Article mis en ligne le 1er décembre 2017
Le soutien à une agriculture paysanne et l’agroécologie peuvent-ils améliorer les conditions de vie et la cohésion des populations rurales en Afrique ? Les premiers résultats du programme Paies, appuyé par le CCFD-Terre Solidaire dans six pays africains, valident la viabilité de ces choix mais aussi le "bien vivre"qu’ils apportent.
Après 21 mois de mise en œuvre, 12 partenaires du CCFD-Terre Solidaire au Sahel et dans les Grands Lacs ont participé en septembre 2017 à l’atelier de clôture de la première phase du Programme d’appui aux initiatives économiques pour une transformation écologique et sociale (PAIES), à Ouagadougou, au Burkina Faso.
Les participants relèvent que le programme a suscité une accélération notable de l’évolution des pratiques chez la plupart des organisations partenaires, organisations de producteurs ou structures d’appui au monde rural, qui avaient déjà peu ou prou engagé leur conversion agroécologique.
La fertilisation naturelle des sols a été partout identifiée comme un enjeu prioritaire. La pratique ancestrale du compostage, qui avait souvent été abandonnée au profit d’intrants chimiques, connaît un regain spectaculaire.
Pour les participants, la fumure animale représente un enrichissement de premier choix pour les sols dégradés. Et la possession de quelques animaux apporte des revenus complémentaires bienvenus pour les familles.
Au Niger, dans un territoire largement semi-désertique, on a construit de petits ouvrages retenant l’eau indispensables.
« Avec le PAIES, on discerne enfin une voie pour la sécurité alimentaire ! », s’enthousiasme Idrissa Djibo de l’organisation paysanne nigérienne Mooriben, qui a vu pendant des années échouer les classiques mesures d’assistanat. Des alternatives efficaces aussi face au modèle agroindustriel destructeur qui a souvent la faveur des gouvernements.
Les débats de Ouagadougou ne se sont pas cantonnés aux techniques agricoles.
Car les participants remarquent que les pratiques agroécologiques se sont révélées aussi un puissant levier pour la transformation des relations au sein des foyers et des communautés.
Dans les Grands Lacs, la nécessité de produire mieux et sainement sur de minuscules parcelles a conduit à questionner les pratiques coutumières.
« L’agroécologie, qui réhabilite des savoir-faire communs et nécessite de nouveaux savoir-être, devient alors une levier de cohésion et de pacification sociale »,
constate Alice Harushimana, d’Acord Burundi.
Et bientôt de transformation politique ? Pour François Munyentwari, d’Acord Rwanda,
Ce qui se fera au niveau des communes restera vain si l’on ne convainc pas aussi nos gouvernements
La suite du PAIES se prépare. Avec la nécessité de renforcer des premiers acquis très encourageants, notamment pour ancrer et populariser les techniques. « Par exemple, les quantités de fumure organique disponibles sont partout insuffisantes... », insiste Ibrahim Sarr, au Réseau des horticulteurs de Kayes (RHK) au Mali.
D’ores et déjà, la deuxième phase devrait insister sur les articulations économique et sociale de la mutation agroécologique :
Outre les partenaires africains, et quelques autres, elle influerait une dizaine d’organisations des Andes, du Moyen-Orient. Lancement prévu : avril 2018.
Patrick Piro
Extrait d’un article du numéro 301 de Faim et Développement Magazine. Disponible sur abonnement payant.
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