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Indonésie : l’art du tissage traditionnel au bout des doigts #JeudiPhoto

mars 17th, 2022 by

En Indonésie, les communautés locales subissent de plein fouet les impacts des méga-projets touristiques. Portons notre regard sur l’art du tissage traditionnel, vecteur de développement local et d’éco-tourisme.

© Clément Puig
Rantepao, voyage en immersion. 2012. © Clément PUIG

Embarqués dans un voyage dimmersion à la rencontre des partenaires soutenus par le CCFD-Terre Solidaire en Indonésie, une équipe de bénévoles de la région Bretagne fait escale au “Pays des Toraja” dans la Province de la Sulawesi du Sud, au Nord du Pays.

Au cœur de cet archipel prisé par le tourisme, les cultures et les savoir-faire traditionnels perdurent et animent le quotidien des habitants du petit village de Rantepao.  

En compagnie des bénévoles, le photographe Clément Puig déambule le long des petites maisons typiques à la toiture étonnante en forme de bateaux. Devant cet atelier couvert d’étoffes aux mille couleurs, il se laisse intriguer par cette tisserande locale assise en tailleur.

Ses cheveux sont soigneusement tirés en chignon, le visage paisible marqué par ses années de vie et sublimé par l’éclat de son chemisier de soie bleu pétrole. Elle s’adonne à son ouvrage : la maîtrise du tissage au bout des doigts.

Gracieuse et méticuleuse, le mouvement de ses mains filent tour à tour ses bobines de soie. Elle offre à voir une danse rythmée et captivante. Clément se souvient encore de son sourire discret et chaleureux.

La richesse de la culture indonésienne et de ses paysages attisent la convoitise du gouvernement et des entreprises privées qui veulent tirer profit du tourisme de masse. Leur soif d’enrichissement se fie, bien souvent, des impacts pour les communautés locales et l’environnement.

Pour lutter contre le fléau des mégaprojets touristiques, nos partenaires locaux se mobilisent aux côtés des populations locales. Ils défendent leurs droits et leurs activités économiques, comme la pêche, l’agriculture ou le tissage artisanal, qui leur ont toujours permis de subvenir à leurs besoins.

C’est le cas de notre partenaire Sunspirit For Justice and Peace, mobilisé dans l’archipel des Petites Îles de la Sonde, à l’Est de l’Indonésie. Grâce à la création d’une galerie-musée de tissage traditionnel, Sunspirit œuvre, main dans la main, avec les communautés pour promouvoir l’artisanat local, l’éco-tourisme et la culture.

Pour aller plus loin :

Bienvenue à Mon et Mathana

mars 16th, 2022 by

Réjouissance !

Oui, nous sommes très heureux, après ces 2 dernières années compliquées, de pouvoir enfin accueillir, en Lorraine, des partenaires du CCFD Terre Solidaire.

Mon et Mathana, toutes 2 thaïlandaises, vont témoigner de leur quotidien au sein de TOA (Towards Organic Asia) qui promeut l’agriculture biologique en Asie du Sud, et dans la Communauté Maetha (communauté au nord-ouest du pays, qui pratique l’agroécologie depuis bientôt 40 ans)

Des Vosges à la Moselle, en passant par la Meuse et la Meurthe et Moselle, ce sont pas moins d’une vingtaine de rendez-vous qui sont organisés afin de favoriser des échanges dans les paroisses, les écoles, auprès d’agriculteurs, de consommateurs mais aussi de jeunes qui se posent des questions autour de la vie en milieu rural, etc.

Mon et Mathana seront présentes en Lorraine du 18 mars au 3 avril.

Tous les rendez-vous publics :

  • Jeudi 24 Mars – (88) Thiéfosse – Salle polyvalente – 20h15 : Soirée publique
  • Vendredi 25 Mars – (88) Châtenois – Soirée en paroisse
  • Samedi 26 Mars – (55) Foameix : Messe à 18H suivie d’une réunion publique à la salle des fêtes et d’un repas partagé
  • Dimanche 27 Mars – (55) Arrancy sur Crusnes – Messe à 10h30
  • Lundi 28 Mars – (55) Saint-Mihiel – Salle Jean Berain Rue du palais de justice -19h : Soirée publique
  • Mardi 29 Mars – (57) Fameck – Cité Sociale 6 Rue de Touraine – 19H : Conférence/Débat suivie d’un pot
  • Mercredi 30 Mars (57) Metz – Salon de Guise de l’Hôtel de Ville Place d’Armes : Conférence/Débat
  • Samedi 02 Avril (54) – Anthelupt – Bouge ta Planète ouvert au public “jeunes” 11/18ans du secteur pastoral de Lunéville et plus. Malheureusement cette animation a du être annulée. COVID a encore frappé.
  • Dimanche 3 Avril (54) – Lay Saint Christophe : Messe à 9h suivie d’un temps d’échanges.
Crédit photo : C.Bernard
Crédit Photo : c. Bernard

L’histoire de Gregorius et du dragon de Komodo

mars 16th, 2022 by

En Indonésie, sur l’ile de Flores, nous soutenons l’organisation locale Sunspirit For Justice and Peace, qui agit pour préserver l’archipel unique des petites îles de la Sonde et leurs habitants des appétits des investisseurs. Voici l’histoire de Gregorius, son directeur, qui nous raconte son combat emblématique autour du “dragon” de Komodo.

