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  • Journée Internationale des Forêts : les indiens Huni Kuin défendent l’Amazonie #JeudiPhoto

    À l’occasion de la Journée Internationale des forêts, portons notre regard sur la déforestation de l’Amazonie qui s’accélère. Au Brésil, les peuples indigènes Huni Kuin se mobilisent pour protéger leurs traditions et leur source de vie.

    © Jean-Claude Gérez
    Indien Huni Kuin. Village Formiga, Amazonie brésilienne. © Jean-Claude Gérez

    Nous sommes dans l’État de l’Acre, à l’extrême nord-ouest de l’Amazonie brésilienne. Au cœur de la dense et verdoyante forêt tropicale, les peuples Huni Kuin vivent en harmonie avec la nature. L’Amazonie est leur source de nourriture, leur pharmacie et l’habitat de leurs traditions millénaires.

    Juba est l’un d’entre eux. Il vit dans le village de Formiga bordé par la rivière Envira. Orné de sa coiffe traditionnelle en plumes colorés, il pose devant la caméra de Jean-Claude Gérez. Son air grave traduit ses inquiétudes face aux menaces pour la survie de son peuple. Aux abords de son village, les “fazendeiros” (grands propriétaires terriens) s’accaparent leurs terres et déboisent sans scrupules la forêt pour y élever du bétail. À cause de la déforestation, le gibier est de plus en plus difficile à chasser ; les plantes médicinales de plus en plus difficiles à cueillir.

    Mais la résistance s’installe. Tous les soirs, anciens et jeunes du village se réunissent pour chanter les légendes de leur peuple et l’ode à la nature. Les peuples Huni Kuin de l’État de l’Acre peuvent compter sur la CIMI, partenaire du CCFD-Terre Solidaire, qui se mobilise pour régulariser les terres indigènes et protéger les traditions de ce peuple millénaire.

    La déforestation de l’Amazonie brésilienne s’est terriblement accrue avec la présidence de Jair Bolsonaro. Derrière ses fausses promesses, la politique qu’il mène favorise l’expansion de l’agro-industrie et des activités extractives au détriment de la protection des écosystèmes et des peuples qui y habitent. En à peine un an, le “poumon vert” de la planète a perdu près de 13 000km2 de sa surface boisées. Soit, l’équivalent du Liban.

    À l’occasion de la Journée Internationale des Forêts, nos pensées s’adressent à toutes les personnes qui se mobilisent, malgré les violences auxquels elles s’exposent, pour protéger nos écosystèmes forestiers : source de vie.

    Pour aller plus loin :

    Brésil : les indiens Huni Kuin face à leur destin

    Évasion au coeur des territoires indigènes wampis

    Et pour vous, que symbolise la forêt ? Faites le quizz

  • Réinventer l’accueil des personnes migrantes dans les villes

    S’appuyant sur l’exemple de la politique migratoire de São Paulo au Brésil, qu’il a participé à construire, le réseau Red Sin Fronteras, partenaire du CCFD-Terre Solidaire depuis 2012, agit auprès des villes pour développer un modèle fondé sur le respect des droits et la participation politique des exilés.

    Arrivées d’Europe et d’Asie à la fin du XIXe siècle puis des pays voisins d’Amérique latine, des personnes migrantes de trente nationalités résident aujourd’hui à Catamarca, région andine prospère et point de passage en Argentine avec le Chili, le Paraguay et la Bolivie. Mais ni la ville ni même l’État ne proposent de politique d’intégration pour les personnes étrangères, dont d’importantes communautés venues – par l’Espagne du temps de Franco- ou plus récemment du Pérou et de Bolivie pour travailler. Elles étaient alors souvent privées de droits ou contraintes de se rendre dans la province de la Rioja pour effectuer leurs démarches administratives.
    Face à l’absence de politique de protection des plus vulnérables, et notamment des exilés durant la pandémie, les acteurs locaux ont continué à porter des alternatives, jouant un rôle essentiel.

    Originaire de la capitale, San Fernando del Valle de Catamarca, Adriana Fadel, chercheuse au Brésil et militante au sein du réseau Red Sin Fronteras, connaît bien la politique inclusive de São Paulo. Elle suit aussi de près le travail du réseau sur les villes accueillantes. En 2019, de retour de Paris où elle a participé au lancement de l’Alliance autorités locales/société civile pour une autre gouvernance des migrations que soutient le CCFD-Terre Solidaire , elle a organisé des ateliers auprès des communautés étrangères pour qu’elles comprennent la force de l’alliance entre municipalité et associations afin de faire progresser les droits des personnes migrantes (voir encadré). Elle a également engagé sur ce sujet un dialogue avec la ville.

