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3 minutes avec le célèbre photographe Sebastião Salgado

décembre 16th, 2022 by

Dans cette vidéo, le photographe brésilien Sebastião Salgado raconte son premier reportage pour le CCFD-Terre Solidaire alors qu’il était réfugié en France en 1973. Il part à l’époque couvrir la famine qui frappe le Sahel et découvre les prémisses du réchauffement climatique.

En 1973, alors que la faim fait rage au Sahel, le CCFD-Terre Solidaire et la CIMADE mettent en place un pont aérien d’urgence pour venir en aide aux victimes. Sebastião Salgado embarque à bord d’un avion affrété et part réaliser son premier photoreportage au Niger.

Pour le CCFD-Terre Solidaire, il photographie au Niger celle qui deviendra connue sous le nom de “femme à la jarre”. C’est sa première “grande histoire photographique”, qui marque le début de sa carrière. Cette photo devient l’image phare de la campagne du CCFD-Terre Solidaire « La Terre est à tous ».

© Sebastião SALGADO
© Sebastião SALGADO

Grâce à cette publication d’envergure, Salgado peut investir dans du matériel photographique et créé son premier studio dans un local mis à disposition par le CCFD-Terre Solidaire. Il peut alors commencer sa carrière internationale.

Armé de son objectif, Sebastião Salgado part à la rencontre des plus pauvres aux quatre coins du globe. Economiste de formation, il témoigne à travers son travail des déséquilibres de notre monde. Attaché à la photo en noir et blanc, il en fait sa marque de fabrique.

En 1987, un reportage dans les mines d’or au Brésil lui vaut une renommée internationale

En 2021, il monte l’exposition Salgado Amazonia exposé à la Philharmonie de Paris. Ses photos exceptionnelles de l’Amazonie et de ses habitants dévoilent au public non seulement la beauté mais également l’importance de cette région du monde pour l’équilibre de la planète.

Sebastião Salgado est le président d’honneur de la première édition du PRIX PHOTO TERRE SOLIDAIRE qui a été décerné en février 2023. Une façon de rappeler, 50 ans après, l’histoire commune avec le CCFD-Terre Solidaire.

Un livre pour Noël : mon chemin de migrant, le récit haletant de François Roméo Ntamag

décembre 15th, 2022 by

Probablement personne n’imagine à quel point Francois Roméo Ntamag  revient de loin.  Aujourd’hui il habite un petit village du Gers, travaille dans une entreprise locale, et est investi dans un club de foot. Il est même bénévole au CCFD-Terre solidaire.

Cette vie-là, il ne pouvait même pas se l’imaginer en quittant sa famille et son Cameroun natal, à seulement 15 ans. A l’époque son père venait de mourir et son projet était de devenir footballeur professionnel pour subvenir aux besoins de sa mère et de sa fratrie. Pas à l’autre bout du monde, mais au Bénin où un ami lui disait que c’était possible de décrocher une place dans une équipe de foot professionnelle.

Ce sera le départ d’un périple à travers l’Afrique de plusieurs années. D’impasses en désillusions, Francois Roméo nous embarque au fil des pages dans ce qui devient son chemin de migrant. Difficile de s’arrêter une fois le livre commencé. Dévalisé au Nigéria, pourchassé en Algérie, rejeté au Maroc, il renonce à l’Afrique pour tenter sa chance en Europe.

Ce dernier espoir se fracasse sur les murs de barbelés de l’enclave espagnole de Melilla. Expulsé en Algérie, persécuté puis abandonné en plein milieu du Sahara, il échappe de peu à la mort. François Roméo se retrouve à Bamako au Mali, avec des centaines d’autres jeunes tout aussi bloqués que lui. C’est là qu’il participe à la création d’une association de migrants et va retrouver un sens à sa vie.

Le livre de François Roméo se lit d’une traite. Avec lui, les images aperçues dans les médias ou les réseaux sociaux prennent vie. Un récit qui se fraye un chemin d’humanité dans nos propres vies et pourrait bien vous toucher au cœur.

Anne-Isabelle Barthélémy

Mon chemin de migrants, François Roméo Ntamag, éditions Privat

Migrations : à Nouadhibou entre désillusions et solidarité

décembre 15th, 2022 by

Il y a un an, le 17 décembre 2021, 15 jeunes migrants ont trouvé la mort dans un naufrage à Nouadhibou. Entre rêves et désillusions, les trajectoires de nombreuses personnes exilées continuent de se croiser dans cette ville mauritanienne. L’association Daniel-Brottier, que nous soutenons, est en première ligne pour porter assistance à ces personnes prises au piège dans ce carrefour migratoire sans issues.

Portrait d’Emmanuel. Nouadhibou (Mauritanie) © Roberta Valerio

NOUADHIBOU : UN CARREFOUR SANS FIN

Avec son bonnet bleu et ses habits colorés, Emmanuel se distingue au milieu de ce paysage monochrome. Avec soin, il arrose cette plante isolée qui, comme lui, tente d’éclore et de trouver sa place au milieu de ce désert mauritanien inhospitalier. Derrière lui, se hisse le dôme d’une petite chapelle discrète. C’est ici, qu’il a trouvé un peu de répit au cours de son périple migratoire. Le père Pachel Florian Mbabe, figure de proue de l’Association Daniel-Brottier à Nouadhibou, l’a accueilli et lui a confié un petit boulot de jardinier.

Du haut de ses 15 ans, ce jeune guinéen a déjà un parcours de vie qu’on aurait souhaité qu’il ne connaisse jamais. Sans le dire à personne, sauf à sa mère, il quitte seul son pays pour tenter de rejoindre l’Europe. Dans le bus pour Dakar, il est abandonné sur le bord de la route. À la frontière mauritanienne, il n’est pas épargné par la violence. À plusieurs reprises, il tente de traverser le désert mais, il est rattrapé en vain et sans ménagements par les garde-frontières. Désormais à Nouadhibou, il est submergé par la sensation d’être pris au piège dans un carrefour sans issues.