Gregorius Afioma a grandi sur l’île Flores, au milieu de l’ethnie des Manggarai, à l’Est de l’Indonésie. Depuis son village de pêcheurs de Labuan Bajo, il observe les bateaux voguer vers le Parc National de Komodo. Perché au cœur de l’océan indien, ce petit bout de paradis, classé au Patrimoine mondiale de l’UNESCO, abrite les fameux « dragons » de Komodo; Ces drôles de lézards géants cohabitent depuis des générations avec les communautés locales.  

Hélas, aveuglé par la volonté de s’enrichir, le gouvernement ambitionne de  transformer cet écosytème unique en une sorte de « Jurassic Park » agrémenté d’ hôtels en tout genre pour  touristes fortunés. Mais à quel prix ? À celui de la destruction de l’habitat des varans de Komodo et de la délocalisation des communautés locales.  

Un activiste dévoué à défendre les richesses de son archipel natal  

Pour Gregorius, le tourisme ne doit pas se résumer à profiter des plages et à contempler les paysages tout en les détruisant. Il doit être l’opportunité de diffuser l’histoire, la culture et les savoir-faire des communautés locales, tout en soutenant leur développement dans le respect de leur environnement.   

Jeune activiste écologique, Gregorius militait déjà sur les bancs de la fac, entre deux cours de philosophie, pour défendre son archipel natal de la menace des mégaprojets industriels et touristiques. Aujourd’hui à la tête de l’ONG locale, Sunspirit for Justice and Peace, il milite pour la préservation de l’environnement grâce à la recherche et des actions de plaidoyer ; il soutient l’éco-tourisme et l’artisanat local ; et il accompagne la jeunesse par le biais de la création artistique.  

Un mouvement civil à l’épreuve de « Jurassic Park »  

Refusant de voir l’île de Komodo succomber sous les bétonnières, Gregorius s’empare du problème à bras-le-corps. Il séjourne auprès des communautés impactées pour récolter leurs témoignages et mener des enquêtes de terrain. Ensemble, ils mènent de nombreuses actions de plaidoyer et de mobilisations pour alerter les pouvoirs publics et l’opinion.  

Un beau jour, il reçoit une photo qui illustre sans équivoque la réalité grotesque de ce mégaprojet : un varan de Komodo se retrouve nez à nez avec un camion de chantier qui entrave sa route. Submergé d’un brin de colère, Gregorius poste cette photo sur les réseaux. Elle devient virale. L’indignation partagée afflue des quatre coins du monde. Médias nationaux et internationaux, Universités et Institutions, UNESCO… son téléphone ne cesse de sonner. 

Victoire, ou demi-victoire, le plan de relocalisation des communautés et les permis de construire sont « suspendus ». Fier, Gregorius reste néanmoins réaliste : le gouvernement compte bien poursuivre son projet à l’ombre des regards. Et celui-ci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.  

Militant et chercheur : la promesse d’un engagement plus fort  

Accroître les forces de Sunspirit et s’engager dans la publication de livres et de films documentaires, c’est pour Gregorius l’objectif de demain.  

Pour peser davantage dans les décisions politiques, il ressent le besoin de continuer à apprendre. Il souhaite s’engager dans un projet de recherche sur la conservation et le développement du tourisme à Flores et vient de décrocher une bourse américaine.  

A LA RENCONTRE DE NOTRE PARTENAIRE CONGOLAIS : 19 mars – 3 AVRIL

mars 15th, 2022 by

Entre le 19 mars et le 2 avril, le CCFD Terre Solidaire d’Alsace prévoit d’accueillir Théogène KAMBERE représentant de l’union des femmes paysannes du Nord Kivu (Uwaki), une organisation paysanne féminine de République Démocratique du Congo.

Théogène sera présent dans le Bas Rhin entre le 19 et le 26 mars et dans le Haut-Rhin entre le 26 mars et le 3 avril. L’Alsace est un territoire où les problématiques liées aux méthodes d’agriculture sont très présentes.