    Le premier conseil municipal de migrants d’Argentine

    Après plusieurs mois de travail avec les communautés migrantes, la ville de Catamarca, dont Adriana est depuis devenue conseillère municipale, met en place, en septembre 2020, un conseil municipal des migrants. La première expérience de ce type dans le nord-ouest de l’Argentine ! Son objectif : être un espace de consultation des exilés et des associations pour la construction de politiques d’accueil et d’intégration. Il se veut enfin un lieu de formation à la protection et à la défense des droits des migrants, notamment pour les élus et les différents fonctionnaires de la ville. La création de ce conseil souligne la volonté de la municipalité de promouvoir une vision interculturelle. Pour que ces orientations soient appliquées par les différents services de la ville, le Conseil des migrants crée un groupe de travail dont les membres sont élus parmi les différentes communautés, résidant à Catamarca ; son bureau est composé d’un Japonais, d’un Colombien, d’un Cubain et d’un Brésilien. Par ailleurs, le premier recensement des personnes immigrées a permis que cette population, jusqu’alors quasi invisible, soit prise en compte dans les politiques publiques.

    Lorsque le dialogue s’ouvre entre collectivités, associations solidaires et exilés, l’accueil est un moteur de changement social qui bénéficie à tous.

    Le Conseil a également lancé des actions de sensibilisation et des événements culturels, comme la fête des communautés, qui a donné plus de visibilité aux questions de la migration à Catamarca. Depuis son échelon local, le Conseil des migrants a ainsi permis une réelle prise en considération de l’enjeu de l’intégration. Un an après son lancement, en septembre 2021, le gouverneur de la Province, Raúl Jalil, a annoncé l’ouverture de l’Office national des migrations à Catamarca, autorisant les personnes migrantes à effectuer leurs démarches administratives dans la ville.

    Un laboratoire de pratiques nouvelles

    L’initiative de Catamarca est une expérience modèle pour le réseau Red Sin Fronteras et un véritable laboratoire de pratiques nouvelles riches d’enseignement. Elle traduit concrètement les principes fondateurs de l’Alliance pour une autre gouvernance des migrations : son engagement en faveur de l’interculturalité, l’approche transversale des politiques publiques, l’importance des actions de formation et de sensibilisa- tion. Accompagné par le réseau, Catamarca est un exemple de plus pour montrer, et même démontrer, que lorsque le dialogue s’ouvre entre collectivités, associations solidaires et exilés, l’accueil est non seulement possible mais est un moteur de changement social qui bénéficie à tous.

    Justine Festjens, responsable de l’équipe migrations internationales

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  • Au Brésil, les Indiens sont les perdants de la compensation carbone (vidéo)

    Ninawa Huni Kuin est le président de la Fédération des peuples Huni Kuin de l’Etat de l’Acre au Brésil. Il ne mâche pas ses mots pour dénoncer dans cette vidéo l’impact des programmes de compensation carbone sur son peuple et la forêt amazonienne.

    Le thème de la compensation carbone est apparu dans l’État de l’Acre, au cœur de l’Amazonie brésilienne, dans les années 2000 à travers le mécanisme REDD (Réduction des Émissions dues à la Déforestation et à la Dégradation forestière).

    Comme d’autres peuples indigènes, les Huni Kui ont cru que leur environnement allait être protégé et que leurs conditions de vie allaient s’améliorer.
    Mais ils ont vite déchanté.

    La compensation, une promesse déçue

    Le chef Ninawa Huni Kui dénonce aujourd’hui l’impact négatif de ce programme sur leur peuple : “Le Programme REDD interfère dans la vie des Huni Kui car l’état de l’Acre a reçu des millions pour implanter des services sociaux dans la communauté, comme l’éducation et les services de santé, mais ces fonds n’ont pas bénéficié aux communautés. “

    En fait, le gouvernement de l’État s’est approprié les terres indigènes pour récupérer des fonds à travers la compensation carbone. Et au contraire, la déforestation a triplé dans l’État de l’Acre témoigne-t-il.

