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Le Prix Photo Terre Solidaire dévoile son jury

octobre 23rd, 2022 by

Le Prix Photo Terre Solidaire est fier de présenter un jury d’exception, composé de personnalités au croisement du monde de la photographie et de celui de l’engagement. Avec la présence du Mali, du Canada et de la Suisse, ce jury se veut international et inclusif à l’image de l’ambition du Prix Photo Terre Solidaire. 

Les membres du jury se réuniront en février 2023 pour désigner les trois lauréats de la première édition du Prix de la photographique humaniste et environnementale du CCFD-Terre Solidaire présidé par Sebastiao Salgado. Les appels à candidatures sont actuellement ouverts jusqu’au 4 décembre.

Dimitri Beck (Polka Magazine) – Pierre Ciot (SAIF) – Cheick Diallo (Biennale de Bamako) – Cyril Drouhet (Figaro Magazine et Festival Photo de la Gacilly) – Emmanuel Fagnou (Prix Caritas) – Josianne Gauthier (CIDSE) – Nicolas Henry (PhotoClimat) – Nathalie Herschdorfer (Photo Elysée) – Isabelle de Lagasnerie (La Croix) – Dominique Rouyer (CCFD-Terre Solidaire) – Michel Tremblay (Zoom Photo Festival). Découvrons-les ! 

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Dimitri Beck (France)

Dimitri Beck © Pierre Anthony Allard

Dimitri Beck est Directeur de la photographie du magazine, de la galerie et de la factory Polka à Paris, dont il est l’un des fondateurs. Toutes les semaines sur les ondes de TSF Jazz, Dimitri décrypte une photo qui a marqué l’actualité. Il donne régulièrement des conférences sur la narration par l’image et intervient à l’école de journalisme Sciences Po Paris ou encore à l’école de photographie Spéos.

S’engager aux côtés du Prix Photo Terre Solidaire est une évidence pour Polka. Depuis ses débuts en 2007, Polka est aux côtés des photojournalistes et des photographes documentaires. Ce prix à vocation à raconter en image des histoires et les enjeux majeurs du XXIe siècle. Photographes, engagez-vous à porter un regard riche et pertinent autant sur les menaces qui pèsent sur notre planète que les défis et pourquoi pas, les réponses et les solutions. Parce qu’il y a péril en la demeure, la portée humaniste du projet est cruciale afin de créer du lien entre les gens. 

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Pierre Ciot (France)

Pierre Ciot © Claude Almodovar
Pierre Ciot ©Claude Almodovar.

Pierre Ciot est Vice-président de la Société des Auteurs des arts visuels et de l’Image Fixe (SAIF) ,un organisme de gestion collective de droits d’auteur. Membre de l’association Divergence-Images, Pierre est également photographe et journaliste-reporter indépendant, basé à Marseille. 

La SAIF est heureuse d’accompagner la création de ce prix photographique initié par le CCFD-Terre Solidaire.  Il est soutenu par Sebastiao Salgado, sociétaire et membre fondateur de la SAIF. La création de ce prix nous permet d’affirmer nos valeurs de partage et de solidarité avec l’ensemble des photographes.

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Cheick Diallo (Mali)

Cheick Diallo est Délégué général de la Biennale de la photographie de Bamako (Mali) qui promeut la photographie africaine contemporaine depuis 1994. Architecte de formation et designer, Cheick est également fondateur de l’Association des Designers Africains (ADA), qu’il préside depuis 2004. 

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Cyril Drouhet (France)

Cyril Drouhet © Coll part

Cyril Drouhet est Directeur des reportages et de la photographie au Figaro-Magazine. Il est également Commissaire des expositions du Festival de La Gacilly en France. Ancien reporter, Cyril a parcouru près de 50 pays à travers le monde. De 1999 à 2002, il a dirigé la rédaction de la prestigieuse agence de presse Gamma.

Dans un monde en plein bouleversement, traversé par les crises, les conflits et le réchauffement climatique, il est plus que jamais nécessaire de resserrer les liens entre les peuples et de trouver des solutions pour un avenir durable. Ce Prix Photo Terre Solidaire s’inscrit parfaitement dans cet esprit d’ouverture.

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Emmanuel Fagnou (France)

Emmanuel Fagnou © Emmanuel Fagnou

Emmanuel Fagnou est Directeur national des activités de l’association Cités-Caritas. Ancien photographe auprès de l’agence CIRIC, Emmanuel s’investit aujourd’hui dans des travaux personnels plus contemporains. En 2020, il a créé le Prix Caritas Photo Social, rapprochant ainsi ses deux sujets de prédilection : la lutte contre la pauvreté et la photographie documentaire et contemporaine. 

Travailler sur des sujets de photo sociale représente un réel engagement personnel et une prise de risque. Cela nécessite de trouver le juste milieu entre empathie et respect pour son sujet et la prise de recul nécessaire pour que la démarche documentaire soit rigoureuse.

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Josianne Gauthier (Belgique)

Josianne Gauthier © Développement et Paix

Josianne Gauthier est Secrétaire Générale de la CIDSE, une association qui regroupe des organisations catholiques internationales œuvrant pour la justice sociale. Elle a été Directrice des Programmes de Caritas-Canada, où elle a dirigé des activités de sensibilisation, de collecte de fonds, d’éducation au développement ainsi que des campagnes de plaidoyers. 

Nous avons tant besoin des artistes pour changer le monde, pour nous proposer un regard différent, qui nous provoque dans nos cœurs, nos corps et nos âmes. Je suis très fière de pouvoir participer à cette initiative du CCFD-Terre Solidaire au nom de la famille de la CIDSE.

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Nicolas Henry (France)

Nicolas Henry © Nicolas Henry

Nicolas Henry est un artiste photographe, metteur en scène et plasticien français diplômé des Beaux-Arts de Paris. Son écriture, très personnelle, se développe à la frontière entre le portrait, le théâtre et l’installation. Nicolas est parallèlement le fondateur et directeur artistique du festival Photoclimat.

Photoclimat est fier d’accompagner le lancement du prix photo Terre Solidaire. C’est un outil pour soutenir une création engagée, et mettre en lumière les talents qui nous éclairent sur le devenir de notre humanité.

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Nathalie HERSCHDORFER (Suisse)

Nathalie Herschdorfer © Mathilda Olmi, 2022

Commissaire d’exposition et historienne de l’art et de la photographie, Nathalie a été nommée en 2022 à la direction du musée Photo Elysée (Lausanne, Suisse). Auparavant, elle dirigeait le Musée des Beaux-Arts du Locle. Très active dans le domaine de la photographie contemporaine, elle a été invitée à organiser de nombreuses expositions dans différents pays. Elle enseigne l’histoire de la photographie à l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL) et est l’autrice de plusieurs ouvrages. 

À l’ère du “tous photographes”, il reste important que des professionnels documentent notre planète. Depuis son invention, la photographie contribue à ce grand récit et il est primordial de soutenir le travail des photographes – où qu’ils se trouvent dans le monde – afin qu’ils puissent partager avec nous leurs observations. Le prix photo Terre Solidaire s’adresse à celles et ceux qui défendent une photographie engagée

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Isabelle de Lagasnerie (France)

Isabelle de Lagasnerie © Maxime Matthys

Isabelle de Lagasnerie est Cheffe du service photo du quotidien La Croix. Après un passage en galerie d’art et dans l’audio-visuel, elle s’est formée à l’iconographie de presse et au journalisme. Isabelle rédige aussi la rubrique Photo du journal et participe régulièrement à des jurys et à des lectures de portfolio.

Donner les moyens aux photographes de travailler à long terme sur le terrain, donner une visibilité à ceux et celles qui œuvrent jour après jour pour un monde plus juste et plus respectueux de notre environnement, donner une visibilité à ces reportages au long cours, donner envie d’agir, voilà une bonne nouvelle.

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Dominique Rouyer (France)

Dominique Rouyer © Ophélie Chauvin

Dominique Rouyer est Secrétaire Générale du CCFD-Terre Solidaire. Après avoir longtemps travaillé au sein de mouvements et d’associations chrétiennes dans le journalisme et la communication, Dominique donne aujourd’hui des cours d’études bibliques à l’Institut Catholique de Paris.

Depuis sa création, le CCFD a voulu utiliser la photographie pour mettre en valeur ceux et celles qui, avec lui, contribuent à changer le monde. La photographie est ainsi pour lui une façon de témoigner à travers ces milliers de visages de femmes et d’hommes, d’un monde où se construisent l’espoir et la solidarité.