Nous le savons bien au CCFD-Terre Solidaire, la pauvreté et la faim ont des causes multiples. Il s’agit donc, pour Uwaki, de mettre en oeuvre des programmes d’éducation et de formation, d’épargne et de microcrédits, mais aussi d’aider à résoudre les conflits de voisinage et les autres sources de violences dans une région encore peu sûre et menacée par des bandes armées. Ses membres interviennent dans les villages et abordent sans tabou les problèmes les plus épineux.

Un écho concret des axes stratégiques du CCFD-TS

Deux particularités de l’action d’Uwaki rencontrent particulièrement les préoccupations actuelles du CCFD-Terre Solidaire. D’abord, Uwaki est une organisation féminine qui oeuvre à la promotion des droits des femmes et valorise leur rôle éminent dans la société rurale, en renforçant leur place dans les communautés et la reconnaissance de leurs compétences. Ensuite, les programmes de formation portent sur des techniques respectueuses de l’environnement tout en favorisant l’autosuffisance des paysans : compostage, reboisement et agroforesterie, association élevage – agriculture… Plusieurs milliers de foyers ruraux bénéficient de ces formations.

A vos agendas !

  • 20 mars : 12h à 16h : à ND de la Paix, av. de la Plaine à ILLKIRCH plus d’informations : cliquez ici 
  • 21 mars : 19h30 à 21h30 : Table-ronde internationale en ligne avec notre partenaire de République démocratique du Congo et une partenaire du Brésil : “Place de la femme dans le milieu rural, un enjeu pour la souveraineté alimentaire avec l’agro écologie.” Pour vous connecter le jour J cliquez ici
  • 22 mars : 18h à 20h : conférence-échanges ” L’engagement des femmes rurales dans l’agroécologie, un enjeu pour la souveraineté alimentaire”, à l’Université de Strasbourg, Institut Le Bel (amphithéâtre 3), 4 Rue Blaise Pascal, 67000 Strasbourg. plus d’infos cliquez ici 
  • 23 mars 18h :  TABLE RONDE « Cultiver la terre avec justice et se nourrir. », salle du CCA 98 rue du Maréchal Foch CHATENOIS (parking des tisserands à 100m) plus d’infos cliquez ici 
  • 24 mars à 17h30 : Conférence débat à Saales plus d’infos cliquez ici 
  • 25 mars à 20h  : À la rencontre des témoins d’une terre solidaire en Alsace. Au Centre Socio Culturel de Surbourg place de l’église, plus d’infos cliquez ici 
  • 29 mars à 20h : À LA RENCONTRE DES TÉMOINS D’UNE TERRE SOLIDAIRE en Alsace au Foyer Saint-Paul 68000 COLMAR22 Avenue de Paris,  plus d’infos cliquez ici
  • 30 mars : Table ronde les femmes en Agriculture dans le Sundgau 
  • 31 mars à 20h : Soirée conférence débat à Illzach Foyer Saint-Jean Baptiste 68110 ILLZACH (Centre) 2 rue de l’Eglise, plus d’infos cliquez ici
  • 2 avril à 14h30 : Visite commentée des Jardins d’Icare et temps convivial autour du verre de l’amitié, plus d’infos cliquez ici

Marche pour le climat : une belle mobilisation à Beaune pour remettre l’enjeu climatique au cœur du débat

mars 15th, 2022 by

Pour la première fois ce samedi 12 mars, l’association locale AIGUE (association pour l’information et la gestion universelle de l’environnement) et l’équipe locale beaunoise du CCFD-Terre solidaire organisaient une marche pour le climat comme dans de nombreuses villes françaises. Et une centaine de personnes étaient au rendez-vous.

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Les Vacances engagées, qu’est-ce que c’est ?

mars 11th, 2022 by

Le concept

L’intuition de base c’est de proposer un espace de formation et d’engagement militant.

Pour celles et ceux qui n’ont plus forcément le temps de s’investir pendant l’année (génération débordée…).

  • Pour celles et ceux qui veulent vivre un engagement en famille.
  • Pour nos ami.e.s à qui on veut donner une belle image de ce que signifie pour nous s’engager et avec qui on adore partager ces temps.

Ces Vacances Engagées sont un moment où nous voulons expérimenter le vivre-ensemble hors de nos cadres habituels, dans un climat de convivialité et de détente.

8

L’édition de 2022 a été la 8ème édition

750

Près de 750 personnes ont participé aux Vacances Engagées depuis 2014

Objectifs et moyens

1. Mobiliser un nouveau public et être une porte d’entrée dans le militantisme et pourquoi pas dans le CCFD-Terre Solidaire…

Permettre aux familles et aux actifs de s’investir pleinement :

  • Proposer un programme à la carte et tous publics.
  • Accompagner les enfants grâce à l’appui d’animateurs-trices pour permettre aux parents et aux enfants de vivre eux aussi des Vacances Engagées !​
  • Faire le choix d’un prix libre car il reflète le modèle de société que nous défendons :
    • La volonté que les échanges ne soient pas basés uniquement sur la valeur monétaire des biens et des services.
    • La possibilité pour toutes et tous de participer à l’événement.