    À cause de cette déforestation, le mode de vie traditionnel des 16 500 indiens Huni Kui du Brésil est aujourd’hui menacé. Les Huni Kui vivent de l’agriculture de subsistance, de la chasse, de la pêche : ” Mon peuple préserve 80 % de ses traditions, perpétue la connaissance des médecines traditionnelles et pratique la spiritualité à travers la médecine. Pour nous la forêt représente tout.”

    Les défis à relever pour les Huni Kuin sont nombreux : “Nous sommes aujourd’hui engagés dans une grande lutte pour protéger nos territoires qui sont menacés d’invasions pour implanter l’élevage, l’agro-négoce, les compagnies minières et l’industrie forestière. Tout cela dans le but d’exploiter nos territoires.”

    Les entreprises qui financent ces programmes sont celles qui polluent le plus

    Les indiens Huni Kui sont farouchement opposés aux mécanismes de compensation carbone. “La compensation carbone est pour nous une fausse solution car les entreprises qui financent ces programmes sont aussi celles qui polluent, comme les compagnies pétrolières, minières et aériennes. C’est pour cela que les émissions de gaz polluants n’ont pas diminué. “

    Le thème de la compensation carbone est apparu dans l’Etat de l’Acre au milieu des années 2000, où vivent près de 16 450 Indiens Huni Kuin © Jean-Claude Gerez / CCFD-Terre Solidaire
    “En détruisant la forêt, ils anéantissent notre source de nourriture, mais aussi nos plantes médicinales et notre spiritualité”, Ninawa, chef des indiens Huni Kuin© Jean Claude Gerez /CCFD-Terre Solidaire
    “J’ai compris que le programme de compensation carbone est une fausse bonne solution” , Ninawa chef des Huni Kuin © Jean Claude Gerez /CCFD-Terre Solidaire
    “Ce sont les Indiens, par leur mode de vie, qui protègent la nature, et ils sont aujourd’hui les grands perdants du programme de compensation carbone”. © Jean-Claude Gerez / CCFD-Terre Solidaire
    “Chaque année les fazendeiros [les grands propriétaires terriens] grignotent la forêt”, Busã, l’un des habitants du village de Formiga. © Jean Claude Gerez /CCFD-Terre Solidaire
    “En détruisant la forêt, ils anéantissent notre source de nourriture, mais aussi nos plantes médicinales et notre spiritualité”, Ninawa, chef des indiens Huni Kuin© Jean Claude Gerez /CCFD-Terre Solidaire
    “À force de planter sur les mêmes terres sans pouvoir les laisser se reposer, les récoltes sont moindres “, Ninawa, chef des indiens Huni Kuin © Jean-Claude Gerez / CCFD-Terre Solidaire
    “La question de la terre est centrale pour la survie de mon peuple”, Ninawa chef des indiens Huni Kuin. © Jean-Claude Gerez / CCFD-Terre Solidaire
    “Nous voulons préserver ce qui nous reste de forêt qui est le berceau de notre humanité” © Jean-Claude Gerez / CCFD-Terre Solidaire
    “Nous veillons à sauvegarder et cultiver notre langue et nos coutumes” © Jean-Claude Gerez / CCFD-Terre Solidaire
    “Nous nous excusons auprès de la nature de lui faire mal et lui expliquons l’usage médicinal ou spirituel de notre cueillette”, la femme du Pajé, le sorcier-guérisseur . © Jean-Claude Gerez

    Un appui du CIMI et du CCFD-Terre Solidaire

    Pour les accompagner, les indiens Huni Kui peuvent compter sur l’appui du (CIMI), association brésilienne soutenue par le CCFD-Terre Solidaire.

    Lindomar Padilha, membre du Cimi témoigne :
    Le CIMI travaille principalement sur trois fronts. Nous effectuons d’abord des recherches sur le thème de la compensation carbone. Ensuite nous formons des communautés et des leaders de communautés indigènes sur le marché du carbone et les mécanismes qui y sont associés. Et enfin nous organisons des mobilisations pour dénoncer ces mécanismes comme étant une fausse solution.

    Au CIMI, nous pensons que notre travail au côté des communautés indigènes est fondamental parce que notre mission est de défendre la vie de ces peuples. Et le marché de la compensation carbone atteint justement la dignité des peuples indigènes, car il ne respecte pas leurs structures ni leur organisation communautaire.

