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En Midi Pyrénées les belles rencontres avec notre partenaire venu de République dominicaine

mai 5th, 2022 by

– La mission envers les migrants haïtiens est essentielle car ils sont très discriminés. Ils forment en effet environ 82,5 % des migrants de la République dominicaine, qui représentent eux-mêmes 8,6 % de la population du pays ; la plupart sont sans titre de séjour (de même que leurs enfants) ; ils sont venus pour fuir la misère, travaillant dans les plantations ou en ville dans les chantiers de construction, avec des salaires nettement inférieurs aux locaux ou aux autres migrants. Pire, en 2013, la cour constitutionnelle a annulé les actes de naissance des enfants de migrants haïtiens dont l’un des parents était sans papier. 200.000 jeunes sont alors devenus apatrides et sont fréquemment expulsés de manière expéditive par des bus-prisons ; en quelques heures, ils sont emmenés à la frontière et renvoyés à Haïti, alors qu’ils n’y connaissent souvent personne. Le Centre propose donc une aide juridique et financière aux migrants pour demander leurs papiers avec l’aide d’avocats haïtiens. En 2014 après beaucoup de protestations, le gouvernement a proposé à ces « apatrides » de demander une naturalisation, mais les démarches sont tellement complexes et coûteuses que seules 200 ont abouti. Enfin, pour tenter d’empêcher leur arrivée, le gouvernement envisage la construction d’un mur de séparation sur les 376 km de la frontière avec Haïti, alors que des hôpitaux en construction attendent encore d’être achevés…

En ce printemps 2022, le CCFD-Terre Solidaire a renoué avec les joies de l’accueil des partenaires internationaux après 2 ans d’absence… Dans le diocèse de Toulouse, le partenaire est venu de la République dominicaine, destination préférée des Français pour leurs vacances exotiques, la plus grande moitié de cette île coupée en 2 pays, bien différents par la langue, la religion et le niveau de vie.

La République dominicaine, ancienne colonie espagnole et Haïti, ancienne colonie française.

Nous avons accueilli Amin, un des responsables du Centre Montalvo, fondé par les Jésuites en 1997 qui a 2 missions : soutenir les migrants haïtiens et sensibiliser à la protection de la nature.

 Depuis 2018, le CCFD-Terre solidaire accompagne ce projet, totalement en phase avec ses valeurs et avec celles de l’écologie intégrale promue par le Pape François. Amin Matias Vasquez est un jeune animateur formé à l’université, motivé et souriant ; il accompagne les réseaux de jeunes, au prix de longs déplacements dans les 4 bureaux du Centre, situés à la capitale, à Santiago et près de la frontière avec Haïti, au nord et au sud. Son travail l’amène aussi à participer à des journées de mobilisation, des marches, à rencontrer des autorités pour de l’assistance juridique et du plaidoyer…

– le travail autour de la sécurité alimentaire est aussi indispensable dans une île fragilisée par les événements climatiques graves, la déforestation et des projets miniers dans la cordillère centrale. Le Centre appuie des initiatives d’agriculture communautaire par exemple dans la province montagneuse de Dajabon. Mais ces zones sont menacées par des entreprises d’exploitation minière, notamment une mine d’or à ciel ouvert utilisant du cyanure. De grands risques pour les populations voisines et pour la ressource en eau du pays. D’autres mines d’entreprises canadiennes existent déjà… Le Centre participe au forum binational sur le changement climatique avec les Universités dominicaines et 30 associations haïtiennes, car il est essentiel de régler ensemble les problèmes des 2 parties de l’île.

« Nous habitons tous la même maison », rappelle Amin reprenant le message du pape François… La sauvegarde de la maison commune nous appelle tous à une fraternité sans frontières, ce qui a tout son sens au CCFD-Terre solidaire !

Les rencontres de notre partenaire Amin ont donc bien été fructueuses!

Merci aux organisateurs, aux participants et aux donateurs qui ont permis ce séjour d’Amin en terre garonnaise

Pour plus d’informations sur son séjour, vous pouvez consulter les liens ci-dessous:

Qu’est-ce que le Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale (CSA)?

mai 4th, 2022 by

Le Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale (CSA) est le comité intergouvernemental des Nations Unies chargé des questions de sécurité alimentaire et de nutrition. Dans la lutte contre la faim, c’est la plateforme la plus à même de coordonner les réponses internationales. Mais beaucoup d’Etats préfèrent la contourner au profit d’initiatives favorisant des entreprises privées

Les populations affectées impliquées

Le CSA est la principale plateforme internationale émettant des recommandations politiques en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. Créé en 1974, puis réformé après les émeutes de la faim en 2008, la plus value du CSA est qu’il permet de réellement impliquer dans l’ensemble de ses décisions les pays et populations les plus affectés par l’insécurité alimentaire, en se basant sur une approche par les droits.

