mercredi commence le Carême qui est, comme chaque année, l’occasion pour le CCFD-Terre Solidaire de lancer sa campagne de collecte. Stéphane Duclos, responsable du Service Campagnes et Mobilisations, nous éclaire sur les origines de cette campagne historique et sur les événements de cette édition 2022.
©Catalina MARTÍN-CHICO/CCFD-Terre Solidaire Une campagne historique du CCFD-Terre Solidaire
Tout commence en 1961 quand de nombreux catholiques se rassemblent avec la volonté d’éradiquer la faim dans le monde. Les évêques de France créent alors le CCFD qui organise une grande collecte nationale au moment du Carême pour répondre à ce défi.
Or, pour éliminer les causes de la faim, il faut transformer les choses en profondeur, agir à plusieurs niveaux (social, économique, politique) et s’inscrire dans la durée. C’est la façon d’agir du CCFD-Terre Solidaire.
Cette année le thème de notre campagne est l’écologie intégrale. Comme le dit le Pape François, les questions écologiques et les questions sociales sont indissociables et ne peuvent pas être traitées séparément.
Stéphane Duclos, responsable du Service Campagnes et MobilisationsCette campagne a pour but de mettre en avant les actions concrètes de nos partenaires, tout en appelant les chrétiens à donner davantage pour la Solidarité internationale.
Un vaste réseau de bénévoles
Des milliers de bénévoles du CCFD-Terre Solidaire se mobilisent, auprès des paroisses, des aumôneries, des établissements scolaires au moment du Carême. Ils organisent, entre autres, des conférences, des temps de prières, une balade éco-spirituelle ou encore un apéro solidarité après la messe.
Mais le plus important pour le CCFD-Terre Solidaire à Carême est la venue en France d’hommes et de femmes représentants d’organisations locales, dont nous soutenons les projets à travers le monde : nos partenaires.
Une quinzaine de partenaires viennent en France
Nos partenaires viennent du Mali, d’Indonésie, de Tunisie ou encore du Brésil et se rendront partout en France, pour témoigner des actions qu’ils mènent dans leurs pays.
Voici deux exemples:
- Gregorious Afioma de Sunspirit for Justice and Peace, une organisation indonésienne qui lutte contre les conséquences de certains projets touristiques ou miniers sur les populations locales et sur l’environnement. Gregrorious va notamment se rendre au Mans, alors que l’installation d’un entrepôt d’Amazon crée des tensions dans la région et il apportera son témoignage sur une situation similaire en Indonésie.
- Ibrahima Sarr du Réseau d’horticulteurs de la région de Kayes, dans le sud-ouest du Mali. Ibrahima va se rendre, entre autres, en Corrèze où il participera à des ateliers d’échange de savoir-faire avec des groupes de jeunes – rempotage, arrosage, maraichage, etc. – au cours desquels il leur parlera des pratiques agroécologiques au Mali.
Aller plus loin :
- Plus d’informations sur la campagne Carême 2022.
- Une méditation pour ce Mercredi des cendres.
- La webradio évènementielle du CCFD-Terre Solidaire lancée pour le Carême 2022.
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Sommet UE-Afrique : stop à une gestion sécuritaire des migrations
Aujourd’hui s’ouvre à Bruxelles le sixième Sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne. Sophie Duval, chargée de plaidoyer sur les migrations internationales au CCFD-Terre Solidaire, nous décrypte les enjeux migratoires qui seront discutés lors de cet événement.
©Roberta VALERIO/CCFD-Terre Solidaire Un sommet rapprochant Union européenne et Union africaine
La première édition du Sommet UE-Afrique a eu lieu au Caire en 2000. Il rassemble les chefs d’État et de Gouvernement de l’Union européenne et de l’Union africaine, qui compte aujourd’hui 55 États africains. Cette conférence organise le dialogue et les relations de coopération entre ces deux organisations et aborde des sujets aussi divers que la paix et la sécurité, la dette, la démocratie ou les migrations.
Les migrations : un sujet central
Dès le premier Sommet Afrique-Europe, les migrations ont été une thématique importante. En 2008 Nicolas Sarkozy organise, sous présidence française du Conseil de l’Union européenne, un sommet uniquement centrée sur les migrations et le développement.
Aujourd’hui, quatorze ans plus tard Emmanuel Macron propose un agenda très similaire à celui de Sarkozy. Il prône notamment une immigration dite choisie, c’est à dire de travailleurs qualifiés. Il force également les États africains à accepter leurs ressortissants expulsés et le déploiement de gardes-frontières européens via Frontex, tout en utilisant l’aide au développement comme un levier de négociation.