    Le CIMI accompagne 13 peuples indigènes dans l’État de l’Acre.

    Tous sont impactés par les conséquences de la compensation carbone.

  • Le collectionneur d’expériences

    Au sein du Conseil indigéniste missionnaire (Cimi), partenaire du CCFD-Terre Solidaire, Lindomar Padilha lutte depuis trente ans pour que les droits des Indiens d’Amazonie brésilienne soient respectés.

    L’engagement de Lindomar Padilha au côté des Indiens d’Amazonie est né lors d’une nuit de souffrance. « C’était en 1990. J’avais 22 ans. J’effectuais mon premier séjour dans une communauté indigène, celle du peuple Aikewara, au cœur de l’État du Para. Un jour, le pajé Warini a dit vouloir m’enseigner à chasser de nuit. C’est en tout cas le prétexte utilisé pour me demander de grimper avec lui sur un arbre et d’attendre que la nuit tombe. »

    Au bout d’une heure, le sorcier-guérisseur l’informe qu’il va se rendre sur un autre lieu de chasse, mais que Lindomar doit impérativement rester assis sur cette branche jusqu’à son retour.

    Je suis toujours ému de pouvoir contribuer à la défense des peuples indigènes et, à travers eux, à celle de la vie et de toute l’humanité.

    Lindomar

    Muni de son arc et de ses flèches, le jeune homme va essuyer un violent orage, endurer le froid et subir les assauts incessants des moustiques. « Le pajé n’a réapparu qu’à l’aube, sourire aux lèvres. Sur le moment, j’ai contenu ma colère. Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris que son objectif n’était pas de m’initier à la chasse, mais de tester ma ténacité et ma loyauté à la parole donnée. Cette nuit a été fondamentale dans mon existence. » Et a conditionné son engagement au sein du Conseil indigéniste missionnaire (Cimi, partenaire du CCFD-Terre Solidaire) pour défendre les droits des Indiens.

    Rien pourtant ne prédestinait Lindomar Padilha à consacrer son existence à la défense des peuples natifs du Brésil. Né près de Rio de Janeiro, il est l’avant-dernier d’une lignée de 21 enfants. La vie dans cette famille, catholique, très pratiquante, est chiche malgré les efforts du père, petit agriculteur, dur au labeur. Pas de surprise donc lorsque l’adolescent envisage de devenir religieux. Il entre au séminaire et y passe cinq ans. Le temps de découvrir et se passionner pour la philosophie : Socrate, Platon, Descartes.

    Un jour, une inconnue lui offre Une vie, de l’Indien Jiddu Krishnamurti. C’est la révélation. « Je me suis dit que si un Indien écrivait l’histoire de l’humanité, elle n’aurait pas la même forme que celle des penseurs occidentaux. » C’est de là que va naître son intérêt pour les peuples indigènes. « Chacun de ces peuples a une identité, une langue, une spiritualité et une philosophie propres. » D’où son besoin de tenter de comprendre la logique de la pensée des peuples originaux « qui n’est pas structurée selon un modèle cartésien ». Pour y parvenir, Lindomar décide d’aller à leur rencontre. « Car plus qu’être un chercheur en philosophie, je veux être un collectionneur d’expériences. »

    Il découvre la violence des grands propriétaires terriens

    Aidé par la bienveillance de prêtres qui l’encouragent à suivre ses convictions, le jeune homme entame son expérience chez les Aikewara. Il y rencontre Rose, sa future épouse, anthropologue, elle aussi très impliquée au sein du Cimi. Il découvre surtout la violence des grands propriétaires terriens pour qui les territoires indigènes ne sont vus que comme sources d’enrichissement pour le bois et comme des freins à l’élevage extensif. Envers et contre tout, Lindomar défend une posture légaliste.

    Le développement, depuis les années 2008, des programmes de séquestration carbone, orchestrés par les pouvoirs locaux, n’a apporté que des bénéfices dérisoires aux communautés.

