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Tchad : l’handisport, un levier pour le changement social #Jeudiphoto

avril 13th, 2023 by

Au Tchad, la pratique du handisport permet de lutter contre la stigmatisation du handicap. À l’occasion de la Journée internationale du sport au service de la paix, découvrons la détermination et le courage des athlètes paralympiques de N’Djamena soutenus par notre partenaire local, APAD.

© Roberta Valerio

Tchad, 18 janvier 2018 © Roberta Valerio.

17 janvier 2018. Nous sommes au Tchad, à N’Djamena, sur un sobre terrain sportif. Il est très tôt le matin. Le soleil étincelant illumine le visage de trois athlètes. Les poings levés en l’air et le sourire aux lèvres, ils célèbrent leur victoire. Derrière sa caméra, la photographe Roberta Valerio immortalise ce moment de joie qu’elle décrit comme “unique et pur“. Elle n’est pas la seule spectatrice : des jeunes écoliers sur le chemin de l’école se sont arrêtés, curieux, pour regarder le match. Nous aussi, à notre tour, on se laisse emporter par l’euphorie, l’énergie et l’esprit de fraternité qui se dégagent de cette scène.

Tu te rends compte qu’ils ont très peu de moyens : ils jouent avec les mains sur un terrain parsemé de trous et mal entretenu, mais avec tellement de joie dans le jeu. C’est beau, et c’est ce qui m’a le plus impressionné 

Roberta Valerio, photographe

Mais quel sport pratiquent-ils ? Les trois athlètes sont assis par terre, à côté d’un filet. Leurs mains et leur avant-bras sont tâchés par la poussière blanche du terrain. Les trois hommes, en situation de handicap physique, pratiquent le volley-ball assis. Ils font partie du Comité National Paralympique du Tchad, qui rassemble à N’Djamena, 200 athlètes, hommes et femmes, atteints de handicap. Avec courage et détermination, ils s’entraînent dur avec l’espoir de remporter une médaille aux Jeux Paralympiques de Tokyo de 2020.

Au Tchad, où le handicap peut souvent être perçu comme une “malédiction“, la pratique de l’handisport permet aux athlètes atteints de handicap de prendre confiance en eux. Là-bas et ici, le sport ne se résume pas uniquement au divertissement et à la compétition. Il est aussi un puissant levier pour promouvoir le développement, la paix, les droits humains et la solidarité. Avec le soutien de notre partenaire local, APAD (Action de Partenaires pour l’Appui au Développement), le Comité se mobilise pour la reconnaissance de l’handisport à l’échelle nationale comme un levier de changement social et de lutte contre les stigmatisations. 

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L’illusion de l’abondance, notre sélection documentaire

avril 11th, 2023 by

L’Illusion de l’abondance est un documentaire réalisé par Erika González Ramírez et Matthieu Lietaert, coproduit par le CCFD-Terre Solidaire. Le film nous plonge dans les combats de trois défenseuses des droits humains et de l’environnement en Amérique latine. Parfois au péril de leur vie

Une forêt luxuriante, des montagnes majestueuses, des sourires d’enfants. Dès les premières images, les réalisateurs plantent le décor « d’une région dont tant de gens rêvent » : l’Amérique latine. Mais la coréalisatrice, elle-même native de cette partie du globe, rappelle qu’elle est « marquée par la manière brutale par laquelle nous avons été conquis. D’abord pour l’or, l’argent, puis la canne à sucre, le café, le pétrole… Ils ont même pris la vie de ceux qui extrayaient et récoltaient ».

Durant ses années en Europe, comme coordinatrice de réseaux d’ONG, Erika González Ramírez, devenue spécialiste des relations entre l’Union européenne et l’Amérique latine, découvre « la soif illimitée des entreprises et des États pour nos ressources naturelles » et s’interroge sur ces « nouveaux conquistadors ». Et lorsqu’elle rentre vingt ans plus tard, c’est pour enquêter sur celles qui résistent. Au Pérou, à Cajamarca, elle rencontre Maxima Acuna, paysanne, encerclée avec les siens, par l’une des plus grandes mines d’or d’Amérique latine.

Depuis 2010, elle se bat contre l’entreprise Yanacocha et son plan d’expansion. De son côté, le Honduras, l’un des six pays d’Amérique centrale avec lequel l’Union européenne a conclu un accord de libre- échange, reste pourtant, dix ans après, l’un des plus pauvres au monde. « De nombreux défenseurs de l’environnement y sont tués », constate Erika González Ramírez. Comme Berta Cáceres, dirigeante autochtone, assassinée pour s’être opposée aux projets miniers et aux barrages menaçant les communautés indigènes.
Carolina de Moura Campos, 36 ans, vit dans l’État du Minas Gerais, au sud-est du Brésil. Cette activiste environnementale lutte, elle aussi, contre le modèle d’exploitation minière et pour mettre fin à l’impunité des entreprises. Notamment celle de la société Vale, dont l’effondrement de plusieurs barrages a causé la mort de presque 300 personnes et déversé des millions de mètres cubes de déchets toxiques dans la nature.

Pourquoi les gouvernements laissent-ils les transnationales faire à l’étranger ce qu’elles ne pourraient pas faire sur leur propre territoire ? Comment protéger celles et ceux qui défendent l’environnement ? Combien de temps pouvons-nous vivre dans cette perpétuelle illusion de l’abondance ?

Erika González Ramírez

L’accaparement des terres, le devoir de vigilance des entreprises, la justice économique, les droits humains et environnementaux… les combats de ces femmes sont aussi ceux menés par le CCFD-Terre Solidaire depuis de nombreuses années.

Et si ces sujets ne sont pas nouveaux, la manière dont les réalisateurs ont choisi de les représenter, à travers le regard de ces militantes, est bouleversante. Leur courage, leur détermination, leur résilience forcent l’admiration tant elles ont fait de ces combats toute leur vie. Sans jamais céder à la peur, quels que soient les Goliaths face à elles.