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Michel Tremblay(Canada)

Michel Tremblay © Vicky Boutin

Michel Tremblay est photographe et Président du Groupe Média International (GMPI), un organisme à but-non lucratif dont le mandat est de promouvoir la photographie d’auteur actuelle et de faire évoluer sa pratique sous toutes ses formes et supports. Il est le fondateur et Directeur général et artistique du Zoom Photo Festival : le premier festival canadien dédié au photojournalisme. 

Le Prix Photo Terre Solidaire correspond aux valeurs de notre association qui sont : la liberté d’opinion et d’expression, le respect des droits humains, la sensibilisation à la culture des peuples et au respect du patrimoine culturel ainsi qu’à l’inclusion. 

NB : Les projets photographiques soumis au grand jury seront sélectionnés en amont par un Comité de pré-sélection, maillon essentiel de tout prix. Ce Comité se réunira à la clôture des appels à candidatures le 4 décembre et se composera d’une équipe resserrée du CCFD-Terre Solidaire et de professionnels de la photo, dont : Christianne Rodriges (Studio Salgado), Isabelle Habert (SAIF) et Léonor Matet (Polka Magazine).

RDC : des femmes paysannes solidaires #JeudiPhoto

octobre 20th, 2022 by

En République Démocratique du Congo, les femmes paysannes du Nord-Kivu s’entraident pour vaincre la faim, la précarité et la violence. Avec l’appui de notre partenaire UWAKI, elles prennent leur destin en main. Bwira Kubuya est l’une d’entre elles.

© Gwenn Dubourthoumieu
Bwira Kubuya, 28 février 2020, République Démocratique du Congo. © Gwenn Dubourthoumieu

On pourrait presque l’entendre rire aux éclats ! Bwira Kubuya est une paysanne de 46 ans, mère de dix enfants. Débordante d’énergie, elle pose devant sa maison à Sake, au cœur des collines verdoyantes du Nord-Kivu, à l’Est de la RDC. Les motifs colorés de ses habits se confondent avec ceux des rideaux de sa porte d’entrée. Le jaune criard de sa maison contraste avec le bleu tout aussi vif de sa fenêtre, offrant un tableau aussi coloré que géométrique.

Avec fierté, Bwira montre ses deux gros lapins — un blanc et un noir— qu’elle porte par la peau du dos. Des lapins, elle en élève six. C’est l’association UWAKI qui les lui a donné en 2019. Depuis, ses lapins ont donné naissance à des lapereaux et Bwira en a généreusement donné, à son tour, à d’autres femmes de son village pour les aider à subvenir à leurs besoins.

Cet esprit d’entraide est au cœur des actions menées par l’Union des femmes paysannes du Nord-Kivu (UWAKI). L’association a vu le jour en 1997 pour lutter contre la pauvreté très présente dans les zones rurales du pays. Depuis, UWAKI a élargi ses actions à : l’éducation, la formation aux pratiques agroécologiques ou encore la résolution de conflits fonciers. L’association se mobilise notamment pour lutter contre les violences faites aux femmes et les aider à s’émanciper. Par exemple, dans le village de Bweremana, une “Mutuelle de la Solidarité” a été mise en place. Celle-ci permet aux femmes paysannes de mettre en commun leurs économies afin d’apprendre à épargner tout en pouvant bénéficier d’un prêt —accordé sur décision collective— pour investir dans des semences ou autres.  Celle-ci permet aux femmes paysannes de mettre en commun leurs économies afin d’apprendre à épargner tout en pouvant bénéficier d’un prêt —accordé sur décision collective— pour investir dans des semences ou autres. 

L’engagement d’UWAKI est un enjeu vital dans un pays marqué par des années de conflits armés. Même dans les zones épargnées par les armes, le fléau des violences envers les femmes subsiste et accentue leur vulnérabilité. Une réalité difficile à imaginer derrière cette scène haut en couleur, capturée par Gwenn Dubourthoumieu. Cette photographie souligne surtout l’importance de la solidarité et témoigne de la force des femmes paysannes qui prennent leur destin en main. 

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Pérou : l’agriculture à l’épreuve des mines de cuivre #JeudiPhoto

octobre 13th, 2022 by

Au sommet de la cordillère des Andes, la convoitise des industries minières impacte les communautés paysannes. Notre partenaire, le Centre Bartolomé de las Casas se mobilise à leurs côtés pour défendre leurs droits et protéger leurs cultures. 

© Catalina Martin-Chico
Février 2017, Pérou. © Catalina Martin-Chico

Nous sommes à plus de 4 000 m d’altitude dans la province de Cotabambas. Abritée sous une serre opaque, cette paysanne en habits traditionnels observe les boutures de sa culture maraîchère. Elle a le regard paisible. Et pourtant… Derrière cette serre, les terres fertiles riches en cuivre attisent la convoitise des industries minières. Pour de nombreuses communautés paysannes, l’agriculture est devenue un défi du quotidien. 

Une région prisée pour son métal rouge

En 2016, la société chinoise MMG a pris possession du village de Las Bambas pour y exploiter la plus grande mine de cuivre du pays. Les habitants ont été expropriés de leurs 9 700 hectares de verdure et délocalisés à Nueva Fuerabamba : un village flambant neuf composé de maisons impersonnels alignées le long d’avenues bitumées. 

Depuis que la mine a vu le jour, les communautés andines voient leurs droits bafoués et leur mode de vie traditionnel bouleversé. La société avait initialement prévu un minéroduc pour transporter le cuivre. Mais elle y a finalement renoncé dans une stratégie de réduction des coûts. Les populations se retrouvent confrontées au spectacle quotidien de centaines de camions qui défilent en soulevant d’immenses nuages de poussières qui souillent les cultures. Dans les hameaux voisins, les communautés paysannes sont contraintes de se lever aux aurores pour rejoindre à pied des parcelles de terre épargnées par la pollution. 

Soutenir les communautés grâce à l’agroécologie

La photographe Catalina Martin-Chico est allée à la rencontre des communautés de Cotabambas pour témoigner de leurs difficultés et des actions qu’elles mènent avec le soutien de nos partenaires. Le Centre Bartolomé de las Casas (CBC) aide les communautés à protéger leurs récoltes grâce à la construction de serres. Pour les aider à adapter leurs cultures, l’association forme les paysans à la culture maraîchère et aux techniques agroécologiques.

Face à la mine, l’agriculture en altitude, où peu de choses poussent, ne doit plus être synonyme de pauvreté, mais d’espoir.

Adrian, membre du Centre Bartolomé de Las Casas.

Le CBC forme également des leaders paysans  — dont certains ont été élus maires dans la région— pour renforcer leur voix et favoriser une gouvernance locale.

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Un “die-in” pour dire non aux spéculateurs de la faim #JeudiPhoto

octobre 5th, 2022 by

Depuis la guerre en Ukraine, les spéculateurs privés aggravent l’inflation alimentaire et s’enrichissent alors que 828 millions de personnes souffrent de la faim à travers le monde. En simulant leur mort, salariés et bénévoles du CCFD-Terre Solidaire se sont mobilisés pour dire NON aux profiteurs de la faim et défendre le droit à l’alimentation. 

© Pascal Montary
Place de la Bourse, Paris, 1er octobre 2022. ©Pascal Montary

Ce samedi 1er octobre, passants et habitués du quartier se laissent surprendre par un spectacle “funèbre” qui se déroule Place de la Bourse, à Paris. Une cinquantaine de personnes, toutes vêtues de noir, gisent sur le sol, comme si elles étaient mortes. Elles semblent être victimes de la faim : celle-ci causée par la spéculation alimentaire, comme en attestent les inscriptions sur les assiettes vides qu’elles tiennent du bout de leurs doigts inertes. Derrière ces personnes, une banderole orange vif est déployée au grand public. “Non aux profiteurs de la faim !”, peut-on lire.

C’est devant le Palais Brongniart — symbole historique des marchés financiers français — que se sont réunis militants et salariés du CCFD-Terre Solidaire pour dénoncer l’inflation causée par les spéculateurs de la faim. “C’est anormal qu’au XXIe siècle des gens meurent encore de la faim, tout ça parce que d’autres ont décidé de faire du profit sur la nourriture“, s’indigne un militant. 

Spéculateurs : ou profiteurs de la faim ?