    « La Constitution de 1988 reconnaît les droits des peuples indigènes à posséder leur territoire. Je ne fais que me battre pour qu’elle soit appliquée. » Cette détermination lui vaut de nombreuses menaces de mort et tentatives de corruption. Mais surtout le respect des peuples indigènes qui l’accueillent avec les honneurs, où qu’il aille. « J’admire sa capacité de réflexion, mais surtout son courage, confie son épouse. Un jour, en pleine réunion avec les puissants représentants de l’Institut brésilien de l’environnement (Ibama) qui menaçaient d’incarcérer un cacique indien, Lindomar s’est levé et leur a dit : “Aussitôt que vous mettrez cet homme en prison, soyez sûrs que nous mobiliserons tous nos moyens financiers, humains et intellectuels pour le libérer”. »

    Douze jours sur les rivières pour défendre les peuples natifs

    Fin des années 1990, le couple est pressenti par le Cimi pour aller travailler dans l’État de L’Acre, à la frontière avec le Pérou. Lindomar y est promu coordinateur. « J’ai assumé cette fonction très politique par devoir », sourit-il.

    Il y apprend la diplomatie, mais renforce aussi ses convictions en constatant « combien la nature et ceux qui y vivent sont soumis à un modèle implacable et dévastateur ». En particulier depuis 2008, « avec le développement dans la région de programmes successifs de séquestration carbone, orchestrés par les pouvoirs locaux, mais dont les bénéfices pour les populations indigènes sont dérisoires ». C’est cette volonté de défendre les peuples natifs qui pousse Lindomar à embarquer encore aujourd’hui à bord de bateaux bruyants et inconfortables pour remonter, durant parfois une douzaine de jours, les cours d’eau de la région.

    « Après celle de la vie, la plus brillante des expériences est d’avoir passé tout ce temps au côté des peuples indigènes. Je suis toujours ému de pouvoir contribuer à leur défense et, à travers eux, à celle de la vie. Pas seulement de celle des peuples natifs, mais de toute l’humanité. »

    Jean-Claude Gérez

  • En Amazonie : lutter contre l’esclavage moderne

    Jules Girardet, chargé de mission Amérique Latine nous éclaire sur un enjeu méconnu en Amazonie brésilienne : le développement du travail d’esclave. Avec lui, découvrons la lutte de la CPT contre cette indignité humaine.

    Au Nord du Brésil, le drame de la servitude pour dettes dans les filières agricoles

    « On a été traité pire que des bêtes ». C’est ainsi que se résume le témoignage des nombreuses personnes victimes d’esclavage dans le Nord du Brésil.

    L’esclavage moderne est un autre fléau qui se cache derrière la déforestation de l’Amazonie, moins connu, et pourtant bien présent dans les filières agricoles brésilienne. Une réalité à laquelle sont confrontées près de 50. 000 personnes.

    Recrutées à des milliers de kilomètres de chez eux, les travailleurs ne découvriront qu’à leur arrivée qu’ils seront prisonniers de leurs dettes.

    Ils sont contraints de rembourser toutes les dépenses liées à leurs voyages, auxquels s’ajoutent bien souvent les outils, l’alimentation et le logement.

    Une facture bien évidemment impayable qui les condamne à la servitude et au travail forcé dans des conditions indignes.

    La CPT se mobilise pour éradiquer ce fléau

    La Commission Pastorale de la Terre dans le Tocantins (CPT), que nous soutenons, intervient pour venir en aide aux personnes victimes et agir sur la dépendance vis-à-vis de ceux qui les exploitent.

    L’association mène également un travail de prévention et de sensibilisation auprès de la sphère publique et politique.

    Grâce à sa lutte, l’Etat brésilien a mis en place une politique nationale pour mettre fin à ces pratiques indignes. Depuis 1995, près de 55 000 esclaves ont été libérés.

    A lire aussi : Conte de Noël amazonien : “Esclaves au milieu de la forêt. Une étoile dans la nuit.”

  • Brésil : les Indiens Huni Kuin face à leur destin

    Tout près de la frontière péruvienne, les Indiens Huni Kuin du Brésil luttent pour préserver leur mode de vie et leur culture. En cherchant des alternatives au programme de compensation carbone.