Le 11 avril, ce documentaire a été diffusé auprès de parlementaires à l’Assemblée nationale en présence d’une des protagonistes du film Caroline Moura, du député Dominique Potier et de Sylvie Bukhary-de Pontual présidente du CCFD-Terre Solidaire.

Marion Chastain

Le film est à disposition des bénévoles du CCFD-Terre Solidaire pour organiser des actions de sensibilisation.
Pour plus d’informations, contactez Pauline ROBERT – Chargée de mission mobilisation citoyenne : justiceeconomique@ccfd-terresolidaire.org

Climat : quand le débat politique vire à l’absurde #Jeudiphoto

mars 30th, 2023 by

À l’occasion de la synthèse du 6e rapport du GIEC sur le climat, 5 associations environnementales françaises, dont le CCFD-Terre Solidaire, dénoncent l’irresponsabilité des acteurs politiques et médiatiques face à l’urgence climatique à travers un court-métrage parodique.

Extraits du court-métrage “La montée” de David Tessier

Des politiques et des experts sont réunis autour d’une table hexagonale. À côté de leur micro, chacun dispose d’un verre d’eau et de leurs notes, étonnamment celles-ci sont vierges. L’un d’eux présente ce qui ressemble à un rapport du GIEC. Face à eux, une présentatrice “modère“ le débat. Derrière-elle, des buildings en arrière-plan, symbole de la modernité et de l’attractivité des grandes villes, habillent le décor. Un bandeau défile avec les derniers flashs news. Aucun doute, nous sommes sur le plateau télé d’une chaîne d’info en continu. C’est l’édition de la matinale, du “Morning débat“. Mais quel débat ! Peu à peu, celui-ci prend une allure cacophonique digne d’une scène du théâtre de l’absurde. Les sourcils froncés avec de grands gestes de mains, les invités débattent, où plutôt se querellent, avec assurance et véhémence pendant que de l’eau s’infiltre sur le plateau. Ils ne semblent même pas se rendre compte qu’ils vont se noyer. La lumière s’assombrit à mesure que le plateau télé s’inonde, jusqu’à ce que l’électricité saute et que les protagonistes finissent engloutis. Finalement, c’est la montée des eaux qui aura raison de ce dialogue de sourds et vide de sens.

Attention, ceci est une fiction, mais malheureusement trop proche de la réalité… Pendant qu’on ne s’occupe pas du climat, le climat s’occupe de nous.

Le 20 mars dernier, le GIEC a publié la synthèse de son 6e rapport qui décrit l’ampleur du dérèglement climatique. Celui-ci est alarmant, mais démontre que des solutions existent, à condition d’une volonté politique ambitieuse et immédiate. Pour l’occasion, 5 ONG1 dont le CCFD-Terre Solidaire, alertent sur la stérilité des débat médiatiques et des actions politiques à travers “la Montée“. Ce court-métrage parodique, réalisé par l’Agence Les Présidents et David Tessier, veut inciter à un meilleur traitement médiatique et provoquer un sursaut politique face à l’urgence climatique. En avril 2022, au plus fort de la campagne présidentielle, les questions climatiques ne représentaient que 5.38% des débats électoraux2.

Et si à l’occasion de la sortie de la synthèse du rapport du GIEC, on parlait plus (et mieux) de l’urgence climatique et des solutions qui existent ?

#LaMontée

1 CARE France, le CCFD-Terre Solidaire, Greenpeace France, France Nature Environnement et le Réseau Action Climat

2 Source : Onclusive

Pour aller plus loin : 

Republika Srpska : alerte sur la liberté d’expression

mars 24th, 2023 by

Le Republika Srpska (à ne pas confondre avec la Serbie) est une entité régionale qui fait partie de la Bosnie Herzégovine. Son président, Milorad Dodik, vient de faire adopter des modifications du code pénal qui menacent directement la liberté d’expression et le travail des journalistes. Nos partenaires nous alertent et demandent notre soutien pour faire connaitre ce qu’il se passe.

Voici le communiqué de notre partenaire Helsinški parlament građana Banjaluka

Attention ce texte a été traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite), vous pouvez retrouver l’original en anglais ci-dessous

Chers collègues journalistes et rédacteurs en chef,

Nous vous appelons au nom de tous les journalistes qui se battent depuis des mois pour mettre fin à la criminalisation de la diffamation et aux peines énormes pour “atteinte à l’honneur et à la réputation” en Republika Srpska et en Bosnie-Herzégovine.

De nouveau amendements du code pénal en cas d’accusation de diffamation

Le gouvernement de la Republika Srpska a entamé sa confrontation avec les opposants et ceux qui le critiquent, sur ordre du président de la Republika Srpska, Milorad Dodik, et a soumis à la procédure parlementaire d’urgence de nouveaux amendements au code pénal, qui promulgueront des peines sévères en cas d’accusation de diffamation.

Dodik a annoncé ces modifications en novembre 2022, juste après les élections, lorsque tout était réglé et qu’il s’était attribué le poste de président.

Des amendes énormes pour les journalistes

Il a promis un ensemble de lois très rigides, qui “amélioreraient l’atmosphère générale”, indépendamment de ceux qui s’y opposent, et il en résulte des modifications du code pénal qui, après plus de vingt ans et après la chute du socialisme, enverraient à nouveau les journalistes en prison s’ils ne peuvent pas payer d’énormes amendes.

Le ministre de la justice a promis que, si des modifications du code pénal devaient être envisagées, les journalistes seraient consultés.

Le projet de ces amendements a été rédigé dans le secret, en dehors des institutions et sans consultation du public ou des médias, et il a été publié sur le site web du gouvernement de la Republika Srpska quelques minutes seulement avant qu’il ne soit soumis à la procédure parlementaire.

Des journalistes écartés

Les représentants des médias et des ONG, qui ont été alertés depuis le jour où ces amendements ont été annoncés, ont constamment mis en garde contre le danger des annonces de Dodik, mais ils ont été complètement écartés de leur rédaction.

