-
Qu’est-ce que le Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale (CSA)?
Le Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale (CSA) est le comité intergouvernemental des Nations Unies chargé des questions de sécurité alimentaire et de nutrition. C’est la plateforme la plus à même de coordonner les réponses à la crise des prix alimentaires qui arrive.
Les populations affectées impliquées
Le CSA est la principale plateforme internationale émettant des recommandations politiques en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. Créé en 1974, puis réformé après les émeutes de la faim, la plus value du CSA est qu’il permet de réellement impliquer dans l’ensemble de ses décisions les pays et populations les plus affectés par l’insécurité alimentaire, en se basant sur une approche par les droits.
C’est ainsi l’espace international le plus inclusif existant pour lutter contre la faim dans le monde. Lieu de dialogue et de négociation, il implique tous les acteurs impliqués dans le domaine de la sécurité alimentaire et la nutrition :
– les gouvernements
– la société civile (organisations de producteurs, peuples autochtones et ONG)
– le secteur privé international
– les instituts de recherche
– les institutions financières internationales
– les organisations des Nations Unies (FAO, PAM…)
– les fondationsToutefois seuls les États y disposent d’un droit de vote.
Des recommandations politiques
Les recommandations négociées au CSA sont toutes issues d’un long travail de recherche fourni par le HLPE (un groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition). D’une certaine manière, le HLPE est à l’agriculture ce que le GIEC est au climat. Chaque année, il est en charge de rassembler, sous la houlette des principaux experts mondiaux, l’ensemble de la littérature scientifique afin de produire un rapport sur une thématique précise (changement climatique, genre, volatilité des prix, agroécologie, questions foncières, biocarburants etc).
Suite à ces rapports, l’ensemble des membres du CSA se retrouve pour transformer ses conclusions en recommandations politiques.
Les six fonctions du CSA
Le rôle clé de la société civile
La société civile joue un rôle clé dans les négociations. Regroupée sous l’égide du Mécanisme de la société civile et des peuples autochtones (MSC), elle participe à toutes les étapes des processus. Du choix des thématiques, au rapport du HLPE jusqu’à la négociation entre les États, elle produit et valorise ses propres argumentaires, témoigne de la réalité du terrain et s’exprime d’une seule voix.
A ce jour le MSC regroupe plus de 300 millions de membres. Le CCFD-Terre Solidaire et ses partenaires sont très investis dans ses différents groupes de travail.
Coordonner la réponse à la crise alimentaire
Le CSA se réunit chaque année en octobre au siège de la FAO, à Rome. Cette session rassemble 137 Etats et plus de 200 organismes du groupe consultatif. Des réunions intermédiaires sont organisés tout au long de l’année.
Suite à la guerre en Ukraine, le monde fait face à une crise des prix alimentaires sans précédent qui va avoir des conséquences dramatiques. C’est une crise complexe qui nécessite une coordination internationale. Le CSA, réformé pour pouvoir agir dans un tel contexte, est le plus pertinent pour coordonner les réponses à la crise. Or, à ce jour il n’a toujours pas été mandaté par les États.
Nous demandons que la France qui assure la présidence de l’Union Européenne, se positionne clairement pour que le CSA propose et coordonne un plan d’action international.
Aller plus loin :
Journal de bord de la crise alimentaire
L’impact de la guerre en Ukraine sur la crise alimentaire (infographie)
Tout ce qu’il faut savoir sur les mots de la faim -
Tout ce qu’il faut savoir sur les mots de la faim
Que signifient les termes crise alimentaire, famine, sécurité alimentaire… Ce lexique apporte des définitions simples pour des mots fréquemment utilisés dans les médias pour parler de la faim, parfois à mauvais escient. Cet article est là pour décrypter toutes ces notions.
Quand parle-t-on de crise alimentaire ?
