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Syrie : après le séisme, soutenir les victimes #jeudiphoto

février 16th, 2023 by

En Turquie et en Syrie, le dernier bilan des violents séismes survenus le 6 février, s’élève à plus de 35 000 morts. En Syrie, à Alep et dans les zones rebelles, nos partenaires se mobilisent pour secourir et soutenir les populations.

Syrie, Jindires. 7 février 2023 © Rami al SAYED / AFP

Nous sommes en Syrie, à Jindires. Prostrés au-dessus des décombres, comme pour prendre de la hauteur dans un pays où tout s’est effondré en pleine nuit, deux hommes s’enlacent dans une accolade qui traduit le choc, la peur et la tristesse qui les submergent. Ils observent au loin comme pétrifiés, les opérations de secours. Sous la pénombre glaciale et silencieuse, le halo vif de la lune éclaire leurs visages et rayonne telle une lumière d’espoir au milieu du chaos. L’espoir de retrouver des survivants sous les briques, l’espoir de réunir des familles.

Dans la nuit du 6 février, un premier séisme de magnitude 7.8 a frappé le sud de la Turquie et le nord de la Syrie, faisant plus de 35 000 morts. Un bilan qui pourrait encore “doubler” estime l’ONU. 

Dans les territoires en zone rebelle, l’aide humanitaire tant nécessaire peine à être acheminée. Seul le point de passage de Bab-al Hawa depuis la frontière turque est opérationnel. Faute de bras et de matériel, de nombreuses personnes n’ont pas pu être sauvées malgré la détermination des sauveteurs, contraints pour la plupart de déterrer les décombres à mains nues. En Syrie, que ce soit à Alep ou dans les zones rebelles, les organisations partenaires que nous soutenons sur place se mobilisent pour aider les victimes, en proie à une grande détresse.

Dans la zone de Jindires, où 70% de la ville est détruite, nous avons apporté une aide d’urgence aux familles victimes du séisme : de la nourriture, des tentes, de l’eau pour répondre aux besoins les plus urgents. Nous voulons remercier nos amis qui nous soutiennent dans ces actions difficiles.

L’un de nos partenaires.

Une semaine après le drame, l’espoir de retrouver des survivants disparaît peu à peu. Comme les deux personnes de la photo qui regardent au loin, il est temps de questionner l’après. Aux côtés de nos partenaires locaux, nous nous mobilisons pour aider les victimes à se nourrir, se réchauffer et à panser leurs blessures. Il faut aussi les soutenir à long terme dans un pays déjà fragilisé et traumatisé par douze années de guerre.

En Bretagne, rencontre avec un partenaire Tchadien engagé pour la paix

février 10th, 2023 by

La région Bretagne accueille cette année Fortunat Alatara, du Tchad, en tant que partenaire carême 2023 du 17 au 26 mars. Coordinateur du GRAVE, association partenaire du CCFD-Terre Solidaire, à l’initiative de projets sur le vivre ensemble et l’unité nationale.

Après une présentation du contexte tchadien à partir du document « Tchad –RCA et Nord Cameroun Programme Paix et Vivre ensemble », nous le présenterons brièvement et nous proposerons quelques liens vers des documents complémentaires.

Sommaire

Le contexte tchadien

Situer le Tchad

Le Tchad et les pays limitrophes

  • Un grand pays enclavé, au centre de l’Afrique (1,3 million de km2 : 2,5 fois la France)
  • Un pays aux paysages variés. Au nord, le désert sahélien au climat rude et peu propice à l’agriculture, très peu peuplé. Au centre, la steppe sahélienne avec le lac Tchad, dont la superficie ne cesse de diminuer. Au sud, une région tropicale à la végétation foisonnante, mais soumise à des inondations.
  • Une population très jeune (17 millions d’habitants, dont 2 millions à N’Djamena, la capitale) avec une forte croissance démographique. Presque la moitié de la population a moins de 14 ans.
  • Un pays avec des ressources (pétrole) mais pauvre. 80% de la population dépend de l’agriculture vivrière et de l’élevage

Un pays confronté à de multiples problèmes

  • Des guerres, civiles ou subies depuis les pays limitrophes (Lybie, Boko Haram, Centre-Afrique)
  • Un pouvoir central autoritaire et déficient.
  • Des conflits internes d’ordre socio-économique (Cultivateurs/Pasteurs), religieux (Chrétiens/Musulmans), ethnique, politique.
  • Un accaparement des richesses naturelles (pétrole, minerais) par une minorité.

Une réponse : le programme Paix et Vivre Ensemble

  • Sur le plan économique
  • Sur le plan sociétal
  • Sur le plan politique

Les trois axes d’intervention. Les actions associées et leurs conséquences

Des projets au niveau national

Les thèmes essentiels

Des projets au niveau local

  • Appui résilience des communautés. Projet de barrage artisanal (région de Guera – Sud Tchad)
  • Appui résilience des communautés. Dispositif d’alerte précoce sur l’insécurité alimentaire (région de Guera)
  • Pour des sociétés fraternelles et solidaires. Réseau de femmes du département de Dababa (Sud-Ouest du Tchad)
  • Appui à la résilience communautaire. Formation des mobilisateurs communautaires
  • Appui à la résilience communautaire. Dialogue entre agriculteurs et éleveurs. (Kélo – Sud Tchad)
  • Pour des politiques publiques redevables au service des populations. Forum de la société civile pour la paix et la démocratie (N’Djamena – Tchad).
  • Pour des politiques publiques redevables au service des populations. Réunion de l’Observatoire des ressources publiques (N’Djamena – Tchad).

Fortunat Alatara, partenaire Carême 2023.

Fortunat Alatara

Professeur certifié de physique, Fortunat Alatara a dirigé la JEC « Afrique Centrale » dans les années 2010. La JEC Afrique travaillait déjà autour du thème « Promouvoir le dialogue pour bâtir la Paix »

Professeur et journaliste, il préside également le Comité consultatif civil de transition, initiative citoyenne interconfessionnelle d’accompagnement du processus de transition au Tchad. (Tchad Infos)

Le Comité consultatif civil de transition

Ce comité est mis en place par le comité technique de la plateforme interconfessionnelle sous l’égide de la Conférence épiscopale du Tchad (Cet), de l’Entente des Églises et Missions Évangéliques au Tchad (Eemet), du Conseil supérieur des affaires islamiques (Csai).

Il est d’autre part le coordinateur de Grave, association partenaire du CCFD-Terre Solidaire. En 2016, il a organisé une rencontre de jeunes leaders associatifs catholiques, protestants et musulmans pour parler de leurs préjugés respectifs.

En partenariat avec d’autres acteurs associatifs, GRAVE multiplie les initiatives pour promouvoir les conditions du vivre-ensemble et s’investit activement au sein du Programme Paix et Vivre Ensemble du CCFD-Terre Solidaire.

  • Chaque année, GRAVE organise un repas d’iftar télévisé qui réunit des grandes figures spirituelles du pays afin de sensibiliser l’opinion en montrant que « chrétiens » et « musulmans » peuvent « partager un repas ensemble ».
  • L’association participe à la production d’un nouveau règlement des écoles coraniques afin qu’il soit plus favorable aux conditions du vivre-ensemble. Elle anime également des débats entre étudiants et amène les jeunes à réfléchir aux bases du vivre-ensemble.
  • GRAVE a également participé à un projet de formation de médiatrices sociales dans la zone frontalière avec la République Centrafricaine.

Source : Page de présentation de l’association GRAVE. CCFD-Terre Solidaire.

