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Inflation : quand les spéculateurs profitent de la crise alimentaire 

juin 15th, 2023 by

À l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation, le CCFD-Terre Solidaire et Foodwatch mettent en lumière l’impact dévastateur de l’inflation des prix alimentaires sur la sécurité alimentaire mondiale. Cette situation, exacerbée par les pratiques spéculatives sur les marchés des matières premières agricoles, aggrave la précarité alimentaire, touchant de plein fouet les ménages les plus modestes et les pays en développement, déjà en proie à la malnutrition et à la sous-alimentation.

La spéculation alimentaire : une pratique qui tire les prix vers le haut

Une analyse approfondie des rapports hebdomadaires de la Bourse de Paris (Euronext) et d’autres publications récentes révèle une tendance alarmante : les spéculateurs, profitant de la volatilité des marchés, parient sur les prix des denrées alimentaires, entraînant une hausse significative des coûts pour les consommateurs. Cette inflation, particulièrement notable suite à la flambée des cours des céréales en 2022, est un facteur aggravant de la crise alimentaire mondiale.

Une crise alimentaire exacerbée par la spéculation

Pierre Duclos, expert des marchés financiers, souligne que la spéculation n’est pas seulement le résultat de crises sanitaires ou géopolitiques, mais aussi d’une dérégulation progressive des marchés financiers. Cette situation offre un terrain fertile à la financiarisation de l’alimentation, avec des conséquences directes sur la sécurité alimentaire et la lutte contre la faim.

Les chiffres parlent : l’impact de la spéculation

Les données révèlent que les acteurs financiers dominent désormais les échanges sur les marchés des céréales, avec des profits astronomiques, tandis que les populations vulnérables souffrent d’insécurité alimentaire grave. Lorine Azoulai, chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire au CCFD-Terre Solidaire, met en évidence l’augmentation des prix alimentaires, estimée entre 15 et 20%, qui prive de nombreuses personnes d’un accès à une alimentation saine et abordable.

80 %

Part des achats purement spéculatifs sur le marché du blé durant la première semaine de juin 2022

70 %

Part des achats sur le marché du blé réalisés par des acteurs financiers sur la même période

Mobilisation pour une réforme ambitieuse

Face à cette situation inacceptable, le CCFD-Terre Solidaire et Foodwatch appellent à une régulation stricte de l’activité spéculative, à travers la mise en place de limites de positions plus strictes, l’exclusion des spéculateurs abusifs des marchés, et une transparence accrue des opérations. Ces mesures visent à réduire l’impact de la spéculation sur les prix alimentaires et à promouvoir une sécurité alimentaire durable pour tous.

Vers des solutions concrètes

Pour contrer les effets néfastes de la spéculation et améliorer la sécurité alimentaire mondiale, il est impératif de renforcer la régulation des marchés financiers, d’augmenter la transparence et de soutenir les initiatives visant à garantir l’accès à une alimentation suffisante et nutritive pour les populations les plus vulnérables. La France et les autres États membres européens jouent un rôle clé dans la promotion de ces réformes essentielles, pour combattre efficacement la faim et la malnutrition dans le monde.

2.4 M

de personnes ont eu recours à l’aide alimentaire en France, en 2022

+ 65 M

de personnes touchées par l’insécurité alimentaire aigüe dans le monde en 1 an

L’impact global de la crise alimentaire

La crise alimentaire ne se limite pas à une question de disponibilité alimentaire, elle englobe également des problématiques de malnutrition, de sous-nutrition, et d’obésité, particulièrement dans les pays riches où l’accès à une alimentation de qualité est inégal. Les crises alimentaires, exacerbées par des sécheresses récurrentes et le changement climatique, mettent en péril la production agricole et les moyens de subsistance des communautés rurales, notamment en Afrique subsaharienne et en Amérique Latine.

La sécurité alimentaire, un enjeu mondial

La sécurité alimentaire mondiale est menacée par une variété de facteurs, incluant les conflits armés, l’accaparement des terres, et l’insuffisance des politiques agricoles adaptées. La lutte contre la faim nécessite une approche globale qui prend en compte la résilience des systèmes alimentaires, l’accès à l’eau potable, et le développement agricole durable.

Actions et initiatives contre la crise alimentaire

Des organisations internationales telles que la FAO où encore le Programme Alimentaire Mondial (PAM) œuvrent sans relâche pour éradiquer la faim et promouvoir la sécurité alimentaire et nutritionnelle à travers le monde. Leur action, combinée à celle d’ONG comme le CCFD-Terre Solidaire, est cruciale pour soutenir les populations affectées par la crise alimentaire et pour développer des solutions durables.

Conclusion

La crise alimentaire est un défi complexe qui requiert une action coordonnée et des solutions innovantes pour garantir à chaque individu le droit à une alimentation suffisante et nutritive. En luttant contre la spéculation alimentaire et en promouvant des politiques de sécurité alimentaire efficaces, nous pouvons faire un pas significatif vers l’éradication de la faim dans le monde.

Pour en savoir plus sur les actions du CCFD-Terre Solidaire, découvrez notre article pour lutter contre la spéculation alimentaire et promouvoir la souveraineté alimentaire.