Une crise alimentaire désigne le fait que la situation alimentaire d’un pays, une région ou un continent s’aggrave de façon spectaculaire sur une courte période. Une crise alimentaire est déclarée dans un pays connaissant une dégradation subite de sa situation alimentaire si 1 des 3 critères suivants est respecté :
- Au moins 20% de la population du pays est en insécurité alimentaire
- Au moins 1 million de personnes dans le pays sont en insécurité alimentaire
- Une zone entière du pays est en insécurité alimentaire
La famine, pour alerter sur la gravité d’une situation
La famine est un état de pénurie alimentaire grave s’étendant sur une longue durée et qui conduit, si non solutionnée, à la mort des populations concernées. C’est un terme principalement politique qui est bien souvent utilisé par les Nations Unies ou les ONG humanitaires pour alerter l’opinion sur une situation particulièrement grave au niveau local.
Qu’est-ce que l’insécurité alimentaire ?
Une personne est en situation d’insécurité alimentaire lorsqu’elle n’a pas un accès régulier à suffisamment d’aliments sains et nutritifs pour une croissance et un développement normaux et une vie active et saine. Cela peut être dû à l’indisponibilité de nourriture et/ou au manque de ressources pour se procurer de la nourriture. L’insécurité alimentaire peut être ressentie à différents niveaux de gravité (légère, modérée, grave). En 2020, 2,4 milliards d’individus souffraient d’insécurité alimentaire, un chiffre en hausse pour la sixième année consécutive.
La sécurité alimentaire, un concept bien défini :
La sécurité alimentaire est un concept défini par l’accès régulier de tous les individus d’une population à une alimentation de qualité et en quantité suffisante pour satisfaire leurs besoins fondamentaux. Les quatre piliers de la sécurité alimentaire sont :
- La disponibilité des aliments
- L’accès aux aliments
- L’utilisation des aliments
- La stabilité de l’approvisionnement
De nombreux débats ont lieu actuellement pour y ajouter un cinquième pilier garantissant l’équité des individus dans leurs capacités de production et leur choix alimentaire.
La malnutrition définit un état nutritionnel :
La malnutrition se définit par les carences, les excès ou les déséquilibres dans l’apport énergétique et/ou nutritionnel d’une personne. C’est un état nutritionnel qui est la conséquence d’une alimentation mal équilibrée en quantité et/ou en qualité. La malnutrition couvre donc tant la sous-nutrition que la sur-nutrition.
Sous-nutrition :
La sous-nutrition est un état résultant d’un apport alimentaire insuffisant pour couvrir les besoins en énergie et en nutriments. Elle se caractérise par une insuffisance pondérale, une taille trop petite (retard de croissance) ou trop fine (émaciation) pour l’âge ou la taille, ou une carence en vitamines et minéraux.
Sur-nutrition :
La sur-nutrition désigne un excès ou un déséquilibre dans l’apport énergétique et/ou nutritionnel d’une personne. Une personne est en surpoids si elle présente une accumulation excessive de graisse qui constitue un risque pour sa santé. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit le surpoids chez les adultes comme un Indice de Masse Corporelle supérieur ou égal à 25.
Sous-alimentation :
La sous-alimentation est une sensation physique inconfortable ou douloureuse causée par une consommation insuffisante de calories. Elle devient chronique lorsque la personne ne consomme pas une quantité suffisante de calories sur une base régulière pour mener une vie normale, saine et active.
Qu’est ce que la souveraineté alimentaire :
La souveraineté alimentaire est le droit des populations, de leurs États ou Unions à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis à vis des pays tiers. La souveraineté alimentaire est un concept de solidarité et de complémentarité, qui vise à remettre les populations et les citoyens au cœur des choix agricoles et alimentaires nationaux.
En savoir plus sur nos actions en faveur de la souveraineté alimentaireAgroécologie :
L’agroécologie est une approche globale de l’agriculture et de l’alimentation qui favorise l’émergence de systèmes agricoles et alimentaires durables et diversifiés. Ces systèmes permettent aux paysannes et paysans de vivre de leur métier et aux populations locales d’avoir accès à des produits de qualité. L’agroécologie propose une véritable transformation et redéfinition de nos pratiques et habitudes agricoles et alimentaires. Elle a pour objectif une gestion juste et responsable des biens communs que sont l’eau, la terre, l’air, la biodiversité et l’équilibre du climat.