Un entêtement sécuritaire vain et dramatique
Avec le collectif Des Ponts pas des murs nous dénonçons dans une tribune un « entêtement sécuritaire vain et dramatique » de la coopération euro-africaine en matière de migrations. En effet, le but de l’Union européenne dans ces négociations est clair : il s’agit d’empêcher les arrivées de personnes africaines en Europe. Nos partenaires en sont les premiers témoins : au Niger par exemple, ils nous disent que ce pays est devenu en quelques années un véritable « garde-frontière » de l’Union européenne. Le pays a modifié ses lois pour criminaliser les personnes migrantes et celles leur venant en aide, et imposer des contrôles aux frontières qui n’existaient pas auparavant.
Le but de l’Union européenne dans ces négociations est clair : il s’agit d’empêcher les arrivées de personnes africaines en Europe.
Sophie Duval, chargée de plaidoyer sur les migrations internationalesCette politique a de graves conséquences : détentions arbitraires, tortures, refoulements, et donc une augmentation des disparitions et décès de personnes migrantes.
De plus, l’Union africaine souhaite mettre en œuvre la libre-circulation des personnes au sein de son espace mais cela est totalement remis en cause par les politiques imposées par l’Europe.Nous en appelons donc à refonder la coopération entre l’Afrique et l’Europe sur la base de la défense des droits humains et de la dignité des personnes migrantes. La France, actuellement présidente du Conseil de l’Union européenne, a une responsabilité majeure dans ce rééquilibrage.
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Sommet Afrique-Europe : osons une approche solidaire des migrations
Tribune co-signée par le CCFD-Terre Solidaire parue dans Médiapart et Politis le 16 février 2022.
Quatorze ans après sa précédente présidence du Conseil de l’Union européenne, la France fait de nouveau du contrôle des migrations l’une des priorités de la coopération euro-africaine. À l’occasion du sommet Union européenne-Union africaine, institutions actuellement présidées par le Président sénégalais Macky Sall et par le Président français Emmanuel Macron, nous, associations de solidarité internationale, réitérons notre opposition à cette orientation, ancrée de longue date dans l’agenda politique et produisant des résultats toujours plus délétères.
Présidence française et migrations, un sentiment de déjà-vu
En 2008, la France assumait une présidence du Conseil de l’Union européenne avec un agenda migratoire précis: faire adopter un nouveau pacte européen sur l’immigration et l’asile et organiser la deuxième conférence interministérielle euro-africaine en matière de migration et développement.
Avec les négociations sur le Pacte européen sur la migration et l’asile et l’organisation du Sommet Union européenne et Union africaine, Emmanuel Macron prévoit un programme sensiblement similaire pour cette nouvelle présidence : renforcer la coopération avec les pays africains pour favoriser une immigration choisie, prévenir les départs vers l’Europe, augmenter les expulsions et lutter contre les trafics.
Un entêtement sécuritaire vain et dramatique
Loin de les considérer comme un facteur inéluctable et structurant de nos sociétés globalisées qu’il convient d’accompagner, l’Union européenne s’enlise dans une gestion essentiellement sécuritaire des migrations. Elle s’entête, via le financement de la coopération des États africains, à vouloir les contrôler et les contraindre.
Les pays européens dévoient ainsi des instruments de coopération censés bénéficier aux populations, sur la base de leurs besoins. L’aide publique au développement ou la délivrance des visas deviennent des leviers de la politique migratoire européenne, et sont utilisés comme une forme de marchandage. L’Union européenne a ainsi, sur des fonds d’aide au développement, soutenu les retours dit « volontaires » de personnes directement depuis le continent africain. L’Organisation internationale des migrations (OIM) a ainsi bénéficié de 638 millions d’euros de l’UE dans le cadre du Fonds Fiduciaire d’Urgence de l’UE pour l’Afrique (FFU). En 2019, les retours organisés par l’OIM en Afrique représentaient un quart des retours mondiaux réalisés par l’organisation.
Via ces moyens de pression diplomatique, l’Union européenne et ses États membres consolident leur politique d’externalisation des frontières. Ils confient chaque jour davantage le contrôle des migrations vers l’Europe aux pays africains notamment, se défaussant ainsi de leurs responsabilités quant aux conséquences de cette sous-traitance.
Celles-ci sont pourtant sans appel : augmentation significative des décès ou disparitions sur les routes de l’exil, généralisation des violations des droits fondamentaux des personnes migrantes le long du parcours migratoire, systématisation des centres de détention, criminalisation des personnes exilées et des solidaires leur venant en aide.
Pour une approche centrée sur les droits fondamentaux et la dignité des personnes migrantes
De rencontre en rencontre, depuis le premier Sommet Afrique–UE au Caire en avril 2000, une poignée de dirigeant·e·s continue de perpétuer ces partenariats en trompe l’œil à travers des politiques, des programmes et des projets sans consultation préalable des populations, qui contribuent à creuser les inégalités et à mettre en danger des populations migrantes.