En savoir plus :

Consulter l’article de Reporterre – Manger coûte cher à cause des spéculateurs

Lire la note sur la spéculation alimentaire et l’étude du marché du blé

Dix ans de mobilisation autour de la spéculation alimentaire #JEUDIPHOTO

juin 15th, 2023 by

Les spéculateurs privés nourrissent l’inflation en spéculant sur la valeur de notre alimentation pour se “faire du blé“, alors que 9,8 % de la population mondiale souffre de la faim. Une pratique inacceptable que dénonce le CCFD-Terre Solidaire depuis plus de dix ans.

© François Larsonneur, octobre 2009, l’Opéra Garnier, Paris

Nous sommes en octobre 2009. En cette journée ensoleillée, l’Opéra Garnier n’est pas sous les projecteurs des prouesses des ballerines de Casse-Noisette ou des voix mezzo-soprano de Carmen. C’est un tout autre spectacle, bien plus funeste et malheureusement bien trop réel, qui se joue sur les marches du monument parisien : “La faim n’est pas une fatalité, c’est un scandale“. Passant.e.s et touristes se laissent surprendre par une marée de personnes, toutes vêtues en noir, qui jonchent le bitume comme-ci elles étaient mortes.

Mortes, mais de quoi ? De faim à en croire les assiettes vides qu’elles tiennent dans leurs mains. Salarié.e.s et militant.e.s du CCFD-Terre Solidaire se sont improvisé.e.s acteurs et actrices de cette représentation pour dénoncer le jeu des “spéculateurs de la faim“ qui s’enrichissent au prix de millions de victimes.

En octobre 2022, salarié.e.s et militant.e.s du CCFD-Terre Solidaire ont rejoué les morts de la faim devant le Palais de la Bourse à Paris. Depuis la guerre en Ukraine, les acteurs financiers profitent de l’instabilité des marchés pour se “faire du blé“ en spéculant de manière excessive sur le prix des matières premières agricoles et alimentaires. En bout de ligne, leurs actions affectent la capacité de nombreux ménages et des pays pauvres et dépendants des importations à se nourrir face à la flambée des prix. À plus de dix ans d’intervalle, ces deux représentations témoignent de l’inaction des acteurs politiques et économiques à lutter contre les dérives d’une pratique scandaleuse qui perdure et qui alimente la faim dans le monde.

Au CCFD-Terre Solidaire, nous nous mobilisons, encore et toujours, pour dénoncer les dérives de la spéculation alimentaire, exiger plus de régulation et garantir le droit à l’alimentation des populations. En consortium avec FoodWatch, nous publions une nouvelle analyse alarmante, “Inflation : quand les spéculateurs profitent de la crise alimentaire“.

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Ramy Cham, chargé de collecte territoriale

juin 9th, 2023 by

Ramy est Chargé de collecte territoriale.

Il nous explique ses missions au quotidien, son engagement et son rôle au sein du CCFD-Terre Solidaire.

Au sein de la Direction des Dons et des Générosités, Ramy accompagne les bénévoles, partout en France, dans l’élaboration et la mise en place d’outils innovants de collecte territoriale. L’enjeu : lever des fonds pour financer nos actions, tout en sensibilisant les publics à nos combats.

“J’ai choisi de travailler au CCFD-Terre Solidaire pour ses actions de soutien à des projets de développement qui met en avant la notion de partenariat”.

Tchad : vers une réconciliation interculturelle et interreligieuse ?

juin 9th, 2023 by

Bruno Angsthelm, chargée de mission Afrique au CCFD-Terre Solidaire,  Fortunat ALATARA, président du Groupe de Recherche et d’Animation du Vivre Ensemble (GRAVE) et le Professeur Jean-Luc Piermay, bénévole au CCFD-Terre Solidaire, reviennent sur les solutions pour faire face aux tensions interculturelles et interreligieuses au Tchad.

Le Tchad, un pays en quête de développement

Le Tchad figure parmi les pays les plus corrompus de la planète et connaît des tensions constantes. Depuis son indépendance en 1960, le pays a connu trois guerres civiles. Aujourd’hui, même si le territoire traverse une période relativement stable, les conflits intercommunautaires demeurent tout de même récurrents. Le 5 mai dernier, l’assassinat d’un éleveur dans le sud du pays a entraîné une vague de violence faisant plusieurs dizaines de victimes dans les villages alentour. Dans la société où l’agriculture et l’élevage constituent 80% de l’emploi, les affrontements opposent généralement éleveurs nomades arabes et cultivateurs autochtones sédentaires, qui accusent les premiers de ravager leurs champs.

C’est un pays qui a des richesses mais malheureusement pas au service des communautés

Bruno Angsthelm, chargée de mission Afrique au CCFD-Terre Solidaire

Pourtant producteur de pétrole depuis plus de 15 ans, le Tchad est le deuxième pays le moins développé au monde selon le rapport annuel du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) de 2021. Un groupe restreint de clans et tribus qui gouvernent historiquement le pays depuis sa création. “C’est un pays qui a des richesses mais malheureusement pas au service des communautés” affirme Bruno Angsthelm. En effet, la gouvernance est caractérisée par de grandes inégalités dûes au manque de redistribution des richesses et un manque de volonté des élites de développer le pays. S’ajoute au contexte interne déjà sensible une fragilisation des Etats de la région par des crises en Libye, au Soudan et en Centrafrique.