C’est ainsi l’espace international le plus inclusif existant pour lutter contre la faim dans le monde. Lieu de dialogue et de négociation, il implique tous les acteurs impliqués dans le domaine de la sécurité alimentaire et la nutrition :
– les gouvernements
– la société civile (organisations de producteurs, peuples autochtones et ONG)
– le secteur privé international
– les instituts de recherche
– les institutions financières internationales
– les organisations des Nations Unies (FAO, PAM…)
– les fondations

Toutefois seuls les États y disposent d’un droit de vote.

Des recommandations politiques

Les recommandations négociées au CSA sont toutes issues d’un long travail de recherche fourni par le HLPE (un groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition). D’une certaine manière, le HLPE est à l’agriculture ce que le GIEC est au climat. Chaque année, il est en charge de rassembler, sous la houlette des principaux experts mondiaux, l’ensemble de la littérature scientifique afin de produire un rapport sur une thématique précise (changement climatique, genre, volatilité des prix, agroécologie, questions foncières, biocarburants etc). 

Suite à ces rapports, l’ensemble des membres du CSA se retrouve pour transformer ses conclusions en recommandations politiques.

Les six fonctions du CSA

Le rôle clé de la société civile

La société civile joue un rôle clé dans les négociations. Regroupée sous l’égide du Mécanisme de la société civile et des peuples autochtones (MSC), elle participe à toutes les étapes des processus. Du choix des thématiques, au rapport du HLPE jusqu’à la négociation entre les États, elle produit et valorise ses propres argumentaires, témoigne de la réalité du terrain et s’exprime d’une seule voix.

 A ce jour le MSC regroupe plus de 300 millions de membres. Le CCFD-Terre Solidaire et ses partenaires sont très investis dans ses différents groupes de travail.

Coordonner la réponse à la crise alimentaire

Le CSA se réunit chaque année en octobre au siège de la FAO, à Rome. Cette session rassemble 137 Etats et plus de 200 organismes du groupe consultatif. Des réunions intermédiaires sont organisés tout au long de l’année.

Suite à la guerre en Ukraine, le monde fait face à une crise des prix alimentaires sans précédent qui va avoir des conséquences dramatiques. C’est une crise complexe qui nécessite une coordination internationale. Le CSA, réformé pour pouvoir agir dans un tel contexte, est le plus pertinent pour coordonner les réponses à la crise. Or, à ce jour il n’a toujours pas été mandaté par les États. 

Nous demandons que la France se positionne clairement pour que le CSA propose et coordonne un plan d’action international.

Aller plus loin :

A la rencontre des responsables du Parc Naturel du Morvan avec le partenaire d’Inde du CCFD-Terre Solidaire

mai 2nd, 2022 by

Le 24 mars dernier, une équipe du CCFD-Terre Solidaire s’est déplacée au Parc naturel du Morvan en compagnie de Sricharan Behera, partenaire d’Inde venu en Bourgogne Franche-Comté à l’occasion du Carême 2022.

L’accueil du Président du Parc, Monsieur Sylvain Mathieu, suivi d’un exposé par le chargé de mission « forêt & filière bois », Monsieur Théo Damasio, a été particulièrement chaleureux et très intéressant.

La rencontre entre ces experts français et indien, tous passionnés de la forêt et sur la manière dont il est urgent de s’en préoccuper pour en sauvegarder l’équilibre avec ses habitants et leur « bien-vivre » tout autant que la préservation de la biodiversité, a été très riche d’enseignements pour tous les participants.

En effet, ces opportunités d’échanges ont montré avec quelle force les problématiques vécues au « nord » comme au « Sud » se rejoignent quand il s’agit d’analyser et de chercher à comprendre comment il est possible d’agir pour un « bien-vivre » dans un territoire, surtout si on cherche avant tout à veiller au respect de l’avenir de la planète, au respect de la vie en harmonie les uns avec les autres et à ne pas privilégier uniquement le profit quand il s’agit de « gérer » les ressources naturelles comme les forêts.

Devenir des « forces du changement » passe par la rencontre, par les échanges d’idées et d’expériences et par le partage des convictions. Les rencontres vécues pendant une semaine avec les acteurs de la société civile du Morvan, qui nous ont partagé leur passion pour protéger leur forêt, ont permis à Sricharan de partager à son tour comment la forêt était perçue en Inde par les communautés villageoises dans l’état d’Odisha et les raisons pour lesquelles il poursuivra sa lutte dans son pays pour la défense des droits des populations autochtones vivant de la forêt.