Pour en savoir plus sur l’association, voir aussi Paix et vivre-ensemble en Afrique p. 9 « Favoriser le dialogue interreligieux au Tchad.

Les partenaires du CCFD-Terre Solidaire au Tchad.

Le CCFD-Terre Solidaire travaille avec cinq partenaires, basés à N’Djamena mais qui agissent dans tout le pays. Ce sont :

  • CSAPR : Comité de suivi de l’appel à la paix et à la réconciliation  Paix et dialogue politique
  • ACORD-Tchad : ONG développement   Accompagnement des communautés sahéliennes
  • Kawtal : Plateforme d’organisations transhumantes    Communautés nomades
  • APAD : Association partenaire pour l’appui au développement   Appui à la jeunesse
  • GRAVE : Groupe de recherche et d’animation du Vivre ensemble  Interculturel et interreligieux, dont Fortunat Alatara, partenaire carême 2023, est le coordinateur.

Documents complémentaires.

CCFD-Terre Solidaire

C’est le document qui a servi de base aux informations contenues dans cet article. A consulter absolument pour une vision synthétique de la situation en Afrique Centrale et des actions qui y sont menées.

Partenaires tchadiens

  • Kawtal : Rapport sur l’impact de Boko Haram – Lac Tchad (pdf)

Le projet RESILAC

Redressement Economique et Social Inclusif du Lac Tchad dont le CCFD-Terre Solidaire est partenaire.

  • Document du CCFD-Terre Solidaire sur la situation autour du Lac Tchad, présentant les thèmes d’action structurés suivant un processus global découpé en phases, ainsi que les acteurs qui y participent (jeunesse, femmes, plateformes interreligieuses).

Coup d’état en Birmanie : résister, encore et toujours #Jeudiphoto

février 9th, 2023 by

Deux ans après le renversement de la démocratie en Birmanie, la junte militaire annonce la tenue de “pseudo-élections” pour légitimer son pouvoir dictatorial. Malgré l’escalade de la répression, la résistance de la population birmane pour la liberté ne faiblit pas.

© Mauk Kham Wah

Nous sommes dans l’État Karenni (Kayah) au Sud-est de la Birmanie, où vit en majorité l’ethnie catholique Karenni. Les yeux fermés et les mains tournées vers le ciel, des jeunes fidèles s’unissent dans la prière. Deux silhouettes, celle d’un homme en costume noir et celle d’une femme en robe blanche de dentelle, viennent encadrer ce tableau d’unité et de foi. Nul doute, nous sommes à un mariage. Il est difficile d’imaginer que les jeunes mariés scellent leur amour sous le fracas des bombes qui s’abattent à l’extérieur des murs jaunes de l’église. Ces bombes, ce sont celles d’une démocratie piétinée, d’une jeunesse “sacrifiée”, de minorités persécutées.

C’est plutôt commun dans l’État Karenni. La guerre d’un côté, le mariage de l’autre.

Mauk Kham Wah, photographe.

Deux ans après le renversement du gouvernement d’Aung San Suu Kyi en Birmanie, la terreur et la répression perpétrées par la junte militaire s’intensifient. Depuis le 1er février 2021, on compte plus de 2 810 personnes tuées, 1.3 million de personnes déplacées internes et 28 000 habitations brûlées. Dans une stratégie assumée pour démanteler la société civile, affaiblir le mouvement pro-démocratie et la résistance armée, la junte multiplie les actes de barbarie, contrôle l’information et l’acheminement des denrées alimentaires.

Cette image du photographe birman exilé Mauk Kham Wah, reflète la résilience d’une minorité réprimée depuis des décennies par la junte, et déterminée à continuer à vivre malgré l’escalade de la terreur. Elle montre aussi le visage d’une jeunesse brimée. Dans un contexte d’effondrement du système scolaire et de crise économique, les plus jeunes n’ont plus accès à l’éducation et les aînés n’ont souvent d’autres perspectives que l’exil, la lutte armée ou la résistance quotidienne.

Jeunes, artistes, activistes, intellectuels, politiciens, fonctionnaires de toutes origines ethniques et religieuses poursuivent avec courage et détermination leur lutte pour libérer leur pays du joug de la dictature. Une exposition, que nous soutenons, sur les grilles de la Marie du 14e à Paris, met à l’honneur leur résistance sous le regard de photographes birmans engagés.

Pour aller plus loin :

Aider les populations victimes du séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie

février 8th, 2023 by

Le 6 février, deux séismes d’une ampleur inédite ont frappé le sud de la Turquie et le nord de la Syrie. On décompte déjà plus de 33 000 morts et des centaines de milliers de personnes déplacées. D’heure en heure, le bilan humain et matériel s’alourdit. Sur place, nos partenaires locaux se mobilisent pour venir en aide à la population et sollicitent notre aide.

C’est un tremblement de terre extrêmement violent d’une magnitude de 7,8 qui a frappé principalement la Turquie et le nord de la Syrie dans la nuit de lundi à mardi, suivi d’un second de 7,6. Sur place l’ampleur des destructions est immense tandis que le bilan humain ne cesse de s’alourdir.

Photos transmise par notre partenaire a Alep

En Syrie, la situation est particulièrement critique. La population subit toujours les conséquences de la guerre. Et la région la plus impactée par le tremblement de terre connaît une forte vague de froid. Dans ce contexte l’aide d’urgence tarde à arriver. Les familles touchées par la catastrophe sont dans une situation d’extrême détresse.

285 000

personnes sont déplacées en Syrie

dont un grand nombre de personnes déjà déplacées à cause de la guerre

Nos partenaires locaux sont déjà en action

Dans la région d’Alep, dans le nord du pays, notre partenaire Alpha soutient la population depuis les années de guerre. L’organisation est déjà en train de répondre aux besoins de la population : Construction d’abris, distribution de vêtements, de couvertures, de nourriture et kits d’hygiène sont les premiers besoins.  Il sollicite notre soutien pour pouvoir continuer à agir à court et moyen terme.

« La situation est très difficile, nous avons peur à chaque instant. Chaque petit bruit nous fait sursauter. Nous avons été dehors pendant 48h. Nous sommes très fatigués, et avons peur pour les personnes âgées, les enfants, toutes les personnes faibles. L’église nous a ouvert ses portes et nous a beaucoup aidés, cela nous a fait beaucoup de bien. Nous sommes maintenant protégés du froid, de la faim et de la destruction d’autres bâtiments. »

Témoignage envoyé par notre partenaire à Alep

En Syrie la catastrophe s’ajoute à une multitude de crises. La situation économique est délétère depuis la chute de la livre syrienne dans le sillage de la livre libanaise et du fait des sanctions. L’inflation a explosé et la pénurie sur les produits de base importés se fait durement ressentir par la population.

Les besoins sont immenses

Le conflit est toujours actif et violent, surtout dans le Nord sous contrôle de l’opposition. Dans cette zone, l’aide arrive beaucoup plus lentement et les capacités en termes de secours et d’hébergement d’urgence sont limitées. D’autres partenaires que nous soutenons sont mobilisés et nous les aidons également.

Les organisations locales que nous appuyons travaillent depuis plusieurs années dans un contexte extrêmement difficile au plus près des besoins vitaux des populations locales. Elles sont particulièrement bien placées pour agir avec efficacité. Elles connaissent le terrain, et savent comment intervenir pour atteindre les plus vulnérables.