L’association GRAVE : promotrice du dialogue interreligieux et interculturel

Malgré des efforts pour encourager le rapprochement intercommunautaire dans les années 2000, impossible de toucher les sphères religieuses. En réalité, les violences ne s’expriment pas uniquement par des violences armés ou politiques mais à chaque fois qu’une problématique telle que le changement climatique surgit. L’association GRAVE a donc fait le choix de promouvoir tout particulièrement le dialogue interreligieux et interculturel dans le but de construire une société pacifique pour favoriser le développement tchadien. Elle s’intéresse aux questions relatives à la paix, la citoyenneté, du vivre ensemble et de la cohabitation pacifique.

Pour aller plus loin :

Journée mondiale des océans : sauvons la Baie de Manille #jeudiphoto

juin 8th, 2023 by

Aux Philippines, l’urbanisation effrénée de la Baie de Manille menace celles et ceux qui vivent de la mer. Les communautés de pêcheurs élèvent leur voix pour protéger leur environnement, leur mode de vie et leurs moyens de subsistance.

Mars 2023, Baie de Manille © Pangisda

Nous sommes aux Philippines, dans la Baie de Manille. En cette journée du mois de mars, plus d’une centaine de pêcheurs des localités du Grand Manille – unes des mégalopoles les plus densément peuplées au monde – se sont réunis. Les couleurs vives de leurs bateaux de pêche traditionnels se reflètent dans la mer bleue, calme et ensoleillée. Mais, derrière ce tableau coloré, se cache une réalité bien plus sombre.

L’exploitation des fonds marins menace les habitants de la côte ! Stop à la poldérisation de la Baie de Manille !“ – “Quand les pêcheurs seront partis, plus rien ne sera servi sur la table ! “ – “Défendons les moyens de subsistance des pêcheurs !“

Pancartes en mains, les pêcheurs élèvent leur voix pour protester contre la bétonisation du littoral et l’exploitation intensive des fonds marins qui détruisent leur environnement maritime et nourricier.

La modernisation menace les populations locales

Ces dernières années, les mégaprojets se multiplient dans la Baie au rythme d’une cadence incontrôlée et écocide. Le long du littoral, la création d’îles artificielles et d’infrastructures toujours plus luxueuses et imposantes — telles que des casinos, des hôtels de luxe, des centres commerciaux ou encore des stades — écrasent petit à petit les baraques des pêcheurs locaux ; entraînent la diminution des ressources     halieutiques ; et polluent les eaux et les écosystèmes indispensables comme les mangroves. Désormais, plus de 90 % de la Baie de Manille est le théâtre de constructions colossales.

Malgré les menaces connues et réelles pour l’environnement et les populations du littoral, le gouvernement poursuit son ambition de transformer le Grand Manille en une mégalopole économiquement puissante et attractive pour les touristes et les capitaux étrangers.

Les pêcheurs s’engagent pour protéger les côtes

Notre partenaire, l’Alliance progressiste des pêcheurs artisans (Pangisda), est en première ligne pour soutenir les communautés locales affectées. En 2019, il lance la coalition “Sauvons la Baie de Manille “ qui réunit des communautés de pêcheurs, des scientifiques et des organisations de la société civile.

Les “défenseurs de la Baie de Manille“ initient des actions pour reboiser les mangroves et mènent des actions de sensibilisation et de plaidoyer pour protéger les ressources côtières et les populations qui en dépendent.

Burundi : lutter contre l’érosion des sols grâce à l’agroécologie #jeudiphoto

juin 1st, 2023 by

Grâce à l’agroécologie, les populations du Lac Nagitamo au Burundi ont réussi à s’adapter aux impacts du dérèglement climatique et à accroître leur production alimentaire.

Juillet 2017 © Patrick Piro

Un défi de taille face à l’érosion des sols

Nous sommes au bord du Lac Nagitamo, dans le nord du Burundi. Avec fierté et à la force de leurs bras, des villageois de la colline Kigoma puisent l’eau nécessaire pour les besoins domestiques de leur village et abreuver le bétail. Les collines verdoyantes à perte de vue contrastent avec leurs bidons jaune vif et leurs vélos recouverts par la terre ocre. Si les populations peuvent à nouveau se nourrir et s’approvisionner en une eau saine et de qualité, c’est grâce à une mobilisation collective et à l’instauration de pratiques agroécologiques pour lutter contre l’érosion des sols.

Il y a encore quelques années, les pluies dans la région — devenues irrégulières, imprévisibles et violentes à cause du dérèglement climatique — provoquaient des torrents qui balayaient les collines fragiles et les plantations jusqu’au lac. À chaque intempérie, le lac Nagitamo dont dépendent les habitants des collines devenait alors trouble et pollué par les sédiments. Les poissons ont commencé petit à petit à disparaître, fuyant vers des cours d’eau plus clairs.

Les défis de l’érosion et du ruissellement

Une pêche devenue hasardeuse, des semailles balayées, une ressource en eau polluée : dans les cases, on ne mangeait parfois plus qu’un seul repas par jour. En 2016, face à l’insécurité alimentaire qui gagne du terrain, le CCFD-Terre Solidaire se mobilise avec son partenaire régional INADES-Formation. Ils accompagnent et forment les populations aux pratiques agroécologiques pour les aider à s’adapter aux bouleversements climatiques. Les habitants et habitantes plantent des ceintures d’arbustes en courbes de niveau pour fixer et nourrir les sols. Ils creusent des fossés pour évacuer l’eau de pluie. Puis, ils bouturent tout autour du lac, des umureras : une variété de plantes qui permet de protéger et de solidifier les berges grâce à ses épines.