Ce délitement des droits fondamentaux n’est pourtant pas inéluctable. Malgré l’approfondissement des discours politiques de fermeture et de sécurité, des organisations de la société civile, associations de migrant·e·s, syndicats, personnes migrantes et réfugiées, militant·e·s et citoyen·ne·s d’Afrique et d’Europe ne cessent de se mobiliser en faveur des droits des personnes migrantes.
Des mobilisations à Calais pour dénoncer les morts dans la Manche, aux maraudes à la Vallée de la Roya ou à Briançon, en passant par les caravanes des migrant·e·s et des familles des disparu·e·s en France, en Italie ou encore les mobilisations euro-africaines, « commémor’actions » du 6 février en mémoire des personnes décédées et disparues, les grèves des sans-papiers dans plusieurs pays du continent, les multiples manifestations dans les rues des principales villes européennes ces dernières années ou encore les États Généraux des Migrations, initiative regroupant 500 organisations françaises sur tout le territoire, toutes ces mobilisations s’élèvent contre ces pactes et traités inter-étatiques qui déshumanisent et excluent systématiquement les personnes migrantes.
Ces initiatives citoyennes en Europe et en Afrique disent haut et fort qu’une refonte de la coopération avec les pays africains doit se faire sur la base des droits fondamentaux des personnes migrantes, tout au long de leur parcours, qu’il est temps d’aborder les migrations avant tout sous l’angle de la protection des droits des personnes et, in fine, de rééquilibrer les partenariats avec l’Union européenne.
C’est cette voie que nous prônons. En 2008, nos organisations lançaient le Sommet citoyen sur les migrations en marge de la présidence française du Conseil de l’Union européenne et créaient le réseau Des Ponts pas des Murs, réunissant plus de 300 associations et syndicats.
Depuis, Des Ponts pas des Murs n’a eu de cesse de dénoncer l’instauration d’une Europe forteresse et de défendre une approche des migrations, centrée sur la dignité humaine, la sécurité des personnes et l’universalité des droits.
Non aux fausses solutions : place à la Solidarité Internationale
Alors que se tient un nouveau Sommet Union africaine-Union européenne à Bruxelles, nous nous mobilisons collectivement contre la fermeture continue des frontières européennes, l’externalisation des politiques migratoires, les restrictions à la liberté de circulation qui entraînent des violations systématiques des droits fondamentaux des personnes tout au long de leur parcours migratoire, la pénalisation des migrations et la criminalisation croissante des citoyens solidaires.
Nous demandons également de réelles et ambitieuses politiques multilatérales de coopération, fondées sur le respect de la dignité de toutes et tous et sur le dialogue régulier avec les organisations des sociétés civiles, aussi bien européennes qu’africaines.
Nous revendiquons une Europe engagée dans la promotion des droits fondamentaux de toutes et tous, insufflée par l’espoir d’autres politiques migratoires et de développement, réellement solidaires.
Signataires :
- Des Ponts Pas Des Murs – DPPDM
- Bizi !
- CCFD – Terre Solidaire
- Cimade
- CRID
- Emmaüs Europe
- Emmaüs International
- Groupe d’information et de soutien des immigrés – Gisti
- Immigration, Développement, Démocratie – IDD
- Initiative Pour Un Autre Monde – IPAM
- Ligue des Droits Humains – LdH
- Ritimo
- Survie
En savoir plus sur notre combat pour des politiques migratoires respectueuses des droits des personnes migrantes et la liberté de circulation.
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Manche : résister contre une politique migratoire inhospitalière #Jeudi Photo
À l’occasion de la sortie de deux rapports d’enquête mandatés par notre partenaire PSM (Plateforme de soutien aux Migrant.e.s), portons notre regard sur la violence de la politique migratoire exercée depuis deux décennies le long de la frontière franco-britannique.
Grande Synthe © Jérémy Paoloni Mardi 16 novembre 2021. Nous sommes dans le campement de Grande-Synthe, le long du littoral de la Manche, à une dizaine de kilomètres de la côte britannique.
Le soleil vient à peine de se lever que les personnes réfugiées dans le camp sont contraintes de plier bagage. L’évacuation, ordonnée par le Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a pris de court les 1 500 personnes migrantes qui y vivent. Elles ont à peine le temps de se réchauffer une dernière fois au coin d’un feu improvisé, qu’elles doivent quitter les lieux, sous le regard impassible des forces de l’ordre déployées en nombre ce jour-là, témoigne le photographe Jérémy Paoloni.