En mai dernier, le prix du blé a augmenté de plus de 70 % sur le marché financier de Paris. En moyenne, 7 acheteurs sur 10 ne sont pas des commerçants, mais des spéculateurs privés. Depuis le début de la guerre en Ukraine, de nombreux acteurs financiers profitent des craintes de pénuries mondiales pour spéculer sur le prix de notre alimentation. Ces « profiteurs de la faim » s’enrichissent pendant que des millions de personnes, notamment dans les Pays du Sud, peinent à se nourrir convenablement.

À travers ce “die-in” photographié par Pascal Montary, le CCFD-Terre Solidaire alerte sur une situation dramatique, qui dans certaines régions du monde n’est pas une mise en scène, mais bel et bien la réalité. À l’approche du prochain Comité pour la Sécurité Alimentaire mondiale des Nations Unies (CSA) le CCFD-Terre Solidaire exige que les décideurs politiques identifient les spéculateurs qui profitent de la faim et leur interdisent l’accès aux marchés agricoles.

Il s’agit de se mobiliser contre la seule des causes qui est vraiment artificielle dans la crise de la faim et l’inflation des prix alimentaires actuelle.

Sylvie Bukhari-de-Pontual, Présidente du CCFD-Terre Solidaire.

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The Terre Solidaire Photo Award reveals the members of its jury

octobre 2nd, 2022 by

The Terre Solidaire Photo Award is proud to present an exceptional jury composed with personalities at the intersection of the world of photography and solidarity. With the representation of Mali, Canada and Switzerland, this jury is international and inclusive as it is the ambition of the Terre Solidaire Photo Award.

The members of the jury will gather in February 2023 to nominate the three winners of the first edition of the CCFD-Terre Solidaire Humanist and Environmental Photography Award, chaired by Sebastiao Salgado. The call for entries are currently open until December 4th.

Dimitri Beck (Polka Magazine) – Pierre Ciot (SAIF) – Cheick Diallo (Bamako Encounters) – Cyril Drouhet (Figaro Magazine and Gacilly Photo Festival) – Emmanuel Fagnou (Caritas Photo Social Prize) – Josianne Gauthier (CIDSE) – Nicolas Henry (PhotoClimat) – Nathalie Herschdorfer (Photo Elysée) – Isabelle de Lagasnerie (La Croix) – Dominique Rouyer (CCFD-Terre Solidaire) – Michel Tremblay (Zoom Photo Festival). Let’s learn more about them !

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Dimitri Beck (France)

Dimitri Beck © Pierre Anthony Allard

Dimitri Beck is photography director for the magazine, gallery and factory Polka in Paris, of which he is one of the founding members. Each week on TSF Jazz radio, he decrypts a photo that made the news. He regularly gives conferences on visual storytelling and intervenes at the Science Po school of journalism and at the Speos school of photography.

Polka’s commitment to the Terre Solidaire Photo Award goes without saying. Since its beginning in 2007, Polka stands alongside of photojournalists and documentary photographers. This award aims to tell the stories and the main issues of the 21st century in images. Photographers, are committed to taking a rich and relevant look at the threats and challenges facing our planet. And why not, at the answers and solutions as well. Because there is danger in delay, the humanist scope of this project is crucial to create connections between people.

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Pierre Ciot (France)

Pierre Ciot © Claude Almodovar
Pierre Ciot ©Claude Almodovar.

Pierre Ciot is the vice-president of the SAIF : an organization for the collective management of copyright. Pierre is also a member of Divergence-Images and works as a freelance photographer and reporter, based in Marseille.

SAIF is pleased to take part in the creation of this Photo Award, initiated by CCFD-Terre Solidaire and supported by Sebastiao Salgado, who is an associate and founding member of SAIF. This Award is an opportunity to affirm our values of sharing and solidarity with all photographers.

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Cheick Diallo (Mali)

Cheick Diallo is the General Delegate of Bamako Encounters that promote African contemporary photography since 1994. Trained as an architect and designer, Cheick is also the founder of the African Designers Association (ADA) that he has been chairing since 2004.

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Cyril Drouhet (France)

Cyril Drouhet © Coll part

Cyril Drouhet is photography director at Figaro Magazine. He is also exhibition curator for the Gacilly Photo Festival in France. Being a former reporter, Cyril traveled to over 50 countries. From 1999 to 2002, he led the editorial office of the prestigious Gamma press agency.

In a world in turmoil, marked by crises, conflits and global warming, it is more than necessary to strenghten ties between people all over the world and find solutions for a sustainable future. This Photo Award is perfectly in line with this spirit of openness.

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Emmanuel Fagnou (France)

Emmanuel Fagnou © Emmanuel Fagnou

Emmanuel Fagnou is the national director of Cités-Caritas activities. Being a former photographer of the CRIC agency, he is now involved in more personal contemporary works. In 2020, he initiated the Caritas Photo Social Prize thus bringing together his two main concerns : the fight against poverty and documentary and contemporary photography.

Working on social photo subjects is a real personal commitment and a risk-taking. It requires finding the right balance between empathy, respect for the subject and the necessary distance to ensure a rigorous documentary approach.

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Josianne Gauthier (Belgium)

Josianne Gauthier © Développement et Paix

Josianne Gauthier has been the Secretary General of CIDSE – the international family of Catholic social justice organisations since September 2017. Previously, she worked for Development and Peace – Caritas Canada where she held various positions. She was Director of the In-Canada Programs, headed the awareness-raising, fundraising, public education, and advocacy campaign work.

We desperately need the artists if we want to change the world, so that they can help us see with new eyes, challenge us in our hearts, bodies, and souls. I am very proud to be participating in this initiative by CCFD-Terre Solidaire on behalf of the CIDSE family.

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Nicolas Henry (France)

Nicolas Henry © Nicolas Henry

Nicolas Henry is a photographer, stage director and visual artist who graduated from Beaux- Arts of Paris. His personal style develops on the borders between portraiture, theatre and art installation. Nicolas is also the founder and artistic director of the PhotoClimat Festival in France.

Photoclimat est fier d’accompagner le lancement du prix photo Terre Solidaire. C’est un outil pour soutenir une création engagée, et mettre en lumière les talents qui nous éclairent sur le devenir de notre humanité.

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Nathalie HERSCHDORFER (Switzerland)

Nathalie Herschdorfer © Mathilda Olmi, 2022

Nathalie Herschdorfer is a curator and art historian specialized in the history of photography. In 2022, she was appointed Director of the museum Photo Elysée (Lausanne, Switzerland). Before that, she was director of the Museum of Fine Arts Le Locle. She is an important voice in contemporary photography and has been invited to organize numerous exhibitions outside Switzerland. She teaches the history of photography at the Lausanne University of Art and Design (ECAL) and is the author of several books.

In the age of « all photographers », it remains important that professionals document our planet. Since its invention, photography has contributed to this great narrative and it is essential to support the work of photographers —wherever they are in the world — so they can share their observations with us. Terre Solidaire Photo Award is for those who defend a committed photography.

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Isabelle de Lagasnerie (France)

Isabelle de Lagasnerie © Maxime Matthys

Isabelle de Lagasnerie is photography director at La Croix. After working in art galleries and in the audio-visual field, she retrained to press iconography and journalism. Isabelle is also the writer of the photo column of the newspaper and she regularly participates in jurys and portfolio readings.

To give the means to photographers to work in the field in the long-term, to give visibility to those who work day after day for a fairer world and more respectful of our environment, to give visibility to these long-term reports, to give the desire to act : that is a good news.

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Dominique Rouyer (France)

Dominique Rouyer © Ophélie Chauvin

Dominique Rouyer is the general secretary of CCFD-Terre Solidaire. After working for Christian associations in the field of communication and journalism, Dominique now teaches biblical studies at the Catholic Institute of Paris.

Since its beginning, CCFD-Terre Solidaire has always used photography to shed a light on those with whom the NGO contributes to changing the world. Photography is a way to bear witness, trough thousands of faces of women and men, to a world where hope and solidarity are built.

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Michel Tremblay(Canada)

Michel Tremblay © Vicky Boutin

Michel Tremblay is a photographer and president of the International Media Group (GPMI) : a non-profit organization that aims to promote contemporary authorial photography and to make evolve its practice in all its forms and supports. Michel is also the founder and director of the Zoom Photo Festival : the first Canadian festival dedicated to photojournalism.

Terre Solidaire Photo Award fits with the values of our non-profit organization which are : freedom of expression, respect for human rights, awareness of the culture of people, respect for cultural heritage and inclusion.