En l’espace d’une année, les habitants et habitantes ont aménagé plus de 200 km en courbes de niveau. Les résultats sont spectaculaires ! Grâce à des méthodes simples et respectueuses de l’environnement, l’érosion hydrique a été contenue, les plantations protégées et le lac assaini. Les rendements agricoles ont accru de 60% et le lac foisonne à nouveau de poissons.

Techniques agroécologiques pour réduire l’érosion

L’implantation de haies et de bandes enherbées ont joué un rôle crucial dans la lutte contre l’érosion des sols. Ces techniques permettent de réduire le ruissellement et de favoriser l’infiltration de l’eau, limitant ainsi l’érosion des pentes et des versants. De plus, l’utilisation de matière organique et de résidus de culture améliore la structure du sol et accroît sa fertilité. Les parcelles agricoles, autrefois vulnérables à l’érosion en nappe et aux ravinements, sont désormais plus stables grâce aux techniques d’agriculture de conservation. Les sols sont également protégés contre l’érosion éolienne, qui peut être dévastatrice dans les régions arides. L’aménagement de fosses et de talus permet de contrôler l’écoulement des eaux de ruissellement, minimisant ainsi le risque d’inondations et de coulées de boue.

La gestion des bassins versants est également essentielle pour prévenir l’érosion. En renforçant les berges et en améliorant la couverture végétale, les communautés locales peuvent mieux gérer les débits des cours d’eau et éviter l’envasement des plans d’eau. Les communautés paysannes utilisent des techniques culturales adaptées, telles que le semis direct et le déchaumage, pour maintenir la couche arable et prévenir la dégradation du sol. Le recours à des cultures de couverture et à la rotation des cultures permet de maintenir une surface végétale continue, réduisant ainsi les risques d’érosion. Par ailleurs, l’usage de barrages et de digues favorise la rétention des eaux, limitant leur écoulement rapide et donc les risques d’érosion.

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MAURITANIE : FAIRE POUSSER DES LÉGUMES SUR DU SABLE #JEUDIPHOTO

mai 25th, 2023 by

En Mauritanie, nos partenaires locaux encouragent le développement d’exploitations agroécologiques pour permettre aux populations de se nourrir. C’est le cas d’Awa et Awa, deux agricultrices qui ont relevé le défi d’une agriculture prospère dans un pays marqué par la sécheresse et la pauvreté.

Awa et Awa, Mauritanie. © Roberta Valerio

Nous sommes en Mauritanie dans la banlieue de Nouakchott, au cœur d’un paysage sableux et pourtant étonnamment verdoyant. Deux femmes vêtues de boubous colorés se tiennent avec fierté au milieu de leurs plantations. Elles regardent chacune d’un bout à l’autre de l’horizon, en tenant dans leurs mains des légumes fraîchement récoltés.

En 2015, Awa et Awa — deux cousines inséparables — décident de se lancer dans l’agriculture pour nourrir leurs familles. Avec le soutien de notre partenaire local, le GRDR, elles se forment à l’agroécologie et acquièrent un terrain. Grâce à ce modèle, elles relèvent le défi d’une agriculture prospère au milieu d’un terrain désertique. “Chez elles, tout était vert. Avec leur couleur, leur bienveillance et leur sourire en plus, ça rendait le lieu encore plus joyeux“, témoigne la photographe Roberta Valerio.

Aujourd’hui, Awa et Awa ont été rejointes par d’autres agricultrices qui se sont installées à côté de leur parcelle. L’agroécologie permet aux femmes de nourrir leurs familles malgré le manque d’eau et de générer des petites économies en vendant les surplus sur les marchés.

L’agroécologie pour lutter contre l’insécurité alimentaire

En Mauritanie, qui a l’habitude d’importer la majorité de ses denrées alimentaires, l’agriculture locale demeure un enjeu de développement pour aider les populations à se nourrir face à la flambée des prix. En 2021, plus de 20% de la population étaient en situation d’insécurité alimentaire. Et cette année encore, le retour de la sécheresse inquiète ! Le 18 mai dernier, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a déclaré que plus de 470 000 personnes en Mauritanie pourraient être menacées d’insécurité alimentaire si la saison des pluies enregistrait un retard.

À travers tout le pays, nos partenaires, le GRDR et le CDD, soutiennent des initiatives en agroécologie pour permettre à la population de s’adapter aux conditions climatiques difficiles et de tendre vers l’autosuffisance. “C’est très étonnant, parce que lorsqu’on sillonne le pays, on voit des régions très désertiques et tout d’un coup, on arrive dans ces exploitations qui sont très vertes“, raconte Roberta Valerio qui est allée à la rencontre des bénéficiaires.

Pour aller plus loin :

Birmanie : l’aide humanitaire à l’épreuve de la junte militaire #JeudiPhoto

mai 11th, 2023 by

Deux ans après le coup d’État en Birmanie, le nombre de personnes déplacées et en besoin d’assistance humanitaire explose. Notre partenaire local SEM se mobilise pour aider les populations dans le besoin, malgré les entraves et la menace de la junte au pouvoir.

