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Convention fiscale à l’Onu : des ouvertures de négociations historiques

novembre 21st, 2023 by

Les premières négociations, en vue d’adopter une Convention internationale sur la fiscalité se dérouleront à l’ONU, à New York, du 26 avril au 8 mai 2024. Voici des éléments pour comprendre pourquoi c’est une étape indispensable pour enfin lutter efficacement contre la fraude et l’évasion fiscales. 

Lison Rehbinder, chargée de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire est présente à l’Onu à New York, pour l’ouverture de ces négociations historiques.

« CE PROCESSUS À L’ONU EST UNE AVANCEE HISTORIQUE, L’ABOUTISSEMENT D’UN COMBAT DE LONGUE DATE POUR OBTENIR DES RÉFORMES DU SYSTÈME FISCAL INTERNATIONAL EFFICACES ET DAVANTAGE D’EQUITÉ ET DE JUSTICE. »

Lison Rehbinder, chargée de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire

Où en est ce projet de Convention fiscale à l’ONU aujourd’hui ?

En novembre 2023, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution initiée par les Etats africains à une forte majorité, malgré la tentative de plusieurs pays de l’OCDE, dont la France, de bloquer ce processus.  Cette résolution acte le lancement des négociations intergouvernementales pour définir une Convention sur la fiscalité. 

Tous les Etats sont invités à participer, pour discuter pour la première fois du contenu d’un tel accord international contraignant sur les enjeux fiscaux.

Retour sur les enjeux de cette convention.  

Lutter contre la fraude et l’évasion fiscales, à quoi ça sert ?

Beaucoup de multinationales et riches particuliers profitent des failles du système fiscal international pour loger leurs profits dans les paradis fiscaux et payer peu d’impôts. 

Du fait de ces pratiques, près de 500 milliards échappent aux Etats chaque année.  

40 %

environ des bénéfices des entreprises multinationales sont localisés dans les paradis fiscaux

10 %

du PIB mondial localisé dans les paradis fiscaux 

Ces sommes d’argent sont des ressources en moins pour financer les services publics, notamment les secteur de la santé, de l’éducation, des politique agricoles et alimentaires durables, et la lutte contre la crise climatique. 

Quand les multinationales et les plus riches ne paient pas leurs impôts, ce sont les aussi les plus pauvres et les classes moyennes qui se retrouvent à assurer davantage le paiement des impôts. 

Lison Rehbinder, chargée de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire

Pourquoi a-t-on besoin d’une Convention fiscale sous l’égide de l’ONU ?

Une Convention internationale sur la fiscalité serait le premier accord véritablement international sur les questions de fiscalité.

Cet instrument pourrait permettre de promouvoir des systèmes fiscaux progressifs, en renforçant la transparence fiscale et la coopération entre les gouvernements et en créant des règles fiscales mondiales plus cohérentes et moins complexes.

En bref, c’est pour permettre d’avoir des règles qui obligent enfin les multinationales et les plus riches à payer leurs impôts.  

Malgré la révélation de scandale de grande ampleur, les dernières réformes du système fiscal international n’ont pas mis un terme au système d’imposition qui permet les transferts artificiels de bénéfice vers les paradis fiscaux.  

Sans grand changement, le système fiscal tel qu’il existe va rester en place et les multinationales pourront toujours localiser artificiellement leurs bénéfices dans d’autres juridictions que celles de leur activité réelle. 

POUR LUTTER CONTRE L’ÉVASION FISCALE DES MULTINATIONALES, SEUL UN RÉEL CHANGEMENT DES RÈGLES FISCALES POURRA ÊTRE EFFICACE 

LISON REHBINDER, CHARGÉE DE PLAIDOYER AU CCFD-TERRE SOLIDAIRE 

Négocier cette Convention fiscale à l’ONU est la solution clé, puisque tous les Etats du monde peuvent être réunis autour de la table. Les négociations pourraient déboucher sur un accord international contraignant pour les Etats. Il en existe par exemple sur les enjeux climatiques ou sur la protection de la biodiversité qui donnent lieu aux Cop.  

Une Convention fiscale à l’ONU pourrait aussi permettre de lier la gouvernance fiscale mondiale aux autres engagements et obligations des gouvernements, notamment ceux relatifs aux droits humains, aux objectifs de développement durable des Nations Unies, à l’égalité, et à la protection du climat et de la biodiversité.  

Des négociations fiscales avec tous les Etats du monde

Les négociations pour une Convention fiscale à l’ONU est une victoire historique poussée par les pays du Sud.  

Le processus à l’ONU engage des enjeux de représentativité et de transparence qui visent à inclure tous les Etats. Tous les pays pourront négocier sur un pied d’égalité. 

A contrario, les dernières négociations à l’OCDE n’étaient pas réellement universelles puisqu’un tiers des pays du monde n’y ont pas participé. Le poids de l’OCDE et en particulier le G7 a été particulièrement important sur ces négociations. L’accord qui en a découlé a été très désavantageux pour les pays du Sud. 

Convention fiscale : la position de la France ?

La France, qui a appelé à plusieurs reprises à une réforme de l’architecture économique mondiale pour une meilleure inclusion des pays du Sud et veut s’afficher comme un pays engagé dans la lutte contre l’évasion fiscale, a voté contre la résolution. 

Maintenant que les négociations débutent, la France doit sortir de son rôle de bloqueur et s’engager activement pour des négociations efficaces.  

Lison Rehbinder, chargée de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire.

Nous appelons désormais la France et les pays de l’Union européenne à participer activement aux travaux qui vont démarrer, pour aboutir à une convention ambitieuse. 

Découvrir la note sur les négociations fiscales à l’ONU :

Appel à l’action face à la détérioration de la situation dans les territoires palestiniens occupés et en Israël

novembre 21st, 2023 by

Le 10 novembre, le réseau international des ONG de la Cidse, dont fait partie le CCFD-Terre Solidaire a lancé un appel à l’action face à la détérioration catastrophique de la situation dans les territoires palestiniens occupés et en Israël

Au 10 novembre, plus de 10 000 Palestiniens, dont deux tiers de femmes et d’enfants, ont été tués dans les bombardements israéliens sur Gaza depuis le 7 octobre. 1400 Israéliens ont été tués, dont au moins 31 enfants, pour la plupart lors de l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël. Au moins 240 otages civils, dont au moins 31 enfants, et des prisonniers militaires sont détenus par le Hamas à Gaza*.
Le siège militaire israélien de Gaza se poursuit, tout comme les roquettes tirées par des militants palestiniens sur Israël.

La CIDSE condamne fermement toute violence contre les civils, ainsi que le siège israélien de Gaza qui équivaut à une punition collective contre les civils palestiniens à Gaza.

Situation catastrophique à Gaza

La situation humanitaire dans la bande de Gaza est une catastrophe provoquée par des être humains. L’UNICEF a dit que “Gaza est devenue un cimetière pour des milliers d’enfants. C’est un enfer pour tout le monde».

Les rapports du bureau de coordination humanitaire (Ocha) à l’Onu indiquent que plus de 25 900 Palestiniens sont blessés et 1.5 million sont déplacés à l’intérieur du territoire.
Les civils se débattent pour trouver de l’eau potable et de la nourriture, car l’aide humanitaire arrivant d’Égypte ne répond qu’à une fraction des besoins de la population. Hôpitaux, ambulances et autres installations médicales ont été attaqués, laissant le système de santé de Gaza dans un état d’effondrement**.

Appel à la protection des civils

La CIDSE appelle à la protection de tous les civils, un principe inscrit dans le droit international humanitaire.
Les bombardements aveugles et les attaques contre la population civile palestinienne et les infrastructures telles que les hôpitaux et les écoles par l’armée israélienne peuvent constituer des crimes de guerre, tandis que la persécution et les punitions collectives constituent des crimes contre l’humanité au sens du Statut de Rome.
De même, le meurtre de civils, la prise d’otages et les mauvais traitements, ainsi que l’exécution de soldats capturés par le Hamas constituent des crimes de guerre au sens du Statut de Rome et du Protocole additionnel I à la Convention de Genève***.

L’urgence de la situation ne peut pas être suffisamment soulignée. Les experts de l’ONU avertissent que : “Le peuple palestinien court un grave risque de génocide… le moment est venu d’agir. Les alliés d’Israël portent également une responsabilité et doivent agir maintenant pour empêcher son plan d’action désastreux ».


Dans ce contexte, l’UE et les États membres doivent assumer leurs responsabilités en tant qu’États tiers et prendre les mesures appropriées pour garantir le respect et prévenir les violations du droit international humanitaire, comme l’exigent les Conventions de Genève de 1949 (article 1 commun).

Violences et expulsions en Cisjordanie

La CIDSE est également profondément préoccupée par l’escalade de la violence en Cisjordanie. Depuis le 7 octobre plus de 150 Palestiniens, dont 44 enfants, ont été tués par l’armée israélienne et les colons et 2 Israéliens ont été tués dans des attaques palestiniennes.

Alors que les yeux du monde sont tournés vers Gaza, les colons israéliens de Cisjordanie ont intensifié leurs attaques visant à déplacer de force les communautés palestiniennes. En conséquence, au cours des dernières semaines, au moins treize communautés pastorales palestiniennes comprenant 905 personnes, dont 356 enfants, ont été déraciné et d’autres encore courent un risque imminent de déplacement si aucune mesure n’est prise.