The photographic series submitted to the Grand Jury will be first be selected by a pre-selection jury, an essential step in any award. This jury will met at the end of the call for entries on December 4th and will be composed of a team from CCFD-Terre Solidaire and photography professionals, who are : Christianne Rodriges (Studio Salgado), Isabelle Habert (SAIF) and Léonor Matet (Polka Magazine).

Hommage à Éric Alain Kamdem, coordinateur de la maison du migrant de Gao

septembre 29th, 2022 by

C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris au mois d’aout le décès d’Eric Alain Kamdem, coordinateur de la maison du migrant de Gao, au Mali. Le documentaire “Le dernier refuge”, diffusé cet été sur Arte, permettait de découvrir son action et sa présence chaleureuse auprès des personnes migrantes à Gao. Le Père Anselm Mahwera lui rend hommage dans ce vibrant récit

Plus qu’un collaborateur, Éric était devenu un petit frère, voire un fils malgré la différence de 4 ans qui nous séparait. Nous avons cheminé ensemble pour notre transformation humaine, sociale, professionnelle (dans la défense des droits des migrants) et surtout spirituelle.

Notre première rencontre remonte à novembre 2005 après les fameux événements malheureux de Ceuta et Melilla1 d’où il avait été refoulé au Mali. Il a ensuite tenté de retourner en Algérie mais ça n’a pas marché. En mars 2006 il est revenu à Gao. Avec une recommandation du frère Jan Heuft de Rencontre et développement (R&D) en Algérie, nous l’avons engagé à la Mission Catholique de Gao comme un technicien de bâtiment.

Suite aux nombreux refoulements d’Algérie qui ont suivi, avec lui et Pierre Yossa, un autre camerounais, nous avons imaginé la Maison du migrant. Éric a fait tous les travaux pour transformer des bâtiments délaissés en un lieu habitable ! Mais c’est surtout au Niger (2012-2014) lors de crise du Nord du Mali que j’ai vu et apprécié sa générosité et son amour pour les migrants.

Quand le CCFD-Terre Solidaire m’a proposé d’écrire un hommage à Éric, j’ai pensé à l’interview qu’il a donné la veille de son accident fatal (en espérant que beaucoup parmi vous ont entendu ou auront une occasion de l’entendre). Pour moi cet interview résume tout son engagement et m’a rappelé comment il a changé et grandi vers la défense des droits de migrants, l’amour des gens qui souffrent, les nécessiteux, les plus marginalisés…

J’ai assisté à la transformation de cet homme, avec qui j’ai commencé de travailler en juin 2006, en celui qui s’exprime dans cet interview. Quand Éric est arrivé à Gao, il n’était pas baptisé dans l’Église catholique. Il a manifesté son désir de se faire baptiser. Après un an et demi de catéchèse par mes soins, il a été baptisé à Gao, la nuit de Pâques, le 23 mars 2008. Au moment de l’enregistrement du nom, il est venu me dire qu’il voulait être nommé « Paul », ce qui ne figurait pas dans ses documents officiels. Quand je lui ai demandé pourquoi, il m’a répondu qu’il voulait signifier le changement en lui, l’homme nouveau qu’il était devenu. Après une longue discussion il a accepté de se fait baptiser par les mêmes noms qui figuraient dans ses papiers tout en me promettant qu’il se ferait appeler Paul dans le quotidien.

Désert, photo tirée du film le dernier refuge ©Les films du Balibari

La suite de sa vie a manifesté ce changement radical. Oui, comme Paul dans la Bible, Éric avait beaucoup changé. Il a su réorienter ses talents, ses énergies et son engagement envers les autres, surtout les plus démunis et marginalisés au lieu de penser à ses propres intérêts.

Vous serez surpris d’apprendre qu’au départ je n’ai pas voulu qu’Éric travaille avec moi à l’accueil de migrants. Même quand nous avons ouvert la Maison du migrant, en mars 2009, une année après son baptême, il était responsable des matériels à la Maison et tant que possible je voulais lui éviter les contact avec les migrants. J’avais trois raisons pour expliquer ce refus.

D’abord, ayant peu de ressources, nous travaillons tous à la Maison bénévolement, et je trouvais injuste de lui demander de nous aider gratuitement alors qu’il cherchait à s’installer et refaire sa vie. J’ai préféré qu’il travaille à la mission, qui avait besoin de ses talents (Éric savait tout faire dans le bâtiment : maçonnerie, soudure, plomberie, électricité et bien d’autre choses, sans parler du fait qu’il était honnête et sérieux dans son travail) et où il était assez bien payé.

Ensuite, à mes yeux, malgré toutes ses qualités, de son propre aveu, Éric avait ses points faibles. Il était ancien boxeur et pouvait se montrer impulsif. Ayant du intervenir directement dans des querelles, j’avais fini par lui demander gentiment de se concentrer sur les travaux à la mission où il n’avait pas beaucoup de contacts sauf avec ses ouvriers.

Enfin, Éric croyait à la justice, à la vérité et au travail. Sa philosophie était apprendre à pêcher aux nécessiteux et jamais de leur donner un poisson. Avec cette philosophie, ça lui a pris beaucoup de temps pour accepter qu’il y a des gens tellement fatigués qu’ils n’ont pas la force d’apprendre et qu’il faut leur donner le poisson directement. Ayant lui-même été en migration, il lui était facile de détecter des mensonges dans les récits des migrants, ce qu’il ne supportait pas. Il a fini accepter que ce qui compte c’est que la personne devant nous souffre, et qu’il faut chercher d’abord à soulager la souffrance avant de connaitre la vérité.

Malgré ses points faibles, par sa générosité et sa ténacité, il s’est imposé lors de mes rencontres avec les migrants. Petit à petit il est devenu cet Éric que beaucoup connaissent et à qui ils rendent hommage aujourd’hui : une force tranquille, un homme engagé, infatigable, généreux et preneur d’initiatives nouvelles pour mieux aider les gens qui souffrent devant lui et loin de lui.

Si je dois garder un image d’Éric, je garderais celle où il est en train d’accompagner, en moto, Natasha chez la coiffeuse (une femme qui, ayant oublié d’où elle vient, est restée et vit à la Maison du migrant, qu’on voit dans le film «  le Dernier refuge »). Quand je lui ai dit qu’il n’était pas obligé de le faire, il m’a répondu « mon père vous avez oublié la question que vous m’avez apprise à me poser devant un migrant ou autre personne en demande d’aide : si la personnel était ta sœur, ta maman, ton enfant, ta femme …. Que ne ferais-tu pas pour soulager sa souffrance ? ». Ayant appris à voir en tous les migrants ses parents, il a commencé à aller à la prison, dans les hôpitaux pour visiter les migrants, parfois les enterrer, à prendre des risques pour accompagner des gens malgré l’insécurité, jusqu’à y laisser sa vie, ultime sacrifice. Quel changement!

Je rends grâce à Dieu pour ta vie Éric, pour tout ce que tu as pu fait dans cette courte vie. Je suis triste mais fier de ce que tu as pu réaliser, pour tous ces gens à qui tu as pu manifester que l’amour et la solidarité existent encore.

Reste en Paix cher collaborateur, cher frère, cher Fils spirituel, Éric- le Camerounais, mon Paul dans la migration.

A Dieu

Père Anselm Mahwera

Berlin

21 Septembre 2022

PS : Quand Éric est devenu coordinateur de la Maison du migrant de Gao, et qu’il a commencé à voyager en dehors d’Afrique j’avais peur qu’il y reste. Il m’a prouvé le contraire. Alors il m’a donné une autre leçon, que si les jeunes africains avaient eu la possibilité de réaliser leurs rêves en Afrique, ils pourraient partir en Europe et sans vouloir y rester. Je crois que notre meilleure manière de rendre hommage à Éric sera de travailler pour que l’Afrique soit transformée, pour que les jeunes Africains puissent trouver un climat favorable pour réaliser leurs rêves. En attendent ce changement, la Maison du migrant et toutes les autres efforts pour accompagner les migrants doivent continuer.

La maison du migrant à Gao
La maison du migrant à Gao, image du documentaire Le dernier refuge ©Les films du Balibari

1- NDR : Début octobre 2005, des migrants bloqués au Maroc, lassés des échecs de leur tentative pour franchir les grillages qui entourent ces deux enclaves espagnoles, ont tenté un passage par vagues de plusieurs centaines. La police marocaine a tiré à balles réelles, tuant plusieurs d’entre eux, cf. cette chronologie publiée par Migreurop.