Du haut de ses 15 ans, Emmanuel fait preuve d’un courage et d’une détermination sans limites pour atteindre son rêve d’un avenir meilleur. Il compte bien poursuivre sa route — à pied ou en bateau, il ne sait pas encore — malgré les dangers et les difficultés qui l’attendent.

TERRE OU MER, UNE TRAVERSÉE QUI TUE

À Nouadhibou, capitale économique mauritanienne, la population compte plus de 50 000 personnes migrantes. Située à 50 km de la frontière avec le Maroc, la ville côtière est devenue un des principaux points de passage pour rejoindre l’Europe par la traversée du Sahara ou de la Méditerranée. Mais le renforcement des contrôles aux frontières contraint les personnes exilées à emprunter des routes toujours plus dangereuses pour repartir.

Depuis 2014, l’Association Daniel-Brottier est l’une des rares structures mobilisée pour accueillir et aider les personnes en exil pigées à Nouadhibou. Elle les sensibilise aux dangers de la route migratoire.

Retrouvez tous nos #Jeudiphoto

Pour aller plus loin :

Total au Congo, une opération de greenwashing destructrice

décembre 12th, 2022 by

Dans un objectif de compensation de ses émissions, Total-Energies prévoit la plantation d’une nouvelle forêt d’acacias de 40 000 hectares sur les plateaux Batéké en République du Congo. Les populations qui utilisent ces terres pour vivre se retrouvent privées de leurs moyens de subsistance. C’est aussi toute la biodiversité de cette région qui est menacée par la culture d’acacias.

En parallèle du maintien de ses activités d’exploration et d’extraction d’énergies fossiles, TotalEnergies mise sur la compensation carbone pour atteindre ses objectifs de neutralité carbone. Parmi les projets retenus, la multinationale prévoit la plantation d’une nouvelle forêt d’acacias de 40 000 hectares sur les plateaux Batéké en République du Congo.

Les fausses promesses de la compensation

Selon TotalEnergies, ce projet a tout pour plaire. D’après la compagnie, cette forêt artificielle pourrait acquérir une capacité de séquestration de plus de 10 millions de tonnes de CO2 sur 20 ans. L’entreprise ajoute que « la plantation d’acacias (…) sur des plateaux sableux exposés à des feux de brousse récurrents va créer un environnement forestier qui permettra, à terme, d’accroître la biodiversité des écosystèmes. Ces activités, créatrices d’emplois, impacteront positivement plusieurs milliers de personnes ».

TotalEnergies affirme que ce projet « favorisera la régénération naturelle d’essences locales et alimentera Brazzaville et Kinshasa en sciages et contreplaqués ».

Mais la réalité s’annonce bien différente du scénario idéal. L’entreprise envisage en effet une plantation industrielle d’arbres à croissance rapide, qui ne poussent habituellement pas dans cette région. C’est un bouleversement pour tous les animaux, les plantes et les populations qui y vivent.

Un écosystème et des populations menacées

Les plateaux Batéké sont un écosystème riche et complexe. Une partie de ces terres sont utilisées pour la cueillette, la chasse et l’agriculture de subsistance par les populations locales.

Selon Brice Mackosso, coordinateur adjoint de la plateforme Publiez Ce Que Vous Payez Congo, « la zone du projet est une savane dense avec des “forêts galeries” (ndlr : des forêts denses qui accompagnent les cours d’eau dans les savanes). La particularité des plateaux Batéké, c’est la présence des peuples autochtones appelés les Batouas très nomades, dont l’habitat naturel sera impacté avec la destruction des galeries de forêts. La faune sauvage – dont certaines espèces de gorilles – perdra également à coup sûr son habitat. Il est important de s’interroger si ces risques ont été pris en compte dans la définition du projet ».

Une cartographie de cette région signale également la présence possible des Pygmées autochtones.

Les populations écartées

Concernant l’implication des populations locales dans la mise en place de ce projet, TotalEnergies souligne que la signature d’un bail de 60 ans avec le gouvernement congolais a été réalisée « selon les procédures en vigueur, qui ont notamment inclus en amont une consultation des populations riveraines pour les informer du projet et de ses impacts ».

Néanmoins, d’après Brice Mackosso « à ce stade aucune preuve de consultation des communautés riveraines n’existe pour le projet. Publiez Ce Que Vous Payez Congo, plateforme de la société civile engagée dans le suivi de l’exploitation des ressources naturelles, n’a aucune connaissance d’une consultation de la société civile congolaise sur ce projet. »

Le 2 décembre 2022, le journal Mediapart a publié une enquête montrant à quel point les droits des communautés locales sont malmenées : consultations tardives et inadaptées, dédommagements insuffisants, perte de revenus…

Un faible potentiel de compensation carbone

Il est estimé que TotalEnergies aurait besoin d’environ 2 600 000 hectares en 2050 pour satisfaire ses besoins de compensation carbone.

Alain Karsenty, chercheur au CIRAD, explique que les arbres en monoculture tels que les acacias présentent en réalité un faible potentiel de séquestration de carbone comparé à celui de forêts naturelles. Le GIEC a également mis en garde contre les monocultures qui consomment de grandes quantités d’eau et peuvent jouer un rôle négatif dans le dérèglement des écosystèmes.