Vous avez été déjà nombreux à manifester votre solidarité et nous vous en remercions du fond du cœur.
Grâce à vous, nos partenaires sur place peuvent agir depuis les première heures du séisme.

Crédit photo hero banner : BURAK KARA / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP

Economie bleue : dix questions pour comprendre les enjeux

février 3rd, 2023 by

L’économie bleue se pare de toutes les promesses environnementales, sociales, durables pour favoriser les investissements économiques en milieu marin. Mais la réalité est bien loin d’être aussi satisfaisante. L’économie bleue pose de nombreux problèmes environnementaux et humains.

La sonnette d’alarme est venue d’Asie et d’Afrique. Les organisation de pêcheurs et les communautés littorales qui dépendent de la mer pour vivre et que nous soutenons ont commencé à faire remonter de nombreux problèmes. Elles ont commencé à s’organiser pour faire entendre leurs voix.

 Les ressources terrestres ont été exploitées au maximum de leurs capacités. La mer et ses ressources sont devenues une ultime frontière des politiques économiques libérales. Il reste donc les ressources sous-marines, surnommées “milliards engloutis”.

Jesu Rethinam directrice de SNEHA, organisation d’appui aux pêcheurs artisans, partenaire du CCFD-Terre Solidaire, basée à Nagappattinam, au Tamil Nadu, sur la côte est de l’Inde. 
Savita Vijayakumar

Quand le concept d’économie bleue est-il apparu ?

Le concept d’économie bleue est apparu en 2012 lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20). C’est aussi à ce moment là qu’est apparut le concept d’économie verte. L’océan a alors été présenté comme une “nouvelle frontière” à exploiter pour le développement économique, dans un contexte où les ressources naturelles (notamment minières) disponibles sur les continents ont déjà été exploitées et se font plus rares.

Qu’est-ce que l’économie bleue ?

Il n’existe pas de définition unique de l’économie bleue. Ce terme renvoie à l’idée d’évaluer la nature, ici les océans, en termes économiques. La nature devient comme un objet offrant différents services qui peuvent être commercialisés puis monétisés. Tant la nature que l’océan sont présentées comme des solutions aux crises socio-économiques et environnementales. Ils deviennent un « capital naturel » qui alimente respectivement une « économie verte » et une « économie bleue ». Ces politiques se traduisent en réalité par une forme d’accaparement des lieux et des ressources qui se retrouvent privatisés pour des projets de développement économiques.

Quels sont les secteurs concernés par l’économie bleue ?

Il y a les secteurs traditionnels comme la pêche, le transport maritime, la construction de ports, le tourisme. L’économie bleue leur propose de se développer économiquement grâce à la technologie, au capital financier et aux nouveaux marchés. Et puis il y a les nouveaux secteurs comme les énergies renouvelables, le pétrole et le gaz, l’exploitation minière en eaux profondes, la biotechnologie, la conservation de la biodiversité, les câbles sous-marins et la mariculture (l’élevage d’animaux marins).

Qui sont les acteurs de l’économie bleue?

Les acteurs de l’économie bleue peuvent être divisées en trois groupes.

  1. Le premier représente ceux qui ont beaucoup à gagner : les multinationales et leurs actionnaires, les entreprises du secteur privé qui s’associent aux gouvernements des États par le biais de partenariats public-privé, les banques de développement et aussi certaines ONG internationales de conservation de la nature (qui ne se préoccupent pas des communautés locales).

2. Le deuxième représente ceux qui ont beaucoup à perdre, les communautés côtières, en particulier les communautés de pêcheurs, et les habitants des littoraux socialement défavorisés.

3. Le troisième groupe se situe entre les gagnants et les perdants pour faciliter la mise en place de projets liés à l’économie bleue. Il s’agit des agences internationales : les agences d’État multilatérales (G8), du Forum économique mondial, des institutions financières internationales, mais aussi les agences des Nations unies.

Il faut remarquer que le pouvoir d’influence de ces différents acteurs est déséquilibré.

Quels sont les problèmes posés par le modèle de l’économie bleue ?

Le problème du modèle de l’économie bleue est qu’il a réussi à faire passer une menace pour une opportunité attractive, où tout le monde trouverait son compte. En affirmant se baser sur les principes du développement durable, l’économie bleue se présente comme gagnante pour l’économie, l’environnement et les personnes. Elle a réussi à infuser les débats et à faire passer l’idéologie néolibérale pour du bon sens.

La réalité est qu’il y a toujours un compromis à faire. Par exemple la construction d’un port augmentera nécessairement l’érosion, polluera les eaux, perturbera l’équilibre écologique. D’autres secteurs comme le tourisme et la pêche seront affectés. La concertation avec les populations locales est souvent sacrifiée.

Un exemple de problème posé par l’économie bleue en Afrique

Retour de pêche à Guet Ndar. Les mareyeuses choisissent le poisson. Saint-Louis du sénégal. Sénégal.

La Charte africaine sur la sécurité, la sûreté et le développement maritimes en Afrique (la Charte de Lomé, 2017) souhaite ouvrir « la pêche, l’exploitation minière, l’énergie, l’aquaculture et le transport maritime » dans le cadre de sa stratégie d’économie bleue, et la Charte ajoute que cela se fera « tout en protégeant la mer pour améliorer le bien-être social. »

Au Sénégal, cette vision de l’économie bleue masque les obstacles qui se dressent sur son chemin. Tout d’abord, 90 % de la pêche sénégalaise s’est effondrée en raison de l’octroi non réglementé de licences aux pêcheries chinoises et européennes.

Selon le Conseil de paix et de sécurité : « L’instabilité et l’insécurité persistantes en mer sapent la capacité des États à sécuriser les routes commerciales, à protéger et à exploiter les avantages de leurs économies bleues, et à assurer une croissance économique et un développement social inclusifs pour les communautés côtières ».

Un exemple de problème posé par l’économie bleue en Asie

En Inde, l’économie bleue s’est manifestée dans de multiples secteurs, le plus important étant un vaste projet de développement portuaire appelé Sagarmala, qui vise à installer un port tous les 20 kilomètres sur les 7200 kilomètres de côtes du pays. Ce projet a conduit à l’accaparement de terres, portant atteinte à la pêche à petite échelle et aux personnes dont la vie et les moyens de subsistance en dépendent.

À Honavar, dans l’État du Karnataka, au sud-ouest du pays, par exemple, une route de quatre kilomètres de long en construction sur une plage menant à un nouveau projet portuaire menace les moyens de subsistance de plus de 2 000 pêcheurs et endommage de façon permanente les lieux de nidification des tortues olivâtres. Malgré une réglementation stricte concernant ce type de construction, l’entreprise a réussi à tromper les autorités pour obtenir l’autorisation.

Qu’est-ce que le blue washing ?

Après le greenwashing, voici le blue washing! Le blue washing est une tactique utilisée par les multinationales, les petites entreprises et même les gouvernements et les agences de l’ONU pour faire croire que des projets, des produits et des politiques sont plus respectueux de l’environnement et socialement responsables qu’ils ne le sont réellement.

Pour ce faire, on utilise les bons mots, des cadres stricts et un faux marketing pour faire croire aux consommateurs et au grand public que ce qu’ils achètent ou le projet qu’ils pourraient soutenir ou financer indirectement en tant que contribuables aura un impact positif. En réalité, il s’agit d’un écran de fumée, d’une distraction qui empêche de voir les dégâts qu’il cause.

Aujourd’hui les océans sont aussi la cible de projets de compensation carbone, qui s’annoncent aussi inutiles et néfastes que les projets visant à planter des arbres.