L’histoire de la jeune femme à la jarre de Salgado #JeudiPhoto

septembre 29th, 2022 by

Prise il y a 50 ans au Niger par Sebastião Salgado, cette photo de la “femme à la jarre” deviendra l’image phare de notre campagne “La Terre est à Tous” de 1974. À travers elle, c’est aussi l’histoire d’une amitié particulière entre le CCFD-Terre Solidaire et l’une des plus grandes figures de la photographie humaniste que l’on vous raconte.

© Sebastião SALGADO
1973, Niger. ©Sebastião Salgado

RENDEZ-VOUS CHAQUE JEUDI POUR ÉCOUTER STÉPHANIE GALLET, JOURNALISTE POUR RCF, COMMENTER UNE PHOTO CHOISIE PAR LE CCFD-TERRE SOLIDAIRE.

Un témoin de la famine au Sahel

Nous sommes au Niger dans un village reculé. Sous un arbre, le photographe Sebastião Salgado s’abrite de la chaleur ardente. C’est alors qu’il voit cette jeune femme s’avancer vers lui en lui esquissant un sourire complice. À contre-jour, le soleil de midi lui frappe dans le dos. Avec une grande agilité, elle porte en équilibre sur sa tête une jarre en céramique remplie d’eau. Celle-ci, de forme ronde donne l’impression qu’elle porte la terre à bout de bras. Le regard concentré au loin et la posture droite, on devine toute la précaution qu’elle emploie à sa tâche et la tension à l’idée que le contenu, si précieux, se déverse. 

Nous sommes en 1973. La sécheresse et la famine font rage au Sahel et auraient déjà fait plus de 100 000 victimes. “Le désert s’avançait sur les zones d’agricultures arides où les peuples nomades cultivaient leurs terres. À cette époque, le réchauffement global commençait à devenir une réalité, mais personne ne le savait encore“, témoigne le photographe brésilien. 

La genèse d’une carrière mondiale

Alors âgé d’une trentaine d’années, Salgado abandonne une carrière prometteuse d’économiste à la Banque Mondiale pour se consacrer à la photographie. Il profite du pont aérien humanitaire mis en place par le CCFD-Terre Solidaire et la CIMADE et documente ainsi la famine au Niger. De ce voyage, il réalisera son premier grand reportage et s’imposera comme l’un des plus grands photojournalistes de notre temps. De ce voyage, il immortalisera le sourire de cette jeune femme à la jarre. Une photo que lui achète, généreusement, le CCFD-Terre Solidaire à l’époque pour incarner sa campagne “La Terre est à tous”. Salgado s’en souvient : de cette vente, il a acquis son premier Leica. Celui-ci, l’aura accompagné quasiment tout au long de sa vie de photographe.

Cinq décennies plus tard, cette photo que l’on pouvait découvrir à l’écran de Wim Wenders dans Le Sel de la Terre (2014), ressort des archives. Elle symbolise notre volonté de continuer à promouvoir la photographie humaniste et environnementale. Et c’est tout naturellement, que nous avons demandé à Salgado —au nom de sa carrière et de l’amitié que nous lui portons— de devenir Président d’Honneur de la 1ère édition du Prix Photo Terre Solidaire

Je ne crois pas qu’une photo puisse changer le monde. Mais je crois qu’une photo fait partie d’un discours plus large qui, avec les organisations humanitaires, avec un système d’information et avec tout un univers solidaire, peut aider à changer le monde.

Sebastiao Salgado.

Voir aussi :

Participer ou en savoir plus sur le Prix Photo Terre Solidaire 2022

Pour aller plus loin :

Haïti : blocage total face à la hausse des prix

septembre 26th, 2022 by

Colette Lespinasse, correspondante de la Coordination Europe-Haïti, témoigne de la situation du pays, où des barrages fleurissent aussi bien dans les villes de province que dans la capitale pour protester contre l’augmentation du prix du carburant et de l’alimentation.

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Haïti, le 16 septembre 2022.

Depuis la semaine dernière, la situation s’est aggravé après l’annonce de l’augmentation du prix de tous les combustibles.  Les gens ont entrepris depuis lundi matin d’empêcher la circulation dans toutes les directions et de manifester un peu partout.

Malgré les protestations, le gouvernement n’a pas entendu raison.  Jeudi 15 septembre, il a publié un communiqué annonçant une augmentation de plus de 100% des combustibles, sous prétexte que l’État n’a plus d’argent, ne peut pas fonctionner et doit coûte que coûte retirer sa subvention aux produits pétroliers. À cela les gens rétorquent qu’ils ne reçoivent rien de l’État et que le carburant, s’il est vraiment subventionné, est le dernier petit appui dont ils bénéficient.  Ils n’acceptent donc pas cette augmentation.

200%

d’augmentation du diesel annoncé en décembre 2021

100%

d’augmentation de tous les combustibles en septembre 2022

Depuis environ un mois, il est impossible de trouver du combustible dans les pompes à essence, mais il se vend au prix fort dans la rue.  Pour des observateurs, il s’agirait même d’une tactique du gouvernement pour mesurer la capacité de paiement de la population avant l’augmentation.  En décembre dernier le gouvernement avait déjà augmenté le prix des produits pétroliers, dont certains, comme le diesel, avaient connus une augmentation de plus de 200%.

“Les gens ne peuvent même pas manger”

Cette augmentation survient dans un contexte de grande précarité ou les gens ne peuvent même pas manger. Apres l’annonce officielle de l’augmentation, les gens de toutes les couches sociales sont sorties dans la rue pour protester.  Il y a eu des casses, des pillages, des « dechoukay », des blessés et des morts.  Ce matin encore (vendredi 16 septembre), les routes sont bloquées.  La communication téléphonique est de plus en plus difficile dans certains endroits car des appareils des compagnies téléphoniques notamment de Digicel ont été touchés.

Haïti 2004 Photo CC-BY-ND RNW.org

Malgré tout, le Premier ministre de facto Ariel Henry ne bronche pas.  Au plus fort de la crise la semaine dernière, il est parti aux États-Unis pour, selon ses dires, « rencontrer des investisseurs qui veulent venir investir en Haïti ». À son retour, il n’a pipé mot de ce qu’il a vraiment fait durant son voyage qui a coûté beaucoup d’argent au pays, car une forte délégation l’a accompagné.

Face à la crise, le président dominicain (NDR : la République dominicaine est frontalière d’Haïti), Luis Abinader a demandé à la communauté internationale d’intervenir en Haïti.  Plusieurs leaders haïtiens lui ont répondu qu’ils ont la capacité de discuter eux-mêmes de leurs problèmes et que M. Abinader n’est pas leur porte-parole.  C’est dans ce contexte que hier M. Daniel Foote, ex-envoyé spécial des États-Unis en Haïti qui avait claqué la porte avec fracas l’année dernière en donnant sa démission, a de nouveau critiqué la politique américaine en Haïti. 

Record des expulsions depuis les Etats Unis

M. Foote a révélé un deal fait entre Ariel Henry et M. Joe Biden.  Le premier Ministre haïtien avait accepté l’année dernière la décision de M. Biden d’expulser vers Haïti les haïtiens qui se trouvaient sous le pont du Texas en échange de l’appui des USA à son gouvernement.  Depuis lors, l’administration américaine a expulsé vers Haïti plus de 20 000 haïtiens.  Un record que les administrations américaines précédentes depuis Bush en passant par Obama n’avaient jamais atteint durant leurs mandats.

La mobilisation se poursuit et les rues restent paralysées. Faute de circulation, certains biens commencent à manquer.

Colette Lespinasse

Photo CC-BY-ND RNW.org

Lire aussi de Colette Lespinasse : “Ce que j’ai vu dans le Sud”

Journal de bord de la crise alimentaire
Retrouvez notre dossier spécial “Journal de bord de la crise alimentaire”

Indicateurs de richesses : 6 bonnes raisons d’en finir avec le PIB

septembre 21st, 2022 by

La hausse des inégalités et le réchauffement climatique viennent remettre en question notre modèle de développement et son indicateur phare, le PIB. Voici 6 bonnes raisons d’en finir avec la norme imposée par le PIB et changer notre manière de concevoir la richesse.