Il en a parlé notamment avec les journalistes de RCF dans le Morvan, lors de son passage à Château Chinon, qu’on peut retrouver en ligne : https://rcf.fr/actualite/evenements?episode=224848

Christian Schmitz, bénévole au CCFD-Terre Solidaire en Bourgogne Franche-Comté

-bfc-

Journal de bord de la crise alimentaire

mai 1st, 2022 by

Découvrez notre journal de bord de la crise alimentaire 2022

Des ONG de plus en plus criminalisées

avril 29th, 2022 by

La criminalisation de la société civile est un phénomène très présent en Asie mais qui gangrène le monde entier. Dans de nombreux pays, les ONG sont menacées et attaquées par les autorités. Juliette Segard, responsable du Service Asie, nous éclaire sur les conséquences de cette répression sur nos partenaires.

Des ONG attaquées par les autorités

On assiste, depuis une dizaine d’années, à une montée des régimes autoritaires ou des populismes, en Asie comme dans le reste du monde. Ces régimes bafouent les droits humains, portent atteinte à la démocratie et attaquent les libertés fondamentales (notamment la liberté d’expression et d’association).

Les organisations de la société civile (ONG, syndicats, mouvements sociaux, collectifs de citoyens) sont particulièrement ciblées et empêchées de travailler.  Elles font l’objet d’harcèlement administratif ou judiciaire de la part des autorités. Mais aussi de menaces et d’intimidations, sur les réseaux sociaux comme “hors ligne”.

Certaines personnes sont arrêtées ou subissent des violences physiques, et peuvent même être assassinées.

Juliette Segard, responsable du service Asie

Cela concerne aussi bien les avocats ou les journalistes, “traditionnellement” ciblés, que des leaders paysans ou des défenseurs de l’environnement. Selon l’organisation Global Witness en 2020 on comptait 227 assassinats de défenseurs des terres et de l’environnement dans le monde.

Globalement, la marge de manœuvre pour défendre les droits des populations, faire entendre leur voix, mobiliser et plaider pour des sociétés plus justes se réduit de plus en plus. Non seulement les organisations de la société civile doivent essayer de faire avancer leurs causes mais elles doivent aussi essayer de survivre, tout simplement.

Un appui à nos partenaires entravé

Il est toujours possible pour le CCFD-Terre Solidaire de soutenir ses partenaires. mais c’est devenu très difficile. Dans de plus en plus de pays de nouvelles lois entravent le financement des organisations de la société civile depuis l’étranger. Il est désormais compliqué de leur envoyer des fonds pour les soutenir.

Au-delà d’un appui financier, ce n’est pas évident de soutenir moralement et psychologiquement ces organisations. Il arrive que leurs salariés, militants ou bénévoles soient en état de forte anxiété, de dépression ou de burn out.

Un soutien indéfectible

Ces problématiques sont relativement nouvelles pour le CCFD-Terre Solidaire. Cependant nous nous formons et bien sûr nous demandons à nos partenaires ce dont ils et elles ont besoin. Nous venons d’ailleurs de lancer un chantier sur ce qu’on appelle en anglais le « care », c’est-à-dire le fait de prendre soin, pour réfléchir à ce que nous pouvons faire concrètement.

Cela peut être payer des séances avec un psychologue ou favoriser des retraites « stratégiques » pour réfléchir, se poser, prendre le temps etc.

C’est aussi déculpabiliser nos partenaires : leur dire que se préserver n’est pas un renoncement à la lutte ou à ses idéaux. Et que ce n’est pas un signe de faiblesse d’avoir besoin d’aide.

Enfin, notre soutien passe par leur assurer, quelle que soit la difficulté de la situation locale, que nous continuerons d’être à leurs côtés. 

Aller plus loin :

Guerre en Ukraine : la souffrance de l’exil #JeudiPhoto

avril 28th, 2022 by

Depuis le début de l’agression russe, un quart de la population ukrainienne a été contrainte à l’exil pour fuir l’horreur de la guerre. Parmi elle, une majorité de femmes et d’enfants. Portons notre regard sur le courage de ces femmes exposées à la douleur du déracinement.

Pologne, Medyka, 26 février 2022. © Guillaume Herbaut / Agence VU

Seule et désemparée, cette jeune mère ukrainienne est arrivée à Medyka, en Pologne, à quelques kilomètres de la frontière ukrainienne. Avec ses deux enfants en bas-âge, elle a pris la route de l’exil pendant que son mari est resté au pays pour prendre les armes. Accueillie et dirigée par des volontaires, elle monte dans un bus pour rejoindre un centre d’accueil. Submergée par la peur et la souffrance, elle enlace fort ses deux enfants pour les rassurer. Ou se rassurer… Elle n’arrêtait pas de pleurer, témoigne le photojournaliste Guillaume Herbaut, qui se souvient encore du regard poignant de ces deux enfants laissant percevoir toute l’anxiété et l’incompréhension qu’ils pouvaient ressentir.