Les projets de compensation, une menace pour la souveraineté alimentaire des populations locales

Les projets de compensation carbone, comme celui projeté par Total au Congo, peuvent mettre en danger les droits et la souveraineté alimentaire des populations locales, qui perdent l’accès à leurs terres.
« Il est évidement à craindre que les projets de compensation carbone ne profitent une fois de plus qu’aux multinationales qui vont se lancer dans ce type de projet avec pour seule ambition la captation des financements internationaux. La fiscalité qui va régir ce projet n’est pas du tout connue, et l’on pourrait bien s’interroger sur les gains de la République du Congo avec la cession des terres à TotalEnergies », conclut Brice Mackosso.

Myrto Tilianaki, chargée de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire, étudie particulièrement l’impact des projets de compensation carbone et alerte sur les dangers qu’ils représentent : les projets de compensation qui émargent aux marchés d’échange de crédits carbone volontaires sont hors de contrôle faute de régulation contraignante. En l’absence de cadres régulateurs robustes, il y a des forts risques que des projets mettant en danger les droits des communautés locales dans les pays du Sud se multiplient.

C’est une très mauvaise nouvelle pour le climat et pour les droits humains. Les Etats doivent agir vite pour réduire drastiquement et immédiatement leurs émissions de GES et mettre en œuvre toutes les protections nécessaires pour garantir la protection des droits des communautés les plus vulnérables. ” 

Retrouvez notre mobilisation en faveur de la justice climatique

En Irak, les barrages provoquent trop d’évaporation (rapport)

décembre 2nd, 2022 by

À la suite de la COP 27, la campagne Save the Tigris (Sauvons le fleuve Tigre), soutenue par le CCFD-Terre Solidaire, alerte une nouvelle fois sur la disparition des réserves d’eau en Irak engendrée par les projets de barrages.

La COP 27 s’est tenue un an après la publication initiale du rapport Into Thin Air : Evaporation Losses from Dam Reservoirs in Iraq alertant sur les pertes massives en eau dues aux projets de barrages en Irak. L’Irak est lourdement impactée par le réchauffement climatique et l’été dernier a marqué de tristes dans le pays, avec des températures dépassant régulièrement les 50°C. La sauvegarde de l’eau y est d’autant plus cruciale.

Les phénomènes d’évaporation les plus graves sont observés au niveau des lacs artificiels créés par ces barrages. La campagne évalue ainsi qu’avec sa retenue de 13 milliards de m3 d’eau, le projet de barrage de Bekhme engendrera la perte par évaporation de 480 millions de m3 chaque année.

Au-delà des seuls dommages environnementaux, ces pertes vont peser lourd au niveau social et économique : baisses de productivité, de production de nourriture, de revenus générant des tensions croissantes dans la société et poussant les gens à s’exiler.

Save the Tigris réitère ses recommandations aux gouvernements d’Irak et du Kurdistan : arrêt des méga-projets de barrage, suivi transparent de la ressource en eau et des indicateurs climatiques, politiques d’éducation à des usages économes notamment dans l’agriculture, en étudiant par exemple la technique traditionnelle des qanats, ces système d’adduction d’eau souterrains qui évitent l’évaporation.

Consulter le rapport Into thin air en anglais ou en arabe.

Cisjordanie : la récolte des olives à l’épreuve des colons #jeudiphoto

décembre 1st, 2022 by

Dans le territoire palestinien occupé, les colons s’attaquent à la traditionnelle et symbolique récolte des olives dont dépendent de nombreuses familles palestiniennes. Aux pieds des oliveraies, la solidarité s’organise face à la violence des colons. 

© Anne Paq

Sur la photo on pourrait presque entendre le bruit des olives rebondir sur la grande bâche noire étendue au sol. Le regard à la fois grave et concentré, Munther Amira récolte avec attention les fruits de cet olivier. Il ne se laisse ni perturber ni intimider par la présence des soldats israéliens qui le surplombe.

Nous sommes dans le village palestinien de Turmus Ayya, en Cisjordanie. Comme tant d’autres localités palestiniennes, Turmus Ayya est confrontée à la construction d’une colonie israélienne sur ses terres.

La construction de la colonie Shilo a une conséquence immédiate pour les familles palestiniennes : la dépossession de leurs terres. Dans ce contexte, l’accès à leurs oliveraies devient contrôlé et quasiment impossible. 

Une récolte au goût amer

Chaque automne, les familles palestiniennes attendent avec impatience le temps de la récolte des olives. C’est une ressource économique importante pour plus de 100 000 familles. Mais cette période traditionnelle est devenue synonyme de vandalisme et de violences à leur encontre. Les attaques de colons au moment de la récolte sont très fréquentes.

Depuis trois ans, la campagne Faz3A réunit des militants et militantes venues des quatre coins de la Cisjordanie pour prêter main-forte aux agriculteurs et agricultrices de la région et sécuriser les récoltes. Munther est l’un d’entre eux.

Ce 25 octobre, une soixantaine de volontaires ramassent les olives. La photographe Anne Paq est présente lorsque des colons armés et masqués dévalent la colline. Ils attaquent les cueilleurs et cueilleuses à coups de jets de pierres pour les chasser, sous le regard indifférent des forces armées israéliennes. C’est la panique. Mais les cueilleurs n’ont pas dit leur dernier mot ! Ils reviennent peu de temps après sur leurs pas, bravant les barrages de soldats et de colons pour achever la récolte. C’est là qu’Anne Paq prend la photo de Munther.

L’olivier : un symbole de paix vandalisé

La poursuite de la colonisation, illégale au regard du droit international, éloigne chaque jour un peu plus la possibilité pour les Palestiniens et les Israéliens de vivre en paix.

Une initiative citoyenne européenne, soutenue par le CCFD-Terre Solidaire, demande actuellement l’interdiction du commerce des produits issus des colonies israéliennes en Europe. Cette pétition a pour but de demander à la commission européenne de légiférer. Un moyen pacifique de lutter contre une injustice majeure.

Je signe la pétition pour que l’Union Européenne mettre fin au commerce avec les colonies illégalement établies dans les territoires occupés : #stopcolonies.