-
L’impact de la guerre en Ukraine sur la crise alimentaire (infographie)
Pourquoi la guerre en Ukraine aggrave considérablement la crise alimentaire et fait-elle flamber les prix? Explications en infographies
Les prix alimentaires mondiaux flambent
La Russie et l’Ukraine sont des exportateurs importants de multiples céréales : blé, tournesol, maïs.
Mais la Russie et l’Ukraine ne sont pas seulement des exportateurs de céréales alimentaires.
Ils sont aussi :
- de gros producteurs de tourteaux de tournesol dont dépend fortement l’alimentation animale dans le monde entier
- des producteurs d’engrais, de pesticides, et de carburant dont dépendent fortement les agricultures industrielles.
La Russie et l’Ukraine exportent 20% du marché mondial d’engrais.
La hausse des prix de l’énergie a un impact sur celui de l’alimentation
Les agricultures industrialisées sont devenues très dépendantes du pétrole et du gaz, nécessaires à la production d’engrais et de pesticides.
Les exportations compromises
Du fait d’une nécessité de nourrir la population par temps de conflits l’Ukraine a annoncé le 9 mars dernier une cessation temporaire de l’ensemble de ses exportations de blé, de sucre et de viande.
Côté russe, si les sanctions économiques épargnent pour le moment le volet alimentaire, la Russie utilise la faim comme une arme géopolitique. Elle limite actuellement ses exportations alimentaires à destination des pays jugés “inamicaux” notamment pour faire pression sur le groupe des non-alignés.
Par crainte d’une future pénurie de denrées alimentaires les acteurs économiques spéculent sur marchés boursiers, notamment pour le blé et le soja, pendant que d’autres États se constituent des stocks. Cependant à l’échelle mondiale, il n’y pas de pénurie de blé et de maïs car d’autres pays compensent le manque d’exports russes et ukrainiens. A ce jour, la spéculation financière est le principal facteur de la flambée des prix des céréales et provoque une forte fluctuation des prix. En quelques semaines, la tonne de blé a ainsi oscillé entre 200 et 400 euros, atteignant son plus haut niveau en 14 ans. Les prix du maïs atteignent leur plus haut niveau historique.
Par ricochet, certaines cultures locales, à priori non concernées par la crise, se mettent aussi à augmenter.
Au delà des céréales, ce sont aussi les prix de la viande et des produits laitiers qui augmentent.
Les pays les plus touchés
Les pays du Sud sont les plus durement touchés.
En Europe, il n’y a pas de pénurie de denrées agricoles et alimentaires (l’Europe est exportateur net de céréales et de viande). Mais l’Europe est sujette à une hausse des prix alimentaires qui va s’aggraver du fait de la hausse du prix de l’énergie.
En 2019, selon les Nations Unies, 70% des individus souffrant de la faim vivent dans des pays caractérisés par leur forte dépendance aux marchés internationaux (pour l’import comme pour l’export).
Conséquences de la hausse des prix
Des réponses contreproductives des États
Un nombre croissant d’États prennent des mesures unilatérales pour assurer la sécurité alimentaire de leur population et cessent par exemple de manière préemptive leur exportations alimentaires (par exemple l’Inde) ou cherchent à constituer des stock de denrées alimentaires (Maroc ou Chine). Si de telles mesures sont compréhensibles d’un point de vue national pour assurer la sécurité alimentaire de la population, cela contribue fortement, en période de crise des prix, à une tendance générale à la hausse. Ces mécanismes furent l’un des facteurs majeurs des émeutes de la faim en 2009.
De même, les restrictions de certains États (principalement la Russie) concernant leurs exportations d’engrais nourrissent la hausse du prix de ces derniers sur les marchés internationaux.
Certains fabricants d’engrais, en situation d’oligopole sur le marché mondial, peuvent par ailleurs stopper de manière unilatérale leurs productions en raison des coûts du gaz. C’est notamment le cas de Yara, premier fabricant d’engrais minéral au monde, qui a arrêté pendant 3 semaines en mars sa fabrication d’engrais dans l’usine de fabrication du Havre et de Ferrare (Italie).