    Siã s’est arrêté net. Inquiet, le cacique du peuple Huni Kuin scrute la forêt épaisse. Soudain, plusieurs bruits sourds se succèdent à quelques dizaines de mètres, suivis d’éclats de voix. « Ce sont les employés du grand propriétaire terrien voisin, murmure l’homme de 43 ans au physique fluet. Ils marquent les arbres à coups de hache pour revenir les abattre demain. Ils sont sûrement armés. C’est dangereux de continuer. Il vaut mieux faire demi-tour. »

    Sur le chemin du retour vers son village de Formiga, Siã fait une halte devant une demi-douzaine d’arbres centenaires récemment abattus. « Ces arbres sont le symbole du danger que court mon peuple et du caractère illégal de la déforestation. Car ces terres appartiennent à l’État brésilien. Nous en avons demandé l’homologation comme terres indigènes, et il est donc interdit de déboiser. Pourtant, les fazendeiros, avec l’aide des politiciens locaux, se sont installés ici. Ils élèvent du bétail et veulent nous chasser. En détruisant la forêt, ils anéantissent notre source de nourriture, mais aussi nos plantes médicinales et notre spiritualité. »

    Le mot clé de notre démarche est l’autonomie pour pouvoir vivre sans aide ni contrainte extérieures.

    Cacique Ninawa

    Une destruction contre laquelle les HuniKuin se battent pour assurer leur survie.

    Bienvenue dans l’État de l’Acre, à l’extrémité nord-ouest de l’Amazonie brésilienne, à la frontière avec le Pérou, dans la région de Feijó. « 16 450 Indiens Huni Kuin vivent dans 17 aldeias (« villages ») répartis sur 11 territoires qui couvrent à peu près 400 000 hectares. À cela, il faut rajouter un territoire d’environ 100 000 hectares, pour lequel nous avons fait une demande d’homologation en 2002, sans réponse à ce jour », explique Ninawa Huni Kuin, président de la Fédération des peuples Huni Kuin de l’État de l’Acre (Fephac).

    Créée en 2006, l’organisation entend renforcer la cohésion et la tradition de ce peuple millénaire. « Nous veillons à sauvegarder et cultiver notre langue et nos coutumes, souligne ce charismatique quadragénaire, élu à l’âge de 28 ans à la tête de la Fephac. Le mot clé de notre démarche est “l’autonomie” pour pouvoir vivre sans aide ni contrainte extérieure. Nous luttons aussi pour l’intégrité de notre territoire. »

    Avec la déforestation, le gibier a beaucoup diminué et souvent les hommes rentrent bredouilles. Ici le cacique Ninawa. © Jean Claude Gerez

    Insécurité alimentaire

    Le village de Formiga, en bordure de la rivière Envira, se situe au cœur de ces terres non homologuées. Des dizaines de familles Huni Kuin y vivaient jusque dans les années 1960 avant de devoir s’exiler pour fuir l’invasion violente de leurs terres par des seringueros, les exploitants de caoutchouc. « À notre retour, à partir de 1998, les seringueros avaient cédé la place à de petits agriculteurs, explique Busã, 40 ans, l’un des habitants du village. Au nom de la réforme agraire, ils avaient reçu de modestes parcelles de terre de la part de politiciens locaux. Avec une condition : les paysans devaient revendre ces terres, après quelques années, à ces mêmes politiciens pour un prix modique. Ils ont ensuite regroupé ces petites exploitations, rasé la forêt et créé des pâturages pour faire de l’élevage extensif de bétail. » Un processus qui s’est accéléré dès le milieu des années 2000.

    Conséquence ? « Chaque année, les fazendeiros [grands propriétaires terriens] grignotent la forêt, assure Busã. Pendant longtemps, des hommes armés nous interdisaient même de traverser les fermes pour aller chasser. Ils posaient des pièges destinés à nous blesser. Aujourd’hui, c’est plus calme. Mais avec la déforestation, il y a beaucoup moins de gibier. Il y a encore cinq ans, on partait chasser avec la certitude de ramener un pécari, un agouti ou un tatou, atteste Busã. Actuellement, on peut passer une journée ou une nuit en forêt et rentrer bredouille. »

    Côté pêche, la situation n’était pas brillante non plus. « Mais c’est mieux cette année, se réjouit l’un des habitants de l’aldeia, en lançant sa tarafa, un filet circulaire. La présence de nombreux botos (dauphins d’Amazonie) laisse même penser qu’il y aura du poisson pendant trois ou quatre ans. »

    Le présage est d’autant plus réjouissant que les 22 familles du village de Formigane (sur)vivent que grâce à la vente d’artisanat et de bananes et, pour certaines, avec de maigres allocations familiales.

    Elles souffrent depuis plusieurs années de carences en protéines.