La diffamation, qui est un délit depuis plus de vingt ans, a été introduite de force dans le code pénal de la Republika Srpska, et les peines pour atteinte à l’honneur et à la réputation représentent sans aucun doute l’annulation de la liberté d’expression et un certain chemin vers la censure et l’autocensure.

Les sanctions peuvent aller jusqu’à 60 000 euros et constitueront la plus grande menace pour les médias, ce qui garantit que les journalistes qui gagnent en moyenne 500 euros par mois auront bientôt peur de faire leur travail à cause de ces lourdes sanctions, voire de la prison.

Nos appels et nos demandes sont restés sans réponse.

Appel à l’aide

C’est pourquoi nous vous appelons, en tant que collègues journalistes et représentants publics, à nous aider, à rendre compte de cette question et à mettre fin, avec nous, à la criminalisation de la diffamation.


Aidez-nous à nous faire entendre dans les Balkans occidentaux et dans l’UE, pour que la communauté internationale nous entende, pour préserver la liberté d’expression et cesser d’adopter ces amendements rétrogrades.

Tous nos journalistes et rédacteurs en chef, représentants d’ONG et d’associations de journalistes, avocats et activistes sont désormais disponibles pour fournir tous les détails, déclarations, photos et vidéos nécessaires.

Lire aussi :

Appel en anglais

Version originale

Dear fellow journalists and editors,

We call you on behalf of all journalists that have been fighting for months to stop the criminalisation of defamation and enormous penalties for violating honour and reputation in Republika Srpska and Bosnia and Herzegovina.

Republika Srpska Government has started its confrontation with opponents and those who criticize them, by order of the Republika Srpska president, Milorad Dodik, and it has referred to urgent parliamentary procedure new amends of the Criminal Code, which will enact severe penalties for defamation.

Dodik announced these amends in November of 2022, right after the elections, when everything settled, and he provided the presidential position for himself.

He promised a very rigid set of laws, which would “improve the overall atmosphere“ regardless of those who oppose it, and the result are amends of the Criminal Code that would again, after more than twenty years and and after the fall of socialism, send journalists to prison if they cannot pay enormous penalties.

The Minister of justice promised that, if some amends to the Criminal Code should be considered, they would include journalists for consultations.

The draft of those amends was written in secrecy, out of institutions and without consulting the public or media, and it had appeared on the Republika Srpska Government website just a few minutes before they had referred it to the parliamentary procedure.

Media and NGO representatives, who have been alerted since the day these amends were announced, have been constantly warning about the danger of Dodik´s announcements, but still they were completely left out of writing them.

Defamation, which has been an offence for over twenty years, has been forced into the Republika Srpska Criminal Code, and penalties for violating honour and reputation represent without any doubt freedom of speech cancellation and a certain path towards censure and auto censure.

Penalties can go as far as 60.000 euros and it will be the biggest threat to the media, which guarantees that journalists who earn an average of 500 euros per month will soon be afraid to do their job because of these high penalties or even jail.

There was no answer to our calls and demands.

That is why we call you as our fellow journalists and public representatives to help us, to report on this issue and to stop the criminalization of defamation together with us.

Help us to be heard in the Western Balkans and in the EU, for the international community to hear us, to preserve freedom of speech and stop adopting these backward amends.

All our journalists and editors, NGO representatives and journalists’ associations, lawyers and activists are from now on available to provide all necessary details, statements or photos and video.

RDC : au Nord-Kivu, les conflits affament #jeudiphoto

mars 23rd, 2023 by

À l’est de la RDC, les conflits armés font régner un climat de terreur. Les femmes et les enfants subissent des violences inimaginables pendant que la faim et la pauvreté s’aggravent. Notre partenaire UWAKI est en première ligne pour aider les femmes-paysannes face à la pauvreté et la guerre.

© William Dupuy

À la souffrance de l’exil, s’ajoute le traumatisme des bourreaux

Nous sommes à Kibumba, à l’est de la RDC. Dans ce village, les femmes-paysannes rescapées de la localité voisine de Buéné, ont trouvé refuge, accueillies par les familles. Épuisées et désemparées, elles enlacent fort leurs enfants, qui regardent tous intrigués en direction de la caméra du photographe William Dupuy. La plupart des femmes, elles regardent ailleurs comme pour éviter de croiser son regard.

Elles sont rassemblées autour de Mme Feza, directrice de l’ONG locale UWAKI, et racontent l’enfer qu’elles ont vécu sur la route de l’exil. À quelques kilomètres de là, l’éruption soudaine du volcan Nyiragongo a dévasté leurs champs et leurs maisons. Elles fuient alors vers le Rwanda voisin. À la frontière, les militaires refusent de les laisser passer, jusqu’à l’impensable. Certaines d’entre elles, sont abusées sexuellement.

C’était un moment très difficile. Ces femmes racontaient comment elles ont été prises entre deux feux : d’un côté l’exil causé par l’éruption du volcan, de l’autre les militaires qui ont abusé d’elles sur le chemin de leur exil.

William Dupuy, photographe

Les conflits aggravent la faim et la pauvreté

Au cours de ses nombreux reportages dans la région, William témoigne de ce sentiment de peur et d’insécurité omniprésent à l’est du pays. Les populations ne dansent plus, ne chantent plus, ne rient plus. Les femmes abusées, fragilisées et traumatisées, déambulent comme des “âmes perdues“.

Depuis plusieurs décennies, la région du Nord-Kivu est gangrénée par les conflits armés. Les milices rebelles, comme le M23, font régner un climat de terreur. Les violences sexuelles, à l’encontre des femmes et des enfants, sont perpétrées comme de véritable arme de guerre. De nombreux enfants sont ensuite enrôlés dans les groupes armés. Les conflits sont l’une des principales causes de la faim en RDC où plus de 27.3 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aigüe.