La scène qu’il a capturée illustre toute l’inhumanité de la politique migratoire mise en œuvre au quotidien depuis des décennies le long de la frontière franco-britannique : expulsion des lieux de vie, confiscation des affaires personnelles, criminalisation et invisibilisation des personnes migrantes…
« Ils arrivent le matin, ils crient pour nous réveiller, ils frappent les tentes, les arrachent, ils sautent sur les tentes pendant que les gens sont à l’intérieur ».
Témoigne Tariq, exilé.Depuis la signature des accords du Touquet (2003), le Royaume-Uni et la France agissent de concert pour empêcher et dissuader les personnes migrantes d’atteindre le sol britannique.
Une seule stratégie prime : rendre les territoires du littoral aussi inhospitaliers que possible. Celle-ci se traduit par des maltraitances quotidiennes à l’égard des personnes migrantes mais aussi envers celles et ceux qui se mobilisent pour faire vivre l’accueil et la solidarité.
En réponse à la pression des États et aux drames à répétition, les associations mobilisées sur place refusent de sombrer dans le fatalisme.
Notre partenaire local, PSM, se mobilise pour confronter les autorités à leurs responsabilités et milite en faveur d’un dialogue citoyen pour imaginer, collectivement, une politique alternative respectueuse des droits des personnes migrantes.
Chaque jeudi, nous vous proposons un arrêt sur image pour prendre conscience, autrement, d’une fracture de notre monde sur lequel, par l’action collective et le plaidoyer, nous agissons.
Ecoutez aussi:
MIGRATIONS : UNE JOURNÉE AVEC LES ASSOCIATIONS ENGAGÉES SUR LE TERRAIN DANS LES ENVIRONS DE CALAIS
Lire aussi :
Manche : mettre fin à “la politique qui ne génère que maltraitance et violence” (tribune publiée dans Le Monde le 5 février)
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Manche : mettre fin à “la politique qui ne génère que maltraitance et violence”
Tribune co-signée par le CCFD-Terre Solidaire parue dans Le Monde le 4 février 2022.
Signés il y a dix-neuf ans par Paris et Londres, les accords du Touquet font de la France le « bras policier » de la politique migratoire du Royaume-Uni pour empêcher les personnes exilées de traverser la Manche, dénoncent une trentaine d’ONG dans une tribune au « Monde ».
Depuis plusieurs décennies, des hommes, des femmes et des enfants originaires d’Europe de l’Est, d’Afrique de l’Est, du Moyen-Orient ou d’Asie du Sud-Est, toutes et tous en recherche de protection, survivent sur le littoral de la Manche et de la mer du Nord. La plupart de ces personnes exilées présentes sur nos côtes n’ont qu’un seul objectif : franchir – par tous les moyens – la frontière qui se dresse devant elles et qui les empêche de rejoindre le Royaume-Uni.
Il y a dix-neuf ans, le 4 février 2003, à la suite de la fermeture du centre de Sangatte et dans le prolongement du traité de Canterbury du 12 février 1986, la France et le Royaume-Uni signent le traité du Touquet. La frontière britannique est externalisée sur le sol français moyennant des financements de la Grande-Bretagne. La France devient le « bras policier » de la politique migratoire du Royaume-Uni pour empêcher les personnes exilées de traverser la Manche.
Expulsions, confiscations
Sur les côtes françaises, les autorités mettent en œuvre une politique de lutte contre la présence des personnes exilées et d’invisibilisation de celles-ci. Les maltraitances quotidiennes qu’elle implique sont nombreuses : expulsion de lieux de vie, confiscation d’affaires, maintien à la rue en l’absence de services permettant de couvrir leurs besoins fondamentaux, entrave à l’action des associations, etc.
Cette politique n’est pas seulement indigne et inacceptable, elle est également mortelle : au moins 342 personnes ont perdu la vie à la frontière franco-britannique depuis 1999, dont 36 en 2021. La poursuite année après année de cette politique inhumaine, la répétition de ces maltraitances et de ces drames pourraient nous pousser au fatalisme. Au contraire, nous agissons pour l’amélioration de la situation, pour le respect des droits et de la vie des personnes en exil.
C’est dans cet esprit que la Plate-forme des soutiens aux migrant·e·s (PSM), dont nous sommes membres ou que nous soutenons, a demandé à l’anthropologue Marta Lotto (« On The Border, la vie en transit à la frontière franco-britannique ») et au politologue Pierre Bonnevalle (« Enquête sur trente ans de fabrique politique de la dissuasion : l’Etat français et la gestion de la présence des personnes exilées dans la frontière franco-britannique. Harceler, expulser, disperser ») d’enquêter, pour l’une, sur les conditions de vie des personnes en transit et, pour l’autre, sur la gestion par les autorités françaises de la présence des personnes exilées à la frontière [présentation des deux rapports le 4 février, à l’université du Littoral-Côte d’Opale (ULCO), à Dunkerque].