Journée contre les violences faites aux femmes : connaissez-vous son origine?

novembre 25th, 2022 by

Le 25 novembre marque la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Cette journée commémore le combat héroïque des sœurs Mirabal en République Dominicaine. Le saviez-vous ? On vous raconte. 

Trois soeurs face à une dictature

Cette militante pose devant les portraits des soeurs Mirabal : héroïnes de la lutte pour la liberté en République Dominicaine. © MUDHA

Tout commence en 1949, lorsque le dictateur s’éprend de la beauté et de l’intelligence sans faille de Minerva. Cette dernière refuse ses avances, laissant un homme humilié qui n’a pour seul réponse la volonté de se venger et d’exercer son autorité. Minerva et sa famille sont arrêtées et torturées à plusieurs reprises. Le père succombera des mauvais traitements qui lui sont infligés. Cet événement marque un tournant dans l’engagement politique des trois sœurs, qui deviennent rapidement des figures de proue de la résistance.

Le 25 novembre 1960, alors qu’elles rendent visite à leurs maris incarcérés, elles sont sauvagement assassinées à coups de machette dans leur voiture. Un acte d’une violence inouïe ordonnée par le machisme et la soif de pouvoir d’un seul homme. Six mois plus tard, Trujillo sera renversé et tué.

S’ils me tuent, je sortirai les bras de la tombe et je serai plus forte

Minerva Mirabal.

Une vingtaine d’années plus tard, la tragédie des sœurs Mirabal devient un exemple qui dépasse les frontières. Lors de la première conférence féministe latino-américaine et des Caraïbes, leur histoire est érigée comme un symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes. Une date commémorative reprise en 1999 par les Nations unies.

Les violences contre les femmes persistent dans le monde

Qu’en est-il depuis le destin tragique des “sœurs papillons” ? Aujourd’hui, on estime que 736 millions de femmes — soit 1 femme sur 3 — ont subi des violences psychologiques, physiques et/ou sexuelles au moins une fois dans leur vie. Des chiffres alarmants qui demeurent quasiment inchangés au cours de la dernière décennie.

736 Millions

de femmes ont subi des violences
au moins une fois dans leur vie.

81 000

femmes et jeunes filles
ont été assassinées en 2020.

Les violences à l’égard des femmes constituent des violations des droits humains les plus répandues et les plus persistantes. Elles sont moins signalées en raison de l’impunité et du sentiment de honte et de stigmatisation qui en résultent. 

En République Dominicaine, les rôles traditionnels attribués aux hommes et aux femmes se maintiennent et se renforcent. Ces situations de domination et d’inégalités s’expriment au quotidien dans les cercles familiaux et professionnels et freinent l’avancement vers l’égalité et le progrès socio-économique des femmes. Les femmes migrantes, notamment haïtiennes sont particulièrement vulnérables.

Les mouvements féministes dominicains en première ligne

Christiana est la directrice de l'organisation MUDHA. Sur sa pancarte, elle affiche un message fort : "Nous les femmes, nous exigeons l'égalité des chances". © MUDHA

En cette journée du 25 novembre, MUDHA est au rendez-vous. Il se mobilise aux côtés d’autres mouvements féministes pour commémorer la mémoire des sœurs Mirabal et conduire des actions de sensibilisation.

Bilan de la COP 27 : avancées et cartons rouges

novembre 24th, 2022 by

Le 27è sommet des Nations unies sur le climat (COP 27) s’est achevé à Charm el-Cheikh en Égypte sur une dominante de frustration, comme c’est souvent le cas avec ce grand rendez-vous annuel. Il y a cependant quelques signes d’espoir dans une bataille climatique où il est de plus en plus crucial d’enregistrer de franches avancées.

Sélection choisie de petites satisfactions (cartons verts), d’initiatives discutables (cartons jaunes) et de déceptions (cartons rouges).

Création d’un fonds « pertes et dommages » pour le Sud

Carton vert attribué aux pays les plus vulnérables

Ils ont fini par faire plier les pays industrialisés, qui faisaient la sourde oreille depuis trois décennies. Ce fonds sera destiné à compenser les dégâts climatiques déjà constatés dans les pays les plus vulnérables qui n’ont que très peu contribué aux émissions de CO2. L’Union européenne a fait cette proposition le dernier jour du sommet, à la surprise générale, emportant finalement l’aval des États-Unis.
Cette percée historique de la « justice climatique » reste cependant symbolique, à ce stade : tout reste à définir – le cadre, les montants, les pays bénéficiaires voire prioritaires, et bien sûr, la liste des pays contributeurs. La Chine en fera-t-elle partie ? On attend un bras de fer à ce sujet : c’est le premier pays émetteur de CO2 au monde, loin devant les États-Unis, mais l’ordre s’inverse si l’on rapporte les émissions au nombre d’habitant·es.

Aucun progrès sur les engagements de réduction du CO2

Carton rouge attribué aux pays les plus émetteurs

L’accord de Paris, signé lors de la COP 21, stipule l’objectif de ne pas dépasser 2°C de réchauffement planétaire. Et même de viser 1,5°C, seuil arraché par les petits pays insulaires menacés de submersion par la montée du niveau des océans. À ce jour, la somme des engagements volontaires pris par les pays pour réduire leurs émissions de CO2 conduit la planète à un réchauffement de 2,5°C voire plus. À Charm el-Cheikh étaient attendues un surcroît d’effort dans les engagements : rien, ou presque. L’ambition « 1,5°C », finalement confirmée, a même failli être mise à mal par certains pays pétroliers.