À l’occasion de notre campagne de Carême “Ceux qui rêvent de se nourrir en paix“ nous faisons appel à votre générosité pour continuer à soutenir les actions essentielles de nos partenaires locaux, comme UWAKI. 

Lire aussi :

Tribune : ensemble contre le patriarcat

mars 17th, 2023 by

Défendre les droits des femmes, c’est défendre les droits de tous, estime Sylvie Bukhari-de Pontual, présidente du CCFD-Terre solidaire, qui, avec ses 506 partenaires dans 70 pays, a identifié la nécessité et l’urgence de lutter contre la domination patriarcale car celle-ci est l’une des causes structurelles de la faim, de la misère, des injustices et inégalités à travers le monde. Tribune initialement publiée sur le site du JDD.

Qu’est-ce que le patriarcat ? C’est un système d’organisation sociale qui reconnaît à l’homme le pouvoir dans tous les domaines (familial, politique, culturel, religieux). Basé sur la domination, il induit des principes d’inégalité, d’injustice, de compétition. Il contribue ainsi au développement de nombreuses formes de violence, et plus particulièrement le mépris de la dignité et des droits des femmes, le racisme, l’homophobie, l’exclusion des minorités, le pillage des ressources de la planète.

Le patriarcat est partout. Il est politique, avec des législations considérant les femmes comme d’éternelles mineures. Il est économique, avec des organisations agricoles qui ne reconnaissent pas le travail des femmes et les privent d’accès à la propriété foncière. Il est religieux, avec un ordre hiérarchique subordonnant les femmes aux hommes. Il est juridique, avec des communautés qui ferment encore trop souvent les yeux sur les violences faites aux femmes.

Le patriarcat est le moteur de la plupart des violences : le mépris de la dignité et des droits des femmes va de pair avec l’exclusion des minorités, le non-partage des richesses, les discriminations multiples… C’est l’une des causes structurelles de la pauvreté et des inégalités.

Le patriarcat, source de violence

Il est aussi ici en France dans la société comme dans notre cercle familial. En effet, la pension de réversion (censée protéger la veuve qui a mis sa carrière en retrait pour s’occuper de son foyer), les pensions alimentaires (censées empêcher les hommes de négliger leurs responsabilités paternelles), et de nombreuses prestations sociales (par exemple l’allocation adulte handicapé) sont conditionnées aux revenus d’un éventuel conjoint, montrant que les politiques se basent encore sur une vision obsolète du foyer dans lequel la “solidarité conjugale” est prise pour acquise et où les femmes sont toujours sous la tutelle de leur conjoint. Comme le souligne le 2ème baromètre sur le sexisme publié par le Haut Conseil à l’égalité, dans nos familles, ce sont les mères qui portent principalement la charge mentale de l’organisation quotidienne. Dans nos couples, ce sont 33 %1 des femmes françaises ont déjà eu un rapport sexuel sans en avoir envie, pour répondre à l’insistance de leur partenaire. Le patriarcat est aussi dans nos rues et sur nos écrans, avec une société de consommation qui marchandise le corps des femmes. Il tolère qu’une femme meure tous les trois jours dans notre pays.2

Le patriarcat est le moteur de la plupart des violences : le mépris de la dignité et des droits des femmes va de pair avec l’exclusion des minorités, le non-partage des richesses, les discriminations multiples… C’est l’une des causes structurelles de la pauvreté et des inégalités. Le patriarcat constitue donc un frein pour l’accès des peuples à la souveraineté alimentaire, à la justice économique et écologique, à l’accueil digne des migrants, et à la construction de la paix et du vivre ensemble.

L’égalité des droits entre femmes et hommes

Si nous voulons parvenir au respect des droits des femmes, nous devons bien sûr parvenir à une égalité des droits entre femmes et hommes, et cela passe notamment par l’éducation et le partage d’expériences, par la reconnaissance effective des droits humains pour toutes et tous.

Vers l’éradication du patriarcat

Mais il faut aller plus loin, ce qui suppose d’éliminer une culture millénaire et bien partagée dans le monde du patriarcat. Cela commande une transformation en profondeur de nos sociétés. C’est pourquoi au CCFD-Terre Solidaire, nous soutenons et accompagnons des organisations non-gouvernementales des pays du Sud qui mobilisent les femmes pour qu’elles deviennent des citoyennes à même de décider de leur vie, de demander le respect de leurs droits, à commencer par le premier des droits humains, le droit au respect de leur propre existence.

C’est aussi un enjeu politique national et international : en accédant à des responsabilités locales, nationales et internationales, les femmes pourront trouver leur juste place au sein de leur famille et de leur communauté. Gouvernements et institutions internationales doivent en faire une priorité politique.

A la racine de ce défi se trouve l’enjeu de lutte contre une domination d’un sexe sur un autre, qui croise d’autres rapports de dominations, celui de l’être humain sur la planète, celui d’États puissants et riches sur d’autres plus fragiles et vulnérables, etc.

Qu’attendons-nous pour agir collectivement sur les mentalités et les représentations ? C’est aussi à ce prix que le patriarcat pourra cesser d’être l’une des causes structurelles des injustices et des inégalités.

Sylvie Bukhari-de Pontual, présidente du CCFD-Terre solidaire

Tribune initialement publiée sur le site du JDD.

1 2ème Baromètre annuel sur le sexisme publié par le Haut Conseil à l’égalité le 23 janvier 2023.

2 Observatoire National des violences faites aux femmes :
– 122 femmes tués par leur conjoint ou leur ex-conjoint en 2021 ;
– 213 00 femmesvictimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjointen 2019. 

“Light between mountains“ : le regard d’Emily Garthwaite #JeudiPhoto

mars 16th, 2023 by

Dans les montagnes du Kurdistan irakien, les populations tentent de se reconstruire et de cultiver la paix après l’horreur des guerres. Lauréate du Prix Photo Terre Solidaire, Emily Garthwaite témoigne, à travers sa série “Light Between Mountains“, de leur résilience et nous livre leur récit, comme celui d’Ahmed, un ancien combattant.