2. Proposer des espaces de découverte de thématiques et l’expérimentation de pratiques

  • Proposer un cadre qui permette et incite chacun.e à porter des initiatives avec les Forums Ouverts ​:
    • Chacun.e peut proposer un atelier sur la thématique qui l’intéresse, avec les outils qui lui chantent, dans le lieu qu’il/elle veut, pendant la durée qu’il faut…​
  • Fonctionner en autogestion, pour permettre à chacun.e de prendre sa petite goutte de responsabilité et que tout se passe bien chaque jour.
  • Proposer un processus de préparation des vacances qui soit un espace de formation individuelle (pour les membres de l’équipe d’organisation)
  • Impulser des temps de formation sur des aspects théoriques et pratiques liés à la Solidarité Internationale, à la mobilisation citoyenne et à la transformation sociale​

3. Proposer de nouveaux modes d’engagement, d’action et d’organisation au sein du CCFD – Terre Solidaire

Créer des outils de communication et les diffuser

  • Diffuser les innovations et expérimentations nées pendant les vacances dans d’autres espaces
  • Permettre à d’autres d’expérimenter le modèle des vacances engagées

Les vacances engagées en vidéo

Et cette année ?

Cette année le thème est : “L’effet papillon solidaire, changer la vie ici pour transformer la planète entière”. Cette édition se déroulera à Allex (Drôme) du 6 au 12 août 2023.

Pour en savoir plus (et s’inscrire) c’est par ici : https://ccfd-terresolidaire.org/event/vacances-engagees-rhone-alpes-paca-corse-2023/

Mais c’est trop bien, je peux en savoir plus sur l’édition précédente ?

Le marrainage pour accompagner les femmes en Haïti

mars 10th, 2022 by

Haïti a connu de multiples crises ces dernières années, qui ont rendu les femmes et les filles plus vulnérables que jamais. Kathia Cardenas, chargée de mission Amérique latine et Caraïbes, nous présente NÈGÈS MAWON, cette organisation propose une méthode d’accompagnement des femmes survivantes de violences : le marrainage.


©Floriane LOUVET/CCFD-Terre Solidaire

Un pays en proie à une succession de crises

Haïti a connu de multiples crises ces dernières années, aussi bien politiques, qu’économiques, climatiques et humanitaires. L’année dernière, des affrontements entre gangs d’un niveau inédit ont eu lieu et le Président Jovenel Moïse a été assassiné. Puis en août dernier, Haïti a subi un nouveau tremblement de terre, qui a eu des conséquences dramatiques dans le sud du pays.

Ces crises successives rendent les femmes et filles plus vulnérables que jamais : augmentation des violences sexuelles, de la pauvreté et un accès inégal à l’aide humanitaire. Elles sont aussi victimes de violences dans des quartiers sous contrôle des gangs.

NÈGÈS MAWON lutte pour les droits des femmes et des filles en Haïti

Notre partenaire NÈGÈS MAWON mène un travail de promotion des droits des femmes et des filles. Une de ses actions est la prise en charge de survivantes de violences. Cela est très important car en Haïti seulement un quart des femmes ayant subi des violences physiques ou sexuelles recherchent de l’aide. De plus, pour de multiples raisons, de nombreuses femmes abandonnent leur prise en charge et les poursuites judiciaires.

Pour surmonter ces difficultés, NÈGÈS MAWON propose une méthode d’accompagnement pour permettre aux victimes d’aller jusqu’au bout du processus, le marrainage. Cela consiste à jumeler une femme victime de violence avec une autre femme « la marraine » elle-même survivante de violences.

Une méthode singulière

L’approche du marrainage permet de tisser un lien plus intime entre les deux femmes. Elles apprennent à se connaitre, partagent leurs histoires, leurs vécus, leurs expériences. Cela permet de transformer la femme de victime en actrice. Elles se renforcent, s’entraident et se reconstruisent ensemble.

NÈGÈS MAWON propose aussi des actions de sensibilisation. Par exemple dans le cadre de la Journée des droits des femmes, elle organise des conférences et des formations, tout au long du mois de mars, pour parvenir à une prise de conscience et un changement de mentalité de la société haïtienne.

Aller plus loin :

Huda Jabbar, mobilisée le long du Tigre en Irak

mars 10th, 2022 by

À l’occasion de la journée internationale des femmes, portons notre regard sur le combat d’Huda Jabbar. Cette jeune activiste irakienne milite pour préserver le fleuve Tigre, source de vie de toute une région.