Les énergies fossiles font de la résistance

Carton rouge attribué aux pays pétroliers, charbonniers, gaziers

À Charm el-Cheikh, l’ONG Global Witness a dénombré la présence de 636 lobbyistes des énergies fossiles. Alors que nombre de postulants de la société civile n’ont pas obtenu leur accréditation. En périphérie du sommet ont été signés une vingtaine de contrats sur le gaz, que les pays européens, notamment, recherchent fébrilement pour compenser la fermeture des pipelines alimentés par la Russie. La COP 26, l’an dernier, avait difficilement accouché d’une mention très alambiquée, appelant à « accélérer les efforts vers la diminution progressive du charbon utilisé sans système de capture de CO2, ainsi que des subventions inefficaces aux énergies fossiles ». En Égypte, rien de plus, l’ambition cruciale de l’élimination de ces énergies a fait du surplace.

La bataille pour encadrer les marchés de « crédits CO2 »

Carton vert attribué aux organisations de la société civile, en particulier

L’accord de Paris a acté la création de marché de crédits CO2 : ils seraient octroyés aux pays et entreprises qui dépassent leurs objectifs de réduction d’émissions, dans le but de les vendre à des acteurs qui ne sont pas parvenus à tenir leurs engagements. Ce type de mécanisme est pavé de chausse-trappes : pour absorber le CO2, va-t-on autoriser les monocultures industrielles d’arbres ? La fertilisation des océans ? Au détriment des besoins de populations locales ? Des lignes rouges pour les ONG. Aussi, la COP 27 a préféré retarder la mise en route de ces marchés de manière à leur établir un cadre robuste et non contestable.

Le lancement d’un nouveau marché de CO2

Carton rouge attribué à John Kerry

L’envoyé spécial de Joe Biden pour le climat a annoncé le lancement d’un marché de crédits CO2 élargi, largement privé, dans l’idée d’accélérer la transition énergétique. Derrière l’apparente bonne intention, l’initiative, unilatérale, court-circuite le prudent travail collectif effectué à la COP 27 sur ces marchés de CO2.

Vers un nouveau pacte financier avec le Sud ?

Carton vert attribué à Mia Mottley

Grâce à sa pugnacité, la Première ministre de la petite île de la Barbade a gagné une certaine écoute pour son « initiative de Bridgetown » ambitionnant une réforme du système financier mondial : nouvelles ressources pour la transition énergétique et l’adaptation au dérèglement climatique des pays du Sud, issue au remboursement de leur dette, etc. Emmanuel Macron a saisi l’occasion pour annoncer une conférence internationale sur le sujet en juin 2023 à Paris.

Patrick Piro

Afrique du Sud : le défi de se nourrir face aux mines de charbon #JeudiPhoto

novembre 17th, 2022 by

En Afrique du Sud, l’exploitation du charbon à grande échelle menace l’agriculture et les conditions de vie des populations rurales. Les femmes sont particulièrement impactées par les conséquences de cette industrie minière. Déterminées et solidaires, elles se mobilisent pour se faire entendre et promouvoir le changement.

Ermelo, Afrique du Sud. Février 2017. © Laurent Hazgui

Nous sommes à Ermelo, une petite ville au nord-est de l’Afrique du Sud. Sous une serre de fortune, Nellie cultive une grande variété de plantes, mais aussi de légumes : des épinards, des choux, des courges ou encore des tomates. Agricultrice, Nellie est avant tout une activiste. Après avoir suivi une formation en agroécologie auprès de notre partenaire WoMin, elle a créé ce jardin partagé pour permettre aux femmes précaires de son village de s’approvisionner gratuitement en légumes et ainsi nourrir leurs familles. Car sous cette serre de fortune, les nombreuses teintes de vert entrent en résistance avec le noir du charbon qui empoisonne la vie des communautés locales.

L’air et les terres asphyxiés par le charbon

Dans la province de Mpumalanga, les nombreuses mines de charbon — pilier de l’industrie sud-africaine — tournent à plein régime au détriment de l’environnement, de la santé et de la souveraineté alimentaire des populations. Fin 2018, cette région était l’une des plus polluées au monde.

Les mines bien souvent vétustes ne répondent pas aux normes environnementales et sanitaires. D’autres, sont laissées à l’abandon sans avoir été réhabilitées correctement et promettent de léguer un lourd héritage nocif.

Les locaux en paient le prix fort. La poussière toxique flotte dans l’air, contamine l’eau, souille les champs et les cultures et s’imprègne jusque dans les habitations. Les familles qui résident aux abords des mines vivent au rythme des déflagrations qui fissurent toujours un peu plus leurs maisons.

La solution : l’écoféminisme

Les femmes sont les premières touchées par ce fléau, car c’est sur leurs épaules que repose la charge de cultiver les champs et d’effectuer les tâches ménagères. Elles sont contraintes de marcher toujours plus loin à la recherche d’eau potable et de nourriture pour subvenir aux besoins de leurs familles.

Notre partenaire Womin and Mining (WoMin) se mobilise aux côtés de ces femmes vulnérables et en colère pour que leurs voix soient entendues. Présent dans huit pays d’Afrique australe, ce collectif dénonce les impacts des activités minières, notamment sur la vie des femmes. Il renforce également leur mobilisation et promeut un modèle de développement alternatif et écoféministe.

Lire aussi :

En Colombie, la gauche au pouvoir espère bouger les lignes

novembre 15th, 2022 by

Depuis un an, Martha Lucia Marquez Restrepo est la directrice générale du CINEP, un centre social jésuite colombien, soutenu de longue date par le CCFD-Terre Solidaire. Elle explique comment l’arrivée d’un nouveau président colombien de gauche, Gustavo Petro, commence à faire bouger les lignes.

Qu’est-ce qui a changé depuis l’arrivée au pouvoir de Gustavo Petro ?