Fin juin 2022, sous la chaleur grenobloise, la deuxième édition du Forum International pour le Bien Vivre porté par le CCFD-Terre Solidaire, invitait à remettre en question le tout-croissance pour choisir une autre boussole : le bien vivre.

Nous avons profité du forum pour demander aux économistes, aux chercheurs et aux organisations partenaires du CCFD-Terre Solidaire venues des différents pays du monde pourquoi aujourd’hui le PIB n’est plus un bon indicateur de richesses.

Ils se sont prêtés au jeu de répondre à cette question

Rappel : le PIB, c’est quoi ?
Le Produit Intérieur Brut, PIB, est l’indicateur économique de référence adopté en France en 1949. Il mesure la richesse d’un pays sur une année définie comme la valeur de tous les biens et services produits.

Soixante-dix ans plus tard, voici pourquoi le PIB apparait de plus en plus caduque et que les critiques s’élèvent.

1. Le PIB est un indicateur d’une autre époque, celle de l’après-guerre

Le PIB a été adopté dans un contexte historique particulier : la reconstruction d’après-guerre. Il concentre l’attention sur un objectif unique : la croissance. Mais la recherche de croissance à tout prix est ce qui dégrade la richesse des écosystèmes naturels (changement climatique, pertes de biodiversité…) et humains (inégalités économiques et sociales).

Nous sommes aujourd’hui dans un contexte historique très différent qui implique de mettre les enjeux écologiques au premier plan et donc de changer d’indicateur

Hélène L’Huillier docteure en économie, chercheuse associée à l’école de commerce l’ESSEC, membre active du Campus de la Transition

2. Le PIB n’est plus associé au progrès social

La croissance économique a été pensée comme une finalité car associée au progrès social. Or cela fait bien longtemps que l’objectif même de croissance économique n’est plus synonyme d’accroissement du bien être individuel, de diminution des inégalités et n’est pas un synonyme d’amélioration de nos conditions environnementales.

Le PIB a un objectif qui n’a plus de sens ; À force de s’en servir nous ne voyons plus ce qui est vraiment important pour nous car il nous incite à nous concentrer sur ce qu’il montre et donc à ne pas agir sur ce qu’il ne montre pas.

Géraldine Thiry, professeure d’économie à Bruxelles, elle travaille sur les nouveaux indicateurs de richesse depuis 15 ans.


3. Le PIB invisibilise les enjeux environnementaux

Le PIB est un bon indicateur des échanges monétaires.

Mais il ne prend pas en compte les autres enjeux sociaux, ceux liés aux revenus et invisibilise complètement les enjeux environnementaux.

Célina Whitaker, cofondatrice du Collectif Richesses et coprésidente du Forum pour d’autres indicateurs de richesse (Fair)
© Roberta Valerio
Un jeune activiste irakien alerte sur le réchauffement climatique qui menace les marais du Sud de l’Irak. Crédit photo Roberta Valério/CCFD-Terre Solidaire

4. Le PIB a pris racine dans les esprits

Le PIB s’est maintenu par erreur et par opportunisme politique. L’erreur fondamentale est que la croissance économique était (et est) supposée être synonyme de développement.

Cela a conduit à accepter le PIB comme un excellent indicateur, un indicateur de calcul relativement facile qui a pris racine dans la théorie économique traditionnelle et, soit dit en passant, dans les esprits.

Alberto Acosta, économiste équatorien, théoricien du « buen vivir »

5. Parce qu’on ne vit pas que d’argent

La principale raison pour laquelle le PIB n’est pas un bon indicateur est qu’on ne peut pas vivre que d’argent et de richesse or il ne prend en compte que les capitaux globaux d’un pays entier ;

Il faut aussi valoriser les circuits courts économiques locaux, se recentrer sur les territoires et connaitre leurs ressources propres en menant un véritable travail de terrain.

Joaquin Dionicio Guzman, de l’ONG Serjus (Service Juridique et Social du Guatemala)

6. Le PIB ne permet pas d’envisager et de définir d’autres richesses

Le PIB masque les disparités de niveaux de vie qu’il contribue à reproduire.

Il invisibilise totalement cette notion de « bien-vivre » qui est une autre façon d’envisager et de définir une autre richesse qui compte pour les gens

Vivian Labrie chercheure québecoise, associée à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (Québec).

Et aussi…

Découvrir le reportage publié dans la revue dessinée “Voyage au Bouthan, au pays du Bonheur national brut”

À Briançon, une Maraude Solidaire inédite #JeudiPhoto

septembre 21st, 2022 by

Cette photo a été prise lors de la Grande Maraude Solidaire organisée en mars 2022 à Briançon. Plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées pour dénoncer les violences aux frontières et la mise en danger de la vie des personnes migrantes. Mais un événement imprévu est venu bouleverser la manifestation.

Cortège de la Grande Maraude Solidaire. ©Juliette Pascal/Tous Migrants

Rendez-vous chaque jeudi pour écouter Stéphanie Gallet, journaliste pour RCF, commenter une photo choisie par le CCFD-Terre Solidaire.

Nous sommes au col de Montgenèvre, à quelques kilomètres de la frontière avec l’Italie. La nuit glaciale tombe sur les Hautes-Alpes. On distingue à peine les montagnes ensevelies sous une épaisse brume. Loin de l’attraction des pistes de ski, ces montagnes dissimulent une tout autre réalité. Celle d’une frontière de plus en plus militarisée qui contraint les personnes exilées à emprunter des sentiers toujours plus dangereux.

“L’amour de nos montagnes abaisse les frontières”

Ce jour-là, plus de 300 personnes sont venues participer à la Grande Maraude Solidaire organisée par le mouvement Tous Migrants que nous soutenons. Au rythme des saxophones et dans une ambiance festive, le cortège se dirige vers les locaux de la police aux frontières (PAF) pour dénoncer les exactions commises aux frontières et exprimer leur solidarité envers les personnes exilées. Grelottant sous le froid, les maraudeurs imaginent la détresse des personnes migrantes livrées à elles-mêmes, bien souvent dépourvues d’habits adéquats. 

Soudain, la musique et les prises de parole s’interrompent. Aux bas des pistes, la police procède à l’arrestation de huit personnes exilées, dont des enfants et une femme enceinte. Sans la moindre hésitation, les manifestants encerclent la fourgonnette où elles sont détenues et parviennent à les exfiltrer  en les cachant au sein de la foule. Cet élan de solidarité, auquel ont pris part des salariées et des bénévoles du CCFD-Terre Solidaire, a permis d’empêcher le refoulement arbitraire de ces personnes qui ont ensuite été conduites par Médecins du Monde au Refuge Solidaire de Briançon. 

Défendre des politiques migratoires plus justes

Tel un écho porté par les trois drapeaux au pied de la montagne de Montgenèvre, le renforcement de la sécurité aux frontières françaises et européennes met en danger la vie des personnes en exil. Depuis 2014, 28 000 personnes sont décédées en essayant de rejoindre l’Europe ou en essayant de franchir ses frontières intérieures.

Face à cette situation, Tous Migrants et le CCFD-Terre Solidaire se réuniront à Bruxelles le 30 septembre prochain aux côtés d’autres organisations. L’enjeu : exiger des institutions européennes qu’elles mettent en place des mesures qui garantissent la sécurité et le respect des droits des personnes en exil.

Ecoutez aussi :

Pour aller plus loin :

Soyons les forces du changement #JeudiPhoto

septembre 15th, 2022 by

Le CCFD-Terre Solidaire est fier de compter parmi ses rangs 7 500 bénévoles qui se mobilisent au quotidien, partout en France, pour porter ses combats. Grâce à leur engagement, plus de 750 actions de sensibilisation ont été menées en 2021. Retour en image sur une mobilisation haute en couleur pour défendre la justice climatique. 

© Ophelie Chauvin
Paris, place l’Hôtel de Ville, 6 novembre 2021. ©Ophélie Chauvin

Rendez-vous chaque jeudi pour écouter Stéphanie Gallet, journaliste pour RCF, commenter une photo choisie par le CCFD-Terre Solidaire.

“Justice climatique, justice sociale : tout est lié ! “

Alors que les dirigeants, champions de l’inaction climatique, étaient réunis à Glasgow pour la COP 26, des centaines de manifestants se sont réunis à Paris à l’occasion de la journée internationale d’actions pour le climat. Nous étions le 6 novembre. Le soleil de midi battait son plein. Il n’y avait pas un nuage à l’horizon. La place de l’Hôtel de Ville vibrait au rythme des percussions et des slogans scandés par la foule venue pousser un cri d’alarme face à l’urgence climatique. 