Janvier 2019. Portrait d’Huda Jabbar (Bagdad, Irak). © Roberta Valerio

Huda Jabbar a l’habitude de travailler à la “Station”, un café coworking au centre de Bagdad. Devant ce lieu, à l’architecture moderne et occidentale, elle pose devant la caméra de Roberta Valerio.

Vêtue d’un sweat-shirt jaune vif, le keffieh autour du cou, ses cheveux frisés portés à découvert et relevés en chignon, les paupières dessinées d’un léger trait de khôl, les bras croisés et la tête haute :  elle incarne l’image d’une jeune femme moderne, audacieuse et engagée. 

Huda Jabbar fait partie de la jeunesse qui a grandi dans le chaos de l’Irak. Embargo. Occupation étrangère. Guerres confessionnelles. Montée du terrorisme. Aujourd’hui, elle a le regard tourné vers l’avenir. Son avenir. Celui de son pays. Celui qui est à construire.

Activiste environnementale, elle observe avec inquiétude la disparition du Fleuve Tigre et de son écosystème unique. Son niveau d’eau baisse à vue d’œil à cause du réchauffement climatique et des barrages construits par la Turquie et l’Iran qui se disputent cette ressource raréfiée.

Au sud de l’Irak, les populations des marais mésopotamiens, au delta du Tigre et de l’Euphrate, ne parviennent plus à abreuver leur bétail ni à pêcher. Elles sont contraintes de quitter leurs terres ancestrales pour pouvoir continuer à se nourrir.

Refusant de voir son peuple et la biodiversité de son pays assoiffés, Huda rejoint la campagne “Save the Tigris”, portée par l’ONG Humat Dijlah et soutenue par le CCFD-Terre Solidaire. Festivals, campagnes de nettoyage, marathons le long des marais… Avec d’autres jeunes, bravant les risques de la répression, elle scande la terrible réalité qui menace “le pays des deux rivières” :  on pourra bientôt traverser le Tigre à pied si l’on n’agit pas pour le préserver. L’enjeu est de faire du fleuve une source de paix et non de conflit.

De Bagdad à Chibayish, Roberta a suivi la route d’Huda au sud de l’Irak pour comprendre les enjeux de son combat. Elle garde le souvenir d’une femme incroyable, proche du peuple et qui ne se laissait pas intimider par le regard des hommes porteurs d’une société encore fortement patriarcale et conservatrice.

En cette journée internationale des femmes, nos pensées s’adressent à Huda et à toutes celles qui se mobilisent aux quatre coins du monde, avec bravoure et détermination, pour préserver notre terre et nos richesses, faire rayonner la solidarité internationale, l’égalité et le respect des droits humains.

Ecoutez le podcast :

Lire aussi :

Carême 2022 en Auvergne-Limousin

mars 9th, 2022 by

Après 2 ans, nous nous retrouvons enfin physiquement pour ce Carême, et nous accueillons en Auvergne-Limousin (départements du 03, 15, 19, 23, 43, 63 et 87) notre partenaire du Réseau des Horticulteurs de Kayes (Mali), Ibrahim SARR.

Retrouvez toute l’actualité par territoire.

Tout d’abord, nous avons le plaisir d’accueillir Ibrahim SARR ainsi que Bo Bo Lwin à la Maison Familiale Rurale de Thuret (63) le 19 mars pour notre Forum Festif pour un monde Autrement

Allier

Ibrahim SARR sera présent le 22 mars à 18h, à la salle Ste Thérèse de Montluçon.

Cantal

Une première soirée autour de la Birmanie est proposée le 17 mars à 18h30 à Aurillac.
Le 27 mars à l’école Notre Dame à 14h30 à St Flour et le 28 mars aura lieu une soirée tout public à Espinat (7 km d’Aurillac). Un accueil dès 19h pour un bol de riz, et une conférence à 20h30.

Corrèze

Aura lieu à Objat un temps d’échanges avec Ibrahim Sarr du Mali, Apéritif solidaire, le 23 mars à partir de 17h; après un Bouge Ta Planète (outils d’Education à la Citoyenneté et Solidarité Internationale).
Le 24 mars plusieurs échanges et rencontres auront lieu du côté du Pays de Brive à Voutezac, puis vers Naves.

Haute-Loire

3 interventions auront lieu le 25 mars à Brioude à 20h30 à la salle de l’instruction, puis le 26 mars à Loudes à 13h30, puis Ste Sigolène à 19h pour un bol de soupe suivi de la conférence; toujours avec notre partenaire Ibrahim SARR.