Photo tiré de la série “Light between mountains“, Irak © Emily Garthwaite

C’était un jour de printemps. Un jour de paix. Un jour parfait. Tout était vert et fleuri. Après des heures de marche dans les montagnes du Kurdistan irakien, la photographe Emily Garthwaite et Ahmed Rzani s’arrêtent près du village de Razhukarykan pour partager un thé. Ils se posent au bord d’une rivière, sous une arche de chênes arqués. D’ailleurs près des villages, tous les arbres s’élancent dans le ciel avec cette allure étonnante, dû à la manière dont les habitants coupent le bois pour se chauffer l’hiver quand le gaz vient à manquer. Ahmed se laisse bercer par le chant des oiseaux et contemple la beauté des paysages, lui, qui s’est battu avec fierté pour que ces montagnes redeviennent un havre de paix. Ancien peshmerga, il a pris les armes lors de la guerre qui opposait l’Irak et l’Iran. Une guerre qui a éclaté le jour de son mariage. Soldat, il a toujours eu ce rêve d’ouvrir un restaurant kebab, lorsque la paix reviendra. Son kebab, il le tient aujourd’hui avec ses fils.

Emily a parcouru plus de 1 5000 km à travers l’Irak pour documenter les croyances, les communautés et les traditions survivantes. Elle a rencontré Ahmed en 2019, alors qu’elle traversait le massif du Zagros dans le Kurdistan irakien. Depuis, ils ne se sont jamais quittés et Emily a continué d’arpenter les montagnes kurdes, traversant ces lieux de souffrance, de beauté et d’espoir, au grès des récits d’Ahmed et des autres personnes qu’elle a rencontré.

Chacune des marches avec Ahmed est un moment symbolique. Et c’est ce qui est cœur de mon travail : marcher avec les personnes en écoutant leurs histoires, en essayant de comprendre leur relation avec les montagnes et la manière dont ils se réapproprient leurs terres après le traumatisme de la guerre.

Emily Garthwaite

À travers “Light Between Mountains“, Emily raconte l’autre Irak : celui où le retour, la paix et l’émerveillement succèdent à l’horreur de la guerre. Son récit photographique, elle l’adresse avant tout aux communautés kurdes qui lui ont tant donné : comme une ode à leur mode de vie pastoral, comme un morceau de leur histoire qu’elle leur lègue. Elle l’adresse aussi aux diasporas, avec l’espoir de leur donner le courage et l’envie de revenir chez eux, de reconstruire une nouvelle relation avec leur terre, en temps de paix.

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Quiz  : savez-vous vraiment ce qui cause la faim dans le monde? 

mars 14th, 2023 by

On pense souvent que la faim dans le monde est liée à une production insuffisante de nourriture. Mais ce quiz sur les causes de la faim pourrait vous surprendre…

Pour en savoir plus sur les causes de la faim dans le monde

Retrouver nos autres quiz

TERRE SOLIDAIRE PHOTO AWARD 2023 : DISCOVER THE THREE WINNERS

mars 10th, 2023 by

The three laureates of the first edition of the Terre Solidaire Photo award chaired by Sebastião Salgado have finally been announced! Congratulations to Alessandro Cinque, Anush Babajanyan and Emily Garthwaite for their artistic, humanist and committed vision that we are proud to support. Without any further ado, discover their awarded work on video.

LAUREATE OF THE TERRE SOLIDAIRE GRAND AWARD

Alessandro Cinque

Laureate of the Terre Solidaire Grand Award, the Italian photographer, Alessandro Cinque, bears witness through his documentary project, “Peru : a toxic state, to the environmental, social and cultural consequences caused by the exploitation of mining resources in Peru. Resulting of a six-year journey to meet the communities of the Peruvian Andes, this series tells the story of their reality and their suffering: the violation of their rights, the degradation of their health and living conditions, the disintegration of their culture and identity.

Currently based in Lima, Alessandro intends to pursue his photographic project in a documentary and militant way. He wants to bear witness of the similar realities experienced by Andean communities in Bolivia and Ecuador. He wishes to publish a photographic book, translated into Quechua language, in order to reinforce information access and to federate the communities. His goal is also to raise awareness internationally and to encourage dialogue on the abuses committed by the mining industry. His photographic work will be exhibited in its entirety at the Gacilly Photo Festival in the 2024 summer.

THROUGH THE PRISM OF OLD AND NEW MINES, THIS PROJECT EVOKES NEOLIBERALISM AND NEOCOLONIALISM BY WITNESSING THE LACK OF RESPECT FOR THE HUMAN RIGHTS IN THE PERUVIAN COUNTRYSIDE.

Alessandro Cinque

LAUREATES OF THE TERRE SOLIDAIRE PHOTO AWARD 

Anush Babajanyan

Armenian photographer Anush Babajanyan, member of the Agency VII, was awarded the Terre Solidaire Photo Award for her project “Battered Waters. Through this visual narrative, she bears witness to the crisis water in Central Asia, to which are added environmental issues that affect the 67 million people in this landlocked region. From Kazakhstan to Tadjikistan, through Ouzbekistan and Kirghistan, Anush plunges us into the heart of magnificent landscapes and closer to the inhabitants of those four countries to tell us the story of a thirsty and neglected region.

Thanks to the Terre Solidaire Photo Award, Anush wishes to continue to shed light on the issues related to the management and the share of water in Central Asia. She also intends to extend her narrative and documentary work to South Caucasus countries.

THE COLLAPSE OF THE SOVIET UNION IN THE EARLY 1990s LEFT CENTRAL ASIAN COUNTRIES STRUGGLING WITH ENVIRONMENTAL ISSUES AND A LACK OF COORDINATION REGARDING THE WATER THEY SHARED.