L’attente est forte dans le pays avec l’élection du premier président de gauche de l’histoire de la Colombie. Déjà, en trois mois, il y a un vrai changement dans les élites. Le nouveau ministre des relations extérieures est l’un des négociateurs des accords de paix avec les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie). Le ministre du commerce extérieur a travaillé dans notre organisation. Des hauts fonctionnaires ont été changés. Deux professeurs de l’Université jésuite ont des postes importants.
La force de ce nouveau pouvoir est d’avoir en son sein des membres de la société civile et du monde universitaire. Bref, nous avons les téléphones de beaucoup de gens au pouvoir. Cela n’était jamais arrivé !

Il y a un vrai changement des élites au pouvoir

En quoi cela peut-il aider à la paix ?

Le CINEP est l’une des deux organisations qui vérifie le respect des accords de paix signés il y a six ans avec les FARC. Nous avons déjà produit 11 rapports. Cette paix comprenait, par exemple, une réforme agraire intégrale.
Retrouver dans la vidéo ci-dessous une explication sur l’accord de paix signé avec les Farc et le rôle du Cinep dans le processus de paix en Colombie

Le nouveau gouvernement a déjà annoncé qu’il allait acheter des terres aux grands propriétaires pour les redistribuer aux communautés. C’est un premier espoir. La paix doit être une réalité sur le terrain. Et ce gouvernement veut se rapprocher du terrain.
Il faut aussi faire la paix avec la guérilla de l’ELN. Pour cela, le nouveau gouvernement a ouvert des réunions dans huit endroits du pays.
Il reste aussi à éclaircir quelques zones d’ombre. Le gouvernement enquête déjà sur les modalités de revente des terres des trafiquants de drogue, confisquées par l’Etat colombien. Cela semble opaque.
Sur le problème de la drogue, le président Petro a prononcé un discours très fort à l’ONU. Pour lui, la Colombie est victime de la consommation mondiale de drogue. C’est elle qui conduit à la guerre des narcos chez nous.

Que peut changer cette élection en matière environnementale ?

Nous devons sauver l’Amazonie en évitant la déforestation. La vice-présidente est très engagée dans ce combat.  Francia Márquez, première vice-présidente afrodescendante, est aussi une féministe militante des droits humains et de l’environnement. Concernant la déforestation, il existe une série de normes à respecter au niveau national. Mais, elles ne sont pas appliquées sur le terrain, du fait de la corruption notamment. L’exploitation forestière est l’un des commerces les plus rentables du pays. Il faut mieux le contrôler.
Ce gouvernement a également une stratégie pour assurer dans chaque territoire la sécurité physique des leaders environnementaux. C’est essentiel.
Pour la défense de l’Amazonie, nous attendons beaucoup de l’élection de Lula chez nos voisins brésiliens.

Recueilli par Pierre Cochez

À l’origine du conflit armé, le problème foncier constitue l’une des clés d’une paix durable en Colombie. L’État doit respecter son engagement de rendre les terres aux paysans. Juan Viloria est paysan et leader au conseil communautaire local de Villa Eugenia. Après 16 ans d’exil, il tente, avec l’aide de Juan Sebastian Ospina du Cinep/PPP, de récupérer ses terres occupées illégalement. De retour sur son exploitation
À l’origine du conflit armé, le problème foncier constitue l’une des clés d’une paix durable en Colombie. Seulement si l’État respecte son engagement de rendre les terres aux paysans. Juan Viloria, paysan et leader au conseil communautaire local de Villa Eugenia. Après 16 ans d’exil, il tente, avec l’aide de Juan Sebastian Ospina du Cinep/PPP, de récupérer ses terres occupées illégalement. De retour sur son exploitation

Pour aller plus loin
Sur les enjeux liés à la déforestation, et à la compensation carbone, « En Colombie, la compensation carbone ne sauve pas la forêt! »
(Ré)écouter le podcast consacré à l’élection du nouveau président, Gustavo Petro.

Photo Jean-Claude Gerez, lors d’un reportage auprès du CINEP en 2018.

Montée des eaux : En Indonésie, au cœur des villages submergés #JeudiPhoto

novembre 10th, 2022 by

En Indonésie, des villages entiers disparaissent sous la montée des eaux. Alors que se tient la COP27 du 6 au 18 novembre, cette réalité témoigne de l’urgence d’agir contre l’accélération du dérèglement climatique. Faute de quoi, les conséquences pourraient être irrémédiables. 

Village submergé sur l’île de Java, Indonésie. 2022 © Marion Poirot / CCFD-Terre Solidaire

Debout sur un ponton suspendu à quelques centimètres de la surface, cette Indonésienne regarde avec désolation la mer verdâtre qui submerge son village de Tambakpolo. Ou du moins ce qu’il en reste… Le deuxième étage de sa maison tient à un fil au-dessus de l’eau. Le toit, quant à lui, est parsemé d’objets du quotidien entreposés ici pour être séchés sans doute, ou tenus à distance de l’eau et de l’humidité.

Sur l’île de Java — la plus peuplée d’Indonésie — champs et rizières disparaissent à vue d’œil. Dans certains villages, maisons, écoles, commerces et édifices religieux ne sont plus que des épaves englouties par l’eau et les mangroves. Les routes n’existent plus. C’est en bateau, puis les jambes dans l’eau que Marion Poirot, chargée de mission au CCFD-Terre Solidaire, est allée à la rencontre des habitants qui sont restés dans leurs villages submergés — certains par choix d’autres par manque de moyens pour partir. De son téléphone, elle a photographié ce désastre environnemental à peine croyable.

Pourquoi Java se noie ?

Le dérèglement climatique accélère la montée des eaux. À cela, s’ajoute l’affaissement des sols qui résulte du pompage excessif des nappes phréatiques et de l’urbanisation galopante promue par le gouvernement. Depuis une décennie, des centres commerciaux, des complexes portuaires et miniers, des centrales électriques poussent comme des champignons le long du littoral. Et ce, sans prendre en considération le bien-être des populations ni les risques environnementaux pourtant bien réels. 