Comme elle, des milliers de personnes ont afflué au poste-frontière de Medyka pour fuir les bombes, contraintes de patienter parfois plusieurs jours du côté ukrainien. Guillaume Herbaut se souvient du silence, à la fois grave et digne, qui accompagnait l’arrivée des personnes exilées assommées par la fatigue et la réalité ultra-violente de la guerre. Aux abords de la gare de Przemysl, des volontaires venus de toute l’Europe se sont mobilisés pour tendre une main solidaire. Personne n’était préparé à un exode d’une telle ampleur.

Depuis le 24 février, la guerre en Ukraine a déjà déraciné plus de 12 millions d’Ukrainiens et d’Ukrainiennes. Plus de 5 millions ont fui vers les pays voisins. Parmi les personnes déplacées, on compte 90% de femmes et d’enfants exposés du jour au lendemain à la souffrance, la violence et la précarité du parcours migratoire. La Pologne est devenue le principal refuge en accueillant près de 3 millions d’exilés.

Face à la tragédie ukrainienne, un immense élan de générosité s’est exprimé à travers l’Europe. Membre du Collectif Solidarité Ukraine, nous appelons toutes les organisations et les États européens à maintenir leurs efforts de solidarité, de manière durable et non discriminatoire, pour accueillir et protéger toutes les personnes contraintes de fuir l’Ukraine. En Roumanie, nous soutenons notre partenaire, ROMA JUST, mobilisé pour observer le traitement réservé aux personnes en exil à différents points de la frontière romano-ukrainienne.

Aux côtés de nos partenaires, nous restons mobilisés pour soutenir et défendre un accompagnement de long-terme et respectueux des droits humains pour les personnes exilées.

Source : UNCHR, 26 avril 2022.

Pour aller plus loin :

Rando solidaire à Avignon : un succès !

avril 25th, 2022 by

Samedi 26 mars après-midi, le CCFD-Terre Solidaire a rassemblé 60 personnes sur l’île de la Barthelasse à Avignon pour une rando solidaire.

 Au programme, une marche de 6 km le long du Rhône et des chemins, entrecoupée de 3 pauses qui invitaient à appréhender le problème de l’accaparement des Terres, de l’Eau et des Semences. Et à découvrir le bien-fondé de l’agroécologie plutôt qu’une agriculture intensive nécessitant des intrants (engrais, herbicides, carburants) trop chers pour les petits paysans !

Ainsi, Massa Koné, porte-parole de la Convergence Globale des Luttes pour la Terre et l’Eau en Afrique de l’Ouest a témoigné des conditions de vie et de travail de ses collègues au Mali. « Moi-même agriculteur, je suis devenu juriste pour défendre les terres de nos ancêtres, souvent menacées par des groupes et des multinationales qui exploitent notamment les ressources minières et pétrolières. » Les 300 organisations paysannes, drainant environ 2 millions de personnes, se sont unies pour faire respecter leurs droits. Au Mali, ce sont 70 % des habitants qui vivent dans le rural, des ressources de la pêche, des cultures maraîchères ou de la petite agriculture. Et 60 % des paysans sont des femmes.

Grâce à un travail patient auprès des chefs coutumiers et des autorités politiques, ils organisent tous les 2 ans des caravanes de 300 personnes qui se déplacent sur des lieux concernés par des « accapareurs » sur 5 pays d’Afrique de l’Ouest. Ils obtiennent ainsi l’attention des gouvernants. Mais, Massa en est certain, leur combat prendra des dizaines d’années !

Sous un beau soleil printanier, la Rando s’est achevée par le verre de l’amitié. Et comme le disait une participante, « merci au CCFD-Terre Solidaire pour ce bon moment de sensibilisation ! Oui, l’agroécologie, c’est une belle solution. D’autant qu’en marchant, on a le temps de mieux digérer les informations ! »

Photos de la journée:

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https://www.flickr.com/photos/195382956@N05/albums/72177720298371026

EDF Mexique : un défenseur des droits humains menacé de mort

avril 22nd, 2022 by

Au Mexique, le mégaprojet éolien d’EDF continue de mettre en danger la communauté autochtone d’Union Hidalgo. Récemment, le défenseur des droits humains, Edgard Martin Regalado, a été menacé de mort. Son agression met en lumière l’insuffisance des réponses apportées par l’entreprise française pour répondre à l’escalade de violence.