Leurs analyses fines nous permettent une compréhension globale de la situation et nous contraignent, nous citoyens, à mettre les autorités face à leurs responsabilités et à leur imposer la mise en œuvre d’une politique alternative.
Aux portes de leur rêve
En effet, Marta Lotto, dans son rapport, nous indique que les raisons pour lesquelles ces personnes sont à Calais (Pas-de-Calais), Grande-Synthe (Nord), Ouistreham (Calvados) ou, pour d’autres, moins nombreuses, à Norrent-Fontes (Pas-de-Calais), Steenvoorde (Nord) ou Cherbourg (Manche), sont diverses.
Certaines ont commencé leur parcours migratoire avec l’objectif de vivre en Grande-Bretagne ; après un périple de quelques jours ou de plusieurs années, elles se retrouvent bloquées aux portes de leur rêve.
D’autres, au contraire, n’ont jamais imaginé aller en Grande-Bretagne, mais les circonstances de leur parcours les ont conduites aux portes de ce pays, qui est alors devenu le dernier recours face aux rejets auxquels elles ont été confrontées ailleurs en Europe.
Depuis trente ans, sans cesse, parce qu’elles veulent rejoindre leur famille, parce qu’elles sont anglophones ou parce qu’elles nourrissent de vains espoirs d’accéder à une vie meilleure, des personnes tentent de franchir les quelques dizaines de kilomètres qui les séparent de la Grande-Bretagne.
Barbelés et lames de rasoir
En dehors de la parenthèse 2015-2016, quand le tumulte du monde a poussé plus d’un million de personnes vers l’Europe, et une partie d’entre elles vers la Grande-Bretagne, il y a toujours eu entre 1 000 et 3 000 personnes en transit bloquées à la frontière.
Et, pourtant, ce n’est pas faute, pour les autorités françaises et britanniques, d’avoir tenu un discours de fermeté et mis en œuvre une politique de dissuasion. De manière très détaillée, le politologue Pierre Bonnevalle nous révèle que, depuis trente ans, quels que soient les gouvernements, une seule et même politique est menée : rendre les territoires situés sur le littoral de la Manche et de la mer du Nord aussi inhospitaliers que possible.
Nous avons donc vu pousser des barrières et des barbelés, nous avons appris ce qu’était une « concertina », ces barbelés couplés à des lames de rasoir. Nous avons vu des arbres abattus et des maisons murées. Nous avons aussi appris que mise à l’abri pouvait être synonyme d’expulsions violentes, et que la solidarité pouvait être un délit.
Atteintes toujours plus fortes à la dignité, violation des droits des personnes exilées et destruction de l’attractivité de nos territoires sont les seuls résultats de cette politique. Vient s’ajouter le reniement constant et systématique de nos valeurs, celles qui fondent notre vivre-ensemble. N’est-elle alors que communication ? Une mise en scène pour montrer que l’Etat agit ? Mais qu’est-ce qu’une politique qui ne génère que maltraitance et violence ?
Un dialogue citoyen
Face à ce constat d’un échec flagrant de la politique mise en œuvre à la frontière franco-britannique, face à la violence qu’elle engendre pour les personnes exilées, mais aussi pour toutes celles qui vivent sur ces territoires, nous devons, aujourd’hui, regarder la réalité en face.
Pour que ces personnes vivent dans des conditions dignes, pour que nos territoires ne soient plus constellés de campements et de bidonvilles, pour que nos valeurs soient respectées, le paradigme des politiques publiques mises en œuvre à la frontière doit changer. Ces deux rapports, mais surtout les maltraitances qui s’exercent chaque jour sur notre sol, nous incitent à l’exiger.
Pour obtenir ce changement de modèle, nous devons, ensemble, engager un dialogue citoyen réunissant l’ensemble des forces vives des territoires du littoral de la Manche et de la mer du Nord et imaginer, collectivement, une politique respectueuse des droits de toutes et tous.
Nous appelons toutes celles et tous ceux qui le souhaitent à nous rejoindre pour lancer cette dynamique de convention citoyenne à la frontière franco-britannique.
Principaux signataires : Sylvie Bukhari-de Pontual, présidente du CCFD-Terre solidaire ; Chrystel Chatoux, coprésidente d’Utopia 56 ; François Guennoc, président de l’Auberge des migrants ; Henry Masson, président de la Cimade ; Martine Minne, présidente d’Attac Flandres ; docteure Carine Rolland, présidente de Médecins du monde ; Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l’homme (LDH) ; Antoine Sueur, président d’Emmaüs France ; Corinne Torre, chef de mission de la mission France de Médecins sans frontières ; Véronique Devise, présidente du Secours catholique-Caritas France.