Répression de la liberté d’expression en Israël

La CIDSE est également alarmée par la situation en Israël. Adalah, partenaire des membres de la CIDSE rapports sur une sévère répression de la liberté d’expression des citoyens palestiniens d’Israël et des juifs israéliens qui s’opposent à la guerre à Gaza. Des étudiants et des universitaires palestiniens ont été suspendus ou expulsés, et des employés palestiniens ont été licenciés pour de simples expressions de solidarité avec les civils palestiniens à Gaza ou pour des citations du Coran.
Plus de 110 personnes ont été arrêtées pour des délits liés à la parole, en raison du large pouvoir discrétionnaire que le gouvernement israélien a accordé à la police dans la définition de ce qui est considéré comme un soutien au terrorisme.
Michel Sfard, avocat israélien des droits humain, explique que la liberté d’expression individuelle est soumise à de fortes pressions : « il y a une vague de réduction au silence face à l’expression de toute critique, mais aussi de simple compassion ».

Se rappeler les causes profondes de la violence

Dans ces moments difficiles, nous devons également nous rappeler les causes profondes de la violence actuelle. La région ne sera jamais en sécurité ni en paix tant que le droit du peuple palestinien à l’autodétermination ne sera pas respecté et que l’occupation israélienne des territoires palestiniens, le blocus de la bande de Gaza et l’oppression et la discrimination systématiques des Palestiniens ne seront pas mis fin. par Israël.

La justice doit être l’élément central de la feuille de route de l’action diplomatique de l’UE et des États membres, ce n’est qu’ainsi qu’une solution politique juste et durable pourra être trouvée.

Pour mettre fin aux souffrances humaines indescriptibles et à la déshumanisation, la CIDSE exhorte l’UE et ses États membres à :

  1. Appelez à un cessez-le-feu immédiat et garanti au niveau international.
  2. Appelons les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et à protéger les civils, en particulier les enfants, les blessés et les malades, le personnel médical et les travailleurs humanitaires. Cela devrait également inclure la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages.
  3. Exigez la fin du siège de Gaza et un accès humanitaire immédiat à tous les civils, y compris ceux du nord de Gaza.
  4. Prendre des mesures décisives pour mettre fin à l’escalade des attaques violentes perpétrées par les colons israéliens et mettre un terme au déplacement forcé des Palestiniens dans les territoires palestiniens occupés.
  5. Appelons Israël à garantir le respect et la protection des droits des minorités, en particulier des citoyens palestiniens d’Israël, et à sauvegarder le droit à la liberté de pensée et d’expression de tous les citoyens.
  6. Assurer la responsabilisation pour les violations du droit international humanitaire et du droit des droits de l’homme en soutenant l’enquête de la CPI sur la situation dans les territoires palestiniens occupés.

*Jusqu’à présent, seuls quatre otages ont été libérés par le Hamas.

** Plus d’un tiers des hôpitaux ne fonctionnent pas et les autres rationnent le carburant, les fournitures, l’espace et les médicaments. https://www.unops.org/news-and-stories/speeches/critical-infrastructure-is-collapsing-in-gaza-statement-from-jorge-moreira-da-silva-un-under-secretary-general-and-unops-executive-director

***Ceci est également conforme à la propre politique de l’Union européenne lignes directrices sur la promotion du respect du droit international humanitaire

Total au Congo, les dessous de la compensation carbone

novembre 9th, 2023 by

Au Congo-Brazzaville, le projet BaCaSi mené par TotalEnergies pour compenser ses émissions de gaz à effets de serre prévoit la plantation d’acacias sur 38 000 hectares de terre. Alerté par la Commission diocésaine Justice et paix de Pointe-Noire (CDJP), le CCFD-Terre Solidaire se mobilise pour obtenir une meilleure prise en compte des populations impactées par le projet.

Brice Mackosso, Secrétaire Permanent de la Commission diocésaine Justice et paix de Pointe-Noire (CDJP) est venu spécialement en France à l’occasion de la publication des résultats de l’enquête « LA COMPENSATION CARBONE AU DÉTRIMENT DES POPULATIONS ». Avec Jean-François DUBOST, directeur du plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire, ils nous dévoilent dans cette vidéo les problèmes posés par ce projet, le dialogue initié avec Total, et la menace que représente ce type de projets de compensation carbone pour la souveraineté alimentaire des populations.

Qu’est ce que le projet BaCaSi?

Le projet BaCaSi (“Batéké Carbon Sink”) est un projet de compensation carbone de TotalEnergies au Congo-Brazzaville conçu en accord avec le gouvernement congolais, mais en marge des populations locales.

Les parties prenantes – propriétaires terriens mais aussi les cultivateurs locataires et des populations autochtones vivant sur ces terres – n’ont été informées des implications du projet qu’un an après la signature de l’accord.  

Aux côtés de la Commission diocésaine Justice et paix Pointe-Noire et du Secours Catholique – Caritas France, le CCFD–Terre Solidaire dénonce l’illusion que représente le projet BaCaSi, censé compenser les émissions de gaz à effets de serre de TotalEnergies, et la non prise en compte des personnes impactées par le projet. 

Les populations évincées

Ce sont les populations évincées qui ont alerté la Commission diocésaine Justice et paix Pointe-Noire, qui a transmis leur interpellation au CCFD-Terre Solidaire et au Secours Catholique en France. La communauté locale qui pratiquait l’agriculture avait perdu l’usage de ses terres. Et la communauté autochtone se voyait refuser l’accès aux forêts, pourtant essentielles à leurs ressources vivrières et leurs activités économiques, comme la culture du manioc et la cueillette de produits forestiers. 

Les familles ne savaient pas qu’elles étaient en train de perdre définitivement l’usage de leur terre.

Brice Mackosso, Secrétaire Permanent de la CDJP

Aucune alternative adaptée à leurs besoins n’a été proposée. Si une parcelle d’agro forestation a bien été créée sur le site du projet pour mêler la culture du manioc à la plantation d’acacias, l’absence de formation technique à cette agriculture, très différente du système traditionnel, ne permet pas de compenser la perte des biens et moyens de subsistance des personnes touchées. 

Premières avancées obtenues

Une demande de dialogue a été entreprise par le CCFD- Terre Solidaire et le Secours Catholique. Grace à notre plaidoyer, les populations autochtones ont été à nouveau autorisées à mener leurs activités dans la zone. Et des nouvelles compensations sont prévues pour celles qui cultivaient la terre.

Aujourd’hui il y a des efforts qui ont été faits, et qui auraient du être fait avant le lancement du projet

Jean-François DUBOST, le directeur du plaidoyer du CCFD-Terre Solidaire

Les illusions de la compensation carbone

Pour TotalEnergies, la plantation d’acacias est un moyen d’afficher des objectifs de neutralité carbone tout en maintenant des activités ayant un impact négatif sur le climat. Derrière ce projet, Total mène une stratégie de greenwashing

Ce qu’on attend d’eux, c’est une réduction des émissions carbone et non pas une démarche de compensation des émissions carbone. 

BRICE MACKOSSO, Secrétaire Permanent de la CDJP

Nos recommandations

Le CCFD-Terre Solidaire rappelle que la réduction immédiate des émissions à la source doit être la priorité de toutes les politiques et stratégies climat des entreprises. 

Cela implique d’engager des mesures politiques ambitieuses pour réduire réellement les émissions de gaz-à-effet de serre.  

Le CCFD-Terre Solidaire appelle à l’engagement d’actions de remédiations pour les personnes impactées par le projet BaCaSi par les porteurs du projet et l’Etat congolais.  

Des garde-fous contraignants doivent être introduits dans la structure et le fonctionnement des marchés carbone afin d’assurer le respect des droits humains.  

Retrouvez notre mobilisation en faveur de la justice climatique.

Retrouver toute l’enquête ici :

Minéraux de la transition énergétique : l’alerte des pays du Sud

novembre 8th, 2023 by

Les voies empruntées par les pays riches pour lutter contre le dérèglement climatique se sont retrouvées dans le collimateur du 2è Forum social sur les mines et l’extractivisme, organisé en Indonésie du 16 au 20 octobre dernier. Le Forum, qui réunissait 350 membres d’organisations de 53 pays, dont 16 partenaires du CCFD-Terre solidaire, a fait remonter l’impact des projets miniers liés à la transition énergétique.

Il n’y avait personne, lors des débats de ce forum social pour remettre en question l’objectif de la transition énergétique, à savoir se passer des énergies fossiles pour contenir le dérèglement climatique.

En revanche, il y avait un consensus pour dénoncer la perversité de ses impacts, vu des pays du Sud : une course mondiale aux minéraux dits « critiques » — cobalt, lithium, nickel, manganèse, cuivre, terres rares… —, nécessaires aux éoliennes, aux panneaux solaires, aux batteries des voitures électriques et autres technologies « bas carbone » mises en avant par les gouvernements du Nord.

Les mauvaises pratiques du secteur minier au cœur des préoccupations

D’Indonésie au Pérou, du Zimbabwe au Brésil, les communautés rurales et autochtones témoignent des vieilles logiques de l’exploitation minière à nouveau à l’œuvre pour les minerais de la transition énergétique avec en liste :
– le droit des populations locales bafoué
– le déplacement de villages entiers,
– le massacre de la nature,
– les lois ad hoc pour faciliter les investissements miniers,
– la corruption,
– les retombées économiques insignifiantes pour les communautés locales etc.

« Avec la construction de Nachtigal au Cameroun, le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique centrale, les populations locales sont purement et simplement interdites d’accès à l’eau, d’où elles puisent une grande partie de leurs ressources », témoigne Veronique Mbole, de Green Development Advocates.
L’association est membre du réseau féministe africain Womin African Alliance, l’un des 16 partenaires du CCFD-Terre solidaire présents au forum. Tous peuvent témoigner des impacts de l’extractivisme dans leur pays, que ce soit le CRAAD-OI à Madagascar, l’AIDC en Afrique du Sud ou SADD au Togo.