À Jakarta, 40 % des terres se situent sous le niveau de la mer. Face à cette situation, le gouvernement prévoit de déménager la capitale à 2 000 km de là. Une solution qui ne résout pas le fond du problème et qui laisse des millions d’habitants livrés à eux-mêmes dans une mégalopole menacée d’être noyée. 

Sur place, notre partenaire KIARA vient en aide aux villageois qui résistent tant bien que mal pour préserver leurs maisons et les souvenirs qu’elles renferment. L’association aménage des réseaux de pontons pour permettre de circuler et renforce la mobilisation des communautés pour exiger des projets d’infrastructures plus durables. 

Pour aller plus loin :

Toutes les questions que vous vous posez sur les legs, les donations, et les assurances-vie

novembre 1st, 2022 by

Regroupés sous le terme « libéralités », les legs, donations et assurances-vie sont des formes de soutien très précieux pour le CCFD-Terre Solidaire. Notre association a la chance de bénéficier d’une équipe de professionnels consacrés à ces sujets, à laquelle appartient Nataliya, responsable de la relation avec nos testateurs. Tour d’horizon de ces leviers philanthropiques.

Nataliya Zagorodnya, responsable des relations avec nos bienfaiteurs, apporte son éclairage sur les différents sujets

Legs, donations, assurances vies : quelles sont les particularités de ces modes de soutien ?

Pour commencer, le terme de « libéralités » englobe toutes les actions qui permettent de transmettre du patrimoine, au sens large, à une association. Les plus courantes sont les legs, les donations et les cessions d’assurances-vie.
La principale différence entre les trois réside à la fois dans :

  • le type de bien qui est cédé, (de l’argent, un objet ou un bien immobilier par exemple) et
  • le moment où le bien est transmis, du vivant du bienfaiteur ou à son décès.

Cette diversité permet à chacun de trouver la forme de soutien qui convient le mieux à ses valeurs, à son histoire, à ses envies aussi, mais également à la composition de sa famille. Il faut savoir que la loi française encadre la transmission de patrimoine. Et c’est justement mon rôle, au sein du CCFD-Terre Solidaire, d’accueillir ces personnes qui envisagent de nous transmettre une part de leur héritage. Je les conseille, leur montre des exemples de testaments et sollicite, si besoin, mes collègues experts du juridique.

Qu’entendez-vous par « une forme de soutien qui corresponde à ses valeurs et à son histoire » ?

Et bien en ce moment par exemple, j’échange avec un monsieur qui travaillait dans les pays d’Afrique subsaharienne sur des sujets de pénuries d’eau potable en milieu rural. Cette expérience a marqué toute sa vie. Il est tout à fait naturel pour lui de prévoir de léguer au CCFD- Terre Solidaire car son souhait est d’aider les gens vivant dans les conditions extrêmement difficiles, très loin du confort auquel nous avons été habitués. Et je le comprends, moi aussi j’ai été en mission en Afrique et j’ai vu la misère de très près. C’est pour cela que les actions du CCFD-Terre Solidaire me tiennent particulièrement à cœur.

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Il existe donc 3 principales libéralités peut-être peut-on commencer avec la plus « facile », l’assurance-vie ?

C’est surprenant, parce que de nombreux Français ont un contrat d’assurance-vie, mais ils sont peu à savoir qu’on peut le transmettre à une association à son décès. C’est très simple à mettre en place, il suffit d’indiquer le nom et le siège de notre association sur la clause bénéficiaire du contrat. « CCFD-Terre Solidaire, 4 rue Jean Lantier 75001 Paris » pour notre association par exemple.

Comme on peut changer d’avis autant de fois qu’on le souhaite, cela permet une vraie souplesse. Et c’est vrai, effectivement, que pour nous c’est un produit extrêmement avantageux : les procédures sont rapides, l’argent est vite débloqué et nous pouvons donc rapidement l’attribuer à des projets au profit de nos partenaires.

La donation, à l’inverse, est moins rapide à mettre en place ?

Ce n’est pas forcément que c’est moins rapide, mais plutôt qu’il y a davantage de critères juridiques et fiscaux à respecter. C’est d’ailleurs un acte obligatoirement notarié. Il en existe plusieurs formes, en fonction du caractère temporaire ou définitif de la donation, et des droits de propriété sur le bien qu’on souhaite donner.

Lorsqu’une personne envisage ce type de montage, je lui conseille systématiquement de consulter un notaire. Au-delà de ses conseils précieux, il pourra expliquer au bienfaiteur ce que sa situation familiale lui permet, ou non. En effet, les biens transmis par une donation font partie de l’actif successoral : cela signifie que ce don du vivant ne doit pas léser les héritiers réservataires du bienfaiteur, s’il en a bien-sûr.

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Pourriez-vous expliquer plus précisément ce dernier point, sur l’actif successoral et les héritiers réservataires ?

Il s’agit d’une des spécificités du droit français. La loi protège certains des proches : l’époux ou l’épouse, ainsi que les enfants. Cela signifie qu’une partie de votre patrimoine leur est automatiquement attribuée à votre décès. Cette part varie selon la composition du foyer. Dans tous les cas, il reste un pourcentage de votre patrimoine, appelée quotité disponible, que vous pouvez librement transmettre. Une donation, même si elle est faite de votre vivant, appartient à cet actif successoral – l’ensemble de vos biens et dettes si vous préférez – : si la donation lèse un héritier au moment de la succession, son bénéficiaire devra apporter réparation !

Il y a d’autres libéralités où cette réserve héréditaire est à prendre en compte, le legs par exemple, non ?