Anush Babajanyan

Emily Garthwaite

British photographer Emily Garthwaite was awarded the Terre Solidaire Photo Award for her project “Light Between Mountains” made in Iraqi Kurdistan. In a complex territory, shattered by a succession of conflicts, she bears witness to the resistance of pastoral way of life, of traditions and beliefs. Since 2019, she has been travelling through Kurdistan mountains, crossing areas of memory, of trauma, of environmental fragility. By writing the history of shepherds, farmers, fighters and pilgrims encountered along the way, she offers a glimpse of “the other Iraq” where wonder, quest and renewal prevail over war.

Slow journalism and “the return” are two approaches at the heart of her work. Thanks to the Terre Solidaire Photo Award, she wishes to continue her visual narrative by focusing more on the environmental threats while carrying on walking alongside “the keepers” of the land and pastoral and religious folklore.

THIS WORK IS THE TESTAMENT OF A FORGOTTEN PIECE OF HISTORY, ENCOMPASSING A MYRIAD OF BELIEFS, ETHNIC IDENTITIES AND DISTANT PAST. IT IS A LOVE LETTER TO MY HOME.

Emily Garthwaite

With our support, the three laureates will continue their photographic and documentary series. You will be able to discover their awarded work during festivals and exhibitions all throughout 2023 and 2024 (the program will be announced soon).

We would like to thank all the participating photographers, the members of the jury and the partners of the Award.

“Battered waters” : le regard engagé d’Anush Babajanyan #jeudiphoto

mars 9th, 2023 by

Au Kazakhstan et en Ouzbékistan, la mer d’Aral continue de disparaître sous le regard impuissant des peuples qui en dépendent. Lauréate du Prix Photo Terre Solidaire pour son documentaire “Battered Waters“, Anush Babajanyan témoigne de la résilience des populations d’Asie centrale contraintes de s’adapter à leur environnement bouleversé.

Photo tirée de la série “Battered Waters© Anush Babajanyan

Nous sommes à proximité du village d’Akespe, au Kazakhstan. Au milieu de ce no man’s land se dessine une spirale de sable et d’eau. Au centre de celle-ci, trois femmes —des amies ou peut-être des sœurs—se nettoient le corps avec de l’eau jaillissant d’une source naturelle. L’eau est chaude. Si chaude, qu’elles n’y trempent pas plus que leurs pieds ou leurs mains. Assises sur un muret de pierre, elles se laissent envelopper par les fumées de vapeurs et profitent d’une belle journée.

Comme une renaissance, cette source d’eau chaude prisée pour ses propriétés bénéfiques, a émergé sur l’ancien bassin de la mer d’Aral. Cette étendue d’eau salée à cheval entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan était encore il y a 50 ans le quatrième plus gros lac au monde. De nombreux villages et des générations de pêcheurs prospéraient autour d’elle. Aujourd’hui, la mer d’Aral a perdu 90% de sa surface et n’est plus qu’un désert de sable quasiment inhabité. Mais que s’est-il passé ? En 1960, l’Union Soviétique, dans une volonté d’étendre son industrie de coton, détourne les fleuves d’Amou-Daria et de Syr-Daria pour l’irrigation, privant la mer d’Aral de sa source et ses populations de leur lac nourricier.

Depuis 2019, la photographe Anush Babajanyan témoigne des conséquences liées à la mauvaise gestion de l’eau en Asie centrale. Elle met en lumière la résilience des populations affectées et souhaite apporter une perspective nouvelle, autre que la vision souvent répandue des bateaux en décomposition sur le bassin asséchée.

Je suis arrivée dans une région complètement dévastée. Et puis j’ai rencontré ces trois femmes qui s’amusaient tout simplement, reconnaissantes d’être à proximité d’une source d’eau chaude. Je me suis dit que c’était à la fois un soulagement et une manière ironique de raconter l’histoire de ce lac qui disparaît.

Anush Babajanyan

Pour Anush, cette photographie contraste avec la réalité et interroge. Peut-être que la vie est ainsi faite: lorsque quelque chose disparaît, quelque chose d’autre apparaît et permet à la vie de reprendre son cours, autrement. 

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CARÊME ET RAMADAN, DEUX TEMPS QUI SE SUPERPOSENT EN 2023

mars 7th, 2023 by

Cette année, Carême et Ramadan auront plusieurs jours en commun : le Ramadan débutera, sous nos cieux, aux alentours du 22 mars jusqu’au 21 avril et le Carême du mercredi des Cendres, 22 février, au Jeudi Saint 6 avril.

Par le CCFD-Terre Solidaire de Mayenne (53)

Sobriété heureuse et choisie

Jeûne, Carême ou Ramadan, chrétiens, musulmans et juifs, sans doute nous ne courons pas de la même manière, mais le chemin est là qui n’est pas de nous et il est tellement plus grand que la course !

Christian de Chergé, prieur trappiste de Tibhirine

Pourquoi faire le parallèle ? Parce que cette année, au CCFD-Terre Solidaire, c’est le représentant d’une association partenaire égyptienne, ADIM, qui vient à notre rencontre en Pays de la Loire.


Or Karim, un des responsables de l’association ADIM (1) de l’église catholique copte (Association pour le Développement Intégré du diocèse de Minya, au bord du Nil, à 250 km de la capitale, Le Caire) est quant à lui de confession musulmane. Il arrive le 18 mars en France et fait le choix de s’adapter au pays d’accueil et de reporter son jeûne de Ramadan afin de le vivre à son retour chez lui de façon décalée par rapport à sa communauté. Le Ramadan, temps de piété, temps calme et silencieux le jour, temps de retrouvailles familiales et amicales dès qu’arrive l’Iftar (2), est un mois joyeux. Une ambiance bon enfant règne autour de repas copieux offerts dans la rue puisqu’il est aussi mois de partage et de solidarité sociale.