D’Indonésie au Pérou, du Zimbabwe au Brésil, les communautés rurales et autochtones témoignent de la vieille logique de l’extractivisme à l’œuvre 

Le problème de l’extractivisme « de transition » n’avait pas encore été identifié lors de la première édition de ce forum social thématique, tenu en 2018 en Afrique du Sud. On y avait dénoncé, plus classiquement, l’intensification, au cours des dernières décennies, d’un modèle « raciste, patriarcal et colonial, fondé sur le fantasme d’une croissance économique sans fin sur une planète limitée ».

Depuis, la crise covid et la guerre en Ukraine ont stimulé l’agenda post-énergies fossiles des pays du Nord, mais aussi de la Chine, actrice très active de l’extractivisme hors de son territoire.

Autre menace émergente stigmatisée par les ateliers du forum : la progression de l’économie « bleue », concept qui englobe une kyrielle d’activités côtières et maritimes — pêche, exploitation des minéraux, désalinisation de l’eau, biotechnologies marines, tourisme, construction navale, énergies, etc. —, et dont les planificateurs promeuvent une exploitation « durable ». Car là encore, le concept s’est construit sur une vision macro-économique qui piétine allègrement l’intérêt des communautés côtières, et notamment celles qui vivent de la pêche, en ouvrant largement l’accès du territoire « bleu » aux poids lourds industriels et financiers. Au point que des organisations de défense des droits humains qualifient même de répression « bleue » les dispositifs juridiques, judiciaires et policiers actionnés pour sanctionner toute entrave locale au déploiement de cette économie bleue.

Le forum mobilisé sur les nouveaux enjeux de la transition énergétique et de l’économie bleue

Le forum indonésien estime que ces nouveaux développements que l’on retrouve partout dans les pays du Sud nécessitent « une réponse coordonnée de la part des communautés affectées ainsi que des efforts continus de sensibilisation, de renforcement des capacités et de solidarité ».

La campagne « Le Droit de dire non », lancée par le forum de 2018 pour fournir des outils pratiques et juridiques aux populations en lutte contre des projets extractivistes, envisage notamment un développement spécifique à l’exploitation des minéraux « de transition ».

Patrick Piro

Au Mozambique, «  la présence de Total a mis les gens en danger »

octobre 29th, 2023 by

Daniel Ribeiro, directeur technique et de la recherche chez Justiça Ambiental ! (JA !) – soutenu par le CCFD-Terre Solidaire – dénonce les effets des investissements gaziers sur la population de la province mozambicaine de Cabo Delgado.

Pourquoi êtes-vous venu en Europe rencontrer des politiques, des entreprises et des médias ?

Daniel Ribeiro : Nous voulons alerter l’opinion et les décideurs sur l’impact des projets de production de gaz au nord du Mozambique. Ils ont un effet désastreux sur les droits humains et l’environnement.

800 000 personnes ont fui leurs terres dans la province de Cabo Delgado pour se réfugier, plus au sud, dans la province de Nampula et Niassa. Depuis 2017, ils fuient l’insécurité dans cette région qui connaît de grands projets d’exploitation gazière, menés par les compagnies TotalEnergies, Eni et Exxon.

En quoi ces projets nourrissent-ils l’insécurité ?

D.R. : Ces projets gaziers sont énormes. Ils placent le Mozambique dans les dix premiers producteurs mondiaux. Ils ont été conclus par des proches des élites au pouvoir, sans réelle concertation avec la population locale. Ces projets s’emparent de terres, sans proposer de compensations justes ou d’emplois à une jeunesse désœuvrée, vivant pour la majorité en dessous du seuil de pauvreté.

La frustration de ces populations délaissées depuis trop longtemps par le pouvoir central a nourri des mouvements de rébellion. Ceux-ci ont commencé à attaquer les installations des gaziers dès 2017. Deux ans plus tard, ils faisaient allégeance à l’Etat Islamique.

Les autorités mozambicaines ont constaté que l’armée ne pouvait pas assurer l’ordre. Elles ont alors fait appel aux mercenaires du groupe russe Wagner et sud-africain DAG.

Désormais les forces de sécurité protègent les installations, mais pas la population. En mars 2021, à Palma, une attaque contre les installations de TotalEnergies a fait 1 200 morts. La présence, notamment de Total, a mis les gens en danger ! Une plainte pénale vient d’être déposée en France contre TotalEnergies pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger.

Aujourd’hui, le gouvernement mozambicain veut faire croire que la sécurité est revenue dans cette province afin de favoriser la reprise du projet. Mais, cela est faux !

Ces projets gaziers peuvent-ils servir au développement du Mozambique ?

D.R. : Le gaz produit par ces projets est essentiellement destiné à l’exportation et ne bénéficiera donc pas aux populations locales. Il faut savoir que le pays ne commencera à toucher des bénéfices de ce gaz qu’en 2040 ! A un moment où de toute façon, les pays auront réduit leurs consommations d’énergies fossiles et auront moins besoin de gaz.

En revanche, les mozambicains – très exposés aux effets du changement climatique – vont subir les conséquences de la consommation de ce gaz.

Un exemple : les coûts générés par les deux cyclones subis par le pays en 2019 représentent 75% des bénéfices escomptés (après 2040) de ce projet.

Nous voulons alerter les établissements européens qui ont prêté de l’argent pour ces investissements colossaux. Je suis convaincu, qu’aujourd’hui, avec ce que l’on sait de l’impact négatif des industries extractives sur le changement climatique, un tel projet ne serait plus approuvé par ces mêmes établissements. Tant d’un point de vue écologique que social.

Toutes ces raisons nous poussent à demander à nos interlocuteurs en Europe de désinvestir ces projets.

Recueilli par Pierre Cochez

LA MARMITE DE KOKA-MBALA – HISTOIRE D’UNE RENCONTRE THÉÂTRALE

octobre 23rd, 2023 by

La lutte contre le patriarcat est devenue une priorité pour le CCFD-Terre solidaire, car ce combat permet également de promouvoir la souveraineté alimentaire dans le cadre de modèles agricoles plus égalitaires et respectueux des écosystèmes.


Au CCFD-Terre Solidaire, nous définissons le patriarcat comme un système d’organisation sociale qui reconnaît à l’homme le pouvoir dans tous les domaines (familial, politique, culturel, religieux). Basé sur la domination, il induit des principes d’inégalité, d’injustice, de compétition. Le patriarcat contribue ainsi au développement de nombreuses formes de violences, et plus particulièrement le mépris de la dignité et des droits des femmes, le racisme, l’homophobie, l’exclusion des minorités, le pillage des ressources de la planète.

Dans le cadre du renforcement du débat autour du Patriarcat et de la solidarité internationale, nous avons rencontré l’association étudiante Etudi’Art.
C’est une association de Metz qui a travaillé durant l’année scolaire 2022-2023 sur une représentation théâtrale de la pièce “La Marmite de Koka-Mbala”. Une pièce africaine d’un auteur congolais Guy Menga.
L’action se déroule dans un des petits royaumes qui morcelaient le Congo. Dans la cité de Koka-Mbala, capitale de ce royaume, les lois étaient rigides et les juges inflexibles et impitoyables. Il était notamment interdit à tout homme de “lever les yeux sur une femme” et inversement.

Dans cette société, la Femme n’est pas autorisée à débattre. Au cours de la pièce, la reine aide les jeunes et les femmes à prendre leur place dans le débat.

Les rencontres ont été d’une grande richesse et ont permis à 300 personnes de découvrir la pièce et de réfléchir aux questions fondamentales de domination, de patriarcat, de justice sociale… à la suite.

A Gaza, notre partenaire se mobilise

octobre 20th, 2023 by

Dans la partie Sud de la bande de Gaza, les déplacés affluent. Les bombes pleuvent et tout manque : eau, abris, nourriture, soins. Notre partenaire Culture et Pensée Libre se mobilise. Avec plus de 200 autres organisations, le CCFD-Terre Solidaire relaie également une pétition en faveur d’un cessez-le-feu.

Rester le plus possible en lien avec nos partenaires sur place

L’accès à internet et à l’électricité étant très limités, la communication avec nos partenaires de Gaza est compliquée. Chaque jour Eléonore, notre chargée de mission qui suit l’action des partenaires sur place, leur envoie un message.

Tous font état d’une situation traumatique et sans précédent.

Les bombardements sont intenses, et les partenaires témoignent tous avoir perdu des membres de leur familles, des amis proches, des voisins.

Ce sont des voix qui se brisent sur les messageries vocales, des « je ne peux plus parler », des cœurs dérisoires qui s’échangent par whatsapp quand les mots ne sont plus possibles.  

« Je suis toujours vivante » rassure H, une jeune femme d’une vingtaine d’année qui travaille pour l’association Culture et Pensée Libre ; « Mais mon âme est morte » ajoute-t-elle peu après.

Le centre culturel mobilisé pour les déplacés

Sur place, l’association Culture et Pensée Libre que nous soutenons depuis 25 ans pour ses actions de paix et de vivre-ensemble, gérait jusque-là plusieurs centres de jeunes à Khan Younes  au Sud de la Bande de Gaza. 

Elle a du suspendre l’intégralité de ses activités régulières afin de déployer des actions d’urgence.

L’association a ouvert son centre culturel normalement destiné aux enfants et aux adolescents afin d’accueillir les déplacés internes de la partie nord de Gaza, et ceux qui ont perdu leur maison. Ces actions d’urgence permettent d’assurer l’accès aux biens de première nécessité des personnes accueillies.

En l’absence d’accès à l’eau, l’association achète des bidons d’eau (salée), et effectue des distributions d’urgence (matelas, couvertures, repas chauds…). Pour le moment, plus de 300 personnes sont accueillies sur place. Nos partenaires nous décrivent à quel point « chaque goutte d’eau compte ».

La directrice du centre Majeda Al Saqqa explique aussi que sa famille accueille 150 personnes dans leur maison.