« La compensation carbone sur les océans est le même phénomène que celui qui se joue pour les forêts. D’un côté, on détruit. Puis on dit qu’en replan­tant, on compense »

Jesu Rethinam, directrice de SNEHA, organisation d’appui aux pêcheurs artisans, partenaire du CCFD-Terre Solidaire, basée à Nagappattinam, au Tamil Nadu, sur la côte est de l’Inde. 

Qu’est-ce que l’accaparement des océans ?

L’accaparement des océans (ocean grabbing) désigne la dépossession ou l’appropriation de l’utilisation, du contrôle ou de l’accès à l’espace ou aux ressources océaniques par les utilisateurs antérieurs des ressources, les détenteurs de droits ou les habitants.

L’accaparement se produit par le biais de gouvernances dévoyées. Il peut se traduire par des actes de violence à l’égard des communautés impactées et des défenseurs de l’environnement. Il porte aussi atteinte aux moyens de subsistance des populations.

L’accaparement des océans peut être perpétré par des institutions publiques ou des intérêts privés. En Indonésie par exemple, les pêcheurs et les populations locales n’ont plus accès à la mer, car les littoraux sont privatisés au profit de grands projets économiques dont ils sont exclus.

Quelles sont les personnes les mieux placées pour défendre les océans ?

Les principaux gardiens de l’océan sont les communautés côtières dont les moyens de subsistance, la culture et l’identité sont liés à celui-ci. Cela signifie que les acteurs puissants doivent les reconnaître comme les principaux détenteurs de droits dont les intérêts ne peuvent être compromis par rapport à ceux des autres « parties prenantes ».

En outre, les gouvernements, les agences des Nations unies, les banques du secteur public et les ONG doivent agir dans l’intérêt public pour soutenir leurs droits par le biais de mécanismes de gouvernance équitables et de réglementations interdisant l’exploitation de l’océan à des fins privées et lucratives.

Le CCFD-Terre solidaire appuie les initiatives des organisations de pêches artisanales en Asie et en Afrique pour s’organiser et faire entendre leurs voix auprès des autorités locales et dans les instances internationales.
Exemples :
Conférence sur les océans : alerte sur la privatisation des mers.
Savita, défenseuse des océans et du littoral.
En Asie mobilisation contre l’économie bleue
Ecouter le podcast : AU Sri Lanka, défendre les pêcheurs face à l’accaparement des mers


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En RDC, 3 minutes pour comprendre les enjeux de la visite du pape

janvier 30th, 2023 by

Le Pape François entame mardi 31 janvier, une visite pastorale en République Démocratique du Congo, alors que le pays est en proie à un regain de violences à l’Est. Durant 3 jours, il rencontrera les catholiques congolais mais aussi les responsables politiques. Dans ce pays où l’Eglise est aussi une actrice clé de la société civile, c’est l’occasion de délivrer des messages forts.

Cela fait maintenant 38 ans qu’un pape, Jean-Paul II en 1985, est venue sur la terre congolaise. Alors que la majorité de la population souffre de l’extrême pauvreté, ses mots et ses gestes seront scrutés.

Réconciliation et espérance.  Ce sont les piliers du message que pourrait délivrer le pape François lors de sa visite pastorale aux 45 millions de catholiques congolais.

Samuel Pommeret, chargé de mission pour l’Afrique des Grands Lacs

110

millions d’habitants

45

millions de catholiques

L’Eglise catholique en RDC, une actrice importante pour la justice

La RDC compte près de 45 millions de fidèles, soit à peu près la moitié de la population.  

Vivante, culturellement ancrée au cœur de la société, l’Eglise congolaise est une institution majeure. Par ses actions sociales, son réseau éducatif et diocésain mais aussi son engagement pour l’éveil civique et son combat pour la démocratisation, elle est « au cœur du village ».

Animée par des figures d’évêques charismatiques (comme les archevêques  de Kinshasa, les cardinaux Joseph-Albert Malula  et Laurent Monsengwo),  en lien avec les mouvements citoyens congolais, l’Eglise s’est souvent opposée aux dérives dictatoriales de Mobutu ou de Kabila.

Elle est aussi engagée contre le scandale du pillage des ressources naturelles via une commission épiscopale dédiée (la CERN) qui se déploie dans de nombreux diocèses et effectue une veille sur les impacts sociaux et environnementaux de l’exploitation des ressources du sous-sol.

Une guerre oubliée à l’est du pays

La visite du pape intervient dans un contexte où les tensions vont croissantes.  

  • Au nord Kivu, Kinshasa accuse notamment le Rwanda voisin de soutenir le mouvement rebelle du M23 qui menace Goma, la capitale régionale.
  • Initialement  prévue en juillet 2022, cette visite avait été reportée, officiellement pour raison de santé. Cependant, la situation sécuritaire à l’est est sûrement ce qui a empêché François de venir prier sur la terre meurtrie des volcans. Le conflit, qui dure depuis près de 30 ans, sera dans toutes les têtes, alors que le Saint-Père doit rencontrer des victimes et que les congolaises et congolais attendent un message fort pour la paix et la Justice.

Alors que les messages de haine et de division prospèrent, on peut attendre une exhortation à lutter contre le tribalisme et la stigmatisation ethnique.

Un message à la classe dirigeante

Le Pape rencontrera le Président Tshisékédi et les plus hautes autorités et figures politiques du pays. Minée par une corruption dantesque, dirigée par une classe politique sans vision et opportuniste, la RDC est embourbée dans une extrême pauvreté.

Cette pauvreté grève les espérances de tous les Congolais, et particulièrement des plus jeunes.

La voix du pape portera sûrement un avertissement aux politiques pour qu’ils répondent enfin aux problèmes du pays. Surtout que de nouvelles élections présidentielles se profilent pour décembre 2023.

Durant ces trois jours, le Saint-Père rencontrera également les évêques congolais au siège de la conférence épiscopale.

Alors que l’Eglise congolaise est engagée comme actrice de l’éveil civique et de la consolidation démocratique (mais aussi critiquée comme partisane), le soutien de l’évêque de Rome serait vu comme un signe fort en faveur de la poursuite de la démocratisation de la vie politique congolaise.

Protéger le deuxième poumon de la planète

Dans l’esprit de Laudato Si, on peut espérer que François appelle, une fois de plus, à la protection de la planète et des formidables ressources du Congo, deuxième poumon de la planète. Malgré ses richesses naturelles, la RDC voit ses forêts et ses sous-sols pillées sans que les bénéfices de l’exploitation profitent aux populations.

La mal gouvernance, la corruption et la complicité des multinationales concourent à ce scandale.

Là-encore, la voix du Pape François peut porter et se joindre à celles (bien au-delà des seuls catholiques) des millions de congolais qui depuis si longtemps « ont faim et soif de Justice »

Samuel Pommeret, chargé de mission pour l’Afrique des grands lacs

LIRE AUSSI :

Des écrivains rejoignent l’initiative pour mettre fin à la colonisation israélienne #StopColonies !

janvier 27th, 2023 by

Cette tribune, publiée initialement par l’Humanité est signée par Annie Ernaux, prix Nobel de littérature 2022 et un grand nombre d’autres personnalités. Elle appelle à rejoindre l’Initiative citoyenne européenne pour mettre fin à la politique de colonisation de l’état d’Israël soutenue par le CCFD-Terre Solidaire.

