Écoutez notre live qui alerte sur l’exportation des pesticides

Publié le 17.05.2022| Mis à jour le 01.07.2022

Des pesticides dont la toxicité est avérée sont interdits en Europe. Ils continuent pourtant d’être exportés massivement dans les pays en développement. Réécoutez notre émission spéciale, enregistrée le 30 mars 2022, avec nos invités Sena Adessou de Côte d’Ivoire, Samuel Pommeret, chargé de mission Afrique et Maureen Jorand, chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire et climat.

Le coût caché des pesticides

Le marché des pesticides représente 53 milliards d’euros en 2020. Leur utilisation a augmenté de 80% depuis 1990 et on compte 385 millions d’empoisonnement dans le monde par an.

Les impacts des pesticides sur l’environnement et la biodiversité, ainsi que sur la santé humaine pour agriculteurs et populations riveraines sont largement documentés. Ils peuvent causer entre autres : maladie de Parkinson, lymphomes, malformations du fœtus, cancers de la prostate etc. Les pesticides ont également un impact économique : les citoyens payent pour les conséquences néfastes de ces produits (pour dépolluer l’eau, les soins de santé etc). Dans l’UE, les coûts des pesticides s’élèvent à 2,3 milliards d’euros par an.

Lire aussi notre rapport : Pesticides : un modèle qui nous est cher

Des pesticides interdits dans nos assiettes

Certains pesticides sont qualifiés d’extrêmement dangereux et sont donc interdits en Europe et aux États Unis. Cependant les pesticides jugés trop dangereux en Europe inondent les pays en développement et les pays émergents. Comme ces pays exportent leur production nous les retrouvons dans nos assiettes. L’UFC-Que Choisir a publié un article montrant que les pesticides à risques sont présents dans 50% des fruits et légumes vendus en France.

Les pays en développement très dépendants des pesticides

On retrouve deux fois plus les pesticides dangereux dans ces pays que dans les pays développés.

Certains pays en développement sont très dépendants des marchés internationaux pour exporter et pour se nourrir car on les a spécialisés dans certaines cultures. Cette spécialisation les oblige à importer une grande partie de leur alimentation.

Samuel Pommeret souligne qu’en Afrique, dans la région des Grands Lacs, les pesticides posent des problèmes dénoncés par les agriculteurs eux-mêmes : coût élevé, dépendance aux marchés internationaux, impact sur la qualité des sols, manque de résistance aux ravageurs…

La question de la régulation

En France et en Europe nous avons des objectifs de réduction de moins 50% des pesticides. Mais dans les faits leur usage augmente. Il se pose ainsi la question de la mise en œuvre des régulations et des dérogations. Les industriels cherchent de nouveaux marchés et se tournent donc vers l’Afrique.

Au niveau européen, le marché des pesticides est de 17 milliards d’euros. L’Europe en importe pour 1,4 milliard d’euros et en exporte pour 5,8 milliards d’euros. Depuis 2018, l’Union européenne a exporté 80 000 tonnes de pesticides interdits vers les autres continents. Comme pour les produits pharmaceutiques il existe des génériques de pesticides souvent produits par les pays émergents (surtout la Chine et l’Inde) qui ciblent en premier lieu le marché africain.

Selon Sena Adessou les législations en Afrique sont laxistes voire absentes. En Côte d’Ivoire son pays d’origine, la législation est vieille et vétuste mais le pays est en train de revoir son cadre législatif. Il souligne le poids des lobbys qui mettent en avant l’argument de la productivité agricole.

Sena explique qu’il y a aussi un problème de corruption. Certains produits interdits se retrouvent quand même dans les mains des paysans via des circuits informels. Samuel explique que ce non respect de la loi est possible car l’État n’a pas les moyens d’aller contrôler les champs. Mais il y a une prise de conscience des agriculteurs qui cherchent des alternatives.

Des alternatives existent

En tant que citoyen il y a des choses à faire souligne Maureen Jorand : nous pouvons signer des initiatives citoyennes demandant la sortie des pesticides et interpeller nos politiques en cette année électorale.

Sena est le secrétaire général d’Inades Formation. Son organisation a mené une campagne sur le droit à l’alimentation, la qualité des aliments et la durabilité des systèmes de production. Pour lui la solution c’est l’agroécologie car elle répond au fonctionnement des écosystèmes. L’agroécologie permet d’être certain de produire des aliments sains.

Samuel met en avant le travail d’Inades Formation au Burundi. L’organisation analyse les cadres légaux et réalise des diagnostics avec les paysans sur l’utilisation des pesticides. Elle mène également des recherches sur des alternatives de lutte biologique contre les maladies et les ravageurs (qui détruisent 30% des productions) en se servant des méthodes traditionnelles utilisant des végétaux. Selon Sena ces biopesticides représentent moins de danger et de toxicité même si il faut savoir les utiliser.

La sortie des pesticides doit se faire petit à petit explique Samuel. On évalue chaque biopesticide, chaque maladie, chaque culture, c’est un travail complexe. Les biopesticides sont de réelles alternatives aux pesticides de synthèse. Ils permettent aux paysans d’être plus autonomes et économes, plus résilient et plus respectueux de l’environnement.

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