Aider les déplacés malgré leur propre détresse

Eléonore raconte que la voix grave de Majeda s’anime quand elle évoque le travail mené par l’équipe de Culture et Pensée Libre. Même les membres de l’équipe frappés par le deuil sont à pied d’œuvre pour coordonner et organiser la logistique nécessaire à l’accueil de centaines de personnes dépourvues de tout.

Il faut parvenir à préparer des repas, distribuer l’eau, mettre en place une aide psychologique d’urgence. « Grâce à Dieu, nous travaillons tous » explique-t-elle.

Le CCFD-Terre Solidaire a lancé un appel à don auquel vous avez déjà été nombreux à répondre et nous vous en remercions. Cela nous permet de répondre à la demande d’aide de Culture et Pensée Libre.

Aujourd’hui nous vous invitons également à signer cette pétition en faveur d’un cessez-le-feu immédiat.

Une situation sans précédent

Le 7 octobre, le Hamas a mené une offensive sans précédent en Israël par voies terrestre, maritime et aérienne. L’attaque a entrainé la mort d’au moins 1 400 Israéliens. 203 personnes, civils et militaires, ont été pris en otage.

L’opération « glaive de fer », menée par l’armée israélienne a déjà entrainé la mort de 3 785 Palestiniens dans la Bande de Gaza, et près de 12 500 blessés. De plus, l’armée israélienne a instauré un siège complet sur la Bande de Gaza, coupant aux habitants l’accès à la nourriture, à l’eau, à l’électricité et au fuel.

Vendredi 13 octobre, l’armée israélienne a donné l’ordre à plus d’1,1 millions de Gazaouis habitant dans la moitié nord de la Bande de Gaza d’évacuer vers le sud. La population s’est déplacée massivement,  mais  de nombreuses personnes n’ont pas pu se réfugier dans le sud, faute d’abris disponibles.

Signons l’appel à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza et en Israël

octobre 19th, 2023 by

A l’initiative de l’ONG internationale Save the children, nous sommes plus de 250 associations de tous les pays à appeler à un cessez-le-feu afin d’éviter une catastrophe humanitaire et de nouvelles pertes de vies innocentes

Nous avons été les témoins de la  mort et de destructions incompréhensibles dans la bande de Gaza et en Israël. Des milliers de personnes ont été tuées, blessées, déplacées, et près de 200 sont toujours retenues en otage, y compris des enfants, et des personnes âgées.

À Gaza, les Nations unies ont déclaré que l’eau, la nourriture, le carburant, les fournitures médicales et même les housses mortuaires commençaient à manquer en raison du siège.

L’ONU a averti que les gens – en particulier les jeunes enfants – commenceront bientôt à mourir de déshydratation sévère.

Des quartiers ont été détruits et réduits à des décombres. Les Palestiniens en quête de sécurité n’ont nulle part où aller. Nombre de ceux qui ont quitté le nord de la bande de Gaza pour se rendre dans le sud après l’ordre de relogement donné par l’armée israélienne ont été bombardés alors qu’ils tentaient de fuir ou une fois arrivés dans le sud de la bande de Gaza. 

Les événements de la semaine dernière nous ont conduits à une catastrophe humanitaire et le monde ne peut plus attendre pour agir. Il en va de notre responsabilité collective.

Le dimanche 15 octobre, le coordinateur humanitaire des Nations unies pour le territoire palestinien occupé a lancé un appel à toutes les parties au conflit et aux États membres influents pour qu’ils acceptent d’urgence un cessez-le-feu humanitaire.

Aujourd’hui, nous unissons nos voix et appelons tous les chefs d’État, le Conseil de sécurité des Nations unies et les acteurs sur le terrain à donner la priorité à la préservation de la vie humaine. Au cours de ce cessez-le-feu, nous demandons à toutes les parties d’agir sans condition :

  • Faciliter l’acheminement de l’aide vitale, y compris la nourriture, les fournitures médicales, le carburant et la reprise de l’électricité et de l’Internet à Gaza, ainsi que le passage en toute sécurité du personnel humanitaire et médical. 
  •  Libérer tous les otages civils, en particulier les enfants et les personnes âgées.
  • Autoriser les convois humanitaires à atteindre les installations de l’ONU, les écoles, les hôpitaux et les centres de santé dans le nord de Gaza et s’engager à les protéger, ainsi que les civils et le personnel qui s’y trouvent, à tout moment.
  • Annuler les ordres donnés par le gouvernement israélien pour que les civils quittent le nord de Gaza
  • Autoriser l’évacuation médicale des patients en état critique pour des soins urgents.

Le Conseil de sécurité des Nations unies, le secrétaire général des Nations unies et tous les dirigeants mondiaux influents doivent prendre des mesures immédiates pour garantir l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu. C’est notre seule option pour éviter de nouvelles pertes civiles et une catastrophe humanitaire. Tout autre résultat sera à jamais une tache sur notre conscience collective.

Les civils ne sont pas une monnaie d’échange. Les familles doivent avoir la possibilité d’enterrer et de pleurer leurs morts. Le cycle de la violence contre des civils innocents doit cesser.