Frontière birmano-thaïlandaise, janvier 2022 © Matichai Teawna

Nous sommes sur le bord de la rivière Moei, à la frontière birmano-thaïlandaise. Une végétation verdoyante se reflète dans l’eau qui ondule calmement sous la lumière douce et chaude du mois de janvier. Ce cadre idyllique et paisible n’est pourtant que l’envers du décor d’une réalité bien plus violente. Sur la rive birmane, dissimulé au milieu des pampas, se tient un camp de fortune où affluent les nombreuses personnes birmanes fuyant la guerre civile et la “politique de la terreur“ menée par la junte militaire. De l’eau jusqu’aux hanches, une dizaine de personnes traversent la rivière, traînant avec elles un grand panier étanche. Sur la rive thaïlandaise, des provisions de nourriture et des biens de première nécessité les attendent, apportés par notre partenaire régional SEM pour leur venir en aide.

Une population réprimée et affamée

En 2021, la junte militaire a repris le pouvoir en Birmanie, en niant le résultat des élections de 2020, remportées par le parti démocrate. Les civils, qui se sont opposés au coup d’État, sont les premières victimes de la répression mise en œuvre par l’armée. Les militaires multiplient les actes de barbarie, qualifiés de “crime international“ par l’ONU, à leur encontre. Dernièrement, le 11 avril dernier dans la région de Sagaing, 50 personnes, dont des enfants, ont été massacrées dans un bombardement. Cet événement d’une atrocité inouïe, n’est malheureusement qu’un exemple parmi tant d’autres.

Au déferlement de violence étendu à tout le pays, s’ajoute une grave crise économique et alimentaire qui ne cesse de s’accroître. À l’heure où plus d’1/3 de la population aurait besoin d’assistance, cette photo prise par le photojournaliste birman Matichai Teawna, témoigne de la mobilisation indispensable et courageuse d’associations locales, dans un contexte où l’acheminement de l’aide humanitaire est entravé, contrôlé et instrumentalisé par la junte.

Alors que le pays s’effondre et plonge toujours plus dans la violence, ce sont les organisations locales qui prennent soin des populations opprimées dans le sang. Elles jouent un primordial dans le pays, en termes d’éducation, de santé, d’action humanitaire, de résilience. Il est nécessaire de continuer à les soutenir.

Marion Tertre, chargée de mission

Pour aller plus loin :

Le Pérou ne sera plus jamais comme avant

mai 9th, 2023 by

Les manifestations qui ont secoué le Pérou entre décembre et février sont le signe d’une crise profonde et des inégalités qui divisent le pays. Carlos Augusto Herz Saénz, directeur du centre péruvien Bartolomé de las Casas soutenu par le CCFD-Terre Solidaire, nous raconte. 

60 morts

lors des manifestations

1000 blessés

de décembre à février

Quelle est la situation actuelle au Pérou ? 

Carlos Herz : Des soulèvements populaires s’organisent au Pérou depuis l’arrestation du président Pedro Castillo en décembre 2022. La répression a été extrêmement violente et sans précédent : plus de 60 morts dont  la plupart par balles de la police, plus de 1000 blessés, la plupart en état grave.

C’est la partie andine du pays, au Sud, qui est le centre de ces revendications. Des paysans se sont déplacés jusqu’à Lima pour manifester. Des réseaux de solidarité ont été mis en place pour les soutenir. Par exemple, ils ont été accueillis à l’Université de San Marco ou dans certaines églises. 

Le mouvement se nourrit du besoin de reconnaissance des petits agriculteurs indigènes des hautes terres

Comment expliquer la chute du président Castillo ? 

Il faut d’abord revenir sur son élection, il y a dix-huit mois. Pedro Castillo a été élu, au sud du pays, parce qu’il représentait le peuple indigène. Au nord, les électeurs ont surtout voté contre son adversaire, la fille de l’ancien président Fujimori. Castillo était pour eux un moindre mal. 

Une fois élu, le Parlement, à majorité de droite, l’a traité d’imbécile et n’a jamais vraiment reconnu son élection. Pedro Castillo a montré également son inexpérience de la chose publique. 80 ministres se sont succédé en 18 mois ! Mais il est certain que le Parlement n’a jamais eu la volonté de le laisser gouverner en paix. 

Pourquoi la nouvelle présidente n’arrive-t-elle pas à rétablir le calme ? 

Une fois que sa tentative de dissolution du Parlement a échoué, Pedro Castillo a été remplacé par sa vice-présidente, Dina Boluarte, une avocate quechua du même parti Pérou libre, d’obédience marxiste-léniniste.

Mais, elle montre, par son manque d’empathie envers le mouvement, qu’elle a choisi de s’allier avec le pouvoir du Parlement plutôt qu’avec le peuple.  

Ce mouvement est-il la preuve d’une fracture régionale dans le pays ? 

Lorsque des journalistes l’ont interrogé sur les manifestations dans la région andine du Puno, cœur culturel du Pérou, la nouvelle présidente a répondu « Puno n’est pas le Pérou ». Elle voulait ainsi relativiser ce mouvement. Elle a été obligée de s’excuser devant le tollé dans la région,  qui s’était sentie rejetée.  

Il est certain que le mouvement, dans le sud, se nourrit du besoin de reconnaissance des petits agriculteurs indigènes des hautes terres. Le sud représente le Pérou historique, un tiers au moins du pays. Il a le sentiment de ne jamais avoir été reconnu par Lima, la capitale, métis et européenne. 