Puy-de-Dôme

29 mars présence dans les Combrailles.
30 mars à 20h, soirée à Clermont-Ferrand: L’agroécologie pour se nourrir …exemples au Mali; avec Anis étoilé, Biaujardin, Ensemble-Mali, chercheur GREFFE, économiste.
31 mars: rencontres avec des acteurs locaux à Issoire.

Pour plus d’information concernant tous ces événements, n’hésitez pas à nous contacter!
Soit localement, soit à auvergnelimousin@ccfd-terresolidaire.org

L’histoire de Mina, qui a délaissé les pesticides pour l’agroécologie

mars 8th, 2022 by

Mina, c’est d’abord un sourire bienveillant, et une détermination au travail peu commune. Elle a longtemps pratiqué la culture conventionnelle intensive de tomates sur sa petite parcelle d’un hectare et demi. Bouleversée par la mort subite de son frère après un traitement aux pesticides, elle s’est convertie à l’agroécologie. Elle conseille aujourd’hui d’autres familles paysannes.

© Patrick Piro

En finir avec une agriculture tueuse

Au Maroc, l’agriculture conventionnelle intensive tue l’équilibre des écosystèmes, la fertilité des terres et assèche les réserves d’eau en monopolisant 90% des volumes disponibles. Un chiffre terrifiant d’autant que le Maroc subit des sécheresses à répétition. En 2022, le pays a connu la pire sécheresse depuis 40 ans.

Cette agriculture prédatrice tue parfois aussi des gens. Mina en a fait la triste expérience.

Il y a quelques années, sur sa petite parcelle d’un hectare et demi située dans le village de Sidi Moussa El Mejdoub près de Mohammedia, elle cultivait la pomme de terre, la tomate, le poivron, la courgette en conventionnel intensif.

Un maraîchage sous tension qu’elle devait arroser continuellement. Chaque année, elle achetait près de 4000 euros d’intrants et vendait beaucoup, mais à bas prix.
Et puis un jour, un de ses frères s’effondre et meurt après avoir traité un champ de tomates aux pesticides. Mina, réalise brutalement le risque qu’elle fait courir à ses enfants, sa famille, ses clients. Elle fait ce métier pour nourrir ceux qu’elle aime, pas pour les faire mourir.

Elle se convertit à l’agroécologie

Syndiquée à la FNSA, qui a fait de l’agroécologie un cheval de bataille, elle commence un programme d’initiation et de formation. Un cursus né d’un partenariat engagé entre le CCFD-Terre Solidaire, la FNSA et l’association Terre et Humanisme Maroc.
Petit à petit Mina commence à transformer son exploitation. La pomme de terre et la tomate sont remplacées par les petits pois, fixateurs d’azote qui enrichissent le sol. Bientôt poussent aussi l’ail, l’oignon, le persil, l’orge mélangée aux féveroles, les fraises. Elle se met aussi à produire ses propres semences bio.

Une transformation qui fait des émules

Les autres maraîchers, sceptiques, qui observaient de loin la conversion de Mina, commencent à percevoir tout l’intérêt de ce mode de production. Les plantations sont plus résistantes, produites sans pesticides ni engrais de synthèse donc bonnes pour la santé, les sols et la biodiversité.  Et surtout élément capital, c’est un système économe en ressources naturelles et plus particulièrement en eau. Une denrée qui va devenir de plus en plus précieuse au Maroc avec le changement climatique en cours.

Au sortir de sa formation, Mina est pressentie pour devenir “ambassadrice de l’agroécologie” au sein de la FNSA.

Mais la gloire de Mina, c’est ce carré émeraude opulent qui illumine sa parcelle : du quinoa, qu’elle choie “comme un bébé”. Certaines tiges approchent les deux mètres. Une expérimentation de 2022 très prometteuse. La céréale, nutritive, peu exigeante en eau, est recherchée par un nombre croissant de consommateurs qui se détournent du blé. Et les plantes de Mina sont les plus belles de la région.

Bakary, producteur de vie

mars 8th, 2022 by

Bakary a le regard vif et la carrure du boxeur. Il y a 5 ans, face à la pauvreté et au chômage qui frappent la Mauritanie, il songe à s’exiler. Mais un pays sans jeunesse et sans agriculteur est un pays qui meurt. Au lieu de tout quitter, il choisit de cultiver la vie.

La Mauritanie, un concentré de difficultés

Pour les Européens, la Mauritanie ce sont les magnifiques paysages du littoral atlantique, le fleuve Sénégal et ses eaux poissonneuses, un sable jaune et fin, au milieu de dunes à perte de vue et des canyons magnifiques.

Pour Bakary qui vit à Kaédi, dans le sud du pays, la réalité est toute autre.