Pour nous, écrivaines, écrivains, universitaires, artistes, créateurs et créatrices de diverses disciplines, l’égalité entre tous les êtres humains et le respect de l’autre sont des valeurs fondamentales auxquelles nous sommes très fortement attachés. L’acquisition de territoires par la force, les déplacements de population et la colonisation sont à l’exact opposé de ces valeurs. L’idéologie suprémaciste et raciste qui les accompagne est un poison que nous devons combattre partout où il sévit.

La colonisation de la Palestine par l’Etat d’Israël, qui n’a jamais cessé depuis des décennies, va encore s’accentuer avec le nouveau gouvernement israélien, qui donne une large place et des pouvoirs importants à des partis et des personnalités ouvertement racistes, et met au premier rang de son projet l’accélération de la colonisation des terres palestiniennes. La population palestinienne, menacée dans ses moyens d’existence, subit la violence conjuguée de l’armée d’occupation et des colons.

Aujourd’hui, dans ce contexte de plus en plus tragique, nous demandons avec force aux autorités françaises et européennes d’agir contre cette colonisation et l’occupation militaire sans fin qui l’accompagne, ainsi que pour la protection du peuple palestinien. Alors que l’établissement de colonies dans un territoire occupé constitue un crime de guerre, l’Union Européenne continue d’entretenir des relations commerciales avec les colonies israéliennes établies en Palestine occupée.

En tant que citoyens, nous pouvons et devons agir : l’Initiative Citoyenne Européenne #StopColonies, officiellement homologuée par la Commission européenne, vise à obtenir de celle-ci que l’Europe mette fin à tout commerce avec des colonies établies par une puissance occupante dans un territoire occupé, quel qu’il soit.

Nous avons une occasion unique d’envoyer un signal clair et la perspective d’un résultat concret. Pour aboutir, il faut réunir un million de signatures.

Nous, écrivaines et écrivains, universitaires, artistes, créateurs et créatrices de diverses disciplines, signataires de cette tribune, soutenons l’Initiative Citoyenne Européenne #StopColonies, et appelons les citoyennes et citoyens à la signer et à la faire largement signer dans leur entourage.

Tribune à retrouver sur le site du journal l’Humanité.

Signez l’Initiative citoyenne

PRIX PHOTO TERRE SOLIDAIRE : LES 31 NOMINÉ.E.S ENFIN DÉVOILÉ.E.S 

janvier 19th, 2023 by

Le CCFD-Terre Solidaire est heureux de vous dévoiler les 31 photographes nominé.e.s pour la première édition du Prix Photo Terre Solidaire, présidée par Sebastião Salgado. Nous tenons à saluer les 482 candidatures reçues provenant de 71 pays. Rendez-vous le 16 février pour l’annonce des 3 lauréat.e.s. 

vidéo de présentation des 31 photographes nominé.e.s pour le Prix Photo Terre Solidaire.

L’association de ces projets documentaires offre un portrait collectif du monde, dans toute sa beauté et sa douleur, et inspire notre action au service d’un lien toujours plus fort entre l’humanité et la terre.

Adra Pallon,nominé pour sa série, Demotanasia, qui aborde les conséquences environnementales et sociales de la dépopulation de la Galice, en Espagne. 

Antoine Agoudjian, nominé pour sa série, La théorie du Chaos. Entre mémoire et Histoire, il lègue un témoignage des populations anéanties par les guerres au Proche-Orient et dans le Causase. 

Anush Babajanyan, nominée pour sa série, Battered Waters. Elle relate la problématique de l’accès à l’eau et des enjeux environnementaux qui touchent l’Asie Centrale. 

Lys Arango, nominée pour sa série, Les mains qui nourrissent. Elle témoigne des enjeux de la malnutrition au Guatemala en interrogeant la manière dont la faim converge dans un contexte historique et culturel. 

Didier Bizet, nominé pour sa série, United Colors, qui documente le quotidien et le savoir-faire de communautés en Mongolie et au Kazakhstan : piliers dans la chaîne de production de laine éco-responsable. 

Samuel Bollendorff, pour sa série, Éléments, où il  propose un tour du monde des zones contaminées par l’Homme du XXIe siècle et bouleversées par les conséquences du dérèglement climatique. 

Ferhat Bouda, pour sa série, Imazighen : les enjeux d’une culture en résistance. Il cherche à comprendre, à montrer et à faire entendre la lutte des peuples berbères d’Afrique de l’Ouest et du Nord pour la préservation de leur mémoire et de leur identité. 

Pierrot Men, nominé pour sa série, Les « petites mains », des richesses de Madagascar. Il met en valeur et témoigne du quotidien de ces hommes et de ces femmes qui cultivent les richesses agricoles de Madagascar. 

Alessandro Cinque, nominé pour sa série, Peru, a toxic state, qui dénonce les impacts environnementaux, sociaux et culturels du néocolonialisme de l’industrie minière sur les populations rurales et autochtones des Andes péruviennes. 

Ana Carolina de Lima, nominée pour sa série, We are One : the Vicuna Guardians. Elle explore l’identité des « gardiens de la vigogne » : comme se nomment elles-mêmes les communautés du village de Picotani, au Pérou. 

Mathias Depardon, nominé pour sa série, Moving Sand, qui témoigne des conséquences, pour les populations et l’environnement, des différentes activités liées à l’extraction sauvage du sable en Inde, aux Maldives et au Cap-Vert. 

Gwenn Dubourthoumieu, nominé pour sa série, Les mangeurs de cuivre, qui s’intéresse aux injustices, aux conséquences environnementales et sociales qui résultent de l’exploitation des richesses minières en RDC. 

William Dupuy, nominé pour sa série, Par celles de la terre. Il témoigne des réalités vécues par les enfants soldats et les femmes rurales en RDC : pays marqué par les conflits et la violence. 

Ismail Ferdous, nominé pour sa série, After Rana Plaza, Chapter III : ten years after. Entre blessures et volonté de reconstruire, il raconte l’histoire de ces « vies » impactées suite à l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh.

Corentin Fohlen, nominé pour sa série, Sueurs et tremblements. Loin de l’image misérabiliste accolée à Haïti, il met en lumière l’histoire et la résilience des populations rurales de l’île aux prises avec de nombreux tourments. 

Emily Garthwaite, nominée pour sa série Light between mountains. Au cœur des montagnes du Kurdistan irakien, elle nous livre le récit du folklore, des coutumes et des croyances des modes de vie pastoraux qui résistent malgré les conflits. 

Julien Goldstein, nominé pour sa série, Palay. Aux Philippines, les communautés de riziculteurs s’organisent contre les géants du riz. Son travail documente la production alimentaire dans le monde à travers cinq aliments : tomate, riz, poulet, banane et café. 

Ed Kashi, nominé pour sa série, Heat stressed : too hot to work. À travers le monde, il documente les conséquences du stress thermique pour la santé et la vie des travailleurs dans un contexte d’accélération du réchauffement climatique. 

 M’Hammed Kilito, nominé pour sa série, Before it’s gone. Ce projet artistique témoigne des enjeux liés à la disparition des oasis au Maroc et des impacts pour les populations. 

Hugh Kinsella Cunningham, nominé pour sa série, A Bird with one wing, qui raconte le mouvement des femmes pour la paix en RDC. 

Nadège Mazars, nominée pour sa série, Çxhab Wala Kiwi, « Le territoire du Grand Peuple ». Elle met en lumière la résilience et l’engagement du peuple Kiwe Thegnas à défendre leurs droits et l’autonomie de leurs territoires, dans la région du Cauca en Colombie. 