Et le nord du pays, comment vit-il la crise ? 

La région au nord de Lima est moins perturbée par les blocages et les soulèvements. C’est là que se concentrent les productions pour l’exportation: l’avocat, les asperges, la canne à sucre, les pêcheries industrielles, l’or et le cuivre.  

Depuis la présidence Fujimori, dans les années 1990, la tradition syndicale est morte. Le tissu social a été rompu et les entreprises font appel à des sous-traitants, corvéables à merci, et qui ne peuvent pas faire grève. Le mot d’ordre de Fujimori était : « Faites ce que vous voulez, le gouvernement ne fera rien pour vous ! ». Ce président, aujourd’hui en prison, a affaibli la politique. 

Notre droite est la plus conservatrice d’Amérique latine

Quelle peut être l’issue à cette crise ? 

Il me paraît difficile que la présidente actuelle se maintienne. Elle ne veut pas comprendre que le pays est paralysé. L’Eglise luthérienne du Pérou a publié une déclaration où elle demande que la présidente quitte le pouvoir. 

Le risque est qu’une sorte de Caudillo surgisse de cette crise pour prendre le pouvoir. Au Pérou, nous n’avons pas une tradition démocratique, comme chez nos voisins. Nous avons été l’ultime colonie du continent à se séparer de l’Espagne. Notre droite est la plus conservatrice d’Amérique Latine.  Mais, une chose est certaine : après cette crise, le Pérou ne sera plus jamais comme avant.  

Quel est le rôle du centre Bartolomé de las Casas que vous dirigez ? 

Le centre Bartholomé de la Casas, soutenu par le CCFD-Terre Solidaire, comprend 70 salariés. Il a été fondé il y a cinquante ans par les Dominicains pour écouter, comprendre et porter la voix des peuples andins. Depuis Cuzco, notre rôle est de soutenir l’organisation de ces peuples pour de meilleures conditions de vie et une reconnaissance culturelle.

Nous menons ainsi des projets agroécologiques avec les communautés andines. Nous soutenons et formons les communautés de base, notamment sur le plan juridique. Nous sommes un partenaire historique du CCFD-Terre Solidaire. 

Cette explosion sociale, bien humblement, je dois reconnaître que nous ne l’avions pas vu arriver. Aujourd’hui, nous accompagnions le processus – en proposant, par exemple des hébergements aux leaders paysans -.  Des diocèses appuient notre action. L’Eglise s’est posée en médiatrice du conflit. Le nonce apostolique a eu des phrases fortes « le manque d’écoute est une violence » a-t-il martelé. 

Propos recueillis par Pierre Cochez

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Expulsion : les résidents des foyers de travailleurs migrants unissent leurs voix #JeudiPhoto

mai 4th, 2023 by

Dans le foyer de travailleurs migrants de Boulogne-Billancourt, plus de 118 résidents sont menacés d’expulsion. Avec le soutien de notre partenaire, le COPAF, ils unissent leurs voix pour défendre leurs droits et protester contre la dégradation de leurs conditions de vie.

17 novembre 2017 © Jacqueline, militante et membre du COPAF

17 novembre 2017, 12e arrondissement de Paris. Devant le siège du gestionnaire COALLIA, les résidents du Foyer de Travailleurs Migrants (FTM) de Boulogne-Billancourt protestent contre l’insalubrité et les conditions désastreuses de leurs hébergements. Au centre, vêtu d’un manteau beige, Bakary Cissokho, le Président du Comité des Résidents, scande leurs revendications au mégaphone. Celui-ci, porte l’insigne du COPAF (Collectif pour l’Avenir des Foyers), une association partenaire du CCFD-Terre Solidaire mobilisée depuis plus de 20 ans aux côtés des résidents pour défendre leurs droits et les aider à porter leurs voix. Les FTM ont vu le jour en France dans les années 1960 pour abriter une population de travailleurs-étrangers venus renforcer la main-d’œuvre. Les conditions de vie n’ont cessé de s’y dégrader tandis que les prix des loyers n’ont cessé d’augmenter.

En juillet 2016, suite à la fermeture des cuisines collectives, les résidents du foyer de Boulogne cessent de payer leurs redevances pour protester. Le maintien de ces espaces collectifs est vital pour ces résidents qui vivent bien souvent dans des chambres dégradées d’à peine 9m2. En décembre, ils sont victimes d’un incendie criminel qui a causé la mort d’un résident. L’auteur des faits n’a toujours pas été identifié. En 2018, COLLIA cède pour 1€ symbolique les locaux et sa dette au gérant ADOMA. Face à l’engagement de ce dernier d’engager des travaux, les résidents mettent fin à leur grève avec l’espoir de voir des améliorations. 

Cinq ans plus tard, les promesses n’ont pas été tenues. Outre l’absence de rénovations, ADOMA a assigné en justice 118 résidents pour exiger le remboursement de la dette générée par la grève de 2016-2017. Ils sont désormais menacés d’expulsion suite à la décision de justice rendue en mai 2022. Avec le soutien du COPAF, les résidents ont fait appel et continueront d’élever leurs voix tant que la menace d’expulsion et le poids la dette ne seront pas abrogées. Un appel aux dons a été lancé pour soutenir leurs frais judiciaires qui s’élèveraient à plus de 70 000 euros. Le CCFD-Terre Solidaire se mobilise à leurs côtés pour défendre leurs droits face à une injustice sans nom.