Bien que son père soit directeur de recherche en agronomie, la vie n’a rien à lui offrir ici.  Depuis qu’il est né, il a toujours vu son pays se débattre face à des difficultés colossales : chômage de masse, pauvreté, insécurité alimentaire (70% de la nourriture est importée du Maroc ou du Sénégal)…  Sans compter les récents effets du changement climatique.

Comment pourrait-il prétendre à un emploi décent et un avenir serein alors que tous les jeunes de son âge sont partis.

Pourquoi les choses seraient-elles différentes pour lui ?

Cette fois sa décision est prise, il va partir en Europe pour travailler la terre. Réveillé aux aurores, il enfile un tee-shirt et part annoncer la nouvelle à Walde, sa sœur qui est trésorière au port de Nouakchott. Elle le coupe aussitôt dans son élan. Comment peut-il s’exiler ? Elle est très claire : s’il veut produire des fruits et des légumes, sa place est ici, en Mauritanie.

Le pari de la terre

Avec ses économies, elle achète un terrain à proximité du fleuve Sénégal. Elle exige qu’il se forme à l’agroécologie via le programme Tapsa (Transition pour une agroécologie paysanne au service de la souveraineté alimentaire) proposé par l’association GRDR (Groupe de Recherche et de Réalisations pour le Développement Rural) en partenariat avec le CCFD-Terre Solidaire.

L’association encourage et soutient la création de fermes agroécologiques en Mauritanie afin d’améliorer l’autosuffisance alimentaire dans ces régions et permettre à chacun de vivre dignement. Sceptique sur la réussite du projet, Bakari accepte de tenter l’aventure. Il se donne deux ans. Pas un jour de plus.

Un nouveau départ

Le 14 février 2017, le jour de son anniversaire, il plante son premier manguier dans sa ferme qu’il vient de baptiser “Innovation Mangassouba”.

Aujourd’hui Bakary est à la tête d’une exploitation qui emploient des Mauritaniens, forment chaque année des stagiaires et approvisionne Kaédi et sa région. Sa ferme ressemble à une île de verdure au cœur d’un paysage sec et poussiéreux. La végétation est luxuriante. Les récoltes sont conséquentes et variées. Mangues, bananes, papayes mais aussi du raisin, des agrumes, des carottes, du manioc… Son envie de rejoindre l’Europe est définitivement enterrée. Maintenant il le sait, son avenir est ici.

Comme de nombreux autres jeunes, qui à travers la Mauritanie ouvrent des exploitations agroécologiques avec le CCFD-Terre Solidaire et le GRDR, Bakary s’investit pleinement dans le développement de son pays.

Salama-Maria, nourrir sa famille malgré la guerre

mars 8th, 2022 by

Salama-Maria a 45 ans. Derrière son sourire, il est difficile d’imaginer la violence qu’elle a traversé ces dix dernières années. Mais elle n’a jamais baissé les bras. Salama Maria s’est toujours battue pour son autonomie et parvenir à nourrir sa famille.

Une femme propriétaire dans un monde d’homme

Salama-Maria n’est pas une femme paysanne comme les autres. Dans la région des grands lacs, au Nord-Kivu en République démocratique du Congo, là où les terres sont quasi exclusivement détenues et gérées par les hommes, Salama-Maria détonne par son indépendance. Elle cultive son propre champ et fait figure d’exception.

Ici les femmes doivent lutter pour avoir accès à la terre. La société patriarcale les empêche de faire entendre leur voix et de prendre des décisions sur les activités agricoles. Même en cas de décès de leur conjoint ou de leur père, la coutume limite leur possibilité d’hériter. À tout moment, elles peuvent se faire expulser de leurs terres. Ce sont pourtant elles qui cultivent et sont les piliers économiques de la famille.

Tout perdre

Son petit village est situé dans un territoire en guerre à 200 km à l’ouest de Goma. La zone est envahie de groupes armés violents qui sèment régulièrement la terreur. Un jour son village est attaqué par un groupe armé. Elle fuit pour sauver sa famille.

La reconstruction tant bien que mal

Elle part se réfugier à Saké en quête de sécurité. Mais il est difficile pour une femme seule de repartir à zéro dans ce contexte troublé et sans aucune aide. Sa rencontre avec l’association Uwaki (l’Union des femmes paysannes du Nord-Kivu) lui permet de se relever.

Cette organisation de paysannes créée en 1997, soutenue financièrement depuis quinze ans par le CCFD-Terre Solidaire, lutte pour l’émancipation des femmes. Elle leur donne accès à des formations, des microcrédits, et les aide à défendre leurs droits.

Grâce à ses actions, l’association a permis à 3000 femmes d’accéder à plus de 2000 hectares de terre au Nord Kivu.