Medine Sinawi, nominé pour sa série, Les routes de l’exil. Depuis la Corne de l’Afrique, il documente les enjeux des routes migratoires et raconte les histoires des personnes qui les empruntent avec la volonté de les désinvisibiliser. 

Sandra Mehl, nominée pour sa série, Fading into the blue, qui témoigne de la disparition progressive de l’île de Jean-Charles en Louisiane (USA), causée par la montée des eaux, l’érosion côtière et de l’exploitation pétrolière. 

Lucien Migné, nominé pour sa série, Zabbaleen, qui dresse le portrait d’une communauté chrétienne au Caire : des « chiffonniers » sans cesse marginalisés et sans aucune reconnaissance de la valeur de leur travail. 

Lalo de Almeida, nominé pour sa série Amazonian Dystopia, the turning point. Il documente les nombreux impacts de la déforestation de l’Amazonie brésilienne pour l’environnement et les populations qui y vivent. 

Victor Moriyama, nominé pour sa série, Amazon destruction. À travers un documentaire immersif, il interroge les motivations et les rouages qui mènent à la destruction de l’Amazonie, étouffant la biodiversité et les communautés qui en dépendent. 

Matej Povse, nominé pour sa série, Refugees. Le long des routes migratoires — du Sahel à l’Ukraine — il raconte les réalités vécues par celles et ceux qui n’ont pas d’autres choix pour survivre que de quitter leurs terres. 

Francisco Proner, nominé pour sa série, Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra, qui témoigne des conditions de vie et des violences auxquelles sont confrontés les « sans terres » brésiliens (MST), mais aussi de leurs espoirs et de leur lutte. 

Jordi Ruiz Cicera, nominé pour son projet, Land, qui interroge les conséquences des grandes chaînes de production alimentaire sur l’environnement et les populations en Argentine et au Paraguay. 

Mustafa Bilge Satkin, nominé pour sa série, Drowned history. Il raconte l’histoire et la souffrance des habitants de Hasankeyf, une ville ancestrale Turque, contraints de quitter leur terre, leur maison, leur héritage historique et culturel face à la montée des eaux. 

Roberta Valerio, nominée pour sa série, Nous habitons une planète errante. Aux portes de nombreuses frontières, elle met en lumière la nécessité de partir et la résilience des personnes exilées, dans les pays de départ comme dans ceux de transit. 

La biodiversité et les pêcheurs du Mékong menacés par les barrages #JEUDIPHOTO

janvier 19th, 2023 by

Le long du fleuve Mékong, la multiplication des barrages affecte l’écosystème et les moyens de subsistance de plus de 60 millions de personnes. Les communautés de pêcheurs, bien déterminées à sauver leur fleuve nourricier, s’organisent pour défendre leurs droits et préserver leur environnement.

 
Pêcheur le long du Mékong, 2023 © Tananchai Keawsowattana

Le Mékong : un fleuve en péril

Nous sommes dans le village de Ban Muang, dans la province de Nong Khai dans le Nord-est de la Thaïlande. Ici, s’écoule le fleuve Mékong marquant une frontière avec le voisin laotien.

Ce vieux pêcheur thaïlandais — plongé dans l’eau jusqu’aux hanches, accoudé à sa barque bleue usée, sa canne à pêche artisanale dans les mains — à l’espoir vain de pêcher quelques poissons. Loin de l’abondance et de la magnificence d’antan du Mékong, c’est hélas un tableau horrifique qui l’entoure et qu’il observe avec désarroi. Un tapis de déchets plastiques amassés au milieu des branchages recouvre le bas niveau de l’eau. L’époque d’une nature idyllique et nourricière semble révolue.

Le fleuve Mékong — considéré comme une « seconde mère » pour les riverains — abritait la plus grosse réserve de poissons d’eau douce du monde. Aujourd’hui, le fleuve est en péril et de nombreuses espèces de poissons sont menacées d’extinction. Le niveau de l’eau n’a jamais été aussi bas pour les pays qui le bordent comme la Thaïlande, le Laos, le Cambodge ou encore le Vietnam.

Mais que s’est-il passé ? Dans une stratégie de devenir « la pile de l’Asie du Sud-est », les barrages hydroélectriques laotiens (mais aussi chinois) fleurissent en amont et perturbent l’écosystème du fleuve. 

Nous sommes désorientés, les zones de pêche ont changé, les poissons perdent leur habitat naturel. L’eau change de direction sans cesse.

Suta Insuran, pêcheur.

Les pêcheurs défendent leur mère nourricière

Cette situation affecte les communautés de pêcheurs et les millions de riverains dont les moyens de subsistance s’amenuisent. Désormais, vivre de la pêche est un leurre. Face à cette situation, aucune réponse des autorités locales n’a été apportée pour dédommager les communautés, alors contraintes de se tourner vers d’autres sources de revenus. Le photographe Tananchai Keawsowattana est allé à leur rencontre.

Loin de se résigner, pêcheurs et amoureux du fleuve sont bien déterminés à sauver le Mékong. Avec le soutien de notre partenaire Mekong Butterfly, ils documentent les perturbations de l’écosystème dont ils sont témoins et s’organisent pour obtenir justice face aux impacts environnementaux et sociaux causés par les barrages. 

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Pour aller plu loin :

Au Brésil, l’investiture de Lula sème l’espoir #JeudiPhoto

janvier 12th, 2023 by

Au Brésil, pays meurtri par les années Bolsonaro et où plus de 30 millions de personnes souffrent de la faim, les attentes et les défis sont nombreux pour l’icône de la gauche brésilienne alors même que l’extrême-droite conteste sa victoire démocratique et menace les institutions du pays.

Brésil, le 1er janvier 2023 © Collectif Midia Ninja

Une investiture teintée d’espoir

En ce 1er janvier 2023, l’exaltation est au rendez-vous sur la place des Trois-Pouvoirs à Brasilia. Plus de 300 000 personnes sont venues assister à l’investiture du Président Lula da Silva. À l’âge de 77 ans, l’icône de la gauche brésilienne retrouve le pouvoir pour la troisième fois et succède à Jair Bolsonaro qui s’est envolé pour les États-Unis. 

Lula arbore fièrement son écharpe présidentielle dont les couleurs concordent avec celles portées par le Cacique Raoni, à son bras droit. Loin du protocole habituel, Lula s’offre la montée des marches du Palais Présidentiel Planalto aux côtés de personnalités fortes de la société civile brésilienne. Parmi elles ; le chef du peuple Kapayo, une ramasseuse de déchets engagée, une cuisinière, un artisan, un écolier de 10 ans, un jeune influenceur LGBT atteint de handicap, un ouvrier métallurgique ou encore un professeur de portugais.

Sa victoire, c’est aussi celle d’une société civile déterminée à défendre ses droits et à lutter contre l’enracinement de l’extrême-droite. Avec cette montée des marches, Lula donne aussi le ton de ses engagements et des chantiers qui l’attendent : le combat contre la faim, l’accès à la santé et à l’éducation, la protection de l’environnement et des peuples autochtones, la défense des droits humains, la lutte contre la pauvreté, l’exclusion, la haine et les violences.

Une investiture assombrie par l’extrême-droite

Si la victoire de Lula souffle le vent d’un renouveau pour le Brésil après les ravages de l’ère Bolsonaro, son élection seule ne suffira pas. L’organisation populaire et politique sera fondamentale pour faire barrage aux forces réactionnaires, qui se sont encore exprimées le 8 janvier dernier avec l’invasion violente par les pro-bolsonaristes du Congrès, du Palais Présidentiel et du Tribunal Suprême Fédéral.