Liste complète des signataires : https://www.psmigrants.org/site/tribune-accords-du-touquet-fevrier-2003-a-fevrier-2022-mettons-fin-a-la-violence-et-a-linhumanite/
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Être une ville accueillante c’est possible
A l’occasion des élections municipales 2020, le CCFD-Terre Solidaire s’engage pour interpeller et sensibiliser les candidats et candidates autour des enjeux de l’accueil et l’intégration des personnes migrantes.
La campagne “Être une ville accueillante, c’est possible” s’inscrit dans un travail de long-terme mené collectivement dans le cadre de l’Organisation pour une Citoyenneté Universelle qui regroupe le CCFD-Terre Solidaire et d’autres organisations.
Mobilisé avec nos bénévoles et nos alliés, notre objectif est de porter un message positif à partir de l’expérience réussie de plusieurs villes qui ont fait le choix de mieux accueillir les personnes migrantes.
Une autre politique migratoire est possible, elle existe et elle porte ses fruits !
© Jocelyn Rigault“Nombreux sont les exemples de villes ou de villages dans lesquels les autorités locales et les acteurs de société civile travaillent ensemble pour mettre en place des solutions d’accueil, d’intégration, respectueuses des droits et de la dignité des personnes. Devenir ville accueillante n’est pas une utopie ! Ensemble nous pouvons relever le défi”.
Nina Marx – Chargée de mission Migrations Internationales.
Nos convictions
Les villes et les communes peuvent jouer un rôle majeur pour agir face à la violation des droits des personnes migrantes. Elles ont le pouvoir d’initier des politiques locales volontaristes en faveur de l’accueil et de l’intégration.
Comment ? En facilitant l’accès au logement et à l’école. En permettant l’apprentissage de la langue. En mettant en place des outils et des espaces d’échanges pour permettre aux personnes migrantes de jouer leur rôle de citoyen.
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L’objectif de cette campagne :
Interpeller les candidats et candidates pour les encourager à faire de leur localité une “ville accueillante” une fois élu.e.s.Sensibiliser les décideurs et l’opinion publique à des exemples d’initiatives innovantes et d’alternatives en matière d’accueil, d’intégration et d’hospitalité des personnes étrangères.Encourager une vision des migrations comme une richesse pour nos sociétés et promouvoir une politique migratoire alternative respectueuse du droit des personnes migrantes.Kit de mobilisation
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Migrations : la société civile se mobilise contre les dérives sécuritaires aux frontières
Pour la Journée Internationale des personnes migrantes, Solène Bedeaux, Chargée de mission Migrations, nous éclaire sur la situation dramatique des personnes migrantes aux frontières européennes et françaises. Avec elle, découvrons les actions de la société civile qui se mobilise face à l’inaction des pouvoirs publics.
© Patrick Bar Aux frontières : un passage de plus en plus dangereux
Le durcissement des politiques sécuritaires aux frontières expose les personnes sur la route migratoire à des situations de plus en plus dangereuses, souvent au péril de leurs vies.
À la frontière franco-italienne, de nombreuses associations briançonnaises pallient à l’inaction de l’État depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, « la situation est telle que l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a dû installer une tente d’urgence, jusque-là réservée aux crises humanitaires internationales ».Face au silence étatique, agir en faveur d’un accueil digne
Le CCFD-Terre Solidaire, avec les organisations partenaires qu’elle soutient localement, a décidé de renforcer son action aux zones frontières pour lutter contre les violences qui interviennent trop fréquemment dans ces zones « de non-droit ».
À Briançon, Tous Migrants a récemment déposé un recours en justice pour qu’un lieu d’hébergement pérenne soit enfin financé. Une demande restée lettre morte à ce jour.
À Calais, la Plateforme des Soutiens aux Migrants et Migrantes (PSM) se mobilise quotidiennement auprès des personnes migrantes et tente de favoriser un dialogue avec le gouvernement pour obtenir des solutions. En vain, malheureusement.Journée Internationale des personnes migrantes : mobilisons-nous !
Pour réveiller les pouvoirs publics de leur inaction face aux réalités que vivent les personnes sur la route migratoire, la société civile se mobilise le 18 décembre prochain, partout en France, à l’occasion de la Journée internationale des personnes migrantes.
À Briançon, Tous Migrants organise la « Faites de la fraternité ». Un forum des associations et plusieurs conférences sur les migrations auront lieu dans toute la ville.