Retrouver l’appel en anglais sur le site de Save the children

Signataires

11.11.11
38 Degrees
50:50 NI
ABCD Bethlehem
Abductees Mothers Association
ACAT France
ACTION AGAINST HUNGER
Action Corps
Action For Humanity
ActionAid International
Africans Rising
Afro-Middle East Centre
Agriculture Developmrnt Associations PARC
Ajyal Foundation for Education
Al Basma Club for the Disabled
Alliance Internationale -AIDL
Alquds center for Political Studies
Americans for Justice in Palestine Action (AJP Action)
Americares
Amos Trust
Anera
AOI
Arab foundation for civil society and human rights
Arab NGO Network for Development
Asamblea de Cooperación por la Paz
Asociación Otra Escuela
Association Ifriqiya
Association of War Affected Women
ASSOPACEPALESTINA
Avaaz
Baptist Union of Wales
Belgian Academics and Artists for Palestine
bina
Bond, the UK network for INGOs
Broederlijk Delen
Bytes For All, Pakistan
Caesar Families Association
CAFOD
Cairo Institute for Human Rights Studies
Canadians for Justice and Peace in the Middle East (CJPME)
CARAS
Care International
Carolina Peace Center
CCFD-Terre Solidaire
Ceasefire Centre for Civilian Rights
Center for Civilians in Conflict (CIVIC)
Center for Human Rights in Iran
Center for Peace Education, Miriam College
Centre for human Rights & Civic Education (CHRICED)
Centre for Peace Research and Advocacy -CPRA
CESVI
cfd – The feminist Peace Organisation
Change Horizons Forum
ChildFund Alliance
Christian Aid
Christian Aid Ireland
Church and Peace – Ecumenical peace church network in Europe
Church World Service
Churches for Middle East Peace (CMEP)
CIDSE
CISP
CISS – COOPERAZIONE INTERNAZIONALE SUD SUD
City of Sanctuary Sheffield
CIVICUS
CNCD-11.11.11
Coalition Against Trafficking in Women Asia Pacific
Coexist Community kitchen CIC
Committee to Protect Journalists
COPE Cooperazione Paesi Emergenti
COSPE
Cotidiana Mujer AFM
Council for Arab-British Understanding
Council on American-Islamic Relations
Counterpoints Arts
CRIC – Centro Regionale d’Intervento per la Cooperazione ETS
Culturel Center Beethoven Bettounssi
DanChurchAid
DanChurchAid
Danish Refugee Council
Daraj Media
DC Peace Team
Defense Foundation for Rights and Freedom
Delawareans for Palestinian Human Rights
Democracy School
Denis Hurley Peace Institute
Diakonia
Diverse Voices and Action (DIVA) for Equality
Educo Member of ChildFund Alliance
EL SPACE
Embrace the Middle East
English for Action (EFA) London
Entraide & Fraternité
Episcopal Relief & Development
Escola de Cultura de Pau (School for a Culture of Peace)
Euro-Med Human Rights Monitor
European Centre for the Responsibility to Protect
European Centre for the Responsibility to Protect (ECR2P)
European Network on Statelessness
Fédération Internationale pour les droits humains (FIDH)
Feminist Task Force
Fenix Humanitarian Legal Aid
Foro Ciudadano Relaciones Celac-UE
Foundation for Human Rights Initiative (FHRI)
France Palestine Mental Health Network
Friends Committee on National Legislation
Friends of Nablus and Surrounding areas (FONSA)
Fundación Cultura de Paz
FUNDACIÓN MUNDUBAT
Futuro en Común
Gandhi Development Trust Phoenix Settlement Trust
Gender Action for Peace and Security
Gender Advisory Team
Genera: Red de mujeres feministas por la equidad de género en el desarrollo
Global Centre for the Responsibility to Protect
Global Communities
Global Justice Center
Global Justice Now
Global Link
Global Network of Women Peacebuilders (GNWP)
Global Rights
GPPAC Pacific-Pacific Women Mediators Network
Haliéus
Handicap International – Humanity & Inclusion
Hawai’i Institute for Human Rights
Health Poverty Action
HEKS/EPER – Swiss Church Aid
Helen Suzman Foundation
HelpAge Interational
HIAS
Human Life Foundation for Development and Relief
Human Rights & Democracy Media Center ‎‏“‏SHAMS‏”‏
Human Rights Sentinel
Humans for Rights Network
ICNA
ICNA Council for Social Justice
ICNA Council for Social Justice (ICNA CSJ)
IHH Humanitarian Relief Foundation
IM Swedish Development Partner
Ina autra senda – Swiss Friends of Combatants for Peace
Innovation for Change South Asia
Institute for Security Studies
International Federation for Human Rights
International Rescue Committee
INTERSOS
IPMHN Ireland Palestine Mental Health Network
Islamic Center of Detroit
Islamic Relief
Israeli Committee Against House Demolitions (ICAHD)
Israeli Committee Against House Demolitions UK- UK
Israelisches Komitee gegen Hauszerstörungen (ICAHD) Germany
Jewish Network for Palestine
Jewish Voice for Democracy and Justice in Israel/Palestine jvjp, Switzerland
Jewish Voice for Peace Albuquerque
Jews against the Occupation Sydney
Joint Council for the Welfare of Immigrants
Jusoor Center for Studies and Development
Kairos Palestine
Kairos Palestine Sweden
Kenya Human Rights Commission
KURVE Wustrow – Centre for Training and Networking in Nonviolent Action e.V.
La Coordinadora de ONGD -España
Lawyers for Palestinian Human Rights
Liberian Energy Network
Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme – LADDH
Lutheran World Federation
MADRE
Marib Girls Foundation
Maryknoll Office for Global Concerns
MDM Network
Medact
Medecins Sans Frontières (MSF)
Medical Aid for Palestinians (MAP)
medico international
medico international schweiz
Mennonite Central Committee U.S.
Mercy Corps
Mercy-USA for Aid and Development
Middle East and North Africa Partnership for Preventing of Armed Conflict – MENAPPAC
Middle East Children’s Alliance
Migrant Roots Media
Min Haqi Foundation to empower women politically and economically
Misereor
Missionaries of the Sacred Heart Justice and Peace Centre (Australian Province)
Mouvement Social
Musaala Organization for Human Rights
Muslim Aid
Muslim Legal Fund of America
Mwatana for Human Rights
Naseef Muallem
National Cancer Control Foundatin – Yemen
Network of the independent Commission for Human rights in North Africa CIDH AFRICA
NGO SPES
NGOs Platform of Saida – Tajamoh
Nobel Women’s Initiative
Nonviolence Network in the Arab Countries
Nonviolent Peaceforce
Nophotozone
North American Imams Fellow
North West Migrants Forum
Northern Friends Peace Board
Norwegian Church Aid
Norwegian Refugee Council
Oxfam
Palestinian Human Rights Organisation “PHRO”
PAX
Pax Christi Australia
Pax Christi International
Pax Christi USA
Peace Committee, 15th St. Friends Meeting, NYC
Peace Direct
Peace Organization for Peaceful Coexistence
Peace Watch Switzerland
Peacemaker Trust
Permanent Peace Movement
Piattaforma OSC italiane in Medio Oriente e Mediterraneo
Plan International USA
Plateforme des ONG françaises pour la Palestine
PREMIERE URGENCE INTERNATIONALE
Première Urgence Internationale
Project on Middle East Democracy
Protection Approaches
PVE for Peace
Rebuilding Alliance
Reclaim The Sea
RefuAid
Refugee Support Group
ReThinking Foreign Policy
Revista La Mar de Onuba
Right to Movement Palestine
Romanian Peace Institute – PATRIR
Roshanka
Sabeel
Sabeel Kairos Norway
Sabeel-Kairos UK
Salam For Yemen
SALAM NGO
SAM Organization for Rights and Libertie
Sanad alBasra Organization for Human Rights
Save the Children
SB Overseas Soutien Belge
Schengen Peace Foundation
Search for Common Ground
Secours Islamique France (SIF)
SEEN.TV
Seenaryo
Sheba Youth Foundation
Shining Star educational organization of Afghanistan
Shma Koleinu – Alternative Jewish Voices of NZ
Social Development Hodeida Girls Foundation
Solutions for a Small Planet
SOS Children’s Villages Palestine
STOPAIDS
Study sky academy
SUDS – International association of solidarity and cooperation
Syrian American Medical Society
Syrian Network for Human Rights (SNHR).
Syrians for Truth and Justice
Tamkeen for Legal Aid and Human Rights
Tanzania Community Health Information and Support
Terre Des Hommes Foundation Lausanne
Terre des Hommes Italia
The Center for Mind Body Medicine
The Desmond and Leah Tutu Legacy Foundation
The Episcopal Church
The Foundation for Middle East Peace
The Khalifa Ihler Institute
The Mosque Cares | Ministry of Imam W. Deen Mohammed
The Palestinian Return Centre
The Pickwell Foundation
The United Church of Canada
the3million
UK-Palestine Mental Health Network
UN Association of San Diego
UN Youth Association of Romania – Cluj Branch
United Against Inhumanity
United Nations Association – UK
University Network for Human Rights
UOSSM International
US Council of Muslim Organizations (USCMO)
Vento di Terra
Viva Salud
Vrede vzw
War Child Holland
War Child Sweden
War Child UK
War on Want
Welfare Association (UK)
WESPAC Foundation, Inc.
WeWorld – Member of ChildFund Alliance
Womankind Worldwide
Women for Peace
Women for Women International
Women for Women International
Women in Black Vienna
Women Political Alliance – Kenya
Women’s Institute for Leadership Development
Women’s Center for Legal Aid and Counselling (WCLAC)
Women’s International League for Peace and Freedom UK
Women’s International Peace Centre
Womens Refugee Commission
World Student Christian Federation
Worldwide Women’s Forum
Yemen Relief and Reconstruction Foundation
Youth Vision Society
Youths Volunteering for Sustainable Development (YOVSUD)

Israël Palestine : priorité à la protection absolue des populations civiles

octobre 12th, 2023 by

Le samedi 7 octobre à l’aube, le Hamas a lancé une attaque d’une violence inédite sur le sud d’Israël. Des commandos ont pénétré en Israël, tuant et blessant des milliers de civils israéliens et prenant d’autres en otages. En réponse, Israël a lancé samedi une opération militaire sans précédent dans la bande de Gaza et décrété un état de siège. Les bombardements israéliens ont déjà provoqué la mort de milliers de civils palestiniens et privé la population et les hôpitaux et services de santé des biens les plus élémentaires (eau, électricité, accès à la nourriture, aux médicaments etc.)

Engagé pour la paix auprès d’acteurs des sociétés civiles palestinienne et israélienne depuis plus de 50 ans, le CCFD – Terre Solidaire fait part de sa vive émotion. Toutes nos pensées vont en premier lieu aux personnes touchées par ces violences.

Nous prions pour tous ces morts, blessés, disparus et enlevés et leurs proches, pour ces deux peuples meurtris depuis tant de temps, pour le droit international, la paix et la justice bafoués.

Sylvie Bukhari-de Pontual, présidente du CCFD-Terre Solidaire

Nous sommes en contact jour et nuit avec nos partenaires en Israël, à Gaza, et en Cisjordanie. Ils sont engagés depuis des années pour la réconciliation, le dialogue et la construction de la paix, notamment avec les femmes et les jeunes. Aujourd’hui, tous sont en état de sidération et extrêmement inquiets. Ils nous disent la violence et l’horreur qu’ils vivent : proches assassinés ou disparus, logements et bureaux bombardés, plus d’accès aux biens de première nécessité… Pour le moment, les activités de nos partenaires à Gaza, sont rendues impossibles par les bombardements ; en Israël et Cisjordanie elles continuent.

En Israël, comme en Territoire palestinien, nous condamnons sans équivoque les attaques contre les populations et les infrastructures civiles.

La priorité est à la protection absolue des hommes, des femmes et des enfants qui paient le prix fort d’un conflit qui dure depuis des années, dans le respect du droit humanitaire international et du droit international des droits humains.

Nous demandons au gouvernement français et à l’Union Européenne de :

  • Dénoncer toutes les exactions et de mobiliser tous les canaux diplomatiques pour faire cesser ces violences et faire libérer les personnes détenues en otage.
  • Appeler les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit humanitaire international et du droit international des droits humains, et à protéger les civils.
  • Veiller à ce que les auteurs de violations du droit international des droits humains rendent compte de leurs actes.
  • Maintenir et d’accroître le soutien humanitaire à la population civile touchée à Gaza, y compris l’établissement d’un accès humanitaire immédiat aux populations les plus touchées.

L’analyse des causes profondes d’une telle situation et la réponse pour construire une paix juste et durable sont les seules issues pour éviter à l’avenir que ces drames se perpétuent.

Nous continuerons de marquer notre solidarité avec les peuples israéliens et palestiniens et à soutenir l’aspiration à la paix de nos partenaires.

Des organisations chrétiennes ont rédigé une déclaration commune, pour en savoir plus :
Déclaration commune de la CIDSE et de ACT Alliance UE sur les hostilités entre Israël et le Hamas

Laudate Deum : 10 extraits frappants du pape François sur la crise climatique

octobre 5th, 2023 by

Dans un texte court émaillé de phrases chocs et très facile d’accès, le pape Francois s’adresse à toutes les personnes de bonne volonté qui s’intéressent à la crise climatique. Dénonçant le climato-scepticisme et un certain nombre d’idées reçues, il appelle à une nouvelle forme de gouvernement mondial qui entre particulièrement en résonance avec le travail de sensibilisation et de plaidoyer du CCFD-Terre Solidaire

Vidéo d’introduction au nouveau texte du pape Francois sur la crise climatique

Il y a huit ans paraissait l’encyclique Laudato Si qui alertait sur la crise climatique et sociale. Ce texte d’une centaine de pages s’est transformé peu à peu en best-seller planétaire, touchant un public bien plus large que la sphère catholique.

Pourquoi alors publier un nouveau texte?

Huit ans déjà et pourtant tout a changé. Le changement climatique est là, nous le ressentons tous, et partout sur terre les personnes les plus vulnérables sont les plus impactées rappelle-t-il en préambule.

Nul ne peut ignorer que nous avons assisté ces dernières années à des phénomènes extrêmes, à de fréquentes périodes de chaleur inhabituelle, à des sécheresses et à d’autres gémissements de la terre qui ne sont que quelques-unes des expressions tangibles d’une maladie silencieuse qui nous affecte tous.