En une semaine, la place des Trois-Pouvoirs aura été à l’image d’une investiture pleine d’espoir et de l’un des moments les plus sombres pour la jeune démocratie brésilienne. La Coalition Solidarité Brésil, dont nous faisons partie, continuera d’exprimer son soutien aux mouvements sociaux et à la société civile brésilienne. Elle poursuivra également son devoir de vigilance sur la situation des droits humains au Brésil.

L’élection de Lula est comme une graine d’espoir et le peuple va cultiver la terre pour que la démocratie et les droits puissent s’épanouir.

CENTRAC, partenaire du CCFD-Terre Solidaire
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Pour aller plus loin :

PLANS DE VIGILANCE : LES ENTREPRISES JOUENT-ELLES LE JEU?

janvier 10th, 2023 by

Le CCFD-Terre Solidaire et Sherpa viennent de recenser les plans de vigilance publiés en 2023 par les entreprises dans le cadre de la loi sur le devoir de vigilance adoptée en 2017. Le constat est clair : un certain nombre d’entreprises, comme Lactalis ou Bigard ne respectent pas leurs obligations. Alors qu’une nouvelle directive européenne est en préparation, nous demandons un renforcement du contrôle des entreprises

5 ans après la promulgation de la loi française sur le devoir de vigilance, de nombreuses entreprises continuent d’ignorer leurs obligations en matière de transparence et de vigilance. C’est le constat de l’actualisation du site vigie citoyenne créé par le CCFD-Terre Solidaire et Sherpa, alors que les défis socio-environnementaux sont de plus en plus importants et urgents. 

Petit rappel  : qu’est ce que la loi sur le devoir de vigilance

Promulguée en mars 2017, la loi sur le devoir de vigilance vise à prévenir et à réparer les violations aux droits humains et à l’environnement commises par les grandes entreprises françaises (y compris par leurs filiales, leurs fournisseurs ou leurs sous-traitants), à l’étranger.

En vertu de cette loi, les entreprises qui comptent plus de 5.000 salariés en France ou 10.000 à l’étranger, sont soumises à une obligation de comportement vigilant d’une part, et de transparence d’autre part, par la publication annuelle d’un plan de vigilance.

Un radar pour suivre l’application de la loi

Face à l’opacité des informations concernant les entreprises, le Radar du devoir de vigilance (www.plan-vigilance.org) vise à contribuer au suivi de l’application de la loi sur le devoir de vigilance, en identifiant les sociétés soumises à celle-ci, en facilitant l’accès aux plans de vigilance, et en compilant des ressources sur les différentes actions engagées contre des entreprises en application de la loi. 

Nous avons mis en ligne la mise à jour de ce site pour 2022 avec :

  • les plans de vigilance publiés cette année
  • les mises en demeure envoyées à McDonald’s, Total et BNP Paribas n’ayant pas encore donné lieu à des assignations en justice.
  • les actions engagées en justice par la société civile depuis la mise à jour 2021 contre La Poste,  Idemia et Yves Rocher.

Des entreprises qui ne publient pas leur plan de vigilance

Aujourd’hui en France certaines grandes entreprises comme Lactalis, Bigard ou Altrad ne publient toujours pas de plans de vigilance.

Des plans de vigilance sans substance

Nous constatons aussi que beaucoup d’entreprises perçoivent encore l’obligation de vigilance comme une formalité, et s’exonèrent d’actions concrètes pour améliorer le respect des droits humains et de  l’environnement dans leur chaîne de valeur.

Le devoir de vigilance ne doit pas permettre aux entreprises de se dédouaner de toute responsabilité en s’appuyant sur des processus (codes de conduite, audits sociaux, clauses contractuelles etc.) qui ont déjà prouvé leur inefficacité

“Le devoir de vigilance ce n’est pas simplement cocher une case ! L’entreprise doit pouvoir expliquer aux parties prenantes ce qu’elle a identifié et mis en œuvre concrètement sur le terrain.” Clara Alibert, Chargée de plaidoyer Acteurs Économiques au CCFD-Terre Solidaire 

Le devoir de vigilance : un moyen d’accéder à la justice

Que ce soit pour dénoncer les expropriation de terres et les risques pour la biodiversité du méga-projet pétrolier en Ouganda, la construction d’un parc éolien au Mexique qui ne respecte pas les droits des populations autochtones, ou encore les conditions de travail pour les femmes ouvrières d’une usine en Turquie, le devoir de vigilance permet d’alerter sur des situations et de les dénoncer.

Véritable levier judiciaire, les mises en demeure et actions en justice engagées par des personnes affectées, des syndicats, des associations sont cruciales pour faire appliquer la loi, prévenir de futures violations et permettre l’accès à la réparation en cas de dommages.

LE RADAR A L’HEURE DES NEGOCIATIONS EUROPEENNES 

Alors qu’une proposition de Directive européenne sur le devoir de vigilance est débattue à Bruxelles, cette actualisation du Radar est révélatrice.

Il s’avère donc crucial que la Directive européenne prévoie un champ d’application clair, établi sur la base d’informations publiquement disponibles tels que les plans de vigilance. C’est le seul moyen pour qu’aucune société ne puisse profiter de sa propre opacité ou se fonder sur un flou juridique pour échapper à cette obligation.

Il est nécessaire que la directive européenne qui sera adoptée, certainement en 2023,  permette  :
1- d’engager la responsabilité des entreprises défaillantes en matière d’environnement et de droits humains. 
2 – de faciliter l’accès effectif à la justice pour les victimes.

Transmission : le podcast qui décrypte l’héritage solidaire et ses enjeux

janvier 9th, 2023 by

Pour soutenir une cause qui nous tient à cœur, il est fréquent de penser au don ou au bénévolat. Mais saviez-vous qu’il existe de nombreuses autres formes de générosité, telles que le legs solidaire ?

Qu’est-ce que c’est, qu’implique-t-il, comment savoir qui ou quoi inclure dans son testament ? Pour répondre à ces questions, nous avons interrogé des experts, qui partagent leurs éclairages dans 6 épisodes de quelques minutes seulement.

Découvrez le pouvoir de l’héritage solidaire.

Pourquoi choisir de léguer à une association d’intérêt général comme le CCFD-Terre Solidaire ?

Hortense a longtemps exercé le métier d’infirmière et elle a profondément été interpellée par les injustices entre les pauvres et les riches lors de ses missions en coopération. Elle adhère depuis longtemps à nos valeurs de solidarité, de partage et plus largement, à celles de l’Évangile. Il y a quelques temps, au moment où sa famille a perçu un héritage, elle a décidé de nous léguer ses biens. Elle a choisi de s’organiser, d’anticiper, pour que justement, sa succession se déroule selon ses souhaits. Découvrez son témoignage dans l’épisode ci-dessous.

Puis-je léguer ce que je veux, et à qui je veux ?

En France, la question de l’héritage est encadrée par la loi, autour deux notions : celle de la quotité disponible – une fraction du patrimoine qu’on peut librement transmettre – et celle de la réserve héréditaire, c’est-à-dire la part des biens qui sera obligatoirement redistribuée aux héritiers légaux (les enfants, petits-enfants, l’époux.se). La réserve héréditaire se définit en fonction de la composition de votre foyer. Pour calculer la vôtre, écoutez les conseils d’un notaire sur les fondamentaux du testament dans l’épisode ci-dessous ou bien demandez à recevoir notre brochure gratuite et confidentielle sur les legs et assurances-vie.