Face aux prix record du blé, certains agriculteurs réorientent leurs cultures vers la production de cette céréale. C’est par exemple le cas des agriculteurs canadiens qui délaissent entre autres les cultures de graines de moutarde pour se tourner vers le blé. Si cette réorientation des cultures peut s’avérer rentable pour les agriculteurs concernés, elle va bouleverser les équilibres mondiaux sur d’autres denrées alimentaires et accentuer la hausse des prix sur ces dernières.
D’autres productions perdent leur destination alimentaire et sont directement transformées en biocarburant. Ces opérations sont plus rentables pour les agriculteurs dans un contexte de crise des prix de l’énergie que la vente des productions et plus attractives pour les consommateurs dans un contexte de hausse des prix des carburants fossiles, mais elles amplifient grandement la volatilité des prix alimentaires sur les marchés internationaux..
Quelles mesures mettre en place ?
L’enjeu pour sortir de cette crise est triple, il convient à la fois de :
- Limiter la hausse des prix
- Renforcer la capacité des États à y faire face
- Limiter les impacts sur les populations les plus vulnérables.
Cette triple nécessité demande des actions d’urgence à prendre au cours des 6 prochains mois. Ces actions doivent être coordonnées au niveau international par le Comité sur la Sécurité Alimentaire Mondiale de l’ONU. Il est impératif que le Comité se réunisse en urgence en juin ou juillet sur le sujet.
Aller plus loin :
Flambée des prix : l’impact de la guerre en Ukraine
Nos propositions de mesures pour faire face cette crise
Guerre en Ukraine : les bombes de la faim -
Le faux nez vert de TotalEnergies #StopCompensation
Changement de nom, stratégie climat, plan de « neutralité carbone », le pétrolier multiplie les annonces pour convaincre de sa transition écologique… tout en développant ses projets d’exploitation d’hydrocarbures dans le monde.
Le printemps est une saison propice pour parler regain végétal. Mi-mars, Total annonçait la signature d’un accord avec le gouvernement du Congo pour planter une vaste forêt d’acacias de 40 000 hectares (environ deux fois le massif de Fontainebleau) sur les plateaux Batéké.
Objectif : créer un « puits » d’absorption de CO2 atmosphérique, en compensation d’une partie des émissions générées par l’activité du pétrolier français. La croissance des arbres devrait en séquestrer 10 millions de tonnes sur vingt ans. Recours à une agroforesterie bénéficiant aux populations locales, accroissement de la biodiversité, production de bois d’œuvre par des coupes sélectives : la présentation du projet est bien ripolinée.
Deux mois plus tard, lors de son assemblée générale annuelle, le pétrolier devient TotalEnergies pour affirmer son ambition de devenir un acteur majeur des énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque, biomasse…) et présente à ses actionnaires son plan visant la « neutralité carbone » en 2050 Il recueille plus de 90 % des votes.
Total va rester un acteur majeur des énergies fossiles
Voilà pour la communication verte. Que les organisations écologistes et de solidarité internationale se sont empressées de démonter. « Le pétrolier tient un double langage, résume Myrto Tilianaki, chargée de mission souveraineté alimentaire et climat au CCFD-Terre Solidaire.
Car, en dépit de ses annonces, il entend poursuivre significativement sa production d’hydrocarbures. TotalEnergies va rester un acteur majeur des énergies fossiles. »
Première émettrice de CO 2 du panel du CAC40, et produisant à ce jour 447 fois plus d’énergies fossiles que renouvelables, l’entreprise est bien loin du compte, et son plan de neutralité carbone semble conçu pour noyer le poisson.
Pour l’étape intermédiaire cruciale de 2030, il vise une réduction de 40 % du CO 2 émis par ses activités (exploitation, raffinage, transport…) « Mais ce périmètre ne représente que de 10 % des émissions de l’entreprise, décrypte Henri Her, de l’association Reclaim Finance[1]. Le reste, 90 %, provient de la combustion des hydrocarbures vendus par le pétrolier. »
Un segment où l’entreprise limite son engagement à une baisse de 30 % des émissions pour l’Europe seule. En référence aux calculs du cabinet Carbone 4, l’engagement de TotalEnergies ne correspond qu’à environ 25 % de l’effort nécessaire pour agir en cohérence avec l’accord de Paris, qui vise à contenir le réchauffement planétaire à 2 °C d’augmentation maximum, voire 1,5 °C d’ici à 2050.