Pape Francois

Huit ans déjà mais l’action n’est pas à la hauteur de ce qui nous attend estime le pape.

Je me rends compte au fil du temps que nos réactions sont insuffisantes alors que le monde qui nous accueille s’effrite et s’approche peut-être d’un point de rupture.

Pape Francois

En prophète des temps modernes, il ne mâche pas ses mots pour décrire les dangers qui nous menacent et l’incurie des humains, et plus particulièrement de ceux qui sont en position d’agir politiquement.

Comme le relève dans son article dédié à l’exhortation Sylvie Bukhari-de Pontual, présidente du CCFD-Terre Solidaire, il dénonce, face à l’aggravation de la situation mondiale depuis 2015, la résistance des climato-sceptiques qui refusent de reconnaître la réalité du changement climatique.

Dans ce texte Laudate Deum que le Vatican nomme “Exhortation apostolique” le pape dénonce un certain nombre d’idées reçues encore largement répandues et nous exhorte à agir.

Nous avons sélectionné quelques une de ses exhortations particulièrement fortes :

Idée reçue numéro un : le changement climatique, c’est la faute des pauvres

“Dans une tentative de simplifier la réalité, certains attribuent la responsabilité aux pauvres parce qu’ils ont beaucoup d’enfants, et ils cherchent même à résoudre le problème en mutilant les femmes des pays les moins développés. Comme toujours, il semblerait que ce soit la faute des pauvres.
Mais la réalité est qu’un faible pourcentage des plus riches de la planète pollue plus que les 50% plus pauvres de la population mondiale, et que les émissions par habitant des pays les plus riches sont très supérieures à celles des pays les plus pauvres.
Comment oublier que l’Afrique, qui abrite plus de la moitié des personnes les plus pauvres de la planète, n’est responsable que d’une infime partie des émissions historiques?”

Lire aussi l’interview de Charlotte Kreder, chargé de mission Afrique : Justice climatique : une priorité pour l’Afrique Australe

© Laurent Hazgui
Février 2017. Afrique du sud. Les conséquences de l’exploitation des mines de charbon sur les femmes. Mpumalanga. Township de MNS, Région de Witbank. Shelda (en bleue), 40 ans, et sa fille Isura (18 ans) et Johanna (41 ans), sa voisine. Elle sont d’origine mozambicaine et vivent dans des conditions très dures à MNS. Elles viennent plusieurs fois par jour ramasser du charbon à la main pour leurs besoins dans une zone collée à la mine.

Idée reçue numéro 2 : la transition écologique menace les emplois

“On dit aussi souvent que les efforts visant à atténuer le changement climatique, en réduisant l’utilisation des combustibles fossiles et en développant des formes d’énergies plus propres, entraîneront une réduction des emplois. En réalité, des millions de personnes perdent leur travail en raison des diverses conséquences du changement climatique : tant l’élévation du niveau de la mer que les sécheresses, et bien d’autres phénomènes affectant la planète, ont laissé nombre de personnes à la dérive.
Par ailleurs, la transition vers des formes d’énergies renouvelables bien gérées, ainsi que les efforts d’adaptation aux dommages du changement climatique, sont capables de créer d’innombrables emplois dans différents secteurs. Cela exige que les hommes politiques et les hommes d’affaires s’en occupent dès maintenant.”

Crise climatique : les rendez-vous manqués

Les grandes puissances ne sont pas au rendez-vous

“Malheureusement, la crise climatique n’est pas vraiment un sujet d’intérêt pour les grandes puissances économiques, soucieuses du plus grand profit au moindre coût et dans les plus brefs délais possibles.”

© Laurent Hazgui

42% du total des émissions nettes produites depuis 1850 l’ont été après 1990

Il est toujours temps d’éviter encore plus de dégâts

“C’est pourquoi nous ne pouvons plus arrêter les énormes dégâts que nous avons causés. Nous avons juste le temps d’éviter des dégâts encore plus dramatiques.
Il ne nous est rien demandé de plus qu’une certaine responsabilité face à l’héritage que nous laisserons de notre passage en ce monde.”

Le Covid 19 a montré que “personne ne se sauve tout seul”

On peut ajouter que la pandémie de Covid-19 a démontré l’étroite relation de la vie humaine avec celle des autres êtres vivants, et l’environnement. Mais elle a surtout confirmé combien ce qui se passe partout dans le monde a des répercussions sur l’ensemble de la planète. Cela me permet de répéter deux convictions sur lesquelles j’insiste infatigablement : “tout est lié” et “personne ne se sauve tout seul”.

Idée reçue numéro 3 : le paradigme technocratique va nous sauver

Qu’est ce que la croyance en un paradigme technocratique ?

“Il (ce paradigme ndlr) consiste à penser « comme si la réalité, le bien et la vérité surgissaient spontanément du pouvoir technologique et économique lui-même ». En conséquence logique, « on en vient facilement à l’idée d’une croissance infinie ou illimitée, qui a enthousiasmé beaucoup d’économistes, de financiers et de technologues ». “

Tout ce qui existe devient victime des caprices de l’esprit humain

“Le plus grand problème est l’idéologie qui sous-tend une obsession : Accroître au-delà de l’imaginable le pouvoir de l’homme, face auquel la réalité non humaine est une simple ressource à son service.
Tout ce qui existe cesse d’être un don qu’il faut apprécier, valoriser et protéger, et devient l’esclave, la victime de tous les caprices de l’esprit humain et de ses capacités.”

Trop de pouvoir pour une toute petite partie de l’humanité

“Les capacités accrues de la technologie donnent « à ceux qui ont la connaissance, et surtout le pouvoir économique d’en faire usage, une emprise impressionnante sur l’ensemble de l’humanité et sur le monde entier. Jamais l’humanité n’a eu autant de pouvoir sur elle-même et rien ne garantit qu’elle s’en servira bien, surtout si l’on considère la manière dont elle est en train de l’utiliser […]. En quelles mains se trouve et pourrait se trouver tant de pouvoir ? Il est terriblement risqué qu’il réside en une petite partie de l’humanité ». “

La nature ne peut uniquement être un objet d’exploitation

Contrairement à ce paradigme technocratique, nous affirmons que le monde qui nous entoure n’est pas un objet d’exploitation, d’utilisation débridée, d’ambitions illimitées. Nous ne pouvons même pas dire que la nature serait un simple “cadre” où nous développerions nos vies et nos projets, car « nous sommes inclus en elle, nous en sommes une partie, et nous sommes enchevêtrés avec elle », de sorte que « le monde ne se contemple pas de l’extérieur mais de l’intérieur ».

Dénonciation du greenwashing

“La décadence éthique du pouvoir réel est déguisée par le marketing et les fausses informations, qui sont des mécanismes utiles aux mains de ceux qui disposent de plus de ressources afin d’influencer l’opinion publique.
Grâce à ces mécanismes, lorsqu’il est prévu de lancer un projet à fort impact environnemental et aux effets polluants importants, on illusionne les habitants de la région en leur parlant du progrès local qui pourra être généré, ou des opportunités économiques en matière d’emploi et de promotion humaine que cela signifiera pour leurs enfants.
Mais en réalité, on ne semble pas s’intéresser vraiment à l’avenir de ces personnes, car on ne leur dit pas clairement qu’à la suite de tel projet, il résultera une terre dévastée, des conditions beaucoup plus défavorables pour vivre et prospérer, une région désolée, moins habitable, sans vie et sans la joie de la coexistence et de l’espérance, sans compter les dommages globaux qui finiront par nuire à beaucoup d’autres.”

En finir avec le pas cher

Les conséquences les plus graves du dérèglement climatique sont provoquées par les politiques et les consommateurs des pays riches et pèsent paradoxalement sur les pays et les populations les plus pauvres.

“La logique du profit maximum au moindre coût, déguisée en rationalité, en progrès et en promesses illusoires, rend impossible tout souci sincère de la Maison commune et toute préoccupation pour la promotion des laissés-pour-compte de la société.”

Définir un nouveau multilatéralisme

Le multilatéralisme ne doit pas être confondu avec une autorité mondiale concentrée sur une seule personne ou sur une élite au pouvoir excessif : « Lorsqu’on parle de la possibilité d’une forme d’autorité mondiale régulée par le droit, il ne faut pas nécessairement penser à une autorité personnelle ». Nous parlons surtout « d’organisations mondiales plus efficaces, dotées d’autorité pour assurer le bien commun mondial, l’éradication de la faim et de la misère ainsi qu’une réelle défense des droits humains fondamentaux ». Il s’agit de les doter d’une véritable autorité pour “assurer” la réalisation de certains objectifs auxquels on ne peut renoncer. Il en résultera un multilatéralisme qui ne dépendra pas des circonstances politiques changeantes ou des intérêts de quelques-uns, et qui aura une efficacité stable.

Une préoccupation sur le multilatéralisme qui rejoint la préoccupation du CCFD-Terre Solidaire, dans son combat pour établir un devoir de vigilance des entreprises, et mobiliser face à la crise alimentaire le Comité pour la Sécurité Alimentaire des Nations Unies.

En finir avec le mépris à l’égard des activistes

“Finissons-en une bonne fois avec les moqueries irresponsables qui présentent ce sujet comme étant uniquement environnemental, “vert”, romantique, souvent ridiculisé par des intérêts économiques.”

“Acceptons enfin qu’il s’agit d’un problème humain et social aux multiples aspects. C’est pourquoi le soutien de tous est nécessaire. Lors des Conférences sur le climat, les actions de groupes fustigés comme “radicalisés” attirent souvent l’attention. Mais ils comblent un vide de la société dans son ensemble qui devrait exercer une saine “pression” ; car toute famille doit penser que l’avenir de ses enfants est en jeu.”