    Car les rendements de l’agriculture de subsistance (manioc, banane, maïs) sont faibles. « À force de planter sur les mêmes terres sans pouvoir les laisser se reposer, les récoltes sont moindres, souligne Ninawa. Surtout parce que nous ne voulons déboiser que le strict minimum et maintenir sur pied ce qui nous reste de cette forêt, qui est aussi notre pharmacie et le berceau de notre spiritualité. »

    Les rendements de l’agriculture de subsistance (manioc, bananes, maïs) sont faibles. Ici, les femmes coupent le manioc. © Jean Claude Gerez

    La législation tue les Indiens

    Pour s’en convaincre, il suffit de suivre le pajé (sorcier-guérisseur) et son épouse. Maquillés, le visage coiffé de la Coka traditionnelle en plumes d’aras, les presque octogénaires se meuvent avec souplesse dans l’épaisseur de la forêt primaire. Ils s’arrêtent parfois pour détacher quelques feuilles d’une branche en chuchotant.

    « Nous nous excusons auprès de la nature de lui faire mal et lui expliquons l’usage médicinal ou spirituel de notre cueillette », précise l’épouse du pajé. Le tout sous le regard attentif de Bixku, 38 ans, le « barde ». Lui s’est fixé comme mission de « transmettre le patrimoine oral des Huni Kuin, en particulier les chants que je glane auprès des anciens. C’est essentiel pour garantir la survie de notre culture ». Pour cela, il peut compter sur la jeune génération de Formiga qui se réunit tous les soirs, ou presque, dans la grande maison commune qui trône au milieu du village. Parmi eux, il y a Zianka, 23 ans.

    « Nous voulons préserver ce qui nous reste de forêt qui est le berceau de notre humanité. »

    Ninawa

    S’interrompant régulièrement pour inhaler du « raoé », mélange de tabac à priser et de cendres, il aime accompagner à la guitare « ces chants qui évoquent les légendes de mon peuple et notre rapport aux esprits de la forêt ».

    « La transmission de la culture et de la spiritua- lité Huni Kuin se fait aussi en classe », souligne Juba, 37 ans, enseignant et responsable de l’école construite en 2018 par l’État de l’Acre. Le professeur de langue portugaise, l’un des deux seuls fonctionnaires publics du village, y reçoit en demi-journée quelque 80 enfants, de 6 à 12 ans, dont ceux des villages Huni Kui voisins.

    Enfin y recevait, puisque l’école est fermée depuis mars 2020 pour cause de pandémie. « C’est préjudiciable pour l’apprentissage des enfants, souffle l’enseignant, par ailleurs très critique sur le contenu des programmes imposés. Rien dans les livres d’histoire ne parle des massacres des Indiens à l’époque de la colonisation ou des conditions d’esclavage auxquelles ils ont été soumis lors de l’apogée du caoutchouc. »

    Et pour Juba, les injustices continuent. « Aujourd’hui, les indigènes ne sont plus tués avec sauvagerie. C’est la loi qui les assassine. » Et notamment l’absence d’application de la Constitution du 5 octobre 1988.

    « Il suffit pourtant d’appliquer l’article 231 de la Constitution du 1988, peste Lindomar Padilha, membre du Conseil indigéniste missionnaire (Cimi), partenaire du CCFD-Terre Solidaire qui accompagne les Huni Kuin dans leurs revendications pour la démarcation de leurs terres. Il stipule que toutes les terres indigènes devaient être démarquées dans un délai de cinq ans. » Or, d’après un recensement du Cimi, sur les 1 296 terres indigènes que compte le pays, 530 terres n’ont toujours pas été régularisées.

    « La question de la terre est centrale pour la survie de mon peuple », insiste Ninawa Huni Kuin.