Communauté d’Union Hidalgo © ProDESC

Menacé pour défendre son territoire et ses droits

Jeudi 10 février 2022, Oaxaca, Mexique. Il est environ 22h. Edgar Martin Regalado, défenseur des droits humains de la communauté Zapotèque d’Union Hidalgo, rentre chez lui. Soudain, il est pris en embûche et menacé par des hommes armés qui tirent des coups de feu en l’air. Marqué par une attaque d’une violence inouïe, Edgar parvient à rentrer chez lui, sain et sauf.

Son agression est survenue alors qu’il revenait d’une conférence de presse portant sur l’affaire judiciaire en cours qui oppose les représentants de la communauté d’Union Hidalgo à EDF. Les plaignants1 accusent le géant de l’énergie française de poursuivre son mégaprojet éolien, Gunaa Sicaru, sur les terres de la communauté sans avoir respecté leur droit au consentement libre, préalable et éclairé.

Au cours de cette conférence de presse, les plaignants ont communiqué leur intention de faire appel de la décision du Tribunal de Paris, rendue le 1er décembre 2021. Celle-ci reconnaît la responsabilité d’EDF dans le cadre de ses activités à l’étranger, conformément à la loi sur le devoir de vigilance. Mais elle rejette la demande de suspension du projet en raison d’un point de procédure controversée.

Mégaprojet Gunaa Sicaru : le « vent » de la menace

L’agression d’Edgar Martin Regalado n’est pas un cas isolé. L’ingérence présumée d’EDF dans le processus de consultation aurait entraîné une polarisation importante et une escalade de la violence à l’encontre des défenseurs et défenseuses du territoire d’Union Hidalgo et des journalistes.

Le Business and Human Right Research Center a invité EDF à réagir. L’entreprise a fait part de ses préoccupations face à la récente attaque. Mais les réponses apportées par l’entreprise pour endiguer les risques de violences liées à son projet et garantir l’intégrité physique des membres de la communauté, restent insuffisantes et lacunaires.

Des voix s’élèvent pour exiger plus de vigilance

Une dizaine d’organisations de défense des droits de l’Homme ont appelé le gouvernement et les autorités mexicaines à réagir sans plus attendre. Elles demandent l’ouverture d’une enquête pour arrêter les auteurs de l’agression et assurer la protection des membres de la communauté d’Union Hidalgo.

De nombreux acteurs internationaux ont exprimé leurs préoccupations face aux dangers auxquels sont exposés les défenseurs et défenseuses des droits humains. Ils exhortent les gouvernements et EDF, dont l’État français est actionnaire majoritaire, à se conformer à leur obligation de vigilance. 

Le CCFD-Terre Solidaire soutient le combat judiciaire de la communauté d’Union Hidalgo. Il poursuit également son combat en faveur de l’application de la loi française sur le devoir de vigilance des entreprises. Une loi pionnière, fruit d’un long travail de plaidoyer mené par l’association et ses alliés. 

Ophélie Chauvin.

[1] Le 13 octobre 2020, les représentants de la communauté d’Union Hidalgo, l’Organisation Mexicaine de défense des droits humains (ProDESC) et le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits humains (ECCHR), avec le soutien du CCFD-Terre Solidaire, assignent EDF en justice en vertu de la loi française sur le devoir de vigilance.

Pour aller plus loin :

LOUDUN: Rassemblement en soutien aux Ukrainiens

avril 22nd, 2022 by
Crédit Photo - Annie Raimbault
Appel au rassemblement en soutien aux Ukrainiens du jeudi 17 mars 2022 à LOUDUN (86)

L’appel national de CCFD-Terre solidaire pour un rassemblement en soutien à l’Ukraine a été entendu à Loudun jeudi 17 mars 2022. Annie Raimbault est membre de l’association sur le secteur. En concertation avec des membres de Loudun solidarité migrants et Amnesty international, un regroupement a été organisé. Il a rassemblé 90 personnes place Porte-de-Chinon. « Cette mobilisation des Loudunais nous réjouit vraiment. La guerre inquiète mais elle soulève aussi des élans de solidarité. »
En présence du député Nicolas Turquois et du maire, Joël Dazas, la chanson de Sting Russians a été diffusée, suivie de plusieurs textes lus par les organisateurs « en solidarité avec la population de l’Ukraine mais aussi des Russes et Biélorusses qui s’opposent à la guerre » : un texte sur la politique migratoire, « qui doit englober tous les peuples qui fuient les guerres », et un autre sur la situation des opposants russes.

Article de presse de la Nouvelle République du 19 mars 2022

Crédit Photo - Annie Raimbault
Rassemblement en soutien aux Ukrainiens du jeudi 17 mars 2022 à LOUDUN (86)

Séné (56) – Recyclage de journaux

avril 21st, 2022 by

Depuis de nombreuses années les équipes du CCFD du Morbihan , organisent dans tout le département la collecte et le recyclage du papier, journaux, publicités, et même… de livres.