Devant une mise en scène spectaculaire, où étaient déployés les portraits géants de Joe Biden, Emmanuel Macron, Xi Jinping, Jair Bolsonaro ou encore Justin Trudeau, les manifestants ont unis leurs voix pour dénoncer leurs bilans climatiques désastreux. Des prises de paroles témoignant des conséquences de la pollution, notamment dans les pays du sud, se sont enchaînées sous un tonnerre d’applaudissements. Des déguisements et des banderoles, aux messages plus percutants les uns que les autres, ont défilé sous les clics en rafale des médias venus couvrir l’événement. 

“Soyons les forces du changement”

Dans un arc-en-ciel réjouissant, le orange du CCFD-Terre Solidaire est venu se mêler aux couleurs des nombreuses autres associations présentes. Nos bénévoles étaient nombreux, heureux d’être ensemble et animés par la même détermination à défendre la justice climatique. Parmi eux : des grands-parents, des parents accompagnés de leurs amis, enfants, petits-enfants. Des jeunes, des étudiants, des lycéens à la conscience bien éveillée et soucieux de protéger l’avenir de leur planète. Peu avant midi, ils se sont retrouvés pour confectionner, ensemble, pancartes et banderoles, transformant le bitume en un véritable atelier créatif à ciel ouvert. 

Nos bénévoles étaient également mobilisés à Bordeaux, à Strasbourg, à Rouen ou encore à Nîmes pour scander en chœur : “Non à la compensation carbone”. Ensemble, ils ont dénoncé les atteintes à l’environnement et aux droits humains. Ils ont exigé de vraies solutions pour le climat. Ils ont porté nos messages et nos solutions auprès des passants et des médias présents.

Au CCFD-Terre Solidaire, nous tenons à remercier l’engagement quotidien de nos bénévoles. Ensemble, soyons les forces du changement. 

Brésil résiste : un défenseur de la forêt menacé #JeudiPhoto

septembre 8th, 2022 by

À un mois des élections présidentielles, la Coalition Solidarité Brésil a publié un nouveau baromètre alarmant sur la situation des droits humains au Brésil. Malgré les risques de violences à leur encontre, de nombreux défenseurs de l’environnement et des droits humains, comme le Cacique Ninawa Huni Kuin, continuent d’élever leurs voix . Arrêt sur image.

Cacique Ninawa Huni Kuin. État de l’Acre, Brésil. ©Jean-Claude Gérez

Rendez-vous chaque jeudi pour écouter Stéphanie Gallet, journaliste pour RCF, commenter une photo choisie par le CCFD-Terre Solidaire.

“Sauver la forêt : un devoir pour tous”

Nous sommes à Formiga, à l’extrême Nord-ouest de l’Amazonie, au Brésil. Situé au cœur d’une nature dense et verdoyante, ce village constitue l’un des nombreux territoires Huni Kuin. Depuis des millénaires, ce peuple autochtone vit en parfaite harmonie avec la nature. Mais aujourd’hui, leur survie est menacée. D’année en année, les grands propriétaires terriens s’accaparent et déboisent leurs terres pour les exploiter. La déforestation détruit leurs sources de nourriture, leurs plantes médicinales et leur spiritualité intimement liée à la nature. 

Devant l’épaisse forêt primaire bordée par la rivière Envira, le Cacique Ninawa — Chef des Huni Kuin— porte fièrement sa coiffe traditionnelle en plumes d’ara. En véritable “gardien de la forêt”, ce quadragénaire consacre sa vie à protéger l’Amazonie. Pour lui, “sauver la forêt est un devoir pour tous, car les Huni Kuin et l’humanité toute entière ont besoin de la nature pour survivre”.

Malgré les violences, la société civile brésilienne se mobilise

Membre de l’Alliance des Gardiens de Mère Nature, Ninawa multiplie les prises de paroles à travers le monde pour dénoncer l’impact de la déforestation, notamment encouragée par Jair Bolsonaro. La politique menée par le Président brésilien promeut le développement de méga-projets industriels et agro-industriels, au détriment de l’environnement et des peuples autochtones qui y vivent. Notre partenaire local, la CIMI, soutient de nombreuses communautés autochtones impactées. Dans son dernier rapport annuel, il fait état d’une augmentation de 135%1 des cas d’invasions de territoires autochtones au Brésil entre 2018 et 2019.

Pour protéger l’intégrité de leur territoire, les Huni Kuin se sont engagés dans une grande lutte collective aux côtés d’autres communautés autochtones. Dans un contexte où les défenseurs de l’environnement et des droits humains sont de plus en plus persécutés, ces voix s’élèvent avec bravoure et témoignent de la force de leur union.

Le 7 septembre, la Coalition Solidarité Brésil publie les résultats de son troisième baromètre d’alerte sur la situation des droits humains au Brésil. À un mois des élections présidentielles, celui-ci mesure l’impact des politiques menées par le Gouvernement Bolsonaro et dresse un état des lieux détaillé et actualisé du contexte sociale, politique et environnementale au Brésil.

Chaque jeudi, nous vous proposons un arrêt sur image pour prendre conscience, autrement, d’une fracture de notre monde sur lequel, par l’action collective et plaidoyer, nous agissons.

Pour aller plus loin :

Elections brésiliennes : le baromètre des droits humains au plus bas

septembre 7th, 2022 by

Pour la troisième année consécutive, la Coalition Solidarité Brésil, dont le CCFD-Terre Solidaire est un membre actif, publie le 7 septembre 2022, jour de la fête nationale brésilienne, les résultats de son 3ème baromètre sur la situation des droits humains au Brésil. 

Un mois avant l’élection présidentielle, l’édition 2022 du baromètre des droits humains dresse un état des lieux détaillé et actualisé de la situation sociale, politique et environnementale au Brésil. Cette nouvelle édition pointe une exacerbation des inégalités et des violences durant les quatre années de mandat de Jair Bolsonaro.

L’augmentation des violences cible les populations historiquement les plus exclues : les peuples autochtones et les quilombolas (descendants d’esclaves), les communautés paysannes, les femmes, les populations noires ou LGBTQI. Fait nouveau, le rapport met aussi en évidence à quel point les personnes migrantes sont désormais menacées.
De manière très préoccupante, le baromètre relève l’aggravation des attaques contre les défenseuses et défenseurs des droits humains et de l’environnement. 

Mais le baromètre ne se contente pas d’énumérer les violations. Il montre également la vitalité de celles et ceux qui, sur place, refusent de baisser les bras et sont entrés en résistance #BrésilRésiste.
Regroupant 17 organisations de solidarité internationale agissant pour la défense de la démocratie, des droits humains et de l’environnement, la Coalition Solidarité Brésil, qui publie ce baromètre des droits humains, se donne pour mission de faire écho aux cris d’alarme des organisations et mouvements sociaux au Brésil.

Voici sept questions à suivre dans le contexte électoral brésilien :

Une aggravation des violences politiques

Cette période préélectorale est marquée par les violences politiques avec des assassinats et des agressions contre les candidates et candidats, leurs équipes et leurs partisans. Cette violence fragilise le processus de représentation politique des groupes historiquement sous-représentés. Les candidates noires sont particulièrement visées, selon l’étude réalisée par l’Institut Marielle Franco en 2021. Au total, 98,5 % d’entre elles ont souffert de la violence politique.

Quatre ans après l’assassinat emblématique de la conseillère municipale Marielle Franco et de son chauffeur Anderson Gomes le 14 mars 2018, le commanditaire n’a toujours pas été identifié. Le baromètre rappelle que l’enquête souffre de nombreuses entraves politiques.

Le Brésil de retour sur la carte de la faim

Alors que le Brésil avait éradiqué l’insécurité alimentaire grave en 2014, elle est de retour, en quelques années seulement.

59 %

de la population brésilienne est en insécurité alimentaire

33 millions de personnes

ne mangent plus à leur faim

Cette situation est encore plus dramatique dans les zones rurales, où l’insécurité alimentaire touche 60 % des ménages et où la faim est une réalité pour 19 % des foyers.