Pour aller plus loin :

Plaidoyer local : interpeller ses élus pour construire un monde plus juste

avril 27th, 2023 by

Avec ses actions de plaidoyer local, le CCFD-Terre Solidaire cherche à faire bouger les lignes, changer les règles pour un monde plus juste. Partout en France les bénévoles interpellent les élus autour des questions liées à la souveraineté alimentaire, la justice économique, les migrations, la paix & le vivre ensemble et la justice climatique.

Ces enjeux de solidarité internationale peuvent être défendus de multiples manières. S’il est nécessaire de sensibiliser le grand public, de soutenir les initiatives d’associations dans les pays du Sud (partenaires), certaines choses ne changeront véritablement là-bas que si nous faisons pression sur les décideurs ici pour obtenir des changements structurels.

En effet, beaucoup de lois, politiques et activités économiques décidées au Nord ont un impact sur les pays du Sud. Ainsi par exemple, nous luttons contre l’impunité des multinationales qui portent atteinte à l’environnement et aux droits humains, en réclamant la mise en place d’un devoir de vigilance. Nous avons déjà obtenu une loi française sur le devoir de vigilance et nous nous battons pour qu’elle soit adoptée au niveau européen.

Nous luttons également pour renforcer les législations françaises et internationales, qui actuellement ne permettent pas d’endiguer les phénomènes d’accaparement des terres, de hausse des prix alimentaires, ni de permettre un accueil digne des personnes migrantes.

C’est la raison pour laquelle les bénévoles s’engagent sur des missions dites de « plaidoyer local » (ou lobbying citoyen). Leur objectif : porter la voix de nos partenaires, partager nos analyses et défendre nos propositions auprès des élu·e·s de leurs territoires (député·e·s, maires…).

RDV de plaidoyer mené par deux bénévoles (exercice)

« Pour moi, les citoyens sont légitimes à interpeller les responsables politiques qui les représentent ! Bien sûr, cela suppose de se former un minimum et une association comme le CCFD-Terre Solidaire permet cela. À la fois en proposant aux bénévoles des analyses mais aussi en encourageant au sein des groupes locaux l’autoformation sur les enjeux de plaidoyer. »

Clément, référent plaidoyer local à Lyon

Concrètement, ils et elles travaillent en équipes réparties partout en France. Au siège, la Chargée de plaidoyer local les accompagne : webinaires, formations, elle leur transmet surtout des informations et propositions d’action afin qu’ils et elles soient en mesure d’alerter leurs élus. Cette interpellation peut passer par l’envoi de mails, courriers, tweets mais aussi de demandes de rendez-vous.

Formation au plaidoyer local : les bénévoles reconstituent « la fabrique de la loi »

Engagée de longue date au CCFD-Terre Solidaire, c’est vraiment le plaidoyer qui m’a permis de trouver ma place dans l’Association. Je me suis beaucoup investie pendant la dernière campagne Élections avec le groupe de plaidoyer local. Deux députés que nous avions rencontrés ont été élus, dont un dans ma circonscription. Je n’hésiterai pas à aller leur rappeler leurs engagements tout au long de leur mandat !

Françoise, référente plaidoyer local à Bordeaux

Si vous aussi vous souhaitez impulser ou changer les lois, cette mission est faite pour vous :

Inscrivez-vous à la prochaine visio de présentation du plaidoyer local qui aura lieu le 4 mai prochain.

Remplissez ce formulaire pour être mis en contact avec l’équipe la plus proche de chez vous.

Besoin de plus d’infos ? plaidoyerlocal@ccfd-terresolidaire.org.

Découvrez aussi le témoignage de Nathan sur son engagement.

Effondrement du Rana Plaza, 10 ans après #JeudiPhoto

avril 27th, 2023 by

Il y a dix ans, l’usine du Rana Plaza au Bangladesh s’effondrait faisant plus de 1130 victimes. Devenu le symbole tragique de la violation des droits humains par l’industrie de la fast-fashion, cet événement marque un tournant dans la lutte contre l’impunité des multinationales. Dix ans plus tard, où on est-t-on du devoir de vigilance des entreprises ?

Bangladesh, Dhaka, 26 avril 2013 © Ismaïl Ferdous / Agence VU’

26 avril 2013. Nous sommes dans la banlieue de Dhaka, au Bangladesh. Deux jours après l’effondrement du Rana Plaza, des centaines de personnes se sont réunies sur les lieux du drame. Devant l’objectif d’Ismaïl Ferdous, elles brandissent avec colère et tristesse, la photo d’un proche disparu sous les décombres. Ces visages, sont ceux de milliers d’ouvriers — femmes, hommes et même enfants— victimes d’une industrie qui s’enrichit au détriment des droits humains.

Le Rana Plaza, bâtiment insalubre de huit étages, abritait plusieurs usines textiles sous-traitées par des grandes marques d’habillement occidentales. La veille du drame — qui a fait plus de 1130 victimes et 2000 blessés — des employé.e.s avaient pourtant signalé des fissures dans les murs. Mais, face à la pression du licenciement, elles ont été contraintes de venir travailler malgré une menace évidente pour leur sécurité. À travers sa série, Le coût de la mode (2013), puis, Après le Rana Plaza (2015), le photographe Ismaïl Ferdous, nominé au Prix Photo Terre Solidaire, engage un travail documentaire et plaidoyer pour dénoncer les conséquences de la fast-fashion au Bangladesh, son pays d’origine. Il donne une voix aux victimes et à leurs familles qui essaient de se reconstruire malgré de lourdes séquelles psychologiques et physiques.