Aujourd’hui, les journaux collectés à Séné/ le Poulfanc sont retirés par l’entreprise de recyclage CELLAOUATE. Ces journaux ont été collectés par l’équipe du Poulfanc (une dizaine de bénévoles animés par Claude Colleaux) au cours des derniers mois. En effet chaque 1er samedi du mois , les journaux déposés par les sympathisants sont triés et mis en paquets. Aujourd’hui les journaux stockés sont chargés dans le camion benne de l’entreprise.

Les journaux doivent être soigneusement triés car l’entreprise de recyclage ne tolère aucune pollution, c’est à dire aucune colle, vernis,…ni ficelles.

Neuf tonnes de journaux partiront aujourd’hui pour St Martin des Champs près de Morlaix dans le Finistère, où elles seront transformées en matériau d’isolation pour le bâtiment. Sur l’année, cela représente pour le seul dépôt du Poulfanc, en moyenne 40 tonnes par an. Un autre dépôt fonctionne dans le centre bourg de Séné.

Bien sûr, la marchandise sera monnayée au prix du marché et la recette affectée au financement des actions du CCFD Terre solidaire.

Journée de la Terre : les Wampis protègent leur Amazonie nourricière #JeudiPhoto

avril 21st, 2022 by

À l’occasion de la journée internationale de la Terre nourricière, portons notre regard sur la détermination du peuple Wampis à protéger leur forêt amazonienne. Au Nord du Pérou, ce peuple indigène s’est constitué en Nation pour se défendre face aux convoitises des industries extractives.

© Jacob Balzani Lööv
Un pêcheur Wampis le long du Santiago, Amazonie. © Jacob Balzani Lööv

Nous sommes au Nord de l’Amazonie péruvienne, à 1 500 kilomètres de la capitale de Lima. Le soleil se couche sur la rivière Santiago et offre ses derniers rayons de lumière. Ce pêcheur en profite pour ramener du poisson avant que l’obscurité humide ne gagne l’épaisse forêt. En équilibre sur sa barque, il lance son filet d’une poigne maîtrisée. Une incroyable sensation de quiétude et de sérénité nous emporte.

Ce pêcheur est issu du peuple indigène Wampis. Comme lui, ils sont environ 15 000 indiens et indiennes à vivre au cœur d’une forêt primaire, impénétrable et nourricière. Leur territoire s’étend sur près d’1,3 million d’hectares, bordés par les rives idylliques du Santiago et du Morona. Depuis six millénaires, ce peuple vit en harmonie avec l’Amazonie et s’emploie à préserver leur berceau de nature. Les Wampis se nourrissent grâce à la pêche, la chasse et l’agriculture familiale et se soignent grâce aux vertus des plantes médicinales. Leurs traditions ancestrales et leur culture révèlent leur lien profond et spirituel à la nature.

Mais depuis quelques années, leurs terres “sacrées” sont menacées par le dérèglement climatique et la convoitise des politiciens et des industriels, obnubilés par les richesses en or ou en pétrole. Les activités extractives, bien souvent illégales, favorisent la déforestation et polluent leurs rivières.

Pas question pour les Wampis de laisser la quête du profit des multinationales détruire leurs moyens de subsistance et leurs traditions millénaires. Fruit d’un long processus, le peuple Wampis se constitue en un Gouvernement Territorial Autonome de la Nation Wampis (GTANW) pour défendre leurs droits et protéger leurs terres. Le 28 novembre 2015, Wrayz Pérez Ramirez, devient le premier Président Wampis. Au Pérou, nos partenaires locaux, dont Forum Solidaridad Péru et CooperAcción, se mobilisent pour les soutenir et leur apporter une aide juridique.

En 2021, la compagnie pétrolière nationale, Petroperu, a annoncé poursuivre ses activités extractives sur une parcelle de leur territoire. En cette journée de la Terre nourricière, nos pensées s’adressent à ce peuple qui poursuit sa lutte pour protéger “le poumon de la planète” : source de vie de tout un peuple, mais aussi de toute l’humanité. Soutenons-les.

Aidez les Wampis à sauver l’Amazonie ! Je signe la pétition

Pour aller plus loin :

Et vous, quelle est votre relation avec la forêt ? Je fait le quizz

Lire aussi :

Au Niger, le prix du mil s’envole

avril 20th, 2022 by

Ali Badara travaille en tant qu’ingénieur agronome dans une fédération de coopératives agricoles au Niger. Il est en première ligne aujourd’hui face à la crise alimentaire qui frappe son pays. Il explique comment le manque d’eau et l’insécurité au Sahel font flamber les prix du mil, ingrédient de base de la nourriture locale.