Pour faire bonne mesure, le pétrolier veut recourir massivement aux pratiques de compensations controversées (voir p. 17) du captage et stockage de CO2 , avec l’important projet Northern Light en cours en Norvège, et la plantation de forêts dans les pays du Sud. « Le moyen aujourd’hui le plus efficace pour éliminer le carbone, pour moins de dix dollars la tonne », vantait, en 2019, Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies. Surtout s’il s’agit de mono-culture de variétés à croissance rapide, comme l’acacia au Congo.
De multiples questions surgissent dans le grand flou qui entoure le projet congolais, écrit un rapport endossé par près de 80 organisations[2]. Ainsi, une grande partie de ces terres abriteraient des groupes de Pygmées autochtones Aka et des communautés paysannes bantous, dont il faut imaginer l’expulsion. TotalEnergies parle de compensations et de création d’emplois, sans plus de précisions. Aucun détail ni cartographie précise, pas plus que d’éléments sur d’éventuelles discussions avec ces populations locales.
Comble de duplicité, le pétrolier prévoit qu’en 2030 les sources renouvelables ne représenteront que 15 % du volume d’énergie qu’il délivrera, alors que 80 % de ses investissements iront encore à des projets d’hydrocarbures, misant en particulier une augmentation de 30 % de sa production de gaz fossile au cours de la prochaine décennie.
En mai dernier, l’Agence internationale de l’énergie (AIE), boussole constante des acteurs dominants de l’énergie depuis des décennies, poursuivait un revirement guidé par sa prise de conscience de l’urgence climatique en préconisant qu’aucune nouvelle réserve pétrolière ou gazière ne soit désormais mise en exploitation.
Un message opportunément décrété trop « radical » par la direction de TotalEnergies.
En Ouganda près de de 100 000 personnes seraient affectées
Première émettrice de CO2 du panel du CAC40, et produisant à ce jour 447 fois plus d’énergies fossiles que renouvelables, l’entreprise est bien loin du compte.
On comprend pourquoi : peu encombré par ses minces habits verts, le pétrolier se prépare à forer comme au bon vieux temps. En Arctique bientôt, où la manne représente 5,6 % des réserves gazières. Plus actuel, le mégaprojet pétrolier Tilenga (400 puits en Ouganda) engagé en 2019, avec 1 445 km d’oléoduc (Eacop) jusqu’à la côte tanzanienne. Près de 100 000 personnes seraient affectées, avec un lot – hélas classique ! – de spoliations et de violations de droits déjà documentées, estiment les Amis de la Terre.
« Outre la facture climatique de cette production d’énergie fossile, il faut s’attendre à des catastrophes écologiques – pollution potentielle des lacs proches, destruction de biodiversité, conséquence des risques sismiques locaux », redoute Léa Kulinowski, juriste de l’association. Une étude du cabinet étasunien E-Tech International sanctionne : les techniques retenues par TotalEnergies sont les moins coûteuses et avec le plus fort impact socio-environnemental. « L’itinéraire semble dessiné dans le but de mettre en danger le plus grand nombre d’animaux possible », s’offusque l’écologiste américain Bill McKibben, fondateur de l’association 350.org. Un signe : la BNP, le Crédit agricole et la Société générale, les trois grandes banques françaises pourtant si friandes de ce genre d’investissements, n’ont pas souhaité financer Tilenga-Eacop.
Au nord du Mozambique, le pétrolier français fait aussi parler de lui « à l’ancienne ». Dans les années 2000, de gigantesques réserves de gaz naturel ont été découvertes au large de la province de Cabo Delgado, et TotalEnergies pilote un consortium d’acteurs pour la construction d’un énorme complexe de liquéfaction du gaz naturel (GNL), pour son exportation par des navires spécialisés.
Environ 550 personnes ont été déplacées dans des conditions déplorables, témoigne l’association mozambicaine Justiça Ambiental, partenaire du CCFD-Terre Solidaire. Et l’insurrection armée de groupes djihadistes locaux aurait déjà causé 2 600 morts. « Leur conflit historique envers le pouvoir central a été attisé par cette prédation de ressources naturelles, soutenue sans réserve par le gouvernement », rapporte Anna-Lena Rebaud, chargée de campagne climat et transition juste aux Amis de la Terre.