Salama-Maria en fait partie. Elle cultive à présent un petit champ qui lui permet de nourrir sa famille et de gagner sa vie. Avec les autres femmes d’Uwaki, elle transforme et vend ses récoltes. Ainsi elle ne dépend d’aucune aide financière ni alimentaire. Elle est autonome et compte bien le rester.

Joaquin, de la monoculture à l’agroforesterie

mars 8th, 2022 by

L’histoire de Joaquin est celle d’une famille à l’activité ancestrale mise à mal par la monoculture intensive et un système qui incite les agriculteurs à produire toujours plus et plus vite. C’est aussi l’histoire d’une renaissance et d’une réussite en harmonie avec la nature. Une histoire qui donne de l’espoir.

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© Ana Carolina de Lima

Le temps des durs travaux des champs

Joaquin et sa femme sont des petits paysans du nord de la Bolivie. Ils vivent dans la région de Chiquitania à proximité de la frontière brésilienne. Ils se lèvent tôt chaque jour, exploitent leur terre, travaillent dur et ne sont pas très riches. La famille s’agrandit et Joachim se demande s’ils auront un jour, les moyens d’envoyer leurs enfants à l’université et de leur donner un avenir.

L’appel de la modernité

Alors ils se laissent tenter par la monoculture intensive. Depuis plusieurs mois déjà, de gros propriétaires qui possèdent des surfaces qui dépassent parfois les 15 000 hectares, en vantent les bienfaits. Une solution idéale, simple et efficace selon eux pour sortir de la misère. Enthousiasmés par ces formidables perspectives qui leur sont promises, ils décident de se lancer dans la culture intensive du maïs et du riz. Après tout, il faut vivre avec son temps.

Les prêts bancaires se succèdent pour acheter les semences, puis pour acheter les engrais et les produits phytosanitaires indispensables pour permettre à ces plantes, non adaptées au climat et aux maladies, de se développer. À cela s’ajoute l’achat des machines nécessaires à l’exploitation de larges surfaces.

La somme empruntée donne le vertige mais la promesse des récoltes à venir les rassure et ils se mettent au travail.

La dure réalité

La saison des pluies arrive. Tout se gâte. Leurs terres sont situées dans une région basse propice aux inondations. Et avec le changement climatique, ces catastrophes naturelles sont de plus en plus fréquentes. En quelques heures, ils perdent toutes les récoltes sous des mètres cubes d’eau. Il faut tout recommencer à zéro. La banque ne veut rien entendre. Joachim est paralysé par la peur. Il perd le sommeil. L’angoisse le tenaille. Et s’il avait fait le mauvais choix ?

Mais comment revenir en arrière ? Pour cultiver du maïs et du riz, Joachim et son épouse ont arraché tous les arbres qui protégeaient les sols du soleil. Désormais sans protection et abîmés par les produits chimiques déversés en grande quantité, les sols sont secs, brûlés, affaiblis. Plus rien ne pousse naturellement.
Ils pensaient construire un monde meilleur pour leurs enfants et les générations futures, ils ont rendu la terre de leurs ancêtres stériles.

Dans un réflexe de survie Joaquin se rapproche de CIPCA. Cette organisation soutenue par le CCFD-Terre Solidaire accompagne les initiatives agricoles locales qui respectent l’environnement.

L’espoir renaît

Auprès de cette organisation, Joaquin trouve l’accompagnement technique dont il a besoin pour revenir à une culture plus naturelle. Il découvre les avantages de l’agroforesterie, redonne vie au sol, replante des arbres. Toute la famille suit les formations. Ils abandonnent le riz et le maïs et se tournent vers la culture du cacao, de la carambole, du pomelo, de la banane, du pacay, de l’aji, de la mandarine… Ils décident également d’installer des ruches, de faire un peu d’élevage et de produire du fromage, un peu de café, du chocolat.

Peu à peu ils renouent avec le “buen vivir”, le bien vivre, cher aux habitants de la région. Le bien vivre pour Joaquin,  c’est une productivité qui prend en compte le bien de tous. À la fois douce pour la forêt et source de revenus pour le paysan.


Tout en respectant l’environnement Joachim et ses proches mangent à leur faim, peuvent se soigner, vivre dignement et garantir l’éducation des enfants.


Ils consomment leur production et commercialisent le reste sur les marchés locaux, dégageant ainsi un revenu qui permet à chacun d’envisager l’avenir sereinement. L’angoisse du lendemain a disparu. Une exploitation verdoyante, généreuse et pleine de vie a remplacé le désert laissé par la monoculture.

8 mars 2022 : les femmes qui nous inspirent

mars 7th, 2022 by

Le 8 mars la Terre entière célèbre la Journée internationale des droits des femmes. C’est l’occasion pour le CCFD-Terre Solidaire de rendre hommages à ces femmes qui œuvrent sans relâche pour un monde plus solidaire.