Au niveau National, plusieurs mobilisations se tiendront, comme celle prévue à Paris, place de la Concorde, suite à l’appel de la campagne Antiracisme et Solidarité.« Venez nombreux et nombreuses à ces moments de rencontres et d’échanges, et faisons vivre ensemble une autre vision de l’accueil et de la solidarité ».
Ecouter aussi :
Journée mondiale du migrant et du réfugié : immersion à la frontière franco-italienne (podcast)
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Dans les Balkans, les personnes exilées aux portes d’une “Europe forteresse” #JeudiPhoto
Cette semaine, à l’occasion de la Journée international des personnes migrantes, notre regard se porte sur une Europe coupable de la négation des droits des personnes migrantes.
Camp de Bira © Sophie-Anne Bisiaux Sophie-Anne Bisiaux, juriste pour Migreurop, a sillonné pendant plusieurs la mois route des Balkans, son appareil photo en main.
Elle a été témoin des violences inouïes que subissent les personnes exilées aux frontières. A cela, s’ajoute la multiplication des camps aux conditions de vie déplorables et indignes pour répondre à la stratégie européenne de dissuasion, d’hostilité et de contrôle des mobilités.
Dans le canton d’Una Sana, en Bosnie-Herzégovine, la sur-concentration des personnes exilées, prises au piège des politiques de refoulements, alimente une crise de l’accueil qui divise la population locale.
Suite aux protestations et à l’instrumentalisation politique de la question migratoire, les autorités de Bihac ont démantelé le camp de Bira, laissant de nombreuses personnes exilées contraintes de se réfugier dans des squats ou dans des camps déjà surpeuplés.
En finançant une grande partie de ces camps mais sans apporter de soutien sur place, l’Union Européenne témoigne de la priorité qu’elle donne à la protection de ses frontières au détriment de la protection des personnes migrantes engagées depuis de nombreuses années le long d’un “exil sans fin”.
Lire le rapport de Sophie-Anne Bisiaux : Exil sans fin : chantage anti-migratoire le long de la route des Balkans.
Chaque jeudi, nous vous proposons un arrêt sur image pour prendre conscience, autrement, d’une fracture de notre monde sur lequel, par l’action collective et plaidoyer, nous agissons.
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Rien n’arrêtera la solidarité, pas même les frontières
Solidaires face aux frontièresDepuis plus de 40 ans, le CCFD-Terre Solidaire se mobilise afin que migrer puisse être un choix et une chance pour toutes et tous. Par son action de solidarité internationale, nous œuvrons à ce que chacun puisse trouver dans sa patrie des conditions pour exister et vivre dignement.
Nous soutenons près de 30 organisations locales, en France et à l’étranger, qui s’attachent à ce que les droits des personnes migrantes soient respectés tout au long de leur chemin migratoire. Chaque jour, nos partenaires et nos bénévoles mènent des actions, ici et là-bas, pour protéger et aider les personnes migrantes le long de leur exil.
Avec nos partenaires, nous faisons vivre chaque jour une solidarité internationale que rien n’arrêtera, pas même les frontières.
2.7m
d’euros dépensés pour le mur
anti-migrants à Calais.216 km
de murs construits par la Hongrie
le long de ses frontières avec la Serbie.© Anne-Sophie Bisiaux© Patrick BarLes migrations aujourd’hui
L’Union Européenne et ses États membres mènent, depuis plusieurs années, des politiques migratoires toujours plus inhumaines et plus coûteuses.
Plus de 1000 km de murs ont été érigés en Europe, et plus de 21 milliards d’euros sont prévus pour renforcer les frontières extérieures de l’Union Européenne d’ici 2027.
Les politiques migratoires actuelles ont tué 34 000 personnes ces 20 dernières années. Elles sont mortes en mer, en tentant de traverser une frontière, ou encore dans les centres de rétention.
Ces politiques migratoires sont dictées par l’Europe et des pays comme les États-Unis, or le dialogue avec des pays considérés comme plus pauvres sur ces enjeux cruciaux est quasi inexistant. Pourtant, 85% des réfugiés ont trouvé protection dans un pays en développement.
Nos convictions
Il nous appartient aujourd’hui de changer les mentalités, de bousculer les politiques actuelles et de nous engager pour le renforcement des valeurs de solidarité aux frontières.
Nous plaidons pour l’application d’une gouvernance alternative des migrations qui permettrait à tous les Etats de coopérer pour définir des politiques migratoires plus justes. Nous soutenons des organisations partenaires locales basées dans le monde entier qui mènent des actions variées en faveur de la protection et de la défense des droits des personnes migrantes.