Si le Ramadan est un fait communautaire (le jeûne se rompt en famille, entre amis), le Carême, en France ne constitue plus un fait social. Il l’a été au Moyen-Age ; s’est vécu avec plus de discrétion après l’Edit de Nantes, interdit par la Révolution il est revenu au XIXème siècle par une pratique d’ascétisme plus individuel que collectif. Il reste des prescriptions alimentaires, mais qui ont été très diminuées depuis 1966, où le pape Paul VI les a simplifiées : l’Église catholique demande de « faire pénitence » chaque vendredi, de s’abstenir de viande les vendredis de Carême, ainsi que de jeûner le mercredi des Cendres et le Vendredi Saint.

Le jeune, marqueur commun à toutes les religions

Le jeûne reste l’un des marqueurs communs à toutes les religions. L’idée est de s’entrainer à modérer ses appétits, à travers l’appétit fondamental : la faim. Si les orthodoxes sont plus rigoureux avec le grand Carême ; les catholiques comme les protestants mettent l’accent sur le renoncement pour le partage : c’est un temps de grande collecte de dons pour les associations caritatives chrétiennes dont fait partie le CCFD-Terre Solidaire dans une perspective globale d’engagement citoyen et de solidarité internationale. Car là où nous pouvons choisir de pratiquer le jeûne, d’autres rêvent de pouvoir se nourrir, en paix (768 millions de personnes dans le monde souffrent de la faim, 2.4 milliards de personnes connaissent l’insécurité alimentaire, plus de 40% de la population mondiale ne peut se nourrir convenablement). Chaque jour 25 000 personnes meurent de faim, dont 10 000 enfants (3) …et ces chiffres datent.

Pour donner en ligne, vous trouverez ci-après l’adresse du site internet : https://ccfd-terresolidaire.org/je-soutiens/


Au temps de partage et de purification par le jeûne intermittent s’ajoute un temps d’introspection, par la prière et la lecture de la Parole dans l’attente …de Pâques ! Nourrir son âme à la source en vue de revêtir le Christ pour être présent auprès de nos frères.

Le Carême nous invite à être joyeux et fraternels.

Souhaitons-nous un Joyeux Carême portant dans notre cœur et notre prière nos frères et sœurs retournés au Seigneur, en particulier pour la délégation diocésaine, Odile GARNIER Jean-Marc GUITTET et Marie-Jo TOUCHARD

Outre le livret spirituel qui sera à votre disposition à l’entrée de notre église, vous êtes invités à vous rendre chaque vendredi sur la page hebdomadaire du diocèse où nous déposerons proposition de cheminement fraternel universel, illustrée par des exemples concrets (https://www.diocesedelaval.fr/toute-lactualite/).

(1) : L’ADIM est un des 500 acteurs locaux de la société civile des 70 pays où agit le ccfd-Terre SolidaireL’objectif global de l’ADIM est de construire la paix et la convivialité entre communautés confessionnelles en Haute-Egypte. Elle promeut pour cela la coopération entre confessions en faveur des plus marginalisés et renforce les activités génératrices de revenus pour les femmes de prisonniers. L’ADIM participe à rendre les ONG plus visibles auprès de l’opinion publique, elle accroît ainsi les capacités de négociation et d’accès aux cofinancements des bailleurs étrangers et nationaux.

(2) : « rupture du jeûne », l’iftar est le repas qui est pris chaque soir par les musulmans au coucher du soleil.

(3) En 2015 https://www.ouest-france.fr/monde/editorial-25-000-morts-de-faim-par-jour-3720814 et https://www.un.org/fr/chronicle/article/chaque-jour-25-000-personnes-meurent-de-faim/

“Pérou, un état toxique” : le regard engagé d’Alessandro Cinque #JeudiPhoto

mars 2nd, 2023 by

Au Pérou, les industries minières encouragées par l’État s’enrichissent, pendant que les communautés autochtones comme, celle de Margarita, en subissent les conséquences. Lauréat du Grand Prix Photo Terre Solidaire pour son documentaire “Peru, a toxic state“, le photographe Alessandro Cinque souhaite ouvrir le dialogue et aider les communautés andines à défendre leurs droits.

© Alesandro Cinque
Photo tirée de la série “Peru, a toxic state” © Alessandro Cinque, 2021

Depuis six ans, le photographe Alessandro Cinque traverse les Andes du Pérou à la rencontre des communautés quechuas. Au cours de son périple, il fait la connaissance de Margarita, cheffe de la communauté du village d’Ayaviri où il passera trois nuits. Un jour, alors qu’il lui rend visite, il la retrouve en train de dormir paisiblement devant chez elle, à même la terre craquelée, le visage enfoui sous son chapeau pour se protéger du soleil. Alessandro immortalise cet instant, illustrant pour lui le lien fort qui unit les communautés andines à leur terre, à leur “Pacha Mama“.

J’aime l’idée que la terre et Margarita soient dans la même situation, comme pour nous dire : nous sommes là, présents en ce monde, mais nous dépérissons, nous disparaissons car nous sommes fatigués. Voilà pourquoi Margarita et la terre ne font plus qu’un, comme sa tresse qui se mêle à la craque de la terre abîmée.

Alessandro Cinque

Le village d’Ayaviri est connu pour sa production de fromage exporté dans tout le pays. Mais, depuis qu’une mine s’est implantée aux alentours, polluant la terre et l’eau, plus personne ne veut en acheter. Margarita et sa communauté s’enfoncent dans la pauvreté pendant que la compagnie nie toute responsabilité et continue de s’enrichir.

Les Andes péruviennes, riches en ressources minières, attisent la convoitise des multinationales et de l’État au détriment de l’environnement et des populations locales. Le long des 20 000 km qu’il a parcouru, Alessandro a été témoin des inégalités, de la pauvreté et de la colère liées à des décennies de politiques néolibérales. Il a rencontré 35 communautés aux prises avec les mêmes souffrances, et qui demeurent pourtant isolées. Les fausses promesses portées par les entreprises alimentent les désillusions et les divisions. La presse du pays n’en parle pas, laissant la réalité derrière le “miracle économique“ du Pérou dissimulée. 