Dix ans plus tard : qu’est-ce qui a changé ?

Depuis l’onde de choc internationale suscitée par cette catastrophe, des progrès ont été amorcés pour engager la responsabilité des multinationales. Grâce à la mobilisation d’ONGs, dont le CCFD-Terre Solidaire, la France devient pionnière en promulguant en 2017 la loi sur le devoir de vigilance. Aussi appelée “loi Rana Plaza“, celle-ci oblige les entreprises-mères à garantir le respect des droits humains et de l’environnement tout au long de leur chaîne de valeur. Pourtant, de nombreuses entreprises continuent d’enfreindre leurs obligations de vigilance en toute impunité.

Le CCFD-Terre Solidaire, membre du Collectif Éthique sur l’Étiquette, continue de se mobiliser. Elle veille, avec ses alliées, à la bonne application de la loi française et poursuit son travail de plaidoyer en faveur de l’adoption d’une directive sur le devoir de vigilance au niveau européen et d’un traité internationale.

Partez pour un voyage solidaire en Palestine et en Israël

avril 21st, 2023 by

Le réseau Palestine-Israël du CCFD-Terre Solidaire vous invite pour une semaine ou deux à un voyage découverte de la Palestine et d’Israël.

Ces voyages ont pour but de découvrir l’histoire et les différentes cultures qui habitent sur cette terre pour mieux comprendre la réalité d’aujourd’hui. Cela passe par de nombreuses rencontres et visites :

  • Visite des lieux saints : Jérusalem, Bethléem, Nazareth
  • Des villes historiques : Jaffa, Saint-Jean-d’Acre, Naplouse, Hébron
  • Des lieux naturels : le lac de Tibériade, la mer morte, marche dans le désert

Dans chaque lieu, vous bénéficierez de l’expertise de nos partenaires et des associations locales, ainsi que des contacts avec la population, pour découvrir ce pays et appréhender la situation que Palestiniens et Israéliens vivent au quotidien.

Pour mieux comprendre la réalité, rien de tel que d’aller sur place

Venez découvrir cette terre si attachante où vous serez très bien accueillis.

Deux types de voyages vous sont proposés

Pour les jeunes de 20 à 35 ans, 10 jours lors des vacances scolaires, en février ou en août, avec un Pied en Palestine.Contact : paixinitiatives@gmail.com

Pour la journée des luttes paysannes, immersion au Chiapas #JeudiPhoto

avril 20th, 2023 by

Dans la région du Chiapas au Mexique, la communauté paysanne de San Francisco Teopisca se mobilise pour défendre leur droit de vivre dignement sur la terre de leurs ancêtres dans un contexte de recrudescence des violences et du crime organisé.

Chiapas, Mexique © Jeoffrey Guillemard

17 février 2023. Nous sommes au cœur des montagnes du Chiapas au Mexique, à San Francisco Teopisca. Dans ce petit village d’à peine 220 habitants, quelques chalets en bois se hissent au milieu d’une terre sablonneuse et d’une végétation timide, mais verdoyante. Dans ce décor, s’avance une dame âgée, vêtue d’une robe à fleurs rose et d’un tablier en vichy. Elle a le dos voûté sous le poids des bûches qu’elle a fraîchement coupé et qu’elle transporte de façon traditionnelle, à même le haut de sa tête, par un système de cordage. Sa hache, qu’elle n’a pas peur d’agripper, lui fait office de canne. Pour le photographe Jeoffrey Guillemard, cette photo décrit la joie et la fierté de la communauté à pouvoir vivre paisiblement et en auto-gestion sur leurs terres.

En conflit avec l’État pendant plusieurs années, la communauté a récupéré ses terres nourricières en 2012 grâce au soutien du Conseil National Indigène (CNI). Depuis, elle pratique l’auto-gestion et se répartit les tâches. Les femmes jouent un rôle de premier plan : elles s’occupent de la boulangerie collective, du potager, de la cueillette des herbes médicinales ou encore du bois pour se chauffer. Avec l’appui de notre partenaire, Desmi, la communauté développe son économie et son agriculture dans le respect des droits humains et de l’environnement.

L’auto-gestion : un barrage contre le crime organisé

Dans un contexte de recrudescence des violences au Chiapas, la communauté de San Francisco Teopisca parvient, grâce à ce modèle, à lutter contre l’infiltration des cartels et des autorités corrompues. Plus les membres d’une communauté sont soudés et auto-suffisants, moins ils sont susceptibles de succomber à l’appât et à la pression du crime organisé pour survivre.

Trente ans après la révolte Zapatiste, les communautés du Chiapas luttent au quotidien pour défendre leur droit de vivre dignement sur la terre de leurs ancêtres. Elles peuvent compter sur le soutien de nos partenaires locaux — la Desmi, Frayba et Serapaz — qui agissent en faveur du développement, des droits humains et de la paix. Ces trois associations ont été fondées par Msg. Samuel Ruiz, figure de la théologie de la libération et grand défenseur des droits des peuples autochtones du Chiapas, dont le portrait continue d’être érigé comme un symbole.

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