Soutenir ces pluralités d’actions fait notre force. Le travail commun est la clé du changement.
avec le CCFD – TERRE SOLIDAIRE
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Nous demandons aux Etats :
De tous coopérer entre eux pour mettre en place des politiques migratoires plus justes en n’excluant aucun pays du dialogue.De mettre en place des politiques migratoires plus respectueuses des droits humains.Sur le terrain
Nos partenaires agissent
actualités de la campagne
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Réinventer l’accueil des personnes migrantes dans les villes
S’appuyant sur l’exemple de la politique migratoire de São Paulo au Brésil, qu’il a participé à construire, le réseau Red Sin Fronteras, partenaire du CCFD-Terre Solidaire depuis 2012, agit auprès des villes pour développer un modèle fondé sur le respect des droits et la participation politique des exilés.
Arrivées d’Europe et d’Asie à la fin du XIXe siècle puis des pays voisins d’Amérique latine, des personnes migrantes de trente nationalités résident aujourd’hui à Catamarca, région andine prospère et point de passage en Argentine avec le Chili, le Paraguay et la Bolivie. Mais ni la ville ni même l’État ne proposent de politique d’intégration pour les personnes étrangères, dont d’importantes communautés venues – par l’Espagne du temps de Franco- ou plus récemment du Pérou et de Bolivie pour travailler. Elles étaient alors souvent privées de droits ou contraintes de se rendre dans la province de la Rioja pour effectuer leurs démarches administratives.
Face à l’absence de politique de protection des plus vulnérables, et notamment des exilés durant la pandémie, les acteurs locaux ont continué à porter des alternatives, jouant un rôle essentiel.Originaire de la capitale, San Fernando del Valle de Catamarca, Adriana Fadel, chercheuse au Brésil et militante au sein du réseau Red Sin Fronteras, connaît bien la politique inclusive de São Paulo. Elle suit aussi de près le travail du réseau sur les villes accueillantes. En 2019, de retour de Paris où elle a participé au lancement de l’Alliance autorités locales/société civile pour une autre gouvernance des migrations que soutient le CCFD-Terre Solidaire , elle a organisé des ateliers auprès des communautés étrangères pour qu’elles comprennent la force de l’alliance entre municipalité et associations afin de faire progresser les droits des personnes migrantes (voir encadré). Elle a également engagé sur ce sujet un dialogue avec la ville.
Le premier conseil municipal de migrants d’Argentine
Après plusieurs mois de travail avec les communautés migrantes, la ville de Catamarca, dont Adriana est depuis devenue conseillère municipale, met en place, en septembre 2020, un conseil municipal des migrants. La première expérience de ce type dans le nord-ouest de l’Argentine ! Son objectif : être un espace de consultation des exilés et des associations pour la construction de politiques d’accueil et d’intégration. Il se veut enfin un lieu de formation à la protection et à la défense des droits des migrants, notamment pour les élus et les différents fonctionnaires de la ville. La création de ce conseil souligne la volonté de la municipalité de promouvoir une vision interculturelle. Pour que ces orientations soient appliquées par les différents services de la ville, le Conseil des migrants crée un groupe de travail dont les membres sont élus parmi les différentes communautés, résidant à Catamarca ; son bureau est composé d’un Japonais, d’un Colombien, d’un Cubain et d’un Brésilien. Par ailleurs, le premier recensement des personnes immigrées a permis que cette population, jusqu’alors quasi invisible, soit prise en compte dans les politiques publiques.
Lorsque le dialogue s’ouvre entre collectivités, associations solidaires et exilés, l’accueil est un moteur de changement social qui bénéficie à tous.
Le Conseil a également lancé des actions de sensibilisation et des événements culturels, comme la fête des communautés, qui a donné plus de visibilité aux questions de la migration à Catamarca. Depuis son échelon local, le Conseil des migrants a ainsi permis une réelle prise en considération de l’enjeu de l’intégration. Un an après son lancement, en septembre 2021, le gouverneur de la Province, Raúl Jalil, a annoncé l’ouverture de l’Office national des migrations à Catamarca, autorisant les personnes migrantes à effectuer leurs démarches administratives dans la ville.
Un laboratoire de pratiques nouvelles
L’initiative de Catamarca est une expérience modèle pour le réseau Red Sin Fronteras et un véritable laboratoire de pratiques nouvelles riches d’enseignement. Elle traduit concrètement les principes fondateurs de l’Alliance pour une autre gouvernance des migrations : son engagement en faveur de l’interculturalité, l’approche transversale des politiques publiques, l’importance des actions de formation et de sensibilisa- tion. Accompagné par le réseau, Catamarca est un exemple de plus pour montrer, et même démontrer, que lorsque le dialogue s’ouvre entre collectivités, associations solidaires et exilés, l’accueil est non seulement possible mais est un moteur de changement social qui bénéficie à tous.
Justine Festjens, responsable de l’équipe migrations internationales
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