Face à ce constat, Alessandro souhaite que ses images permettent d’ouvrir un dialogue et aident les communautés andines à être mieux informées et à se fédérer. Il projette de réaliser un fanzine traduit en quechua et d’étendre son projet documentaire engagé dans la cordillère des Andes en Bolivie et en Équateur. 

Le CCFD-Terre Solidaire, soutient de nombreux partenaires dans la région, comme le Centre Bartolome de las Casas (CBC) et CooperAccion, qui agissent pour défendre les droits et promouvoir le développement des communautés autochtones des Andes.

Pour en savoir plus :

Jacques Mourad, un évêque pour Homs au cœur du dialogue islamo-chrétien

février 27th, 2023 by

Le père Jacques Mourad est une figure spirituelle très connue en Syrie et en Europe, notamment pour son attachement au dialogue islamo-chrétien et son appartenance à la communauté de Mar Moussa, soutenue par le CCFD-Terre Solidaire. Nous sommes heureux qu’il devienne le nouvel évêque de Homs le 3 mars 2023.

(suite…)

PRIX PHOTO TERRE SOLIDAIRE 2023 : DÉCOUVREZ LES TROIS LAURÉATS 

février 17th, 2023 by

Les trois lauréats de la première édition du Prix Photo Terre Solidaire présidé par Sebastião Salgado, sont enfin annoncés ! Félicitations à Alessandro Cinque, Anush Babajanyan et Emily Garthwaite pour leur regard artistique, humaniste et engagé que nous sommes fier de soutenir. Sans plus attendre, découvrez en vidéo leur travail primé.

Lauréat du Grand Prix Terre Solidaire 

Alessandro Cinque

Lauréat du Grand Prix Photo Terre Solidaire, le photographe italien, Alessandro Cinque, témoigne à travers son projet documentaire, “Peru : a toxic state, des conséquences environnementales, sociales et culturelles causées par l’exploitation des ressources minières au Pérou. Fruit d’un voyage de six ans à la rencontre des communautés des Andes péruviennes, cette série nous livre le récit de leurs réalités et de leurs souffrances : celles de la violation de leurs droits, de la dégradation de leurs conditions de vie et de leur santé, du délitement de leur culture et de leur identité. 

Actuellement basé à Lima, Alessandro compte poursuivre ce projet photographique, à la fois de manière documentaire et militante. Il souhaite témoigner des réalités similaires vécues par les communautés andines de Bolivie et d’Équateur. Il souhaite également éditer un livre photographique, traduit en langue quechua, afin de renforcer l’accès à l’information et de fédérer les communautés, autant que de sensibiliser la communauté internationale et d’encourager un dialogue sur les abus commis par les industries minières. Son travail photographique sera exposé en intégralité au Festival Photo la Gacilly, à l’été 2024. 

À travers le prisme des nouvelles et anciennes mines, ce projet parle néolibéralisme et du néocolonialisme, en témoignant du manque de respect des droits humains dans les campagnes péruviennes.

Alessandro Cinque

Lauréates du Prix Terre Solidaire 

Anush Babajanyan

La photographe arménienne membre de l’Agence VII, Anush Babajanyan, a été récompensée du Prix Photo Terre Solidaire pour son projet “Battered Waters. À travers cette narration visuelle, elle témoigne de la crise de l’eau en Asie centrale, auxquels s’ajoutent des problématiques environnementales qui affectent les 67 millions de personnes de cette région enclavée. Du Kazakhstan au Tadjikistan, en passant par l’Ouzbékistan et le Kirghizistan, Anush nous plonge au cœur de la magnificence des paysages et au plus près des populations de ces quatre pays, pour nous raconter l’histoire d’une région assoiffée et négligée. 

Grâce aux Prix Terre Solidaire, Anush souhaite continuer à mettre en lumière les problématiques liées à la gestion et au partage de l’eau en Asie centrale. Elle souhaite également étendre son travail narratif et documentaire aux pays du Caucase du Sud. Elle partira bientôt en reportage dans le Nord-est de l’Inde aux côtés de nos partenaires.

L’effondrement de l’Union soviétique au début des années 1990 a laissé les pays d’Asie Centrale aux prises avec des problèmes environnementaux et un manque de coordination autour de l’eau qu’ils partageaient.

Anush Babajanyan

Emily Garthwaite

La photographe britannique, Emily Garthwaite, a reçu le Prix Photo Terre Solidaire pour son projet “Light Between Mountain réalisé au Kurdistan irakien. Dans un territoire complexe et fragmenté par une succession de conflits, elle témoigne de la résistance du mode vie pastoral, des traditions et des croyances. Depuis 2019, elle sillonne les montagnes kurdes, traversant des zones de mémoires, de traumatismes et de fragilités environnementales. En écrivant l’histoire des bergers, agriculteurs, combattants et pèlerins rencontrés au grès de son parcours, elle donne à voir « l’autre Irak », celui où l’émerveillement, la quête et le renouveau prime sur la guerre.

Le journalisme lent et “le retour” sont deux approches au cœur de son travail. Grâce aux Prix Terre Solidaire, elle souhaite poursuivre sa narration visuelle en s’intéressant davantage aux menaces environnementales, continuant sa marche aux côtés des « gardiens » de la terre et du folklore pastoral et religieux. 

Ce travail témoigne d’un morceau d’histoire oubliée, englobant une myriade de croyances, d’identités ethniques et de passé lointain. C’est une lettre d’amour à ma maison.

Emily Garthwaite

Avec notre soutien, les trois lauréats poursuivront leurs séries photographiques et documentaires. Vous pourrez découvrir leur travail primé à l’occasion de festivals et d’expositions tout au long de l’année 2023-2024 (le programme sera bientôt annoncé).

Nous tenons à remercier tous les photographes participants, les membres du jury et les partenaires du Prix. 

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