    Le sorcier-guérisseur et sa femme (ici sur la photo) cueillent des feuilles à usage médicinal ou spirituel. © Jean-Claude Gerez

    Refusant la « fausse bonne solution » du programme REDD (Le mécanisme « REDD [réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation forestière] attribue une valeur financière au carbone stocké dans les forêts.) de compensation carbone développé depuis plusieurs années dans l’État de l’Acre, le président de la Fephac assure que les Huni Kuin qui vivent au bord de la rivière Envira n’ont que trois solutions. « Attendre une hypothétique homologation des terres, mais c’est peu probable avec le gouvernement actuel de Jair Bolsonaro » ; affronter les propriétaires terriens voisins pour freiner la déforestation. « Nous sommes d’une nature pacifique, souligne Ninawa. De toute façon, le combat serait inégal avec nos arcs et nos vieux fusils. »

    Dernière solution ? Rechercher des fonds pour acquérir des terres attenantes qui appartiennent à un propriétaire foncier de São Paulo, la capitale économique. « Grâce au financement d’une organisation liée à l’Union européenne, nous possédons depuis peu 340 hectares de terres recouvertes de forêt primaire. »

    Une première étape : Ninawa cherche désormais à récolter quelque 100 000 euros pour acheter les 500 hectares mitoyens, également à la vente. Avec la conviction profonde que « sauver la forêt est un devoir pour tous. Car les Huni Kuin et l’humanité tout entière ont besoin de la nature pour survivre ».

  • Journée mondiale contre la faim : crise alimentaire, l’alerte rouge

    Les chiffres de la faim dans le monde atteignent des niveaux sans précédent, sous l’impact délétère de systèmes agroalimentaires obsolètes, dénoncés depuis des années, et désormais amplifiés par la crise du Covid.

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  • Brésil : défendre le droit à la terre des paysans et paysannes (Podcast)

    A l’occasion de la Journée Internationale des luttes paysannes, Floriane Louvet, chargée de mission Amérique Latine au CCFD Terre-Solidaire, nous parle du combat permanent que doivent mener les agriculteurs et agricultrices au Brésil pour défendre leurs droits.

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  • Alerte : aidons les populations brésiliennes à faire face à la crise alimentaire

    Au Brésil, le gouvernement de Bolsonaro continue de croiser les bras pendant que la COVID-19 ravage son pays. Pourtant, l’heure est à l’urgence : plus de la moitié de la population souffre d’insécurité alimentaire. L’ensemble de nos partenaires sur place est mobilisé. Aidons-les à soutenir les populations dans le besoin.

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  • Les accords Mercosur vus d’Amérique latine : 3 témoignages du Paraguay, de l’Argentine et du Brésil

    Renforcement de l’agro-industrie tournée vers l’exportation, menaces sur l’agriculture familiale, absence de débat public… Trois des organisations partenaires que nous soutenons au Paraguay, au Brésil et en Argentine alertent sur les risques sociaux et environnementaux des accords de libre-échange prévus entre l’Union européenne et le Mercosur

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  • Face à la montée des violences et des inégalités, le Brésil résiste (Podcast)

    Pour la deuxième année consécutive, la Coalition Solidarité Brésil publie son Baromètre d’alerte sur la situation des droits humains au Brésil. Floriane Louvet, chargée de mission Amérique latine au CCFD-Terre Solidaire, nous en présente les grandes lignes et nous parle de la résistance que mène la société civile brésilienne au quotidien.

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  • Publication du Baromètre d’alerte sur la situation des droits humains au Brésil

    La Coalition Solidarité Brésil (dont le CCFD-Terre Solidaire est membre) publie ce mardi 19 janvier 2021, les résultats de son 2ème baromètre d’alerte sur la situation des droits humains au Brésil. Première étude annuelle qui propose un état des lieux détaillé et actualisé de la situation sociale, politique et environnementale au Brésil. Les données concernant 11 thématiques ont été analysées (racisme et violences policières, violences faites aux femmes, travail, sécurité alimentaire, justice environnementale, éducation…), donnant ainsi un décryptage le plus complet possible de la situation. Ces analyses ont été produites en partenariat avec plusieurs organisations sociales brésiliennes

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  • A mi-parcours de la présidence Bolsonaro, la société civile brésilienne souffre et lutte

    La 2ème édition du Baromètre d’alerte sur la situation des droits humains et environnementaux au Brésil, publié ce 19 janvier 2021, montre une aggravation explosive de la situation : face à la violence de la répression, l’accroissement des inégalités, et une déforestation sans précédent, la société civile appelle à la BRESISTANCE

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  • L’histoire de Liu, figure du Mouvement des Sans Terre au Brésil

    ©MST

    Elle est l’une des nombreuses femmes sans terre qui se battent contre la violence et la pauvreté au Brésil. Lucineia, souvent surnommée Liu, est devenue aujourd’hui l’une des dirigeantes du Mouvement des Sans Terre qui regroupe 350 000 familles.

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