“Les revendications qui émergent d’en bas partout dans le monde, où les militants des pays les plus divers s’entraident et s’accompagnent, peuvent finir par exercer une pression sur les facteurs de pouvoir.”

Une parole d’encouragement pour le CCFD-Terre Solidaire qui se mobilise en France et ne cesse d’encourager la mise en réseau et les échanges internationaux, comme par exemple avec le programme Tapsa.

Les efforts individuels créent une nouvelle culture nécessaire

“Il faut être sincère et reconnaître que les solutions les plus efficaces ne viendront pas seulement d’efforts individuels, mais avant tout des grandes décisions de politique nationale et internationale.”

“L’effort des ménages pour polluer moins, réduire les déchets, consommer avec retenue, crée une nouvelle culture. Ce seul fait de modifier les habitudes personnelles, familiales et communautaires nourrit l’inquiétude face aux responsabilités non prises des secteurs politiques et l’indignation face au désintérêt des puissants. Nous remarquons donc que, même si cela n’a pas immédiatement un effet quantitatif notable, cela aide à mettre en place de grands processus de transformation qui opèrent depuis les profondeurs de la société.”

Remettre en question une vision judeo-chrétienne trop anthropocentrée

© Anush Babajanyan
Buffles d’eau dans la rivière Kosi en Inde dans l’Etat du Bihar. Les riverains du fleuve sont menacés par le changement climatique. Crédit photo : Anush Babajanyan.

Il nous faut reconnaître que la vie humaine est incompréhensible et insoutenable sans les autres créatures parce que « nous et tous les êtres de l’univers, sommes unis par des liens invisibles, et formons une sorte de famille universelle, une communion sublime qui nous pousse à un respect sacré, tendre et humble ». (LD, 67)

3 bonnes raison d’agir

  • “Eviter l’augmentation d’un dixième de degré de la température mondiale peut déjà suffire à épargner des souffrances à de nombreuses personnes.”
  • “Si nous considérons que les émissions par habitant aux États-Unis sont environ le double de celles d’un habitant de la Chine, et environ sept fois supérieures à la moyenne des pays les plus pauvres, nous pouvons affirmer qu’un changement généralisé du mode de vie irresponsable du modèle occidental auraient un impact significatif à long terme. De la sorte, avec les décisions politiques indispensables, nous serions sur la voie de l’attention mutuelle.”
  • “Dans leur conscience, et face au visage des enfants qui paieront les dégâts de leurs actions, la question du sens se pose : quel est le sens de ma vie, quel est le sens de mon passage sur cette terre, quel est le sens, en définitive, de mon travail et de mes efforts ?”

Migrations : à Briançon l’accueil, même dans la tourmente #photodumois

octobre 5th, 2023 by

Dans les Hautes-Alpes à la frontière franco-italienne, la société civile continue de se mobiliser pour porter assistance aux personnes exilées et vulnérables, à la suite à la fermeture du centre de l’association Refuges Solidaires, le 30 août dernier. Zoom sur une situation qui témoigne de la solidarité à l’épreuve de l’inaction des pouvoirs publics.

© Thibaut Durand / Hans Lucas via AFP

France, Briançon, le 31 août 2023.

Les Hautes-Alpes s’élèvent au loin dans un grand ciel bleu. Éclairés par une diagonale de lumière, quatre jeunes hommes jouent au foot dans un petit carré de terrain disponible. L’un d’eux, de dos, se prépare à réceptionner le ballon qui vole au-dessus de sa tête. Son mouvement se dessine comme une ombre chinoise sur la tente rouge à côté de lui. Celle-ci, se confond au milieu des autres tentes colorées qui encerclent nos joueurs et qui contrastent avec les murs couleur crème de l’église de Briançon, reconnaissable à ses fenêtres en forme de vitrail.

Malgré ses allures estivales, cette scène n’illustre pas un moment de convivialité échangé à l’occasion d’un camping d’été ou d’un camp scout. Les quatre jeunes hommes sont des exilés, qui comme beaucoup d’autres personnes, ont été accueillies provisoirement dans ce terrain mis à disposition par la Paroisse Sainte-Catherine, à quelques kilomètres de la frontière franco-italienne. Le temps d’un match, ils tentent sans doute d’oublier la souffrance et la peur de l’exil.

Le 30 août dernier, l’Association Refuges Solidaires — dédiée à l’accueil d’urgence des personnes exilées — a été contrainte de fermer les portes de son centre pour une durée indéterminée. Cette décision difficile fait suite à l’impossibilité pour les associations locales (Refuges Solidaires, Tous Migrants et EKO!) d’y poursuivre un accueil dans des conditions dignes et sécuritaires. Depuis la mi-mai, le centre du Refuges Solidaires hébergent entre 120 et 240 personnes exilées par nuit dans un bâtiment homologué pour 65 couchages. Parmi elles, de nombreuses femmes avec des enfants en bas âge et des mineurs isolés.

Malgré des alertes adressées à maintes reprises et relayée par le CCFD-Terre Solidaire, les associations se heurtent à l’inaction des pouvoirs locaux qui n’ont toujours pas mis en place de dispositif d’hébergement d’urgence comme le prévoit la loi, préférant promulguer un discours criminalisant à l’égard des personnes exilées et des associations mobilisées. La préfecture des Hautes-Alpes a annoncé l’arrivée de 84 effectifs supplémentaires pour renforcer les contrôles aux frontières. Depuis, les interpellations se multiplient jusqu’en dans la ville de Briançon où la police traque les personnes exilées pour les chasser de l’espace public.

Pour Capucine, bénévole au CCFD-Terre Solidaire et salariée des Terrasses Solidaires, c’est une situation extrêmement difficile à vivre. Elle ne cache pas sa colère et son sentiment d’impuissance. Pour elle, les pouvoirs publics ont joué la “carte du pourrissement“ en laissant le refuge se ternir sous autant de pression.

Depuis le 15 septembre, date à laquelle ont repris les activités paroissiales, il n’existe plus de structure d’accueil à Briançon. L’association Refuges Solidaires, avec la mobilisation d’habitants de la région, effectue des maraudes de jour pour assurer la distribution de vivres et informer les personnes exilées.

Cette photographie témoigne d’un élan de solidarité qui persiste face à une importante crise de l’accueil qui traverse le briançonnais. Nous continuons de soutenir nos alliés locaux mobilisés au quotidien et plaidons pour que les autorités prennent enfin la mesure de leurs responsabilités face à cet enjeu humanitaire.

Pour aller plus loin :

Visite du pape à Marseille : pourquoi son message s’adresse à tous

septembre 20th, 2023 by

Le pape Francois était en visite à Marseille vendredi 22 et samedi 23 septembre. Il a délivré un message fort autour de l’accueil indispensable des personnes migrantes. Il a notamment appelé à “surmonter la paralysie de la peur et le désintérêt qui condamne à mort avec des mains de velours”

La visite du pape représente un temps riche de sens pour tous ceux qui, comme le CCFD-Terre Solidaire, s’investissent pour la paix en Méditerranée et un autre accueil des personnes migrantes.

Samedi 23 septembre à 14h00 – Sylvie Bukhari-de Pontual, en tant que présidente du CCFD-Terre Solidaire, était l’invitée du plateau « Edition Spéciale – pape François à Marseille

Le pape est venu à Marseille pour faire passer un message particulier sur les migrations comme il l’avait expliqué lui même dimanche dernier à Rome, en faisant allusion aux milliers de personnes arrivées à Lampedusa suite aux inondations dramatiques de Derna en Lybie :

Il s’agit d’un défi qui n’est pas facile, comme nous le voyons également dans les informations ces jours-ci, mais qui doit être relevé ensemble, car il est essentiel pour l’avenir de tous. Cet avenir ne sera prospère que s’il est construit sur la fraternité, en donnant la priorité à la dignité humaine et aux personnes concrètes, en particulier les plus démunies.

Pape François

Les paroles du pape François donnent aujourd’hui un souffle immense aux personnes exilées et à celles leur venant en soutien. Il est une des seule personnalités publiques à rappeler la responsabilité des Etats dans l’accueil et le devoir d’humanité.

Un message bouleversant

Lors du temps de recueillement à la stèle dédié aux marins et aux migrants disparus en mer, le pape a rappelé ce vendredi que nous ne pouvons pas nous résigner :

Nous ne pouvons plus assister au tragédies provoquées par des trafiquants odieux et le fanatisme de l’indifférence(…) Les gens qui risquent de se noyer lorsqu’elles sont abandonnées sur les flots doivent être secourues, c’est un devoir d’humanité, c’est un devoir de civilisation.

Le ciel nous bénira si, sur terre comme sur mer, nous saurons prendre soin des plus faibles, et si nous saurons surmonter la paralysie de la peur et le désintérêt qui condamne à mort avec des mains de velours.

Pape François

Les bénévoles du CCFD-Terre Solidaire mobilisés

Les bénévoles du CCFD-Terre Solidaire ont accueilli les visiteurs qui participaient au festival inter associatif organisé à l’initiative du Cardinal Jean-Marc Aveline. Les bénévoles ont proposé des animations autour d’actions du CCFD-Terre Solidaire en Méditerranée et sur les migrations. Pendant toute la semaine à Marseille, une multitude d’événements, de veillées, de conférences, d’animations étaient organisées en parallèle de la visite du pape.

Le message du pape sur les migrations

Quelques dates clés pour comprendre l’engagement du pape sur les migrations

  • Son premier voyage pontifical a eu lieu sur l’île de Lampedusa en juillet 2013 pour y dénoncer la “mondialisation de l’indifférence” et rendre hommage aux personnes ayant péri en mer Méditerranée 
  • En 2017, le Pape développe une “approche globale du fait migratoire” autour de 4 verbes 

·        Accueillir

·        Protéger

·        Promouvoir

·        Intégrer

Le CCFD-Terre Solidaire s’est directement inspiré de ces 4 verbes pour construire sa stratégie d’action autour des migrations, l’un de ses quatre combats principaux.