Bien que la faim ait été aggravée par la crise générée par la pandémie, la situation actuelle met en évidence les faiblesses préexistantes du système alimentaire brésilien.
Troisième producteur mondial d’aliments en 2020 selon la FAO, le Brésil n’a cessé de battre des records dans l’exportation des produits alimentaires, passant de 85 milliards de dollars en 2016 à 120 milliards en 2021.
Pendant la même période, l’agriculture familiale, bien que représentant environ 80 % des établissements agricoles et produisant une part importante des aliments consommés au pays, n’occupait que 23 % des terres exploitables et a subi la disparition des politiques publiques de soutien.

Une destruction de la nature sans précédent 

En trente ans de carrière, au nom d’une vision libérale qui fait fi de l’urgence climatique, Jair Bolsonaro a soutenu sans faille les grands propriétaires terriens ainsi que les entreprises d’exploitation minière et forestière.
Sa gestion en matière d’environnement est marquée par le démantèlement progressif des mesures de protection de la nature, la persécution de militantes et militants et l’institutionnalisation d’un écocide généralisé.
La politique extractiviste du gouvernement a eu des impacts désastreux, si ce n’est irréversible, à la fois pour la biodiversité et pour les populations brésiliennes. Le bilan des quatre dernières années est celui de politiques foncières en faveur d’une intensification de l’accaparement des terres, et plus meurtrier encore, en faveur de l’agrobusiness, tel que décrit dans les versions antérieures de ce baromètre.

Les forces politiques désignées sous le nom de « BBB » pour « Balles, Bible, Bœuf » (armement, églises évangéliques, agro-industrie) qui ont soutenu le coup d’État parlementaire contre Dilma Rousseff (2016), puis l’élection de Bolsonaro, paralysent la Fondation Nationale de l’Indien (FUNAI), organisme de l’État brésilien en charge de la démarcation territoires autochtones. Ces mêmes forces politiques ont aussi vu dans la pandémie un temps d’opportunité pour favoriser l’accaparement de terre par l’agrobusiness.

La déforestation a aussi connu une hausse significative sous le mandat de Jair Bolsonaro : entre 2019 et 2021, l’équivalent d’un peu plus de la surface de la Belgique a été rasée en Amazonie (soit 34 215 km2 ). En 2020 et 2021, le suivi par satellite a enregistré une augmentation de 22 % en un an.

L’effet de ces politiques a été l’augmentation du nombre des conflits pour la terre et l’eau au Brésil, notamment en Amazonie. Selon la Commission Pastorale de la Terre (CPT) entre 2018 et 2021, le nombre de conflits pour la terre est passé de 1 547 à 1 768 sur 418 territoires, soit une augmentation de 12,5 %.

Malgré l’approfondissement de la violence dans les campagnes brésiliennes pendant la dernière période, les mouvements sociaux continuent à se battre pour leurs droits. En 2021, presque 1 921 manifestations pour l’accès à la terre mobilisant plus de 400 000 personnes ont été recensées par la CPT.

Les populations autochtones persécutées

Durant sa carrière politique, Jair Bolsonaro n’a pas cessé d’attaquer ces populations et leur légitimité sur leurs terres, pourtant garantie par la Constitution de 1988. Ses saillies racistes, mêlées au discours développementaliste et à une gouvernance ouvertement anti-indigène, ont mis en danger la vie de près de 800 000 autochtones.
Perçues comme des « ennemis de l’intérieur » freinant le développement économique du pays, ces populations sont, depuis 2019, victimes d’une « politique génocidaire, ethnocidaire, antiécologique et anti-indigène » selon la Coalition solidarité Brésil. 

Depuis 2019, le Cimi a dénombré 519 invasions illégales (+ 141 % depuis 2018) et une explosion des incendies perpétrés par les éleveurs et bûcherons de l’agrobusiness. 430 autochtones ont été assassinés entre 2018 et 2021, dont beaucoup par des agents de l’agrobusiness ou des orpailleurs violant leurs terres.  Plusieurs projets de loi mettent en danger l’intégrité de leurs terres . 

Toutefois, les populations autochtones continuent de lutter. Lors des élections municipales de 2020, 2 212 d’entre elles se sont portées candidats (+ 27 % par rapport à 2016).  

Face à la politique mortifère de l’actuel président et aux preuves accablantes d’« extermination préméditée », l’Apib (l’Articulation des peuples indigènes du Brésil) a demandé au Tribunal pénal international d’ouvrir une enquête pour « génocide » à l’encontre de Jair Bolsonaro. 

Nous croyons qu’ont lieu au Brésil des actes qui se configurent comme des crimes contre l’humanité, comme un génocide et comme un écocide.
Étant donné l’incapacité du système judiciaire brésilien à enquêter, à intenter un procès et à juger de ces conduites, nous dénonçons ces actes à la communauté internationale, en mobilisant le Tribunal Pénal International.

Eloy Terena, coordinateur juridique de l’APIB dans le communiqué destiné au TPI

Les droits des femmes en recul 

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Pendant les quatre années de la présidence Bolsonaro, les droits des femmes et les politiques publiques qui leur sont dédiées ont subi de graves reculs. Les discours misogynes du président et de ses alliés alimentent une vision de la femme vue comme un « objet à dominer ».

21 millions de femmes

ont été victimes de violences physiques, sexuelles, psychologiques ou d’agressions en 2021

Soit une femme sur 4

Le Covid 19 a aggravé la situation, car les femmes ont cohabité plus de temps avec leur agresseur. Elles ont souffert d’un plus grand isolement et ont eu moins d’accès à des réseaux de soutien. Autre effet de la pandémie, la surcharge domestique et une précarisation des conditions de vie, qui vont souvent de pair avec la violence. 

Comment a été réalisé le baromètre des droits humains?

Aucune des données recueillies pour ce baromètre n’a été produite par les organisations membres de la Coalition solidarité Brésil. Ce sont les organisations de la société civile brésilienne qui, sur le terrain, ont travaillé pour récolter ces données et les analyser, avec grande rigueur. Souvent au péril de leur vie et en porte-à-faux vis-à-vis d’un gouvernement qui a redoublé d’efforts au long de son mandat pour fragiliser la production de ces données. Nous rendons ici hommage aux personnes assassinées dans le cadre de leur travail, telles que l’anthropologue brésilien Bruno Perreira, et le journaliste britannique Dominic Phillips, assassiné en juin 2022 dans le nord-est de l’Amazonie. 

Retour de mission : les femmes et le climat au cœur de la saison 3

septembre 6th, 2022 by

Vous l’attendiez avec impatience, voici la saison 3 de notre série de mini-podcasts “Retour de mission”. Prenez votre café, installez-vous confortablement, et partagez un moment fort vécu par les chargés de mission à Madagascar, en Indonésie, en Amazonie et en Inde.

Madagascar : une pluie providentielle

Avec Adèle Duvert, chargée de partenariat Afrique australe, imaginez-vous assis quelques instants par terre avec des femmes de Madagascar. Même quand la pluie se mettra à tomber, vous resterez à écouter comment les femmes font face à la perte de leur récolte ou de leur habitation suite à plusieurs cyclones. Notre partenaire FARM (Femmes en action rurale de Madagascar) les aide à se former à l’agroécologie et leur fournit des semences pour repartir.

Indonésie : Java se noie

Avec Marion Poirot, chargée de partenariat pour l’Indonésie, nous découvrons sur l’ile de Java des villages confrontées à la montée des eaux à cause du réchauffement climatique. Nos partenaires y aménagent des réseaux de pontons pour permettre de circuler au-dessus de l’eau. Et surtout ils aident la communauté villageoise à s’auto-organiser vis à vis des autorités locales pour faire évoluer de gros projets d’investissements négatifs pour l’environnement.

Amérique du Sud : guérir la nature

Nicolas Gravier, responsable de service Amérique latine – Caraïbes a passé trois semaines dans plusieurs pays d’Amérique du Sud. Il a retrouvé en Amazonie Bolivienne notre partenaire CIPCA (Centre de recherche et de promotion de la paysannerie), dont nous soutenons les projets depuis les années 70. En Équateur, il est bluffé par une association qui développe des « cliniques environnementales » pour soigner des environnements pollués.

Inde : les oiseaux libres

Laura Bégu, chargée de mission Asie du Sud était dans l’état du Bihar, au nord-est de l’Inde, où des femmes discriminées se sont alliées. À la croisée de diverses oppressions (genre, religion, classe ou caste), ces femmes sont la cible de violences et discriminations. Elles ont notamment créé la Eva Foundation pour travailler sur l’accès aux droits et à la justice et un réseau d’avocats.

Réalisation : Sidonie Hadoux
Crédit photo : William Dupuy

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