Les legs de particuliers sont-ils importants pour le CCFD-Terre Solidaire ?

Tout à fait, d’autant que les legs et assurances-vies représentent une solide part de nos ressources. Alors que notre modèle économique repose à 80% sur la générosité du public, les libéralités comptent pour 16 à 20% de nos collectes annuelles. Presque vitales pour nos partenaires, ces ressources nous apportent une grande stabilité, une meilleure visibilité pour l’avenir, ce qui nous permet de mieux planifier nos actions. Pour en savoir plus sur les libéralités, vous pouvez écouter les conseils de Sophie, responsable de la gestion des libéralités dans l’épisode ci-dessous, ou bien demandez à recevoir une brochure gratuite, sans aucun engagement de votre part.

Pourquoi, en France comme dans d’autres pays, éprouve-t-on le besoin de léguer ?

Envisager sa mort, c’est envisager sa disparition, mais c’est aussi penser à la trace qu’on va laisser derrière soi. À ce qui va se poursuivre, après nous, mais aussi grâce à nous. C’est un message d’espoir, pour soi comme pour toutes les personnes qui pourront être aidées par les associations qui reçoivent des legs et héritages.   Pour en savoir plus sur les mécanismes psychiques qui s’opèrent à l’évocation de la mort, écoutez l’épisode Par-delà les réticences, avec Antoinette Pichon, ou bien contactez Nataliya Zagorodnya, votre interlocutrice dédiée.

Quelle est la différence entre un legs et une donation ?

Si ces deux formes de générosités appartiennent au champ des libéralités, elles sont très différentes :

  • En premier lieu, une donation prend forme du vivant du bienfaiteur, alors qu’un legs, formalisé par le biais d’un testament, ne prendra effet qu’au décès de la personne.
  • Une donation est également un acte notarié, c’est-à-dire qu’elle doit nécessairement être ratifiée par un notaire : à l’inverse, il n’est pas obligatoire de rédiger son testament avec l’aide d’un notaire (même si cela est conseillé).
  • Enfin, une donation nécessite l’accord de la personne à laquelle elle se destine, alors qu’il n’est pas obligatoire d’informer la ou les personnes auxquelles vous souhaitez faire un legs (même si, là-aussi, cela est conseillé).

Que signifie « Le CCFD-Terre Solidaire est exonéré de droits de succession » ?

Parmi les structures qui peuvent recevoir des legs, certaines peuvent le faire en “exonération de droits de mutation” ou de succession : cela signifie que 100% de la somme transmise servira à financer leurs missions. Pour bénéficier de cette exonération totale, la structure choisie doit être reconnue d’utilité publique par décret, ou bien être déclarée comme ayant un but exclusif d’assistance ou de bienfaisance, comme l’est le CCFD-Terre Solidaire. Pour en savoir plus sur la fiscalité du legs, écoutez l’épisode suivant dans son intégralité.

Si vous souhaitez en savoir plus sur la transmission de patrimoine, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre interlocutrice dédiée, Nataliya Zagorodnya ou bien à demander à recevoir une brochure gratuite et confidentielle.

Des idées pour animer le Carême 2024

janvier 6th, 2023 by

Vous recherchez des idées pour animer le carême 2024 ? Nous vous avons concocté différentes propositions d’animations pour des temps de célébration ou de sensibilisation à la solidarité internationale.

Des idées pour animer les célébrations

Voici des propositions pour animer la cérémonie du Mercredi des Cendres : des prières, mais aussi des commentaires autour des textes de la bible lus au fil des cinq dimanche de carême.

  • Découvrir le livret spirituel avec des questions et des éléments de réflexion autour des lectures des 5 premiers dimanches de Carême.

Des idées pour sensibiliser autour des enjeux de la paix et de la crise alimentaire

Ce cahier d’animation propose un parcours à vivre tout au long du Carême. Chaque dimanche développe un aspect de la thématique. Vous êtes invités à découvrir les partenaires, à proposer des animations en paroisse, en mouvement, lors d’événements…

Ces courtes vidéos proposent un éclairage sur les enjeux de la justice économique et environnementale, et elles témoignent de l’action de nos partenaires sur le terrain. Idéal pour animer une soirée ciné-débat!

Sénégal : quand la pêche artisanale redonne vie aux océans.
Liban : pour une agriculture écologique et équitable.
Extractivisme : quand les multinationales pillent les pays du sud.

Faites le quiz ! Testez vos connaissances sur la pêche artisanale et la biodiversité marine, et partagez-le à vos proches.

Téléchargez également nos fiches pour animer des événements lors du Carême :

  • C’est pas juste : aborder les problématiques d’inégalités et d’accès aux droits fondamentaux.
  • Bible en scène : lire l’Évangile à travers un personnage, explorer les ressentis de ce personnage.
  • Pas en avant, paix et conflits : sensibiliser et prendre conscience des inégalités, dans les droits, dans les situations de conflit, dans le rapport à l’Autre.

Consulter tous nos outils d’animation

Retrouver nos dossiers sur la crise alimentaire et la justice économique

Les mains nourricières qui préservent les semences paysannes #JeudiPhoto

décembre 23rd, 2022 by

Alors que la crise alimentaire continue de faire rage à travers le monde, de nombreux mouvements paysans que nous soutenons se mobilisent pour préserver la diversité des semences locales et leur usage. Piliers d’une alimentation saine et durable, elles sont aujourd’hui menacées par les multinationales semencières.

Dans cette scène ombragée, on se laisse guider par ce halo de lumière qui illumine deux mains nourricières qui s’entrecroisent. Celle d’une paysanne burundaise qui tend généreusement ses semences de haricots à celle d’un paysan malien qui s’en empare avec délicatesse. Ce don de semences, loin d’être un simple petit geste, est celui qui nourrit l’humanité depuis l’invention de l’agriculture. Les semences paysannes ont toujours été conservées, multipliées, échangées ou vendues, par et entre les familles agricoles.

Nous sommes à l’ouest du Mali, dans la commune rurale de Bafoulabé — qui signifie « rencontre de deux fleuves » en bambara. Ici, les rivières Bafing et Bakoye confluent pour former le fleuve Sénégal. En cette journée de décembre 2019, des organisations paysannes de la région des Grands Lacs sont venues se former aux semences paysannes auprès de leurs homologues du Mali. Elles y apprennent à les reconnaître, les reproduire, les conserver et les protéger. Samuel Pommeret, chargé de mission, était présent à l’occasion de cette journée qui permet à ces acteurs engagés d’unir leurs forces, d’échanger leurs savoirs et leurs expériences. Une philosophie d’action qui est au cœur de la logique partennariale promue par le CCFD-Terre Solidaire.

Samuel y capture cette photographie qui témoigne de la solidarité de ces organisations paysannes. Mais surtout, des efforts qu’elles emploient pour préserver ce système semencier traditionnel. Les semences paysannes sont plus résistantes à la sécheresse et à certains insectes et garantissent de meilleures qualités nutritives que les semences industrielles. Mais, elles sont aujourd’hui menacées par la mainmise des multinationales et l’engagement des États pour privatiser le patrimoine semencier.

Face à une logique de rentabilité, les organisations paysannes que nous soutenons en Afrique, comme ailleurs dans le monde, défendent un modèle de production qui valorise la diversité et la qualité des semences paysannes. Elles se mobilisent pour que les semences demeurent un bien commun au bénéfice de toute l’humanité.

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Pour aller plus loin :

Découvrez notre page spéciale semences paysannes