©Roland DARGELEZ/CCFD-Terre Solidaire
©Roland DARGELEZ/CCFD-Terre Solidaire

Ali Badara est un ingénieur agronome nigérien. Il travaille à la Fédération des coopératives agricoles du Niger, Mooriben, c’est-à-dire «  la misère est finie ». Fondée il y a 30 ans, Mooriben forme les paysans aux pratiques agro-écologiques et touche pas moins de 60 000 familles paysannes et éleveurs dans tout le pays. Nous avons recueilli son témoignage sur la situation actuelle au Niger :

Une récolte de mil catastrophique

Cette année, la situation alimentaire au Niger est très critique. La récolte de mil a été catastrophique. Or, cette céréale, appelée également sorgho, est la base unique de l’alimentation de nos campagnes : farine de mil, pâte de mil, boule de mil, mélangée à un peu de lait quand c’est possible. Dans les villes, comme  Niamey ou Zinder, la population consomme également du riz ou du maïs. Ce n’est pas le cas dans les campagnes.

Ces récoltes catastrophiques en octobre et novembre derniers s’expliquent avant tout par une sécheresse exceptionnelle de plus d’un mois, pendant la saison des pluies, normalement de juin à octobre. L’eau a manqué quand la plante en avait un besoin vital pour sa croissance.

2,5 millions de Nigériens sont en situation d’insécurité alimentaire

Ali Badara, ingénieur agronome à Mooriben

Les stocks s’épuisent

Aujourd’hui, nous abordons déjà la période de soudure, c’est-à-dire cette période où les gens ont fini leurs réserves et attendent la prochaine récolte. Or, les stocks communautaires sont déjà en train de s’épuiser. Ces stocks, souvent organisés par l’Etat, permettent aux plus vulnérables de s’approvisionner à prix modérés. C’est d’autant plus vital, que les prix du mil ont bondi de 30% par rapport à l’an dernier, du fait de la pénurie.

Le Niger, deuxième producteur de mil d’Afrique, en est réduit à importer du mil du Nigéria et du Burkina Faso. Mais les quantités achetées sont faibles et les prix élevés.

2ème

producteur de mil d’Afrique

30%

d’augmentation du prix du mil

Les djihadistes empêchent les paysans de cultiver

L’autre raison de cette crise alimentaire tient à l’insécurité croissante qui règne dans le pays. Dans des régions entières, les djihadistes brûlent les récoltes, imposent la terreur et chassent les habitants de leurs terres.

Les militaires impuissants face à l’insécurité dans les campagnes

C’est le cas notamment, vers Tillabéry, dans la région des trois frontières, qui jouxte le Mali et le Burkina Faso. Les déplacés se pressent dans la ville de Téra, la zone la plus militarisée du pays, où sont basées les forces nigériennes, tchadiennes et françaises. En fait, cette présence armée ne rassure pas les populations, car ces militaires semblent impuissants face aux terroristes.

Du niébé plutôt que du mil pour être plus en sécurité

Depuis un an, l’insécurité empêche de cultiver, surtout que les djihadistes ont pris l’habitude de se cacher dans les champs de mil dès que les plantes croissent. Alors, les rares agriculteurs qui restent se sont mis à cultiver le nié, un genre de haricots, moins hauts.

Pour nous, ce n’est pas facile de travailler dans ces conditions. Je suis responsable du suivi et de l’évaluation des projets depuis sept ans chez Mooriben. Je suis basé dans la capitale, Niamey, et il n’est pas possible de se déplacer à plus de cinq kilomètres en dehors de la ville, du fait de l’insécurité. Heureusement, nous avons un réseau efficace de paysans relais à l’intérieur du pays.

Des paysans relais pour faire fonctionner les banques céréalières

Ce sont les paysans relais qui continuent à apprendre aux paysans des pratiques durables, comme l’utilisation de fertilisants naturels, pour nourrir la terre.

Ce sont eux également qui assurent le bon fonctionnement des 347 banques céréalières de Mooriben. Elles existent depuis une quinzaine d’années pour permettre justement de s’alimenter pendant la période de soudure.

Recueilli par Pierre Cochez

Le forum de printemps 2022 à Beaussais-Vitré

avril 14th, 2022 by
Crédit Photo - Laure LAMAS
Forum de printemps du 9 avril 2022 à Beaussais-Vitré. Jeu de l’oie pour s’approprier le Rapport d’Orientation.

La région Poitou-Charentes a réuni ses membres samedi 9 avril 2022 en forum à Beaussais-Vitré (79). Après 2 ans de réunions en distanciel (Visio-Conférences, Webinaire, etc…), pour cause de pandémie, les participants étaient ravis de se retrouver autour d’un café d’accueil très chaleureux. Cette journée doit permettre de comprendre les évolutions de l’association.