En décembre 2021 : visite dans l’île de Lesbos face à cette “mer de l’oubli” qu’est devenue la Méditerranée. Il demande alors la fin du “naufrage de civilisation” que représente l’inaction des Etats face à la tragédie humanitaire

Journée mondiale du migrant et du réfugié 2023 : le Pape François appelle à construire des ponts, pas des murs et pour que toute migration soit le fruit d’un choix libre – “Libre de choisir d’émigrer ou de rester”

“Le chemin synodal que nous avons entrepris en tant qu’Église nous conduit à voir dans les personnes les plus vulnérables – et parmi elles de nombreux migrants et réfugiés – des compagnons de voyage particuliers, à aimer et à soigner comme des frères et des sœurs. Ce n’est qu’en marchant ensemble que nous pourrons aller loin et atteindre le but commun de notre voyage.”

En savoir plus sur notre action en faveur des migrations internationales

Séisme au Maroc : des nouvelles de nos partenaires sur place

septembre 14th, 2023 by

Dans la nuit de vendredi à samedi, un violent séisme a frappé le Maroc, et plus particulièrement les régions d’Al Haouz et de Taroudant, au sud de Marrakech. Ces provinces montagneuses sont marginalisées et les victimes sont surtout des paysans déjà précaires. L’accès à certains villages demeure difficile, et les secours tardent à arriver. On décompte jusqu’à maintenant plus de 2 500 morts, un bilan qui devrait malheureusement augmenter.

Nous tenons à exprimer la peine qui est la nôtre et toute notre solidarité à la population marocaine frappée par le séisme.

Nos partenaires sont tous sains et saufs, mais sont très choqués par le drame, en particulier ceux qui vivent dans la région de Marrakech. Certains s’engagent à titre individuel mais les organisations que nous soutenons ne sont pas mobilisées, puisque nos partenaires au Maroc travaillent surtout sur les questions de droits économiques et sociaux, de souveraineté alimentaire, et de migrations.

La Fédération Nationale du Secteur Agricole, un syndicat avec qui nous travaillons sur des projets dans le nord du pays, compte de nombreux adhérents dans les zones affectées.

« On ne peut pas encore évaluer les dégâts, mais beaucoup de bergeries se sont écroulées sur les chèvres et la plupart des bergers ne sont pas assurés en cas de catastrophe naturelle », témoigne Ourich Badr, secrétaire général.

L’organisation nous tient informé de l’évolution de la situation et des besoins à plus long terme.

Nous continuons de faire le suivi de la situation et nous tenons prêt à adapter notre réponse si cela semble pertinent pour nos partenaires sur place.

Les larmes du fleuve Tigre en Irak #Grand Format

septembre 11th, 2023 by

Source de vie de toute une région, le Tigre est en train de disparaître. Lauréate du Prix Photo Terre Solidaire, la photojournaliste Emily Garthwaite documente l’avenir incertain du fleuve en Irak et avec lui, celui des populations qui en dépendent.  Elle témoigne de la mobilisation courageuse des activistes de la campagne “Save the Tigris“, soutenu par le CCFD-Terre Solidaire et porté par son partenaire, Humat Dijlah

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Retrouvez le reportage d’Emily Garthwaite et le CCFD-Terre Solidaire jusqu’au 9 octobre à la Biennale sociale et environnementale Photoclimat, Place du Palais Royal à Paris. Plus d’infos, ici.

LE TIGRE, SOURCE DE VIE DE TOUTE UNE RÉGION

Pour Emily, l’histoire de l’Irak s’écrit avec celle du Tigre. Situé au cœur du Moyen-Orient, le fleuve “Dijlah” de son nom arabe, a été le berceau de certaines des premières civilisations de notre monde. Sur plus de 1,500 km, le fleuve prend sa source en Turquie, traverse la Syrie, puis l’Irak, avant de se jeter dans le Golfe Persique. Des affluents du Tigre prennent également leur source en Iran.

Reportage d'Emily Garthwaite, le long du fleuve Tigre en Irak.

Mais aujourd’hui, le Tigre — source de vie de toute une région— agonise. Entre les barrages construits en amont, la pollution en aval et le dérèglement climatique, le fleuve s’assèche et se dégrade à vue d’œil.

L’AGONIE D’UN FLEUVE MILLÉNAIRE

En amont, la folie des barrages

Traversant une région aride, les ressources en eaux du Tigre sont convoitées et disputées par les pays qui le bordent. Depuis les années 1970, la Turquie et l’Iran en amont construisent des barrages à la pelle, affectant considérablement le débit du fleuve en aval.

Reportage d'Emily Garthwaite, le long du fleuve Tigre en Irak.

L’Irak, un pays parmi les plus exposés au dérèglement climatique 

L’Irak — qui fait partie des 5 pays au monde les plus exposés au dérèglement climatique, d’après l’ONU — est frappé par des vagues de chaleur extrême allant jusqu’à 50 °C, alors que la pluie se fait de plus en plus rare. Ces chocs climatiques ne cessent de s’intensifier et contribuent à l’assèchement du fleuve.

L’évaporation du Tigre laisse derrière elle des vaste étendues de terre craquelées et assoiffées qui gardent en mémoire les traces de son passage passé.

Reportage d'Emily Garthwaite, le long du fleuve Tigre en Irak.
© Emily Garthwaite

Sur les rives du Tigres à Mossoul, on comptait de nombreux baigneurs dans cette source d’eau sulfurée, réputée pour ses vertus thérapeutiques. Et cela, même pendant la guerre. Désormais, il ne reste plus rien à part un maigre filet d’eau qui paraît gelé.

En aval, le rejet des déchets contamine le restant du fleuve 

Assoiffé, le Tigre souffre également de l’aggravation de la pollution en aval. En Irak, la gestion des déchets toxiques et des eaux usées est peu réglementée. Ces derniers se déversent régulièrement sur les rives et contaminent les eaux du Tigre, causant d’importants désastres environnementaux et sanitaires.

Reportage d'Emily Garthwaite, le long du fleuve Tigre en Irak.

UN JOYAU DE BIODIVERSITÉ MENACÉ 

Un écosystème bouleversée par la remontée de la mer 

La baisse du débit du fleuve affecte tout un écosystème fragile et bouleverse la vie des populations qui en dépendent. À l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate, la mer s’infiltre dans le delta du Chatt Al-Arab (“la Rivière des Arabes“) et salinise l’eau.

Reportage d'Emily Garthwaite, le long du fleuve Tigre en Irak.

Prise au piège dans le filet d’un pêcheur, cette tortue à  “carapace molle” — une espèce considérée comme menacée —  gît morte sur les rives du Tigre. De plus en plus de tortues remontent le fleuve et se nourrissent des poissons d’eau douce. Devenues un véritable fléau pour les pêcheurs, certains les tuent volontairement avant de les rejeter en mer.

© Emily Garthwaite

La disparition des Marais de Mésopotamie, un trésor millénaire

L’assèchement du fleuve et l’augmentation de la salinité de l’estuaire entraînent également la disparition des mythiques Marais de Mésopotamie, qui ont survécu à la pression guerrière sous Saddam Hussein. Classées au patrimoine mondial de l’UNESCO, ces vastes étendues marécageuses sont souvent comparées au “Jardin d’Eden”. Véritable trésor historique et naturel, les marais ont déjà perdu environ la moitié de leur superficie.

Reportage d'Emily Garthwaite, le long du fleuve Tigre en Irak.

LES “ENFANTS” DU TIGRE SE MOBILISENT

L’avenir d’une région millénaire

La pollution et la disparition du Tigre menacent la vie des 30 millions de personnes qui vivent sur le bassin-versant du fleuve. Après avoir connu l’horreur des guerres, de nombreuses communautés sont désormais contraintes de quitter leurs terres ancestrales à cause de l’affaiblissement des ressources.

Reportage d'Emily Garthwaite, le long du fleuve Tigre en Irak.

« Save the Tigris » : le cri de la résistance

Hajer (à gauche) et Bassam Al-Sheik (à droite) militent pour les droits des femmes et l’environnement en Irak. Travailleuse sociale, Hajer vient notamment en aide aux enfants de personnes déplacées. “Mon père ne m’a jamais traité comme une fille, il me traitait comme une guerrière”, confie-t-elle à Emily. Travailleur social et fondateur de la Ninevah Women’s Organisation, Bassam est volontaire auprès de l’association Humat Dijlah, partenaire du CCFD-Terre Solidaire.

© Emily Garthwaite
© Emily Garthwaite

À travers ses actions de mobilisation et de plaidoyer, Humat Dijlah plaide pour des politiques qui garantissent un accès et une utilisation durable et équitable des eaux du Tigre pour toutes les populations de Mésopotamie et les générations à venir. En 2012, l’association porte la campagne Save the Tigris, (“Sauvons le Tigre”), lancée par une coalition d’activistes mésopotamiens et internationaux. Celle-ci vise à protéger le Tigre des barrages et des autres mégaprojets dévastateurs.

Au lieu d’être une source de rivalité, l’eau doit être un enjeu de paix et de coopération entre les pays du bassin du Tigre et de l’Euphrate.

Emily Garthwaite est une photojournaliste britannique primée à l’international. Installée en Irak depuis 2019, elle mène un travail au long-court pour documenter les cultures et les modes de vie en résistance dans un pays profondément fragilisé par les guerres et le changement climatique. En 2022, elle reçoit le Prix Photo Terre Solidaire pour sa série “Light Between Mountains“. Grâce à ce soutien, elle poursuit son travail engagé en Irak, le long du fleuve Tigre et illustre les combats portés par le CCFD-Terre Solidaire dans cette région.

Pour aller plus loin :