En avril dernier, alors que des attaques ont ciblé la ville de Palma, centre névralgique de la fièvre gazière, TotalEnergies gèle le projet qui devait livrer ses premières cargaisons de GNL en 2024. Un abandon en règle ? Plutôt une pause dans l’attente d’un retour au calme : chiffré à 20 milliards de dollars, et financé, ce projet est le plus important investissement africain à date.
Et la manne annuelle fournirait l’équivalent du tiers des importations de gaz naturel de l’Europe !
[1] Voir notamment son rapport conjoint avec Greenpeace « Total fait du sale : la finance complice ? », reclaimfinance.org
-
COP 26 : tout ce qu’il faut savoir sur le rendez-vous climat
Alors que le dernier rapport du GIEC sonne l’alerte rouge, la COP 26, prévue à Glasgow du 31 octobre au 12 novembre 2022, est attendue au tournant pour répondre à l’urgence climatique. Mais qu’est-ce qu’une COP et à quoi sert-elle ? On fait le point.
-
Tout comprendre sur le devoir de vigilance (FAQ)
Qu’est ce que la loi sur le devoir de vigilance ? Alors qu’une directive européenne pourrait bien voir le jour dans les prochains mois, on répond à toutes les questions que vous vous posez sur cette loi destinée à lutter contre l’impunité des multinationales .
-
Colombie : trois minutes pour comprendre la mobilisation populaire cinq ans après l’accord de paix
Cinq ans après la négociation de l’Accord de paix en Colombie, une forte révolte populaire portée par la jeunesse se fait entendre. La mobilisation du « Paro » refuse l’héritage de la violence des conflits armés et conteste le gouvernement d’Iván Duque pour son manque de volonté à tenir compte des revendications d’une partie de la population. Décryptage.
-
Comprendre la colonisation à Jérusalem en trois minutes
Une nouvelle fois, c’est de Jérusalem qu’est parti l’embrasement et la révolte des Palestiniens. Connue pour abriter les lieux saints des trois monothéismes, les Palestiniens y sont soumis à un statut de seconde zone et sont menacés d’expulsion dans plusieurs endroits de la ville.
Pour bien comprendre la situation, voici quelques repères concrets à avoir en tête si vous avez l’impression que le conflit vous dépasse… -
Deux minutes pour comprendre les limites des politiques d’intervention au Sahel (infographie)
Huit années d’opérations militaires, et pourtant les pays de l’Afrique sahélienne continuent de faire face à une crise multidimensionnelle. Face à ce bilan, la Coalition Citoyenne pour le Sahel publie ses recommandations pour que la protection des populations devienne une priorité.
-
Deux minutes pour comprendre les enjeux de la taxation des grandes fortunes en Amérique Latine (infographie)
Sur le continent le plus inégalitaire du monde, la crise de la Covid-19 renforce les inégalités : alors que les plus riches s’enrichissent, des millions de personnes plongent dans la détresse. Pour faire face à cette crise sans précédent, le réseau Latindadd démontre la nécessité d’instaurer un impôt sur la fortune.
-
Note de positionnement sur l’agroécologie paysanne et solidaire
Au CCFD-Terre Solidaire, on promeut et on met en œuvre beaucoup de projets depuis une trentaine d’années autour de l’agroécologie. Il était temps de capitaliser toute cette expérience et de présenter ce qu’est pour nous l’agroécologie. C’est chose faite à travers une note de positionnement
-
France-Sahel : Consulter en replay les conférences en partenariat avec l’IRIS
Un collectif d’organisations françaises et sahéliennes, en partenariat avec l’IRIS, lancent un cycle de conférences pour ouvrir le dialogue sur la politique de la France au Sahel. Retrouvez les conférences-débats en replay.
Le CCFD-Terre Solidaire, Care France, Oxfam, le Secours Catholique et Tournons la page, en partenariat avec (IRIS) lancent un cycle de conférences et de débats sur le Sahel. L’objectif, re-dynamiser le dialogue, à partir d’une diversité d’acteurs et d’expertises.