La journée a commencé de manière très dynamique par un tour de présentation; suivie d’un petit temps de gym, animé par Annick, pour nous mettre en forme !

Ensuite,  les 4 déléguées de la région qui ont assisté à l’Assemblée générale nationale des 12 et 13 juin 2021 par visioconférence sont interviewés

La matinée se poursuit avec un montage de journal télévisé qui permet de rappeler l’état du monde en 2020.

Annie enchaîne avec la présentation du Rapport d’Orientation 2021-2027 “Appel pour une terre solidaire”. Puis c’est au tour de Laure et Marie-Odile de lancer un jeu de l’oie concocté par leurs soins : il s’agit de répondre à des questions qui nous font plonger dans le Rapport d’Orientation.

Un repas permet de faire la pause du midi

La suite de l’après-midi est réservée à la découverte en sous groupe de la déclinaison du Rapport d’Orientation, il s’agit de choisir des actions à mettre en place dans notre région.

Et oui l’heure tourne, nous arrivons déjà aux informations générales :

  • Point d’avancement de la campagne nationale pour les élections 2022 « Nos voix pour une Terre Solidaire »
  • Présentation du nouveau site Internet et la page régionale. Pour y accéder penser à cliquer sur “AGIR” en haut à droite de la page d’accueil.

Il est déjà l’heure de repartir.

Sri Lanka : l’enfer de la crise #JeudiPhoto

avril 14th, 2022 by

Confronté à une crise économique et politique sans précédent, le Sri Lanka s’est déclaré en faillite ce mardi 12 avril. Portons notre regard sur la population, plongée dans la misère, qui s’unit pour exiger la démission des frères Rajapaksa au pouvoir.

© Dinuka Liyanawatte/Reuters
Station essence à Colombo, Sri Lanka. 21 mars 2022. © Dinuka Liyanawatte/Reuters

Nous sommes à Colombo, sur le parking d’une station-essence prise d’assaut. Cette famille srilankaise tente de s’abriter de la chaleur battante sous le peu d’ombre qu’offre leur tuk-tuk. Les bidons vides dans les mains, ils attendent, comme beaucoup d’autres, de pouvoir se procurer du kérosène pour alimenter leur cuisinière domestique. S’il en reste dans les pompes…

Le désarroi et la fatigue sur leurs visages témoignent de la misère qui frappe les 22 millions d’habitants de l’île. Depuis plusieurs semaines, les Sri Lankais vivent au rythme des coupures d’électricité, de l’inflation galopante et des pénuries qui s’allongent. Faute de médicaments, les hôpitaux peinent à assurer leurs soins. Faute de denrées alimentaires, les populations ont du mal à se nourrir. Faute de carburant, les tuk-tuks roulent à la force des bras.

Le Sri Lanka vit sa pire crise économique depuis son indépendance en 1948. Celle-ci n’a cessé de s’accroître depuis deux ans jusqu’à propulser, récemment, le pays vers la faillite et une grave crise politique. L’État n’a plus assez de stock en devises étrangères pour assurer les importations nécessaires. Il se retrouve en défaut de paiement de sa dette extérieure qui s’élève à 51 milliards de dollars.

La crise actuelle résulte, notamment, de la désertion des touristes après les attentats de 2019 ; suivie de deux années de pandémie ; et des conséquences récentes de la guerre en Ukraine qui prive l’île de ses fidèles touristes russes et ukrainiens. Autant de coups durs pour un pays qui vit principalement du tourisme. À cela, s’ajoute une série de mesures politiques jugées catastrophiques depuis le retour au pouvoir de la famille Rajapaksa en 2019.

Depuis la nuit du 31 mars, la colère populaire s’élève dans les rues de la capitale pour exiger la démission du Président Gotabaya Rajapaksa et de son frère, le Premier Ministre Mahinda Rajapaksa. Chrétiens, hindous, musulmans, bouddhistes, membres de l’opposition… Toutes et tous s’unissent contre le pouvoir qui avait fondé son triomphe sur la division ethnique du pays. Aujourd’hui, le clan Rajapaksa n’est plus le héros des Cingalais et le bourreau des Tamouls : il est la bête noire de tout un pays qui menace de s’effondrer et de plonger dans la famine.

L’avenir du pays est incertain. Il repose en grande partie entre les mains du Fonds Monétaire International (FMI) et de ses principaux bailleurs de fonds : la Chine et l’Inde. Nous partageons l’inquiétude de nos partenaires mobilisés dans la rue et nous adressons toutes nos pensées et notre soutien au peuple srilankais.

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