Tout à fait. Le legs, ou les legs d’ailleurs, car il en existe plusieurs formes selon la part du patrimoine transmis, doivent toujours respecter ce principe de réserve héréditaire. Ils requièrent également tous la rédaction d’un testament.

Et le testament, c’est un des sujets sur lequel on m’interroge le plus. On a souvent peur que ce soit compliqué, difficile… C’est peut-être pour cela que sa rédaction est souvent reportée. Alors qu’il est possible d’être accompagné, par moi bien sûr, mes collègues ou un notaire. Il ne faut pas hésiter à se faire aider, c’est le meilleur moyen de s’assurer que ses volontés seront bien prises en compte.

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Mais que vous disent-elles, finalement, ces personnes qui vous contactent ?

Alors, en premier lieu, c’est complètement confidentiel (sourire). Mais si on devait résumer, certaines ont besoin de conseils pratiques, d’autres ont besoin de comprendre toutes les étapes qui vont se mettre en place quand elles ne seront plus là : qui va lire mon testament, comment sera utilisé mon argent, est-ce que ce sera long, comment être sur.e.s que ce que j’ai demandé soit bien respecté…

Ça ne doit pas forcément être simple de savoir répondre à chacun !

C’est parfois délicat oui, mais c’est ce qui fait la beauté de mon travail. Et puis souvent, ces personnes partagent tout simplement leurs souvenirs, leurs convictions, leurs valeurs… Le fait de se rejoindre sur nos idéaux, c’est ce qui fait bien souvent toute la différence pour eux, c’est pour cela qu’ils choisissent d’inscrire notre association parmi leurs héritiers.

J’ai un profond respect pour ces personnes qui décident d’agir, même par-delà leur existence. C’est pour cela que je répète toujours qu’il n’y a pas de petit legs ! Nous sommes tous concernés ; si nous faisions tous un « petit » legs, ce serait notre participation à ce monde nouveau, sans pauvres. J’y crois.

Pour en savoir plus sur la transmission de patrimoine au profit de notre association, contactez Nataliya Zagorodnya par email , ou bien demander à recevoir une brochure gratuite et confidentielle ici.

Fête de la solidarité: Témoignages en vidéos

octobre 28th, 2022 by

Cette fête de la solidarité, qui a réuni presque 1000 personnes, a nécessité 2 ans de préparation et l’implication de 120 bénévoles: Des témoignages en vidéo retracent cette journée et les motivations de leur engagement.

A cette période, il faisait beau et chaud, il y avait de la musique entrainante, des sourires, des jeux pour apprendre, du théâtre pour comprendre. C’était la Fête sur la Prairie des Filtres à Toulouse en juillet dernier pour fêter le 60ème anniversaire du CCFD-Terre Solidaire

Cet événement, qui a réuni presque 1000 personnes, a nécessité 2 ans de préparation et l’implication de 120 bénévoles : pour chercher le matériel et installation l’espace du bar aux toilettes sèches, pour préparer et animer des dizaines de jeux pédagogiques, pour préparer des interventions publiques.  Pour réaliser cet événement écologique et solidaire, rien n’aurait été possible sans l’engagement bénévole

Voici 2 vidéos retraçant cette journée et les motivations de leur engagement.

Au Timor, le Tara Bandu moderne : un gage de paix

octobre 27th, 2022 by

Au Timor-Leste, pays marqué par l’occupation indonésienne, les communautés de la province caféière d’Ermera parviennent à résoudre les conflits fonciers grâce à la restauration du Tara Bandu : une méthode traditionnelle qui promeut paix et réconciliation. 

© Patrick Piro
Province d’Ermera (Timor-Leste), 2015 © Patrick Piro

Nous sommes au marché de Gleno, dans la province d’Ermera au Timor-Leste. Adossée contre un arbre devant un vieux papier peint qui se décolle, cette Timoraise marquée par son âge capte notre attention. Que ce soit par son sourire sincère et communicatif ou bien par ses habits colorés qui font écho au décor qui l’entoure, une atmosphère réconfortante se dégage de ce portrait capturé par le journaliste Patrick Piro. Son sourire, qui pourrait presque faire oublier les blessures causées par les vingt-cinq années d’occupation indonésienne, témoigne de la force du dialogue pour permettre le vivre-ensemble.  

Après l’occupation, une population en conflit 

En 2002, l’indépendance du Timor-Leste est officiellement reconnue. De nombreuses personnes, qui s’étaient alors exilées, reviennent chez eux et retrouvent leurs terres occupées par d’autres. Les dissensions autour de la terre apparaissent et disloquent les relations au sein de la population. Les communautés de la province d’Ermera, connue pour ses plantations de café, sont particulièrement touchées par les conflits fonciers. Difficile de s’y retrouver entre les différents titres de propriétés émis par les administrations portugaises puis indonésiennes.

L’Institut Kdadalak Sulimutuk (KSI) —  “les fleuves qui coulent ensemble” — voit le jour pour documenter les sources de conflit. Il œuvre à les résoudre grâce à la revivification du Tara Bandu. 

Le Tara Bandu, mais qu’est-ce que c’est ? 

Le Tara Bandu est un code social ancestral qui vise à régler à l’amiable les conflits communautaires et fonciers. Il veille aussi à l’amélioration du bien-être des populations et à la gestion durable des ressources naturelles. 

En s’appuyant sur cette méthode traditionnelle, le KSI a réuni les communautés, les chefs de village et même la police et l’Église, très importante dans cette région à majorité catholique. Ensemble, ils ont trouvé un terrain d’entente et ont défini un nouveau contrat social qui prend en compte les spécificités locales. Il est par exemple interdit de couper ou de brûler des arbres sans permission.

Ce Tara Bandu des temps modernes a permis d’apaiser les tensions et de préserver les coutumes qui ont ainsi survécu à l’ère portugaise et indonésienne. 

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