Ce cycle de conférences, en plusieurs rencontres échelonnées d’octobre à janvier 2022, est l’occasion de valoriser les perspectives et les solutions trop méconnues portées par les sociétés civiles sahéliennes. Elles veulent aussi alimenter le débat public en France en amont des élections présidentielles et législatives de 2022.
Pourquoi ouvrir le débat ?
Depuis huit ans, la France est engagée militairement au Sahel avec l’opération Serval puis Barkhane, et se positionne comme le chef-de-file de l’action de la communauté internationale pour répondre aux défis qui se jouent au Sahel.
Mais depuis 2012, la situation ne cesse de se dégrader. La région est confrontée à une situation humanitaire critique et à une hausse de l’insécurité dans des zones, auparavant épargnées. Les limites de l’intervention française (et internationale) sont de plus en plus partagées et percent dans l’espace public et médiatique.
Pour aller plus loin : Deux minutes pour comprendre les politiques d’intervention au Sahel
Les récents événements en Afghanistan amènent à s’interroger sur l’interventionnisme occidental dans le monde, et plus spécifiquement sur celui de la France au Sahel.
En lançant en avril dernier un Appel à une refondation de la politique sahélienne de la France, les acteurs de la solidarité internationale souhaitent ouvrir le débat sur la nécessité de redéfinir la stratégie de la France dans la région, à quelques mois de l’élection présidentielle et alors que le président Emmanuel Macron a récemment annoncé l’évolution stratégique de l’opération Barkhane.
+ 4 millions
de personnes sahéliennes déplacées en raison des violences.8 ans
d’opérations militaires françaises au SahelCar depuis huit ans, ce débat n’a que trop manqué. Il doit désormais s’ouvrir avec les Sahéliens et les Sahéliennes, et en particulier les sociétés civiles de la région, rarement écoutées et pourtant porteuses d’idées qui n’attendent qu’à être entendues.
Il doit permettre de rassembler des acteurs d’horizons différents –universitaires, diplomates, acteurs du développement et de l’humanitaire, diasporas, militaires, élu.e.s, journalistes– qui ont tous une réflexion à apporter. Le temps du débat est venu !
Les conférences-débats :
Lundi 4 octobre, conférence inaugurale :
Stratégie de la France au Sahel : le temps du débat
Jeudi 21 octobre, conférence-débat :
Crise multiforme au Sahel : quelles stratégies et approches pour y répondre ?
Lundi 29 novembre, conférence-débat :
Développement au Sahel : quel rôle pour la France et l’Europe ?
Vendredi 10 décembre, conférence-débat :
Lundi 10 janvier, conférence-débat :
Briefing sur l’Afrique de l’Ouest et le Sahel
Avec Cécile YOUGBARÉ (membre de la Coalition citoyenne pour le Sahel et coordinatrice plaidoyer pour Médecins du Monde) invitée du Conseil de Sécurité de l’ONUVendredi 14 janvier, conférence en Chatam House :
Interventions militaires au Sahel : quel avenir et quelles alternatives ?
Réformes de la gouvernance au Sahel : quel rôle et quelles responsabilités pour la France ?
Pour aller plus loin :
Notre dossier : La France en Afrique, parlons Sahel
Opinion : Pourquoi il faut refonder la politique de la France au Sahel
-
Six mythes autour de la compensation carbone
Plutôt que de privilégier la réduction des émissions de gaz à effet de serre, les politiques climatiques se tournent massivement vers les projets de compensation carbone. Mais l’impact de ces projets reste sujet à caution et ne permet pas de réduire les émissions.
Voici six mythes autour de la compensation carbone qu’il est temps de détricoter! -
Label bas-carbone : une fausse solution à la française
Le label bas-carbone, créé en 2018 par le gouvernement français, vise à « récompenser les comportements vertueux » dans les secteurs tels que la forêt, l’agriculture, le bâtiment ou les transports.
Le problème? Non seulement le label ne va pas aider à la lutte contre le dérèglement climatique, mais il risque de retarder la transition à l’agroéocologie et fait courir de nouveaux risques aux agriculteurs